Commentaires et iconographie.

Le Roi du Monde
|
Ce premier poème de
l'auteur propose l'interprétation gnostique des
mystères chrétiens |
Jésus, Dionysos,
Divins sauveurs des hommes. Osiris ou
Krisna,
Tous ces dieux venus du Cosmos,
Pour dire à tous les hommes,
l’universelle saga,
Et révéler l’appel en nous,
l’histoire d’Adam,
Que d’autres, en d’autres temps,
racontent autrement.
Jean est, chez nous, celui
Qui reconnaît ce cri dans le désert
de l’âme,
Entend les pleurs de l’autre en lui,
Et permet que s’allume, dans son
cœur, une flamme.
Puis le Baptiste va. A l’autre il
laisse place,
Après avoir frayé le chemin de la
grâce.
L’âme vierge secrète,
Nous l’appelons Marie. Son cœur
humain berceau
Accueille ici le nouvel Être,
Enfantant, dans la chair, pour
l’Autre, un corps nouveau
Qu’elle chérit, nourrit, et fait
grandir en elle,
Et donne, librement, pour une vie
nouvelle.
Le tout-petit enfant,
Á
Noël, est l’image de la vraie renaissance,
Le moment du réveil d’Adam,
Si longtemps attendu, l’espoir de
délivrance
De l’animalité, et du sang, et des
chaînes,
Dans notre sombre, et sale, et triste
étable humaine.
Jésus le pèlerin,
C’est l’étonnant miracle de cette
incarnation,
Dans chaque homme, sur le chemin,
Étroit et difficile, vers la
transmutation,
Par l’éternel Esprit et dans le libre
choix
De la mort de son Moi, par amour, mis
en croix.
Et la résurrection
Á
l’aube d’or de Pâques, c’est soudain le retour,
D’Adam, la transfiguration,
Du corps en Christ. Et l’étincelle en
ce seul jour
Devient brillant soleil. L’Homme
éternel renaît
Dans la restauration du Royaume
parfait
Osiris ou Krisna,
Ces êtres merveilleux ne sont que des
symboles,
Jésus, Ba’al, Attis, Bouddha,
Dont nous sommes tentés de faire des
idoles.
Ces mythes composés pour nous ouvrir
les yeux,
D’autres, en d’autres lieux, les
transforment en Dieux.
Le Roi du Monde (poème de l'auteur)
(Le Ciel, la Vie, le Feu - extrait) |

retour au texte
|

Pour les Gnostiques, Dieu est au-delà de tout concept
raisonnable et de toute dénomination théorique. Il est
l’absolu en tout et la source des bons esprits qui forment
ensemble le Plérome ou le domaine de la Lumière. Je
m’adresserai donc à votre sensibilité irrationnelle par la
poésie pour tenter de vous faire approcher, par
l’intérieur, un premier aspect de cette révélation, l'idée
de l'éveil, de la prise de conscience de l'homme esprit
divin, Adam Kadmon, tombé, (par amour selon Hermès), dans
la matière et emprisonné depuis dans nos corps
biologiques.
|
L'Autre en soi
|
Ce second poème voudrait montrer comment les Gnostiques voient la double nature
de l'homme et l'emprisonnement de l'esprit dans le corps
de chair. |
Dans la splendeur du Monde, il a vu son image,
En bas, et l’a trouvée si belle,
Qu’il s’est, un temps, ravi en elle.
Hélas, anéanti, dans son grand lit d’étoiles,
Il dort, et nous souffrons nos peines,
Et nous mourons chargés de chaînes.
De sa gloire oubliée, demeure une étincelle,
Un indestructible principe,
Au donjon de l’âme immortelle.
Dans la tour, il perçoit le chant de la Lumière.
Il comprend que l’heure est venue
De lever enfin la paupière.
Il se souvient des Cieux. Il parle du Royaume,
Il dit qu’il demeure en chaque homme.
Il supplie d’une faible voix.
Il pleure, il rit, il dit qu’en nous, il est en croix.
Il souffre et parle de partage,
Accepté par un libre choix.
Il a besoin d’un corps, il a besoin d’une âme.
Il voudrait détruire sa prison
Et revenir à sa mission.
Il est l’idée, la vie, il est l’amour, la joie.
Il est la liberté suprême,
L’océan de douceur extrême.
Il est l’immensité. Il est l’éternité.
Il est le sablier du temps,
Et la conscience du présent.
Il est, dans l’infini, le maître du destin,
L’innocence sans le chagrin,
La pureté du premier jour.
Il est la force énorme et l’horizon sans fin.
Il est la clarté du matin.
Tout l’avenir est dans sa main.
Il est la vérité, il est la majesté.
Il aspire à ce qu’il était,
Qu’il veut être, et sera demain,
Adam Premier, l’Éon divin, le Roi du Monde.
L'Autre en soi (poème de l'auteur)
(Le Ciel, la Vie, le Feu - extrait)
|

retour au texte |

Le Ciel, la Vie, le Feu (extrait
du chapitre 9) |
La Conscience et la
Liberté
../..Sur l’argile de la matière et de la corporéité humaine, nous établirons
simplement un assemblage de toutes les sciences,
convictions, religions, expressions et philosophies
humaines. Elles constitueront un immense pavement dont
chaque dalle rayonnera la lumière d’une révélation
particulière. Chacun se tiendra sur celle qui lui
convient, et tous ces pavés lumineux seront également
joints par les qualités d’âme des chercheurs authentiques
et sincères, celles des fidèles de toutes les églises, les
souffrances de leurs martyrs et les extases de leurs
saints. Au-dessus, se tendra le sombre ciel originel de
tous les mystères, étoilé de toutes les révélations à
venir, et alentour s’étendra l’insondable océan de tous
les possibles.
Notre construction sans murs sera ouverte sur l’infini. Nous nous y
tiendrons sans aucun rite ni sacrifice, car il y a déjà eu
tellement de sang versé, tant d’horreurs commises, tant
d’êtres immolés, torturés, mutilés ou humiliés, au nom de
toutes les idées saintes, offerts hélas en vain à toutes
les idoles des hommes, dans tous les temps du monde.
Alors, amis, réunis en ce lieu intérieur ouvert dans notre mental, nous
élèverons nos âmes particulières vers l’image de la
Totalité telle que nous l’avons construite, chacun dans sa
pensée personnelle. Dans notre temple universel ou face à
notre commun monument, nous nous poserons non pas en juges
mais en simples témoins de l’inquiétude et de la
souffrance humaine.
Revêtus de la dignité de la conscience, nous tenant
debout, non pas
dressés à l’assaut des mystères du Ciel mais tournés par
l’Esprit vers les réalités temporelles de la Terre, nous
ouvrirons nos cœurs à la pluie de savoir, de sagesse et
d’amour qui nous est personnellement et mystérieusement
consentie par grâce. Chacun dans notre propre personne,
nous la recevrons dans notre être total, corps de chair,
âme de feu, esprit de lumière, et, tous ensemble, mains
ouvertes comme les derviches tourneurs d’Orient, nous
répandrons ces dons à la ronde sur tous nos frères les
hommes, partout dans le Monde.
Éclairés par l’Esprit, nous voudrions nous tenir sur le pavé du temple
comme des piliers lumineux reliant la terre au ciel.
Hélas, notre noir héritage karmique nous barre le chemin,
et nous restons simplement des animaux étonnants, des
petits singes christophores réunissant, encloués l’un à
l’autre, Lucifer et Satan. Petits simiens clairvoyants
mais encore chargés d’ancestrales caractéristiques
animales, nous portons intimement la conscience d’un
important travail à faire pendant cette si courte vie
terrestre.
Nous avons à rallumer dans notre âme le soleil spirituel
originel.
En vérité, pour pouvoir nous poser en hommes
libres, nous devons comprendre ce qu’est notre vieil être
intime et briser sa cristallisation. Nous devons
transformer à la fois notre humaine et simiesque nature et
l’image intérieure que nous avons fabriquée de nous-mêmes.
Dans cette attitude, nous retrouvons l’image
traditionnelle des Rose-Croix, celle de l’Homme écartelé
entre la Chair et l’Esprit, cette Croix d’épine symbolique
sur laquelle il convient d’attacher la Rose de la
connaissance. ../..
(Le Ciel, la Vie, le Feu - Ouvrage de
l'auteur - extrait) |

retour au texte
|


La gravure attribuée à Camille Flammarion
Au
19e siècle, un artiste inconnu (Camille Flammarion?) a représenté
la quête de la connaissance par une gravure sur bois fort
élaborée qui fut souvent attribuée à la Renaissance. Agenouillé dans un
paysage terrestre stylisé, un chercheur passe seulement la tête à travers
ce qui sépare le ciel et la terre, et de là, il contemple
l'inconnu. Cette création de Flammarion invite à deux interprétations
opposées et inconciliables de la connaissance.
1 / La connaissance ne
serait limitée que par une barrière imaginaire que
l'activité scientifique finira toujours par franchir.
2 / La
connaissance est limitée par une barrière véritable que l'on
ne peut franchir que par l'imagination.
Dans ce second cas, nous serions enfermés dans la bulle
finie de ce que nous savons déjà, et nous ne pourrions
comprendre que le seul monde de notre expérience passée.
Tout ce qui se trouve à l'extérieur de la barrière resterait
à jamais inaccessible tant à notre compréhension qu'à une
quelconque explication. |

L'Univers et le Zoran (synthèse
partielle d'une partie
du chapitre 1) |
La fantasmagorie sensorielle
Nos organes des sens sont construits pour détecter la présence
d’objets présents dans le monde extérieur. Ils émettent des
signaux électrochimiques à destination du mental. Ces
signaux sont seulement des signaux. Émis à usage de survie
et non de connaissance, ils ne constituent pas une
représentation fidèle du réel. Le centre nerveux central
humain, localisé dans le cerveau, permet un examen conscient
de l’image synthétique construite pour représenter cet
environnement. Le cerveau peut aussi construire d’autres
structures synthétiques imagées dont le rôle est de
représenter des objets immatériels ou abstraits. J’ai tenté
de montrer combien ces images sont parfois incomplètes,
souvent illusoires et, par nature, synthétiques et
artificielles. Accessibles au conscient, elles sont toujours
fabriquées, soit à partir des signaux transmis par les
organes des sens, soit par des données extraites des banques
mémorielles. Elles sont délivrées par un double intérieur,
un serviteur dévoué, (et parfois un maître redoutablement
trompeur) qui les présente à notre conscient. Il est donc
inutile de se poser la question du réalisme de la
représentation du réel. Très évidemment, il s’agit là
d’imagerie mécanique, systématique et organisée.
La représentation du réel est toujours purement mentale.
Quel que soit le moyen utilisé pour y accéder, c'est toujours un objet synthétique, construit à partir des signaux émis
dans l’instant par les différents organes sensoriels,
externes et internes, combinés dans le même temps avec
d’autres signes abstraits puisés dans la mémoire.
Cette combinaison est inconsciente et automatique.
Pendant le sommeil, elle produit l'imagerie
artificielle qu'est le rêve. Mais, dans l’état de veille,
nous donnons au résultat de cette élaboration
complexe la valeur d’une représentation crédible de la réalité.
Or, cette perception est toujours une fantasmagorie, une
association de fantasmes réalisée par le cerveau. Ils
représentent la réalité extérieure reflétée par les
signaux sensoriels, et reflètent aussi l’organicité
intérieure, chimique, mentale, et mémorielle, imagée par
des signaux complémentaires ou suppléants. Il est de notre
nature humaine, (il est donc très normal), de trouver cette
représentation artificielle du monde, crédible, performante
et satisfaisante. Cependant, notre expérience du réel est
extraordinairement limitée, car au sein du cosmos immense,
nous n’avons accès expérimentalement qu’à cette représentation
mentale électro chimique, un espace intérieur ridiculement
restreint dans notre propre corps. Nous ne pouvons
consciemment explorer qu’une infime fraction de cet
infime espace. Tout le reste est à l’extérieur, inaccessible
à l'expérience, donc à la conscience, et ce que nous
en percevons n’est qu’un reflet interne léger et déformé.
D’une façon naturelle, nous trouvons nos sens tout à fait
efficaces et satisfaisants. Il nous arrive même de les
trouver vraiment merveilleux, et nous nous extasions devant
les performances extraordinaires de la machine humaine.
L’homme éprouve toujours un très grand plaisir à regarder
son nombril qu’il trouve tellement admirable. La nature fait
pourtant fonctionner nos nerfs, et nos muscles avec des moyens
électrochimiques qui sont très lents, comparés à la vitesse
de propagation de l’électricité ou de la lumière. Nous
inventons alors des mécanismes complémentaires et des
ordinateurs qui relaient notre lenteur lorsque nous avons
besoin d’une réaction rapide, mais nous ne percevons
généralement pas toutes ces graves limitations et ces
imperfections. Nous jaugeons le monde avec nos propres
instruments, et notre évaluation est à la mesure de notre
propre nature. Nous donnons au monde matériel la couleur
humaine. Sur le plan intellectuel et moral, nous créons
des modèles culturels, mathématiques
ou conceptuels pour essayer d’approcher la figuration du
Grand Tout, que j’appelle ici le Zoran. Ces travaux et ces
concepts abstraits sont aussi des objets purement mentaux.
Ce sont des assemblages de signaux électrochimiques
cérébraux destinés à expliquer et interconnecter logiquement
ces autres signes électrochimiques artificiels que sont les
perceptions imagées du monde extérieur.
J’ai appelé « Univers » l’objet global constitué par
cet assemblage de signaux. Comprenons que cet objet est
toujours purement
mental et intérieur. Il est limité au champ de l’expérience
sensorielle par les bornes de nos sens, comme il est limité
au champ de la connaissance intellectuelle par les
possibilités actuelles de notre cerveau. Il nous est même
impossible de savoir s'il représente véritablement le monde
ou s'il fournit seulement des symboles utiles à la
satisfaction de nos besoins vitaux. Au sein
du Zoran immense, matériel et immatériel, connu et inconnu,
visible et invisible, nous n’avons accès qu’à une infime
partie de l’Être total. Nous ne pouvons explorer
consciemment que ce que nous représentons électriquement
dans notre intellect. Cette figuration électrochimique n'est qu'une infime fraction de
cet absolu, et ce que nous en comprenons n’en est qu’un
léger reflet, fragmentaire et déformé. Nous trouvons
notre récente intelligence tout à fait efficace et
satisfaisante, parfois même admirable, et nous
nous extasions parfois devant l’ampleur de la connaissance
et de la pensée humaine et les performances
extraordinaires de notre cerveau. Comprenons
que c’est à l’univers total que nous donnons
la couleur humaine. Si nous demeurons enfermés dans
la bulle finie de ce que nous avons acquis par le canal de
nos sens,
nous ne pouvons comprendre que le seul monde de
notre expérience passée, et tout ce qui se
trouve à l'extérieur de la barrière nous restera à
jamais inaccessible...
(L'Univers et le Zoran - Ouvrage de
l'auteur - extrait) |
|