Arts et Sciences, Hommes et Dieux
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( Mise à jour de juillet 2017 )
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  Petit Manuel d’Humanité

CAHIER 11 - Je refuse donc Je suis.

MANUSCRIT
ORIGINAL


 
N° 00035434
Tous droits
réservés

Table des Matières interactive.

Une prise de conscience.
La vie ne s'est jamais interrompue.
Orphée et Eurydice.
Romains et Chrétiens.
Guerriers et Conquérants.
Antiques codes judiciaires.
Croisades et Inquisition.
Caïn a tué Abel.
Idoles et idéologies.
L'Homme est double.
Creusons un peu.
Raison et postulats.
Il n'y a pas d'orthodoxie.
Conclusion.

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Les flèches vous ramènent ici, et le soleil au haut de la page,

Je refuse donc je suis.

Ne mets aucune tête au-dessus de ta tête.
Si la doctrine te bouleverse,
Bouleverse à ton tour la doctrine. (Tchan).

La liberté est une investiture. (Jünger ).

Le fond de tout, c'est qu'il n'y a pas de grandes personnes. (André Malraux).

Note - L'auteur appelle "Zoran" sa propre conception du Grand Tout Universel.

Une prise de conscience

Au point ou nous en sommes, nous pouvons maintenant tenter de formuler quelques prises de conscience. Nous sommes enfermés dans de nombreuses contraintes, habitudes ou illusions. Les plus basales, physiques ou chimiques, sont liées aux propriétés de la matière et aux caractéristiques de cette Terre. D'autres sont biologiques, en relation avec l'histoire de la vie en général, puis à la genèse de notre espèce particulière avec les spécificités de nos organes sensitifs, puis au bagage génétique porté par notre propre corps.

Certaines sont mentales. Elles sont induites par le fonctionnement de notre cerveau, ou bien trouvent leurs sources dans les systèmes qu'il utilise pour traiter les informations qui lui parviennent, en relation avec le contenu de ses banques de mémoire et la signification donnée aux signaux de perception.
D'autres encore proviennent des environnements divers dans lesquels nous vivons.

Nous avons vu que tous ces éléments, conscients ou inconscients, personnels ou collectifs; sont puisés dans le bagage génétique ou dans la mémoire des expériences vécues, et sont rangés dans des armoires mentales dont l'ensemble référentiel constitue l'ego, lequel est fondamentalement fixé au passé.

L'ego est la somme de ces éléments provenant tous du réel expérimenté, dans le passé proche ou lointain. Cette incarnation du passé pilote en permanence le comportement actuel des hommes, et détermine puissamment la façon dont ils se conduisent dans l'instant présent.

On peut par conséquent considérer que l'Homme est devenu le sujet de multiples esclavages qui le lient au passé. La descente dans la servitude semble s'aggraver, et l'espace de liberté humaine paraît se réduire à mesure que le temps passe et que le contenu des expériences vécues s'accroît. Dans le même temps, s'éveille en chacun la conscience que l'Homme est autre chose que ce prisonnier du passé. Nous pressentons désormais, au fond de nous-mêmes, la présence d'un être différent, en devenir.

Plusieurs problèmes fondamentaux se posent donc aux hommes.

- Pourquoi cette prise de conscience se produit-elle maintenant, dans les profondeurs de cette condition d'esclavage ?

- Comment liquider toutes ces aliénations, que les occultistes appellent Karma, et opérer la libération de l'être intérieur caché (ou en devenir) ?

Nous vous proposons d'examiner ce que sont les éléments constitutifs de ces karmas d'esclavage, au sens très général du terme, puis de réfléchir à la façon dont il pourrait être possible d'essayer de s'en dégager, c'est-à-dire de tenter de réaliser la liquidation de ces karmas.

Souvenez-vous que les physiciens expliquent la naissance de l'univers en imaginant qu'une fluctuation du vide originel a provoqué l'apparition des fondements de la matière. Le mot " vide " ne doit pas nous induire en erreur. La physique dit seulement qu'il n'y avait alors ni matière ni énergie manifestées dans le milieu originel d'où celles-ci devaient sortir. Cependant, le contenu pré-énergétique et les conditions oscillatoires qui devaient conduire à la production de l'univers spatio-temporel existaient, puisque celui-ci est apparu. Quelle que soit l'appellation, (culturelle), qu'on leur donne, ces conditions constituent l'origine primordiale, la cause première, de toutes les productions ultérieures de l'univers, des particules, des atomes, des étoiles, des planètes, et des êtres vivants, donc celle de l'Homme en général, et de chacun d'entre nous en particulier.

Comprenons bien que les relations qui relient cette origine primordiale à l'existence actuelle, y compris à l'Homme, sont à sens unique. Elles sont constituées d'émergences successives, dans lesquelles le hasard imprévisible, la nécessité liée aux compétitions vitales, et la poursuite de la réalisation de l'idiomorphon, ont pu jouer un rôle. Le présent s'explique par le passé, mais le passé ne déterminait pas plus le présent que l'actuel ne détermine l'avenir. Nous constatons que la caractéristique évidente du Réel est l'impermanence, car le passé est continuellement détruit pour engager l'ouvrage actuel. A chaque phase, une structure nouvelle apparaît, comme l'univers a émergé du vide originel. Ces nouveautés sont des émergences, des créations originales.

A chaque instant de l'éternel présent, la chose passée est transformée en la chose nouvelle maintenant créée. A tout moment, nous pouvons voir de nos yeux cet acte, à la fois destructeur et créateur, cette expression immanente du Grand Tout, fonctionner dans la simplicité de son oeuvre permanente. Nous avons précédemment établi que les particules élémentaires, qui constituent cet univers indéfiniment variable, étaient éternelles, et que les proto cellules vivantes, à partir desquelles est bâti notre corps périssable, étaient immortelles.

On doit en déduire un fait personnel très important.

Chacun habite continûment cet univers depuis son origine.

A partir du vide originel, et pendant l'immense durée du temps passé, chacun de nous a cheminé, à travers des états divers et successifs, depuis la particule jusqu'à l'état humain conscient actuel, lequel constitue aujourd'hui même la mémoire matérielle, (incessamment mortelle), de cette expérience exploratoire.

La vie ne s'est jamais interrompue

Depuis l'origine primordiale, nous avons quitté l'ancien état mystérieux, le Grand Tout universel non manifesté, ou Zoran, tel qu'il demeure avant que fussent la matière, le temps, et la conscience, et nous sommes entrés, à l'instant éblouissant de l'explosion originelle, dans l'univers indéfiniment variable où nous existons maintenant et très provisoirement.

La vie installée en nous aux origines ne s'est jamais interrompue.

Pendant des milliers de millions d'années, elle a poursuivi sa course périlleuse, de génération en génération, de germen en germen, jusque dans l'actuel soma. Par un hasard extraordinaire, traversant tous les dangers et les pièges accumulés, cette mécanique physiologique, ce corps que nous habitons aujourd'hui, n'a encore jamais connu la mort que nous allons prochainement expérimenter et qui reste donc un très grand mystère.

Comprenons bien que chacune des émergences qui nous ont conduits pas à pas à la condition actuelle constituait un cheminement à double sens, un processus à double effet. On peut le concevoir comme un progrès, une montée, partant de l'indéfini originel au fini actuel, mais on peut tout aussi bien y voir une descente, une chute, une limitation croissante posée par les contraintes existentielles du réel par rapport aux potentialités indéfinies de ce qui aurait pu être idéalement possible. Ces enfermements dans des contraintes de la matière constituent les premiers des servages dont il est ici question.

Le tout premier esclavage est lié au passé de l'univers. Il est imposé par la condition matérielle, limitée aux réalités de l'existence physique asservies aux lois de l'espace-temps. D'autres limitations sont liées à notre localisation spatio-temporelle dans l'espace. Nous utilisons les composés chimiques actuellement possibles sur notre planète terrestre, en raison de son passé, et nous sommes soumis aux contraintes qui contrôlent leurs combinaisons.

Un autre esclavage se rapporte à la lointaine origine cellulaire de notre corps vivant, dont les lois ont été évoquées dans un précédent chapitre. Parce qu'ils sont enfouis au plus profond de notre corps, nous n'avons pas conscience de la puissance cachée des mécanismes originels qui, aujourd'hui encore, assurent la survie des cellules, ni même de celle des composants primitifs des proto cellules qui ont construit ces cellules.

Notre structure corporelle n'est pas aléatoire ni librement choisie. Elle est définie par un schéma imposé par les chromosomes portés dans notre bagage génétique. D'autres impérialismes règlent les façons de vivre, telles la civilisation, la société, et la totalité de notre histoire personnelle. Et comme cela a été dit lorsque nous avons exposé les théories de Dawkins, voici qu'apparaissent des dictatures d'idées, impitoyables pour les individus.

La première question, très préoccupante, qui se pose à l'Homme est celle du sens véritable que suit l'orientation actuelle de ce cheminement de notre être au sein profond de la matière.

Progressons-nous ou régressons-nous ?

C'est une très grande et très difficile question. Rappelons-nous le jeu du singe et du miroir, et combien on peut s'illusionner avec des grands mots sans signification.

Orphée et Eurydice

Dans ce chapitre, nous allons essayer de regarder réellement, sans illusion et sans truquage, l'image renvoyée par le miroir de notre conscience lorsque nous y contemplons le reflet de nos actions véritables.

Pour engager cette introspection, cette descente à l'intérieur de nous-mêmes vers les profondeurs obscures, nous allons faire un bref appel aux mythes dont nous avons dit qu'ils transmettaient des enseignements à travers les vicissitudes du temps. Nous pourrions utiliser la légende de la Belle au bois dormant, dans laquelle nous voyons le Prince vaillant, (et charmant), traverser la forêt d'épines et venir éveiller sa Belle, endormie depuis cent ans. (Les contes pour enfants transportent très souvent ce genre de mythe). Mais je vous propose plutôt le mythe d'Orphée et d'Eurydice, encore bien plus ancien, et qui finit beaucoup plus mal puisque Orphée ne réussit pas dans sa quête difficile.

Orphée, c'est l'homme actuel et déchu, souffrant de la ressouvenance du paradis perdu. Il cherche d'Eurydice, son âme originelle et divine, oubliée, engloutie dans l'enfer de l'existence matérielle. Il désire éperdument la rappeler du plus profond de cet enfermement jusque la vie, dans le vrai monde des humains. Pour cela Orphée devra rencontrer, affronter, maîtriser et charmer les puissances infernales. Mais il cèdera à la tentation de contempler son âme immortelle. Hélas, il se retournera vers elle, s'attardera, oubliera un instant les démons qui l'entourent. Eurydice sera renvoyée en Enfer et Orphée la perdra à jamais. Errant, désespéré, il sera déchiré par les Bacchantes exaltées qu'il dédaigne.

Nous allons ensemble chercher notre Eurydice, donc descendre dans ces enfers intérieurs de l'âme et de l'existence humaine. Il nous faudra faire face à tous les démons qui hantent notre commun passé inconscient, les amener et les garder à jamais dans notre mémoire consciente. Nous admettons assez facilement la présence en l'homme des pulsions vitales ordinaires, des démons animaux classiques, des appétits de nutrition, de reproduction, de domination qui conduisent notre pensée ordinaire.

Les anciens Thérapeutes du 4ème siècle considéraient que ces moteurs de la pensée étaient des affections de l'âme, des cancers psycho spirituels qui agissaient sur la liberté humaine, et empêchaient l'Homme de réaliser sa véritable nature. Évagre le Pontique distinguait les maladies spirituelles suivantes.

- Gastrimargia. Gourmandise, et tous appétits.(pathologies orales).
- Philargutia. Avarice et autres restrictions.(pathologies anales).
- Porneia. Exagération et déviations des pulsions génitales.
- Orgé. Colère et pathologies d'irascibilité.
- Lupé. Envie, frustration, dépression, tristesse et mélancolie.
- Ascedia. Dégout, désespoir, pulsions de suicide et de mort.
- Kenodoxia. Vanité, stupidité, inflation de l'ego.
- Uperèphania. Orgueil, délire paranoïaque, schizophrénie.

Ultérieurement, sous l'influence de la religion chrétienne devenue dominante, on identifia ces obstacles aux diabolos, (dia, ce qui divise), aux démons, et on fit des symptômes de ces maladies du libre arbitre, les sept péchés capitaux, qui sont considérés comme les sources de tous les désordres du comportement.

Outre ces pulsions ordinaires, ces démons presque familiers que nous reconnaissons au quotidien, on trouve aussi dans l'Homme des déchaînements beaucoup plus destructeurs et bien moins avouables. Nous les refoulons habituellement dans les sombres profondeurs de l'inconscient, mais nous pouvons cependant les sentir monter en nous lorsqu'ils sont sollicités. Nous devons donc aussi prendre conscience que nous sommes tous atteints par ces terribles maladies psychiques cachées. En un autre langage, nous devons maintenant faire face à ces princes infernaux qui inspirent nos actions, et parfois les gouvernent.

Souvenez-vous bien que lorsque le chemin de libre conscience est pris, on ne peut faire marche arrière sans tout perdre. Sachez donc que les pages qui suivent seront très désagréables car les réalités karmiques cachées sont souvent horribles. J'ai pourtant coupé l'indicible car il y a bien pire, et j'ai tenté d'épargner votre sensibilité, autant que faire se pouvait.

Amis, il nous faut donc cheminer, ou renoncer ici même.

Orphée doit maintenant descendre aux enfers, se reconnaître, ne jamais oublier, mais ne pas s'y complaire.

Malheur à qui s'attarde là-bas.
Que celui qui est trop léger s'abstienne.
(C. Rosenkreutz)

Nous allons explorer l'histoire écrite de trente ou quarante siècles de sauvage comportement humain et découvrir toutes les conséquences des actions gouvernées par l'exagération des pulsions de pouvoir, de possession, de violence, et de meurtre, l'horrible réalité permanente de démons despotes, avides et sanguinaires.

Ce que les hommes appellent civilisation, c'est l'état actuel des moeurs et ce qu'ils appellent barbarie, ce sont les états antérieurs. Les moeurs présentes, on les appellera barbares quand elles seront des moeurs passées. (Anatole France).

Voici ce que l'on trouve en déchiffrant l'écriture cunéiforme des tablettes de terre cuite assyriennes qui nous racontent l'histoire du roi Assournasipal II, il y a 3000 ans. (10ème siècle av.JC).

"J'ai bâti une tour près de l'entrée de la ville. J'ai écorché tous les hommes de quelque rang, et j'ai recouvert la tour de leurs peaux. J'ai fait empaler d'autres chefs au sommet de la tour. J'ai fait couper les membres aux officiers. J'ai brûlé un grand nombre de mes captifs. J'ai fait couper les mains ou les doigts, à d'autres le nez ou les oreilles, ou j'ai fait crever les yeux d'un grand nombre. J'ai fait brûler tous leurs jeunes gens et leurs jeunes filles. J'ai rempli de cadavres les places et les maisons et la ville entière. J'ai détruit des fondations jusqu'aux toits. J'ai tout dévasté, détruit par le feu. J'ai fait creuser des canaux à partir de l'Euphrate et j'ai submergé les lieux, transformant ce site en prairie. J'ai tué beaucoup de captifs de mes propres mains".

Et aussi, "J'ai mis dans mon palais de grandes quantités d'or, d'argent, d'étain, de bronze et de fer, butins des territoires que j'ai placés sous mon contrôle".

Lorsque Ezéchias, roi de Judée, se soumet, il n'est pas très épargné. "Au tribut précédent j'ai ajouté 30 talents d'or, 800 talents d'argent, des joyaux, de l'antimoine, des lits et des fauteuils d'ivoire, des peaux et des défenses d'éléphant, et ses propres filles, et tout son harem, et tous les chanteurs et danseuses de son palais".

Il n'y a pas que l'Assyrie, et les Hébreux ne sont pas que victimes. (1-Chroniq, 20). David, le grand roi biblique, est horrible.

"Joab à la tête d'une forte armée alla ravager le pays des fils d'Ammon et assiéger Rabba. Mais David resta à Jérusalem. Joab battit Rabba et la détruisit. David enleva la couronne de dessus la tête de son roi, et la trouva du poids d'un talent d'or. Elle était garnie de pierres précieuses. On la mit sur la tête de David, qui emporta de la ville un très grand butin. Il fit sortir les habitants, et il les mit en pièces avec des scies, des herses de fer, et des haches. Il traita de même toutes les villes des fils d'Ammon. Puis David retourna à Jérusalem avec tout le peuple".

Romains et Chrétiens.

Laissons passer deux mille ans.

Rien ne change. Les Romains conduisaient sans merci leurs opérations militaires. Ils massacraient les chefs vaincus et envoyaient leurs têtes à Rome. Les guerriers survivants, les femmes et les enfants étaient séparés et réduits en esclavage. Les révoltes d'esclaves étaient sauvagement réprimées. Plusieurs milliers d'entre eux furent parfois simultanément crucifiés le long des voies romaines.

La crucifixion était très utilisée par les Romains comme par tous les peuples antiques. Elle consistait à suspendre le condamné par les bras, et à le clouer sur un support quelconque, très souvent un arbre, très rarement une croix véritable. On en a une représentation valable dans un tableau d'Antonello da Messina. Le mot latin crux n'implique pas l'idée moderne de croisement, (Sénèque). Il est correspond au grec "stauros", désignant originellement tout support vertical destiné à ce supplice infamant. Le condamné mourrait lentement, asphyxié par la contracture de ses muscles pectoraux. Afin de ne pas entacher le prestige de Rome, les citoyens romains n'étaient jamais crucifiés ni même flagellés. Les Juifs, très attachés aux aspects sanitaires de la Thora, achevaient les suppliciés avant la fin du jour pour enterrer immédiatement le cadavre souillé.

Les premiers chrétiens avaient donc une connaissance pratique des aspects dégradants et de l'horreur de la crucifixion. Ils y faisaient donc très rarement référence, et ne représentaient jamais le Christ sur la croix. Ce n'est que bien plus tard, au-delà du 4ème siècle, après la disparition complète de cette forme juridique d'exécution des criminels, que l'image en fut magnifiée et représentée dans les églises. La croix symbolique est maintenant présente partout où l'Évangile a été diffusé, mais le symbole lui-même est bien antérieur au christianisme, et fut également utilisé dans d'autres traditions pendant son développement. (exemple - Orpheos Bakkikos du Musée de Berlin, cachet orphique du 3ème siècle représentant un crucifié).

Les Romains imaginèrent aussi de donner en spectacle la souffrance et la mort. Dans les cirques bondés, le peuple assistait aux combats mortels des gladiateurs et parfois, (comme les tricoteuses de la Révolution devant la guillotine). au martyre des condamnés exécutés, torturés, ou livrés aux bêtes.

Encore deux mille ans.

Venons-en au Moyen Age, époque de grandes invasions et de guerres innombrables. Les affrontements au corps à corps étaient terribles. Par exemple, en 451, les Huns, alliés aux Wisigoths, envahirent la Gaule. Ils rencontrèrent les troupes du général romain Aetius et des rois germaniques aux Champs Cataloniques, près de Troyes. Cette bataille féroce fit cent soixante-cinq mille morts en une seule journée, (contraignant d'ailleurs Attila à rebrousser chemin). Ce chiffre énorme mit alors fin à la lutte. Il correspond, hélas, aux pertes quotidiennes des grandes guerres actuelles. Les traitements infligés aux vaincus ne changèrent guère au fil du temps. Exemple, parmi tant d'autres ; Charlemagne, le grand empereur, n'inventa pas seulement l'école. Après avoir écrasé les tribus du nord-est de la Germanie, il fit massacrer plus de quatre mille captifs et déporter dix mille Saxons.

Avançons encore de mille ans.

C'est la Révolution française. En France, à partir de 1792, et pendant deux ans, la Révolution française prit un tournant sanguinaire. Dans plusieurs prisons, à Paris, où il y eut 1 200 victimes, et en province, beaucoup de prisonniers furent massacrés dans des conditions épouvantables. La Terreur s'installa. Les tribunaux révolutionnaires commencèrent à envoyer à l'échafaud de très nombreux suspects. 17 000 personnes furent guillotinées après un procès sommaire et sous les lazzi de la foule. Puis c'est la Grande Terreur qui fit exécuter 25 000 personnes de plus sur simple constat d'identité. Ensuite, on passa à l'écrasement de la Vendée et aux grandes guerres napoléoniennes.

Dans le même temps que la révolution éclatait en France, une autre révolution avait lieu aux Antilles en 1791, celles des esclaves noirs, fomentée par Toussaint Louverture. L'esclavage fut supprimé par la Convention en 1794, mais Napoléon le rétablit en 1802, et il subsista dans nos institutions jusqu'en 1848, date à laquelle il fut enfin aboli dans toutes les possessions françaises, (particulièrement en raison des risques de révoltes dans les plantations de canne à sucre).

La réduction en esclavage des populations africaines est un évènement effroyable de l'histoire humaine. On estime que vingt millions d'Africains ont subi ce sort au cours des temps historiques. Les esclavagistes achetaient aux potentats locaux les esclaves procurés par des expéditions guerrières spécialisées, dépeuplant des régions entières. Ils les acheminaient ensuite vers les marchés d'esclaves, au prix de très lourdes pertes.

La déportation des hommes enchaînés vers le Maghreb, se faisait à pied, en caravanes, à travers les forêts vierges et les déserts torrides. La déportation vers l'Amérique utilisait des flottes de navires spécialement aménagés, avec des entreponts multiples, de faible hauteur. Les conditions de transport étaient épouvantables, et ne peuvent être comparées qu'à celles du transport ferroviaire des déportés juifs vers les camps nazis.

Les esclaves noirs voyageaient couchés, ou assis, continuellement enchaînés cote à cote, par centaines dans un espace extrêmement réduit, manquant d'eau et de nourriture, déchaînés à tour de rôle pour les besoins indispensables. Le voyage était long, et beaucoup mourraient en route. Les corps étaient jetés en mer. Les survivants étaient "rafraîchis" dans les "îles" avant d'être mis sur le marché. Ils travaillaient ensuite dans les plantations de canne ou de coton, où la discipline était impitoyable.

Guerriers et Conquérants.

Plus tard, ce furent les conquêtes coloniales. Pour mettre fin à la piraterie des Arabes et des Turcs en Méditerranée, l'armée française entreprit la conquête de l'Algérie vers 1830, du Maroc vers 1850, puis de la Tunisie vers 1880. L'Algérie était sous domination turque. Au début, les soldats furent donc bien accueillis, mais les exactions auxquelles ils se livrèrent provoquèrent la guerre avec les Arabes.

Les armées combattirent sans merci. Sur les comptes rendus d'époque de l'armée française, on lit ceci.

"Le 6 Avril 1832, un corps de troupe du 1er Chasseur et du 3ème de la Légion, venant d'Alger, surprit au point du jour une tribu endormie sous ses tentes, et égorgea tous ces malheureux sans qu'un seul chercha à se défendre. Tout ce qui vivait fut massacré, sans distinction d'âge ni de sexe. Au retour de cette expédition, nos cavaliers portaient des têtes au bout de leurs lances, et l'une d'elles servit, dit-on, à un horrible festin. Tout le bétail enlevé fut vendu au consul du Danemark. Le reste du butin de cet effroyable carnage fut exposé au marché de la porte Bab-Azoun. On y voyait avec horreur des bracelets de femmes encore attachés à des poignets coupés, et des boucles d'oreilles pendant à des lambeaux de chair. Un ordre du jour du 8 avril proclama la haute satisfaction du général pour l'ardeur et l'intelligence (sic) que les troupes avaient montrées."

"A la prise de Constantine, pendant que l'assaut se livrait, et avant même qu'il commença, un mouvement d'émigration extraordinaire se manifestait autour de la place. On voyait la foule inonder les talus entre la ville et les précipices, soumise à des flux et des reflux qu'occasionnaient les difficultés et les désastres de la fuite. C'est vers les pentes que convergeaient toutes les longues files d'hommes armés et désarmés, de vieillards, de femmes et d'enfants. Deux pièces de montagne, amenées sur la lisière supérieure, lancèrent des obus au milieu de cette nappe mouvante de têtes et de burnous. Les frémissements qui suivaient la chute de chaque projectile indiquaient quels effets cruels ils avaient produit".

Les Turcs ne sont pas en reste. L'agha d'Admed-Bey s'avança en Novembre jusqu'à Talaha, et exerça contre les Arabes des cruautés inouïes. Un grand nombre d'hommes furent égorgés. Les femmes et les jeunes filles furent mutilées de la manière la plus cruelle. On leur brûla les mamelles et les genoux. (Terrible supplice médiéval connu sous l'appellation d'énervement).

La conquête du Maroc fut marquée par l'épouvantable siège et la réduction par incendie des grottes d'Ouled-Rhia. Je renonce à vous faire part des horribles rapports relatant le sort affreux des réfugiés dans les grottes. Sachez que la population française, informée par la presse, en fut cependant particulièrement indignée.

Lorsque la France quitta l'Algérie devenue indépendante, elle laissa derrière elle de nombreux auxiliaires indigènes, les harkis. Entre 1962 et 1964, presque hier, les populations locales massacrèrent alors 60 à 150 000 d'entre eux, leurs compatriotes, dans des conditions particulièrement atroces, (la plupart furent ébouillantés). Aujourd'hui même, les populations des villages algériens sont victimes d'horribles massacres. Chaque jour, des hommes, des femmes et des enfants sont égorgés au couteau et mutilés à la hache. Des jeunes filles sont enlevées, violées à répétition puis horriblement achevées par écartèlement entre deux arbres.

Depuis le début du siècle, le Monde a connu des guerres meurtrières. Avant la première guerre mondiale, de 1914 à 1918, la France comptait trente-neuf millions d'habitants. Deux millions et demi sont morts ou disparus, et six millions ont été blessés. La moitié de la population active a donc subi dans son corps les conséquences de ce conflit. Celui-ci a dépeuplé, en raison des conditions de recrutement, tous les petits villages de la montagne française qui ne s'en sont jamais remis et qui finissent lentement d'en mourir.

La seconde guerre mondiale fut encore plus terrible. Nous savons tous l'énorme importance des génocides nazis, pendant la dernière guerre. Six millions de déportés, surtout juifs, ont péri dans les camps d'extermination. Dans les pays occupés, beaucoup de résistants ont été torturés par les inspecteurs de la Gestapo, avant d'être exécutés. Au seul fort du Mont Valérien, 4500 résistants français ont été fusillés par les Allemands.

Cette guerre, la plus importante de l'Histoire, a provoqué la mort de soixante millions de personnes. Beaucoup ont été percées par les balles, déchiquetées par les bombes, écrasées sous les immeubles effondrés, noyées dans les soutes des navires coulés, brûlées par le phosphore, vaporisées par le souffle atomique, mortes de faim, de froid, ou dans les tortures. Chaque mois, un million de personnes ont été tuées. Chaque jour, en moyenne, plus de trente mille pauvres gens comme vous et moi, sont morts de mort violente. Cela a duré cinq longues années. En Février 1945, au cours des bombardements incendiaires de Dresde, 250 000 personnes périrent, brûlées vives. Le 6 août 1945, la première bombe atomique détruisit Hiroshima, faisant 130 000 victimes. Le 9 août, Nagasaki fut anéantie, avec 80 000 morts.

L'Homme détenait enfin le pouvoir de s'autodétruire.

Mais les guerres ne sont pas le seul moyen de provoquer de grandes quantités de morts. Les idéologies et les conflits politiques sont également très efficaces. Dans les seuls territoires de l'Union Soviétique, on estime à 80 millions le nombre des morts provoqués par le communisme.

Tout cela est encore frais dans nos mémoires, et déjà, d'autres génocides, d'autres massacres, ensanglantent la planète et chargent le Karma collectif humain. Au Cambodge, deux millions de civils sont morts en quelques mois, tués au pistolet, à coups de pioche ou de bêche. Citons encore l'Iran, l'Irak, la Palestine, et tant d'autres conflits, d'autres guerres, comme en Serbie, d'autres massacres ou génocides comme au Rwanda où huit cent mille personnes furent découpées à la machette en quelques semaines et laissées à pourrir sur place.

Heureusement, il y a les églises et le Bon Dieu.

Antiques codes judiciaires.

Hélas, les grandes religions monothéistes issues des antiques traditions sémitiques ont très longtemps identifié le pouvoir politique et l'autorité religieuse. Leurs codes judiciaires punissaient donc avec la même extrême sévérité les crimes effectifs de droit commun et les erreurs ou manquements moraux et religieux. Comme l'assassinat, l'indocilité hérétique, et même l'adultère, étaient punis par la torture et par la mort. Selon la religion en place, le choix n'était laissé qu'entre la circoncision ou le cimeterre, entre la croix ou le bûcher. Le pape Urbain VIII réforma enfin le code catholique à partir de 1637, et la peine de mort pour sorcellerie fut enfin supprimée en 1731.

Le code islamique n'a pas encore été révisé, et il ne semble jamais pouvoir l'être. En conséquence, on voit encore aujourd'hui, en Algérie, la réalisation de tueries très sanglantes qui sont en fait des punitions collectives. Elles sont infligées à la population sur la base d'un code judiciaire religieux élaboré au 12ème siècle.

Revenons donc sur la Bible.

J'ai dit qu'elle contenait de terribles passages. Voyons quelques références, mais sachez auparavant que les mots "dévouer par interdit" signifient "massacrer au nom de Dieu". Voici l'histoire des Hébreux prenant possession de la Terre Promise.(Josu‚ 6).

L'Éternel dit à Josué. "Vois, je livre entre tes mains Jéricho et son roi, ses vaillants soldats, etc.. La muraille s'écroula. Le peuple monta dans la ville chacun devant soi. Ils s'emparèrent de la ville. Ils dévouèrent par interdit, au fil de l'épée, tout ce qui était dans la ville, hommes et femmes, enfants et vieillards, jusqu'aux boeufs, aux brebis et aux ânes. Ils brùlèrent la ville et tout ce qui s'y trouvait. Cependant ils mirent dans le trésor de la maison de l'Éternel l'argent, l'or, et tous les objets d'airain et de fer".

Regardez aussi concernant le pardon des fautes. (Achan, fils de Carmi, avait détourné un très beau manteau et quelques pièces d'or. Éternel demanda sa condamnation).

"On prit donc Achan, ses fils et ses filles, ses boeufs, ses ânes, sa tente, et tous ses biens. Tout Israël les brûla au feu et on éleva sur leurs corps un grand monceau de pierres qui subsiste encore aujourd'hui. Alors l'Éternel revint de l'ardeur de sa colère".

Et la conquête put reprendre ses innombrables massacres. Tous les gens d'Aï furent massacrés et dévoués par interdit. Après Aï, toutes les autres villes subirent le même sort effroyable, et furent aussi dévouées à l'Éternel, par interdit.

L'Éternel est également impitoyable envers ceux qui ne respectent pas le repos du Sabbat. ( Nombres 15,32).

"Comme les enfants d'Israïl étaient dans le désert, on trouva un homme qui ramassait du bois le jour du sabbat. l'Éternel dit à Moïse. Cet homme sera puni de mort, toute l'assemblée le lapidera hors du camp. Toute l'assemblée le fit sortir du camp et le lapida, et il mourut comme Éternel l'avait ordonné à Moïse".

Mais il arrive aussi qu'Israël se tourne contre les siens, comme on le voit dans la quasi-destruction des Benjamites. ( Juges 21).

"Le nombre total des Benjamites qui périrent ce jour-là fut de vingt-cinq mille hommes, tous tirant l'épée, tous vaillants. Les hommes d'Israël revinrent vers les fils de Benjamin, et ils les frappèrent du tranchant de l'épée, depuis les hommes des villes jusqu'au bétail, et tout ce qu'on trouva. Ils mirent aussi le feu à toutes les villes qui existaient".

Parmi les Benjamites, quelques hommes avaient survécu au massacre. Ils n'avaient plus de femmes. Les autres tribus avaient juré de ne pas leur donner leurs filles pour épouses. On trouva vite une solution.

"Alors l'assemblée envoya douze mille soldats contre la ville de Jabés en Gallad, avec cet ordre. Allez et frappez du tranchant de l'épée les habitants de Jabés avec les femmes et les enfants. Vous dévouerez par interdit tout mâle et toute femme qui a connu la couche d'un homme. Ils trouvèrent parmi les habitants de Jabés en Gallad quatre cents jeunes filles vierges qui n'avaient point connu d'hommes, et les amenèrent au camp, à Silo, en Canaan. Et on donna ces femmes aux Benjamites survivants".

On trouve parfois l'évocation d'hommes pieux sacrifiant à Dieu leurs propres enfants. (Juges,11,30/39).

"Japhet‚ fit un voeu à l'Éternel. Si tu livres entre mes mains les fils d'Ammon, quiconque sortira de ma maison à mon retour sera consacré à l'Éternel, et je l'offrirai en holocauste. Et voici, sa fille sortit au-devant de lui avec des tambourins et des danses. C'était son unique enfant. Il n'avait point de fils et point d'autre fille. Dés qu'il la vit, il déchira ses vêtements etc.." (Japhet‚ laissa à sa fille un sursis de deux mois, puis il la tua). "Au bout de deux mois, elle revint vers son père, et il accomplit sur elle le voeu qu'il avait fait".

C'est réellement effrayant. La Bible contient pourtant aussi le très beau Cantique des Cantiques, un peu érotique et probablement ésotérique, et, dans la Thora, quelques trop courts passages parlent de pardon et de miséricorde. Cela soulage un peu.

Croisades et Inquisition.

Il était grand temps de parler d'amour et de pardon, aux Juifs, et aux Gentils que nous sommes, et de proposer un nouveau comportement aux hommes.

Le temps semblait venu de prêcher l'Évangile de miséricorde.

Dans les premiers temps du Christianisme, qui était alors une simple secte juive, les Chrétiens étaient rebelles aux pratiques des religions en place. Ils étaient souvent persécutés et martyrisés. Puis les temps changèrent et après la victoire de Constantin et les édits de Milan, la religion chrétienne devint dominante. Les bourreaux et les victimes échangèrent leurs rôles.

A partir du 4ème siècle après JC, les grands conciles définirent les dogmes de la foi catholique, et s'érigèrent progressivement en théocratie régnante et en tribunaux suprêmes. Les non-croyants et les tenants d'autres religions furent des païens ou infidèles. Les opposants devinrent des hérétiques. Tous devaient être convertis ou punis par la torture et la mort. Les gibets furent dressés et les premiers bûchers s'allumèrent. Pendant plus de mille ans, le feu, dit purificateur, dévora les hommes, leurs livres, et leurs oeuvres.

Pour convertir ces infidèles et reconquérir le Saint Sépulcre, le tombeau vide du Christ, d'énormes expéditions militaires, les croisades, furent organisées, en terre lointaine, au Moyen-Orient. Les batailles et les carnages furent terribles, en particulier contre Saladin. Les croisades furent généralement détournées de leurs buts et aboutirent en fait à des actions de conquêtes. Elles permirent toutefois la mise en place de nouveaux royaumes et l'établissement de relations de commerce et d'échange entre l'Orient et l'Occident.

Sous l'impulsion du pape Innocent III, on lança ensuite en Europe, et surtout en France, des expéditions militaires, puis de véritables croisades contre divers hérétiques, en particulier contre les Cathares. (Croisade des Albigeois). De nouveau, il y eut de terribles massacres, des mutilations, des enfermements à vie comme à Carcassonne, des condamnations sans nombre. Dans Béziers, mise à sac, tous les habitants, même les catholiques furent massacrés.

"Dieu reconnaîtra les siens".

La loi ecclésiastique en vigueur à l'époque est très précise. "Tout hérétique doit être ôté de la face de la Terre. Il sera d'abord livré au Tribunal Ecclésiastique afin que celui-ci le retranche de l'Église du Christ et de la Communauté des croyants, puis il sera livré au Bras Séculier, qui le fera mourir et le retranchera du Monde". Les bûchers brûlaient partout. Sur les places des villes, les foules catholiques s'assemblaient pour contempler les exécutions et voir les condamnés dans la douleur, "passer directement des flammes du bûcher à celles de l'Enfer". On déterrera même des cadavres d'hérétiques pour les brûler. Des dizaines de milliers de pauvres gens furent torturés, mutilés, étranglés, ou brûlés vifs, et tous leurs biens furent confisqués.

En 1233, pour lutter contre les hérésies, le pape Grégoire IX organisa l'Inquisition, qui existait déjà en fait depuis les mesures prises par les conciles de Vérone (1184), et de Latran (1215). Elle fut confiée aux Dominicains et remplit son rôle avec férocité en utilisant la mise à la question et en prononçant de nombreuses condamnations. Les peines étaient le port de signes infamants, la flagellation, la prison, l'obligation de pèlerinage, et bien sur, la confiscation des biens. Les réfractaires étaient livrés au bras séculier qui les envoyait au bûcher.

L'Inquisition fut réorganisée en 1542 et devint la Congrégation de la Suprême Inquisition qui prit en 1908 le nom de Congrégation du Saint Office, avec la charge de l'Index, et la régence des consciences. Elle fut réformée en 1965 et devint la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Il faudra attendre 1980 pour qu'elle soit enfin définitivement supprimée, (dans les textes mais certainement pas dans les têtes). Après les hérétiques, on brûla ensuite tous ceux qu'on accusait de sorcellerie. Cela dura jusqu'au 18ème siècle.

Pendant son pontificat, dans quatre-vingt-quatorze textes divers, le pape Jean-Paul II reconnaît enfin que des erreurs, et des fautes historiques ont été commises. Il énonce prudemment, que "certains fidèles ont commis au sein de l'Église des actes que l'Évangile réprouve". Il demande aussi pardon pour la part prise par les catholiques en ce qui concerne les croisades, le schisme d'Orient, l'Inquisition, la mort de Jean Huss, la condamnation de Luther, les guerres de religion, et d'autres évènements tragiques. Ces déclarations scandalisent une partie de son entourage.

Je regrette personnellement que le pape renvoie vers les fidèles, indûment me semble-t-il, la responsabilité individuelle des ces actes, sans mettre réellement en cause le rôle institutionnel de l'Église catholique. Les fidèles ont parfois dérivé par rapport aux missions qui leur étaient confiées, mais ils ont agi originellement dans le cadre disciplinaire où ils étaient placés par les conciles. C'est donc l'Église, en tant qu'institution, qui est en cause, et c'est cette institution qui doit demander pardon pour le mal fait aux hommes, en son nom, mais cela mettrait en cause la sainteté de l'Église. On ne pourra cependant croire à la totale sincérité de ces regrets que lorsqu'ils seront répétés canoniquement, dans chaque messe, face aux fidèles, pour les prévenir instamment contre la tentation toujours persistante du retour à l'intolérance.

Tout en remarquant bien nettement, c'est important, que les actions de guerre et de violence sont généralement accompagnées d'actes arbitraires de spoliation, de vols et d'appropriation, nous allons enfin arrêter ici ces récits épouvantables.

Au fond de l'enfer, Orphée, comment réagissez-vous ?

Devant ces actes terribles, on ne peut que frémir d'horreur. Hélas, il apparaît qu'ils sont le fait d'hommes ordinaires que vous croisez chaque jour dans la rue. Sur les lieux d'un massacre, une femme, député algérien, témoignait de son désarroi lorsque elle reconnut le corps d'un assassin abattu pendant l'attaque. Elle le connaissait très bien car il la saluait poliment chaque jour. Sa gandoura était rouge du sang des enfants qu'il venait d'égorger. Moi-même, bloqué sur l'autoroute par un accident qui venait de mutiler un pauvre motard, j'ai vu un jeune conducteur surexcité franchir les barrières, en disant. "Il a un bras arraché. Il faut que je vois cela !" Un homme très ordinaire, un voisin de palier".

The snake was the snake, no more no less then they he tempted.

Le serpent était le serpent, ni plus ni moins que ceux qu'il tentait.

Le tentateur n'est ni plus ni moins fort que l'Homme, nous disait Lord Byron, ni plus ni moins méchant que lui, car il y a dans l'Homme l'homme animal lui-même. Mais l'individu n'est pas tout l'Homme. Il y a une dimension plus globale de l'Humanité qui fonctionne de façon générale et solidaire. A ce niveau, il faut probablement écrire le "Tentateur" avec une majuscule.

Caïn a tué Abel.

Lorsque Orphée, (vous et moi), est descendu jusqu'en ces horribles bas-fonds et qu'il a compris que le féroce "Homme animal" intérieur secret est le prédateur instinctif et l'ennemi mortel de "l'Homme Âme" ordinaire, réellement, pratiquement, et quotidiennement, il sait alors qu'il est vraiment devant un miroir et qu'il regarde maintenant sans compromission son horrible reflet véritable. C'est pour approfondir un peu cela que je vous propose d'ouvrir un nouveau thème de travail.

Nous allons maintenant réfléchir sur le thème du mal.

Telle qu'elle vous est d'abord proposée, cette réflexion est un travail de rationalisation qui ne fait pas référence immédiate aux matériaux fournis par la méditation. C'est donc une synthèse théorique, et elle n'a pas d'autre ambition que de proposer une piste de réflexion. Comme toutes les théories, elle peut être remplacée par une autre. Elle utilise cependant les éclairages apportés par l'ouverture du mental à l'Intelligence Universelle.

Les sociologues ont évalué à vingt milliards environ, le nombre total des hommes qui ont habité la Terre depuis l'origine de l'Humanité. Ce chiffre peut paraître faible, mais les hommes ne se sont répandus que très lentement. Les mêmes spécialistes estiment que six milliards de ces hommes, au moins, ont été tués dans les innombrables guerres qui ont ravagé la planète depuis six ou huit mille ans, (c'est-à-dire le tiers de cette population). C'est un chiffre absolument énorme qui recouvre une réalité épouvantable. Vous savez qu'il est très difficile voire impossible de représenter mentalement des chiffres aussi élevés, et que nous ne pouvons pas nous faire une idée exacte de cette effroyable réalité.

Six milliards de victimes, le tiers de tous les hommes, cela veut également dire six milliards de tueurs, ou de bourreaux, un autre tiers de tous les hommes, qui ont été les auteurs de tous ces meurtres. Par définition les tueurs survivent toujours aux victimes. Un tiers des hommes a été tué, deux tiers des hommes ont survécu. Adam a eu trois fils, Abel, Caïn et Seth. En vérité, Caïn a tué Abel.

Bien évidemment, on peut toujours contester ces chiffres et cette équivalence arbitraire entre le nombre des victimes et celui des meurtriers. Rappelons cependant que les vaincus étaient généralement exécutés ou réduits à l'esclavage, à l'exception des jeunes femmes, temporairement épargnées pour le plaisir des vainqueurs. Statistiquement parlant, les survivants, ceux qui se sont reproduits et qui ont été favorisés par la sélection naturelle comprenaient donc pour moitié le groupe meurtrier. "Homo homini lupus". Un de nos ancêtres sur deux a tué un autre homme.

La moitié des hommes survivants avait tué un autre homme.

Les hommes armés tirent un très grand avantage de leur agressivité, contrairement à ce qui se passe chez les animaux. Même chez les loups, qui ne sont pas particulièrement pacifiques, le chef de meute élimine rapidement les individus trop agressifs. Habituellement, la sélection naturelle travaille lentement, en favorisant seulement un peu les plus forts, avec des effets statistiques à long terme. Les espèces évoluent très progressivement en s'adaptant aux variations du milieu. Nous savons bien que le parangon animal des vertus est le tueur, mais il fonctionne dans des conditions modérées de compétition et d'affrontement vital.

Chez l'Homme, l'invention des outils, favorisant fortement les plus habiles, puis celle des armes humaines, extrêmement meurtrières et beaucoup plus efficaces que les griffes et les dents, ont changé les choses. Dans les conditions nouvelles de compétition et d'évolution des populations humaines, la sélection naturelle devient rapidement un moyen beaucoup trop puissant et efficace. Elle élimine définitivement un nombre extraordinairement élevé d'individus qui sont tués dans une période extrêmement courte à l'échelle des temps géologiques.

La sélection naturelle dérape.

Elle développe très rapidement une sous-espèce nouvelle, dotée d'aptitudes tout-à-fait particulières essentiellement fondées sur les capacités de violence et de meurtre, et adaptées à l'exploitation des semblables, et à leur destruction. Dans le même mouvement, la sélection naturelle transforme les pacifiques en proies, et fait des rebelles des ennemis à détruire.

Cette nouvelle sous-espèce prédatrice est l'actuelle race humaine.
Ces facultés violentes sont hélas, les vôtres et les miennes.

Nos tendances féroces sont génétiquement programmées dans l'héritage transmis par nos ancêtres tueurs. Elles résident dans le patrimoine spécifique, le bagage chromosomique de chaque homme issus des survivants des combats fratricides. En langage ésotérique, nous dirons qu'elles constituent des démons intérieurs, toujours prêts à l'action et à la mise en oeuvre. La moindre menace les alerte, la peur les excite, la foule les déchaîne.

Nous avons vu les conséquences terribles de ces pulsions meurtrières quand elles se libèrent dans des conflits de pouvoirs et des situations de guerre. Nous devons aussi voir sans indulgence les dégâts qu'elles provoquent dans les personnalités individuelles de chacun, donc chez chacun de nous.

On se trompe en situant la chute d'Adam au début de l'histoire de l'humanité.
La chute d'Adam n'est ni antérieure ni postérieure à quoi que ce soit.
Elle est éternelle.

"Chaque fois qu'un esprit descend pour s'incarner dans une forme quelconque, il commet le péché originel, et la chute d'Adam s'accomplit en lui, infime sous-multiple d'Adam". (Stanislas de Gua‹ta - Le problème du mal).

Idoles et Idéologie.

Dans la société humaine ordinaire, même en temps de paix, nous constatons que les pulsions prédatrices et criminelles des individus dominants déséquilibrent l'organisation économique et sociale et provoquent la surexploitation des ressources, la croissance rapide de la paupérisation, ainsi que l'apparition d'un nouveau servage en voie de généralisation à l'échelle mondiale.

Il y a d'autres idoles que celles construites par les religions
ou les dictatures d'idéologies.

Il y a Mammon et son cortège, la domination du profit, la primauté de l'argent, l'asservissement de la connaissance, l'instauration progressive et systématisée de l'esclavage économique. Je lisais récemment l'apologie d'un prince de la finance dont les insatiables appétits règlent la marche du Monde. Son revenu égale, paraît-il, celui de 400 000 familles ordinaires (d'Occident). Comment ne pas s'interroger sur les désordres qui naîtront inévitablement de ces disparités et de ces asservissements.

Rappelons ces quelques jugements.

Le profit de l'un est le dommage de l'autre. (Montaigne).
Le capital est du travail volé. (Auguste Blanqui).

Toute tyrannie et toute inquisition sont impardonnables, mais tous les tyrans et inquisiteurs ne sont pas reconnus. Tout intégrisme est ha‹ssable, mais tous les intégrismes ne sont pas religieux. Ils peuvent être, par exemple, idéologiques, scientifiques, politiques, culturels, ou économiques.

En ce qui concerne la biosphère elle-même, nous observons également chaque jour que l'action humaine provoque une réduction progressive du nombre des espèces vivantes ainsi que des espaces au sein desquels elles vivent. Les mécanismes autorégulateurs jouent de moins en moins librement. Les risques d'emballement progressent en fonction de l'énorme accroissement des populations des quelques espèces élevées et cultivées en masse, après avoir été sélectionnées pour leur seule utilité économique.

La nature porte cependant en elle-même les puissants mécanismes correcteurs nécessaires au rétablissement de l'équilibre. L'histoire de la vie nous en donne les exemples évidents. L'Homme occupe la Terre depuis peu de temps. Son action n'a pas encore duré assez longtemps pour que les mécanismes de correction soient entrés en action. Ils se déclencheront cependant un jour. La pression de la prédation humaine sur la planète est tellement forte que l'on peut vraiment craindre la mise en marche de ces équilibrages.

Nous avons vu que le système social actuel constitue également un feed-back positif qui entretien et augmente les effets pervers du dévoiement des mécanismes naturels de sélection. On voit bien que la société ne se corrige guère.

Puisqu'elle n'a pas changé pendant ces cent siècles, au cours desquels s'est déroulé l'essentiel de son développement, il apparaît évident que la société humaine, dégradée par l'emballement de l'évolution, ne s'améliorera probablement jamais. Si les mécanismes sélectifs automatiques qui ont donné aux hommes leurs facultés maléfiques, continuent de fonctionner, la situation ne peut qu'empirer au bénéfice des prédateurs, jusqu'à ce que le retour à l'équilibre se fasse de lui-même. Malgré l'apparition de l'humanisme tempérant leurs excès, les systèmes politico-économiques corrompus n'ont pas réellement transformé les structures globales de la société prédatrice primitive. Et tout en professant la charité, les religions dévoyées ont répandu des fleuves de sang, sans transformer le coeur des individus.

Le seul constat actuel que nous pouvons faire est celui de l'échec.

Demain, à qui la Terre ? Aux rats !

 

L'Homme est double.

Courage, amis, souvenez-vous d'Eurydice !

Chaque homme est doté d'une double nature, et peut individuellement et librement changer son propre destin. Chacun peut se révolter contre son servage existentiel et corporel, se retourner vers son origine essentielle, et chercher le chemin d'évasion qui mène de ce Monde indéfiniment variable et périssable, à l'éternité de son être immortel.

Dans la réalité de l'être, il y a le seul mystère du Grand Tout universel, du Zoran, sur lequel nous nous penchons. Nous y avons déjà trouvé l'enfer et ses démons. Il nous faut maintenant découvrir l'âme originelle et divine, et la ramener à la vie. Dans cette démarche libératoire, la science et l'outil ne serviront guère, car cette dimension révolutionnaire mystérieuse s'approche avec la compréhension du coeur, (La déflation de l'ego et l'ouverture du mental à l'attouchement de l'Intelligence extérieure).

Seul de tous les êtres qui vivent sur terre, l'homme est double,
mortel de par son corps, immortel de par l'Homme essentiel.

(Hermes Trismegiste - Corpus Hermeticum).

Néanmoins, notre mental humain fonctionne ici-bas avec ses outils symboliques et ses mécanismes conceptuels, et il n'est pas réellement possible d'élargir notre champ de méditation sans construire préalablement des images et formuler rationnellement nos acquisitions, car c'est comme cela que nous opérons. Comprenant que nous sommes tombés progressivement dans une servitude croissante, et postulant ici que nous désirons ardemment en sortir, nous allons devoir établir et formuler consciemment un projet personnel d'évasion conduisant à la libération.

La première condition de cette évasion est donc une position mentale, le refus conscient des conditionnements, des idées imposées, des dogmes et des fausses certitudes. C'est ce retournement conscient qui engage le processus de la liquidation des karmas. Les systèmes politiques, économiques, et sociaux avaient pour objectif la transformation de la société humaine. Nous savons maintenant qu'ils ont échoué. Les progrès importants réalisés dans les domaines scientifiques et techniques ont certainement modifié le mode et le confort de la vie, mais il suffit d'ouvrir un poste de télévision pour constater que la nature prédatrice primitive demeure constamment identique à elle-même.

Cela montre bien qu'il nous faudra réfléchir sérieusement et travailler constamment pour contrôler nos conditionnements violents et prédateurs. Sans que nous en soyons vraiment conscients, notre pensée actuelle est également et communément marquée par des influences philosophiques majeures, dont le marxisme et l'existentialisme. Là aussi, nous avons à éliminer les marques mentales de ces conditionnements idéologiques modernes.

L'existentialisme poussé dans ses conclusions ultimes, débouche sur la philosophie du néant et sur le désespoir absolu, ce qui peut partiellement expliquer les désarrois actuels de la société et des hommes qui la composent. Mais rien n'est si simple dans le Zoran. Nous pouvons paradoxalement nous appuyer un instant sur cette double parole de Sartre, destructrice de foi traditionnelle, mais intéressante car porteuse d'une dimension cachée que nous allons explorer.

1 - La première démarche de l'existentialisme est de mettre tout homme en possession de ce qu'il est, et de faire reposer sur lui la responsabilité totale de son existence.

2 - Qu'est-ce que signifie ici que l'existence précède l'essence. Cela signifie que l'homme existe d'abord... et qu'il se définit après. (Sartre)

En un sens relatif, l'existentialisme affirme, dans une formulation autre que celles des religions, que l'Homme est libre et responsable, et qu'il contient en son être deux composantes ou aspects nécessaires, consécutifs, et complémentaires. L'existentiel est ce que l'individu accepte consciemment d'être et de demeurer. L'essentiel est défini par ce qu'il refuse librement et rejette volontairement hors de son existence.

 

Creusons un peu.

Je prends maintenant conscience que ma nature est animale et que je suis génétiquement un terrible prédateur. Existentiellement, je suis ce dont je suis conscient, donc un animal féroce et rien d'autre, et je demeure tel quel. Si je refuse consciemment cette programmation génétique naturelle, je décide librement d'y mettre un terme définitif. J'apparais alors, par ce seul refus conscient, sur un plan nouveau qui est le plan de l'essence. Ce plan immatériel est complémentaire du plan existentiel.

Ce qui est ôté à l'existentiel est ajouté à l'essentiel.

Comme par magie, tout ce qui est ôté à l'un est ajouté à l'autre. Si rien n'est ôté à l'existentiel, rien n'apparaît dans l'essentiel. Par le refus conscient, les deux plans sont soudain changés. Je suis dorénavant un ex-animal féroce qui a dominé librement, consciemment, et volontairement les servitudes liées à son programme génétique de violence.

Étonnamment, cette transformation, affectant les deux plans, remonte tout le cours du temps. La genèse de l'outil mental de ma décision, consciente et volontaire, prend sa source dans l'évolution humaine, jusqu'à l'origine mystérieuse de la création, et la justifie à l'instant. Des chaînes tombent qui me reliaient au passé. Le passé lui-même, et c'est très important, change de nature. Une partie du karma que je portais en moi en raison de mon origine naturelle est liquidé.

Le passé n'a pas de valeur ( Krisnamurti).

Nous avons fait ensemble quelques pas avec Eurydice, mais on ne peut faire marche arrière lorsque le chemin est pris. On condamnerait alors l'acte de création.

Venons-en donc à un déconditionnement délicat concernant nos convictions et nos croyances religieuses. Nous avons constaté qu'à travers l'espace et le temps, les hommes ont inventé d'innombrables mythes pour donner un support rationnel à l'élan mystérieux qui montait dans leurs coeurs. Bien évidemment, toutes ces fables, toutes ces histoires si différentes ne peuvent pas être toutes un reflet fidèle de la réalité. Cependant, la simultanéité de leur existence sur toute la Terre, à travers les âges, les civilisations, et les continents, démontre qu'une réalité secrète est cachée dans le Grand Tout, derrière ces fictions.

Tout se résume en ces phrases. Sur le plan des mythes comparés, les religions sont les branches d'un tronc commun, l'ignorance humaine. Sur le plan des religions comparées, elles sont les branches d'un tronc commun, la sagesse divine. (Annie Besant - Le Christianisme ésotérique).

Je crois intéressant de citer ici quelques paroles de la seconde présidente de la Société Théosophique, petit groupe très actif qui marqua profondément la libre pensée au début du siècle, en Europe comme aux Indes. Elle influença l'un de ses proches, le mahatma Ghandi, et contribua à l'indépendance de l'Inde. Elle s'impliqua énergiquement dans le mouvement d'émancipation féministe. Par la promotion publique de la liberté de la pensée philosophique, et malgré de sérieux errements dans sa petite histoire, la Société contribua à la réouverture de champs de réflexion ésotériques orientaux, momentanément oubliés ou interdits.

Cependant, puisque notre culture actuelle est communément fondée sur la tradition chrétienne, nous nous baserons sur le message des Évangiles pour explorer le contenu des messages ésotériques portés par les religions traditionnelles. Utilisons-le pour vérifier la valeur des exemples exposés par les comportements des fidèles. "Gardez-vous des faux prophètes. Ils viennent à vous en vêtements de brebis, mais en dedans ce sont des loups ravisseurs. Vous les reconnaîtrez à leurs fruits. Cueille-t-on des raisins sur les épines et des figues sur les chardons. Tout bon arbre porte de bons fruits, mais le mauvais arbre porte de mauvais fruits. Un bon arbre ne peut porter de mauvais fruits, ni un mauvais arbre porter de bons fruits. Tout arbre qui ne porte pas de bons fruits est coupé et jeté au feu. C'est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez". (Matt 7-18).

Raison et postulats.

Outre la profession d'amour, dont nous avons vu qu'elle n'avait pas empêché les églises traditionnelles de répandre des lacs de sang, et d'engendrer d'immenses souffrances, les grandes religions actuelles, issues des antiques traditions sémitiques, professent toutes le monothéisme. Paradoxalement, et comme nous allons le voir, leurs théories globales semblent pourtant polythéistes en arrière-plan. Au niveau de la raison, elles impliquent plusieurs postulats inconciliables qui aboutissent au moins à une relative dualité. Dés que l'on entre dans le dualisme, même relatif, on est dans une forme de polythéisme, explicite ou implicite.

La profession religieuse de monothéisme est basée sur des postulats. Elle n'est pas actuellement une démarche rationnelle établie à partir de l'examen critique et raisonnable de la théorie professée. Elle est un pur acte irrationnel de foi concernant les dogmes, et de soumission obligatoire à l'autorité de la doctrine. Si un raisonneur se rebelle, il n'y a aucune solution rationnelle à présenter pour le convaincre. Faute d'argument raisonnable, et pour sauver la face et l'ordre établi, on l'isole, on le critique, on le condamne, on l'égorge parfois, ou on le brûle.

Le premier postulat irrationnel consiste à attribuer arbitrairement des qualités absolues à la divinité. Cet absolutisme, uniquement conceptuel, bloque les possibilités d'analyse objective du réel, et paralyse le raisonnement. Il conduit à une division dualiste entre l'absolu divin théorique et le relatif objectif observé.

Le second postulat, consécutif au premier et tout aussi arbitraire, consiste à définir un créateur parfaitement bon et bienveillant, peu conforme à la réalité objective d'une création souvent cruelle, (par rapport à nos critères humains de bonté et de bienveillance). Cela aboutit à une seconde construction dualiste séparant le bien du mal, la lumière des ténèbres, etc..

La raison humaine est aujourd'hui incapable d'expliquer le processus de l'apparition d'un seul dieu, ou sa nature. Comment pourrait-elle expliquer un dieu bon et un dieu mauvais, ou un dieu à la fois bon et mauvais. C'est bien de cela qu'il s'agit, même s'il est dit que le mauvais dieu fut créé bon à l'origine par le dieu parfait, et que le malheur universel vient d'une révolte contre cette perfection. Dans cette conception simpliste du Monde, l'idée de la révolte et celle de la chute aboutissent logiquement à une séparation conceptuelle entre un Dieu parfait extérieur et une Création distincte et imparfaite. Implicitement cette logique renvoie à Dieu l'origine de l'imperfection de la création, donc la responsabilité du mal et de la chute, inévitable, et délibérément voulue.

Bien évidemment, on trouve là une contradiction avec les qualités suprêmes de bonté et de perfection dogmatiquement attribuées à Dieu. Elle ne peut être contournée que par la réjection du mal sur une autre entité. On ne peut pas considérer cette seconde entité créée sans réamorcer logiquement la même contradiction. Il faut postuler qu'elle est incréée, donc de nature divine, ce qui aboutit inévitablement à la dualité conceptuelle puis au polythéisme. Leibniz a tenté d'équilibrer la contradiction en émettant l'idée qu'en dépit de la toute puissance et de la perfection de Dieu, ce monde était le meilleur possible, (parmi tous les possibles). Il n'y aurait alors aucun espoir d'améliorer les choses. Mais l'Église condamna cette idée.

En fait, on ne peut contourner la contradiction qu'en abandonnant le postulat d'absolu dans la définition des qualités attribuées à Dieu. Cette limitation conceptuelle est posée par le seul homme moderne occidental qui réduit la déité aux champs qualitatifs de perfection et de bonté, considérés du seul point de vue humain. Les multiples images attrayantes, ou effrayantes, de représentation de la Déité ont été créées aux modèles de la vie terrestre et des hommes.

Ces images, anthropomorphes au sens général du terme, sont des idoles.

Elles ne sont pas la réalité de l'Être Total mais seulement son reflet dans le mental humain. Pouvons-nous admettre simplement que notre Dieu conceptuel, étriqué aux dimensions humaines, n'existe pas sous cette forme, ni ses anges, ni Satan, ni ses diables. Tout cela est le produit de l'imagination des hommes et la projection de leurs phantasmes dans une dimension imaginaire de l'univers. Il en est de même des pratiques rituelles ou magiques.

Vous savez que nos grandes religions traditionnelles prétendent généralement condamner la magie et les magiciens. Pouvons-nous comprendre que la plupart de leurs cultes font pourtant purement et simplement appel à des pratiques quasi-magiques, appelées d'une autre façon. Les rites sont des paroles, des incantations, et des actes pratiques, réalisés sur notre plan existentiel terrestre. Lorsqu'il les met en œuvre, l'officiant escompte rompre les lois ordinaires du Monde, soit sur ce même plan existentiel, soit sur le plan supérieur, essentiel, ou divin. C'est donc bien de la magie. D'ailleurs, dans les religions antiques, la magie et la religion étaient officiellement mêlées. On trouve encore la marque dans la présence des Mages, ou rois magiciens, autour de la crèche de Noël.

Dès que nous portons sur les rites et les dogmes un regard un peu critique et indépendant, nous entamons la découverte des excès ou des anomalies des enseignements doctrinaux. A partir de là, nous commençons à nous dégager de nos chaînes conceptuelles et culturelles, et de notre antique Karma religieux artificiel. Nous pouvons alors tenter de nous relier directement à l'Intelligence totale et libératrice qui réside au sein du Grand Tout universel, quel que soit le nom qu'on lui donne.

Il n'y a pas d'orthodoxie.

Reprenons un instant la théorie de la Société Théosophique. "L'homme est soumis à la réincarnation, et cela par une loi immuable, le Karma, en vertu de laquelle toute cause créée par le désir, par la pensée, ou par l'acte, génère certains effets qui deviennent causes à leur tour. Si bien que, sous l'action de cette loi immuable, la conscience évolue pas à pas. Revêtue tout d'abord d'une forme minérale primaire, elle commence à s'élever et ne s'arrête que lorsqu'elle devient, dans sa puissance à qui rien n'échappe, la conscience que nous appelons divine." ( Annie Besant - La Théosophie et son oeuvre dans le Monde).

On trouve aussi en Angleterre ancienne, dans la mythologie galloise, tout un imaginaire celte qui se rattache indéniablement à une théorie de transmigration des âmes et de réincarnation. (exemple. Le livre de Talieslin). "Je suis vieux, je suis jeune, je suis Gwyon à la parfaite connaissance, je suis universel, je suis doué du pénétrant esprit, je suis un bon musicien, je suis acier, je suis druide, je suis architecte, je suis savant, je suis serpent, je suis amour, etc.."
"J'ai aussi été un poisson bleu dans le torrent, j'ai été un chien, j'ai été un chevreuil sur la montagne, j'ai été un tronc d'arbre, j'ai été une biche dans les bois, j'ai été une hache dans une main, etc.."

Au-delà des comportements mécaniques du monde vivant, émergé depuis des milliards d'années, et régi par les lois comportementales des gènes aux commandes de leurs machines de survie, nous découvrons des facultés nouvelles et inédites. Au-delà des tyrannies de la pensée, des fantasmagories du monde mental constituées dans les cerveaux humains il y a trois millions d'années, et régies par les lois culturelles de conservation des structures sociales et de soumission aux idées imposées, nous apercevons des possibilités neuves et exaltantes. Il apparaît maintenant une nouvelle émergence, celle de la prise de conscience de ces enfermements dans les prisons de la matière, de la nature, et les illusions de l'existence. Un choix libérateur devient possible, qui doit s'exprimer par un acte volontaire de refus et de retournement.

Cette capacité passe d'abord par la compréhension, puis s'exerce à rebours du chemin temporel de la descente dans l'enfermement. Il faut d'abord reconnaître et cerner les servages successifs, déterminer les influences des idéologies collectives, ces goules nourries des souffrances humaines, celles des convictions personnelles, acceptées et rangées dans l'ego, puis celles des gènes ancestraux, inscrites et fixées dans les chromosomes, puis celle des lois naturelles et physico-chimiques, figées dans les mécanismes de la vie et ceux du fonctionnement de la planète et du cosmos.

Alors l'esprit humain conscient peut librement participer à l'action créatrice que nous appelons divine. Il ne décide plus de ce qui est bien ou mal en fonction de ses propres désirs existentiels, mais choisit d'accomplir les actes qui réaliseront l'unité et l'harmonie au sein du Grand Tout universel.

De l'usage fait de la liberté consciente résulte la nouvelle qualité du monde existentiel. Seul l'acte accompli par le vivant peut agir sur le réel dans le champ de l'existence. Le refus conscient des caractères existentiels actuels est un premier acte mental qui modifie aussi l'être total sur l'autre plan qui est celui de l'essence.

Par mes actes, j'agis sur le Monde existentiel,
et je le transforme en mieux ou en pire.
Par mes refus, je construis un nouveau Moi essentiel,
en le transformant de la même façon.

A travers l'acquisition des connaissances qu'apporte la science actuelle, et après nous être libérés des contraintes culturelles qui bloquaient notre liberté d'examen, nous d‚couvrons de nouveaux points fondamentaux. Nous suivons habituellement les ordres de nos pulsions inconscientes, même lorsque nous les avons transformées et travesties pour les rendre acceptables à notre raison. En refusant, dans notre conscience puis dans nos actes, de nous comporter comme les pires animaux, nous dégageons enfin notre nature humaine essentielle, consciemment différente et clarifiée, et nous modifions par là même, le réel existentiel. D'une certaine façon, nous pouvons dire que notre conscience émerge actuellement de la matière inerte, ou bien que notre esprit touche aujourd'hui le fond de la chute dans cette matière.

Après sa rupture progressive avec les théosophes, dans les années vingt, Krishnamurti leur conseilla de libérer leur pensée pour dégager leur propre spiritualité. Il leur reprochait de trop s'attacher à la connaissance des mondes suprasensibles et d'accorder trop d'importance à l'enseignement des Maîtres. La grande nouveauté du message de Krishnamurti est l'absence totale de théorie et d'enseignement.

Il n'y a pas d'orthodoxie.
Seule compte la liberté qui permet de se réaliser.
Soyez votre propre guide, votre propre flambeau.

Krishnamurti condamna également l'ésotérisme et l'occultisme. La vraie liberté, dit-il, c'est celle de la pensée. L'homme véritable est celui qui dépasse ce qu'il sait par les livres, par les Maîtres, par la tradition, qui récuse sa mémoire, se met à penser par lui-même, construit sa propre philosophie, sa propre vérité. La libération spirituelle doit s'accompagner de la libération à l'égard du moi. L'homme qui fait de lui-même une statue devient fétichiste. La vie spirituelle doit être en nous comme une source d'eau vive, et non comme un marais d'eau stagnante. Les morales humaines sont contradictoires. Les bonnes sont celles qui respectent l'être humain. Il n'y a pas d'autre Dieu que l'homme devenu parfait. Les religions sont des erreurs. Aucun rituel n'est nécessaire à la connaissance spirituelle.

Conclusion.

Pour préparer la clôture de ces propos concernant les attitudes humaines et la liberté de pensée, je citerai un court logion tiré de l'Évangile de Thomas, le seul évangile qui nous soit parvenu, semble-t-il, dans sa forme initiale et donc probablement authentique, en traversant les siècles au fond des grottes de Nag-Hammadi, en Haute-Égypte. Il fut déterré en 1945 par un paysan. Au fond d'antiques amphores de terre cuite on trouva cinquante-trois manuscrits, écrits en copte, dont un seul Évangile. Celui-ci ne contient ni l'histoire de Jésus, ni aucun récit de miracles, mais seulement cent quatorze logia, ou paroles attribuées à Jésus,qui auraient été recueillies par Thomas Didyme, (Le Jumeau).

Jésus disait : Malheureux les Pharisiens.
Ils ressemblent au chien couché dans la mangeoire des boeufs.
Il ne mange, ni ne laisse les boeufs manger.

( Thomas - Logion 102)

Que le lecteur veuille bien excuser les redondances de textes et d'extraits cités. On ne peut guère explorer l'âme humaine sans rapporter les récits de son histoire tragique et cruelle et le contenu de ses idées, de ses convictions ou de ses rêves, et de ses démarches ésotériques ou mystiques. Il semble fondamentalement nécessaire que chacun prenne conscience des tyrannies sanguinaires exercées par les pulsions humaines, ainsi que par les idéologies qui les portent. Elles répandent la souffrance et souvent la mort.

Quel que soit le critère de leur constitution, les groupes humains se hiérarchisent naturellement, engendrant par là même la guerre aux étrangers, l'oppression des opposants, ou l'exploitation des individus. L'être humain étant un animal social, accepte facilement, consciemment ou inconsciemment, de se soumettre. La reconnaissance des despotismes idéologiques est cependant assez aisée, puisqu'ils promettent toujours le bonheur pour ailleurs ou pour plus tard au prix de l'actuelle souffrance et du sacrifice d'aujourd'hui. Le plus souvent, mais pas toujours, la dénomination des idées qu'ils transportent se termine par le suffixe "isme". Tous les x-ismes sont extrêmement suspects, peu importe leur contenu, politique, économique, ou religieux. Ils devraient toujours être abordés avec une très grande circonspection.

Les idéologies tyranniques s'attaquent prioritairement à la liberté de pensée des opposants. Puis la pensée tout court apparaît dangereuse. Aussi cherchent-elles à occuper sans cesse le cerveau des hommes avec des futilités. Voyez l'usage actuellement fait des média publics, presse, radio, et surtout de la télévision dont le rôle essentiel semble être l'abêtissement général. Les religions ne sont pas en reste quoiqu'elles utilisent des moyens différents. Richard Dawkins a peut-être raison lorsqu'il imagine que les idées oeuvrent pour leur propre compte et se nourrissent de nos malheurs.

On tente toujours d'échapper à cette cruauté sociale. On a essayé en vain la soumission mais le Monde et l'Homme sont restés féroces. On a essayé la compassion mais les bourreaux compatissants sont restés des bourreaux. Alors, le temps du refus, de la rébellion, semble arrivé, car l'Homme conscient de ce qui se passe ne peut plus accepter les terribles lois de violence généralisée et de dévoration universelle qui lui sont imposées. Vous déciderez ce que vous voudrez. Pour ma part, je me refuserai, maintenant et à jamais, par complaisance ou par indifférence, ou par lâcheté, de continuer à satisfaire ces goules effrayantes, afin qu'elles meurent enfin, comme sont déjà mortes beaucoup de civilisations, de théories, et de croyances qui, dans le passé, les alimentèrent.

Ce monde n'est plus le mien.
Je le refuse.
Dorénavant, je suis un rebelle.

Curieusement cette prise de position presque blasphématoire me soulage et me libère. Peut-être, quelque part, au fond du mystère de l'univers, était-elle attendue ? Je laisserai à un libertaire aux idées gnostiques le soin de conclure ce chapitre difficile.

(./.) Mais c'est fini, j'en sors et je lutte, terrible
Et joyeux comme un évadé...
Prêtres, vous n'avez pu m'engloutir dans vos songes,
Dieu ne m'a pas laissé noyer par vos mensonges,
J'avance, et je fais signe aux pâles matelots;
Je rapporte des mers les perles qu'on y trouve,
Je vis ! L'évasion du naufrage se prouve,
Par la tête au-dessus des flots.

Victor Hugo.
(Toute la lyre - Échappé à l'erreur - 4/5/1878)

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