Les écrits
hermétiques 3 - Asclépius - (Esculape - Imhotep)
Asclépius est un
écrit hermétique dont on a trouvé des fragments à Nag-ammadi.
C'est la traduction latine du Telios logos, le
traité parfait, texte en grec qui semble perdu. Ce
recueil rassemble plusieurs sections conceptuellement
distinctes. Hermès s'y adresse à Asclépius, devant Tat et
Ammon, (mal identifiés). L'introduction traite de
l'Unicité de Dieu. Toutes choses dépendent d'un seul, et ce
UN est Tout puisque toute chose existait dans le Créateur
avant sa création. La divinité est un fleuve impétueux se
déversant de haut en bas. Le "Ciel" gouverne tous les corps,
mais il est gouverné par Dieu, comme l'âme. Chez les
Néoplatoniciens, les configurations astrologiques
déterminent les destins terrestres. Toutes les âmes sont
immortelles mais elles ne reçoivent pas l'effluve divin de
la même façon. La Nature détermine différemment les
propriétés des genres au moyen des quatre éléments. Les
genres soit immortels, tous les individus ne le sont pas.
Ainsi le genre des dieux produit des immortels, et le genre
des hommes produit des mortels. |
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L'homme
est une grande merveille. Privilégié dans sa nature, il est uni
aux dieux par sa partie divine, et il peut mépriser la partie
terrestre de son être. Il peut aimer les inférieurs et être aimé
de ceux qui le dominent. Parmi tous les genres d'êtres qui sont
pourvus d'une âme, certains ont des racines qui poussent vers le
haut, et d'autres, vers le bas. Certains se nourrissent
d'aliments d'une seule sorte, et d'autres, de deux sortes. Car
il y a des aliments pour l'âme et d'autres pour le corps, les
deux parties qui composent les vivants. Le souffle divin les
anime tous. Seul l'homme reçoit en plus l'Intellect venant de
l'Éther, afin qu'il ait connaissance du plan divin, mais tous
les hommes ne l'atteignent pas. Seul parmi les vivants, l'homme
est double. Sa partie essentielle est simple, formée à la
ressemblance de Dieu. Sa part terrestre matérielle est
quadruple. D'elle que provient le corps qui enveloppe la partie
essentielle. Il est comme un abri où repose, seule avec soi même
et avec ses sens d'esprit, la pure divinité intérieure. |
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Quand le Créateur eut fait le Dieu sensible et visible, second après lui,
(désigne tantôt le Soleil, tantôt le
Monde), il le trouva beau et l'aima comme son enfant. Il
voulut qu'il existât un autre être pour le contempler, et créa
l'Homme essentiel à cette fin. Il lui donna ensuite un corps pour
domicile, le composant convenablement des deux natures, éternelle
et mortelle. Ainsi l'homme peut prendre soin de toutes choses,
adorer les célestes et gouverner les terrestres. Parmi tous les
vivants, divins et mortels, seul l'Homme admire et révère les
êtres célestes. Dans la hiérarchie des vivants, Dieu est le
premier, le Monde est le second, et l'Homme est le troisième.
Quand l'homme se connaît, il connait aussi le Monde et révère
Dieu, car Dieu a deux images, la première est le Monde, et la
seconde est l'Homme. La première règle de la vie de l'homme, c'est
la piété, ce qui implique la bonté. La seconde règle est le mépris
des objets étrangers au divin. Ils ne sont que réponses aux
appétits du corps, impliquant donc grand dédain pour leur source
mortelle. |
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Á
l'origine, il y a Dieu et Hylé (la matière). Le Souffle (Pneuma-l'Esprit) était dans la matière,
mais non pas comme étaient en Dieu les principes du Monde. Dieu éternel ne peut être engendré,
ni n'a pu l'être. La nature de Dieu est toute
entière issue d'elle même. Quant à Hylé et au Souffle, bien qu'ils soient
inengendrés, ils ont le pouvoir de
naître et d'engendrer. La nature même de la matière inengendrée
est d'être capable d'engendrer. Et si la matière peut enfanter,
elle peut aussi enfanter le Mal. Le
Dieu suprême s'est prémuni contre le Mal en gratifiant
les âmes humaines d'intellect, de science, et d'entendement. Par
ces facultés, nous pouvons échapper aux ruses et aux corruptions
du mal, car toute science humaine a son fondement dans la souveraine
bonté de Dieu. Quant au Souffle, il procure et
entretient la vie dans tous les êtres du monde lequel obéit comme
un instrument à la volonté du Dieu suprême.
C'est du Souffle que Dieu remplit toutes choses, l'insufflant en
chacune d'entre elles selon la mesure de sa capacité naturelle.
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Imhotep fondateur égyptien de la médecine, (assimilé à Esculape à l'époque romaine)
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La substance de
toutes les formes sensibles du Monde, c'est la
matière. Mais l'intellect est un don céleste fait aux seuls hommes
dont l'âme est apte à le recevoir. L'intellect illumine l'âme
humaine comme le Soleil éclaire les jours, et se mêlant à
elle, il la défait de l'erreur. Hermès veut révéler de grands
secrets, disant qu'il y a de nombreux dieux dont certains sont
accessibles aux sens, et d'autres à la seule intelligence. Ces
dieux seulement intelligibles sont les maîtres des espèces. Ils
dominent sur les dieux visibles (les planètes) qui
régissent les êtres naturels. Le grand maître du Ciel est le
Soleil, (appelé ici Juppiter), qui dispense la lumière. Les
trente-six astres fixes, (Horoscopes ou Décans), dépendent
du dieu Pantomorphe qui impose leurs formes aux individus, et les
Sept Sphères obéissent à l'Heimarménè, qui est le destin. Les
choses mortelles sont liées aux immortelles, et les visibles aux
invisibles. Mais tous les êtres dépendent et découlent de la
volonté du UN suprême. Et donc, en lui, ils sont unifiés en un
seul couple. |
Le couple divin égyptien, Isis et Osiris
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Dieu n'a pas de
nom, ou les a tous, étant à lui seul toutes choses. Il est
infiniment rempli de la fécondité des deux sexes, enfantant tout
ce qu'il veut créer, et sa volonté toute entière est bonté. C'est
la nature des êtres de sentir et d'engendrer, car le Monde doit
conserver toutes les races venues à l'être. Le mystère éternel de
reproduction a donc été accordé à tous, avec ce qu'il comporte de
joie, de désir et d'amour, don de Dieu, union de la vigueur
virile à la douceur féminine. Les êtres se succèdent dans les
espèces et le Monde demeure lui-même toujours en vie, dans le
passé, dans le présent, dans l'avenir. Chacune des parties du
Monde est donc toujours en vie, selon son être, dans l'éternité,
et il ne reste aucune place pour la mort. Dès lors, le Soleil
gouverne éternellement les choses capables de vivre, et Dieu leur
dispense éternellement la vie même. L'éternité immobile de la vie
est le lieu où se meut le Monde dans le cours éternel du temps.
Ainsi, Dieu et l'Eternité sont les causes premières de tout ce qui
existe dans la mobilité du Monde. |
Voici un court extrait de la fin du recueil d'Asclépius
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Étant sortis du
sanctuaire, nous commençâmes à prier Dieu
en nous tournant, comme il convient, dans la direction du Soleil,
et je proposai d'accompagner d'encens notre prière.
Mais Hermès intervint.
Silence, Asclépius !
C’est une
sorte de sacrilège, quand on prie Dieu,
de brûler de l’encens et tout le reste.
Car rien ne manque à celui qui est lui-même
toutes choses, ou en qui sont toutes choses.
Nous rendîmes alors grâce pour la lumière reçue,
pour l'intellect, la raison et la connaissance,
et priâmes Dieu qu'il nous maintienne
toujours en cet état.
Et avec ces vœux,
nous prîmes un repas très pur
que ne souillait nul aliment ayant eut vie sous le Soleil.
(Hermès
Trismegiste - Asclépios - Imouthès).
Ici un lien vers l'apocalypse de
Égyptiens
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L'intellect
divin total, à l'image de la divinité, est incorruptible et
saint. Il est l'éternité du Dieu suprême qui se tient dans
la vérité absolue, infiniment rempli de toutes les formes
sensibles et de l'ordre universel. L'intellect second, plus
limité, du Monde, contient toutes les formes et tous les
ordres particuliers. L'intellect tiers de l'Homme découle de
son pouvoir de garder en mémoire le souvenir des expériences
passées. La descente de l'intellect dans la création
s'arrête à l'animal humain. Par la mémoire, l'Homme acquiert
la connaissance des choses observées et monte ainsi vers
l'intellect second, mais le caractère de l'intellect divin
véritable lui demeure à jamais mystérieux. Cependant,
l'intellect du Monde s'élève à la connaissance de l'éternité
de Dieu. C'est par ce moyen que les hommes peuvent entrevoir
les choses du ciel. Ainsi pouvons-nous comprendre qu'il n'y
a pas d'espace vide, car toutes les parties du Monde sont
absolument pleines de formes variées, sensibles ou
intelligibles, toujours changeantes dans la révolution du
cercle du temps.
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Asclepius - Imouthès
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Dieu a créé les
dieux du Ciel, et l'Homme est l'auteur des dieux des
temples. Ayant reçu la lumière de vie, il a désiré en doter
des dieux terrestres. Mais les images de dieux façonnées par
l'Homme sont formées des deux natures distinctes, matérielle
et divine. Incapable de créer des âmes, l'Homme a
rituellement capturé celles d'anges ou de démons qu'il a
introduites dans ces images. Il en résulte que ces idoles
peuvent faire le Bien ou le Mal. Elles sont facilement
irritées, mais peuvent être secourables. Car l'Homme redoute
la mort et la souffrance. La mort est le résultat de la
dissolution du corps quand il cesse de pouvoir supporter les
charges de l'âme humaine. Quand l'âme se retire du
corps, elle passe sous la domination de Génie suprême qui la
met en jugement. Si elle s'est montrée pieuse et juste, elle
peut gagner le séjour qui lui revient. Si elle est
marquée par le péché et souillée par les vices, elle est
précipitée dans les lieux inférieurs où elle subira un
châtiment en proportion de ses mérites, car la divinité
connaît tous nos actes. |
Le jugement des âmes chez les
Égyptiens
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