Arts et Sciences, Hommes et Dieux
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( Mise à jour de juillet 2017 )
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  Petit Manuel d’Humanité

CAHIER 32 - L'Amour et le Désir chez les Théosophes.

MANUSCRIT
ORIGINAL


 
N° 00035434
Tous droits
réservés

 

Table des Matières interactive.

Introduction.
Les trois âges de l'Amour.
L'Amour et l'Homme incréé.

La naissance de l'Autre dans l'Esprit.

Essai de reformulation théosophiste.

Commentaires et Illustrations.
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  L'Amour et le Désir chez les Théosophes

Introduction.

 

 

L’Amour, ce mot merveilleux est souvent utilisé de façon instinctive sans que nous ayons réellement réfléchi à la signification qu’il doit prendre dans notre propos d’homme véritablement éveillé. Je proposerai donc plusieurs textes successifs et indépendants pour élargir progressivement le contexte de réflexion. Une façon première d'approcher la question consiste à comparer l'évolution de l'amour à la croissance de l'homme, à la façon des anciens Grecs. A son début, l'amour n'est que désir et se borne à vouloir prendre. Plus tard, il commence à partager et l'on peut espérer qu'il ne soit plus un jour que don total.

 

 

Une première approche se fonde sur l’acquisition progressive de la sagesse du cœur. La réflexion sur les différents sens du merveilleux mot "Amour", repose sur une comparaison avec un être en évolution passant par des âges successifs. Pourtant, même dans ce bas monde temporel de la dialectique, comprenons que tout être procède de l'Unique Origine, et que tout être participe donc, d’une quelconque façon, à la vivante réalité suprême.

Les trois âges de l'Amour

 


 

Le premier âge de l'amour ressemble au premier âge de l'enfant.  Au début, il n'a pas conscience de ce qui se passe. Il a besoin de nourriture et il en reçoit de ses parents, jusqu'à satiété. Et puis, à un moment donné, parfois très tardivement, il prend conscience qu'il est nourri. Il comprend un jour que cette nourriture est un don gratuit fait par quelqu'un qui l'aime. Avec cette prise de conscience du grand don de vie, quelque chose de nouveau naît. Á ce niveau, le chercheur de vérité prend conscience qu'une nourriture spirituelle lui est aussi donnée, et qu'il peut maintenant inspirer le souffle de l'Esprit Divin.  C'est le temps de l'Incarnation.

Le second âge de l'amour est plus tardif et souvent plus durable.  L'enfant se nourrit vraiment longtemps des dons parentaux, et la situation peut lui paraître naturellement pérenne. Mais un travail se fait en secret, au fil du temps et au fond du cœur, pour modifier ce point de vue. La conscience mûrit lentement et un nouvel éveil se produit. L'enfant devient un jour adolescent. Il sait dorénavant qu'il a des amis et des frères, et il partage plus volontiers ce qu'il reçoit. Le chercheur comprend alors qu'il ne peut plus seulement inspirer le souffle de l'Esprit. Devenu prêtre, il doit aussi maintenant l'expirer au bénéfice d'autrui. C'est le temps de l'Initiation.

Le troisième âge de l'amour reste à venir pour la plupart des hommes.  Ce n'est plus l'âge du partage mais celui du don sans retour. C’est l’âge adulte des fils divins qui répandent ensemble, dans tout l’univers et tout à la fois, les lumières de la conscience, les immenses forces de la vie, et les grâces infinies de l’Amour. Ces dons qu’ils répandent, c’est maintenant en eux-mêmes, dans la nature de leur filiation divine, qu’ils les puisent. Dans notre conception trinitaire et chrétienne du Monde, c’est alors que se confondent, en chaque être accompli, le Père, le Fils et l’Esprit, dont le même souffle anime éternellement tous les êtres vivants. C'est le temps de la Divinisation.

 

 

 

 

 

 

 

Chez les Théosophes, un second mode d’approfondissement ouvre la réflexion sur la place de l’Esprit au sein de cette Unicité divine qu’il est important de maintenir constamment présente dans le champ de la pensée, quoique le développement analytique de celle-ci nécessite d’en éclater les aspects, (par exemple de façon trinitaire).

 

L'Amour et l'Homme incréé

 


 

L'Homme incréé, seul l'Esprit Incréé peut l'engendrer.
 

En décrivant de façon trinitaire les aspects du Monde, il faut insister sur l'unité indissociable qui réunit les trois images conceptuelles utilisées. Il est important est de comprendre que cette pensée postule fondamentalement l'unité absolue du Monde, de l'atome à l'univers, du créateur à la créature, de l'origine aux fins ultimes, et de l'individu à l'humanité entière. L’intellect humain fonctionne en fragmentant les choses pour en examiner séparément les aspects. Mais il n'existe qu'une seule et unique réalité, unissant l'Homme, l'Univers, et Dieu. Tous les autres aspects du Monde sont illusoires, et la personnalité individuelle s'inscrit toujours dans l'unité de l'humanité entière. Selon la pensée panthéiste banalisée par les Théosophes du début du siècle, Steiner, Heindel, Blawatski, et autres, c'est en lui-même, qu'à l'origine, ce Dieu unique différencie les mondes et les esprits vierges qui vont expérimenter la matière. C’est une expérience difficile, mais l'éternité est disponible. Les esprits inconscients vont d’abord s'enfoncer dans le chaos originel. Au cours de cette lente descente, l'émergence de la vie dans la matière inerte, puis celle de la conscience dans les corps vivants, devraient permettre de réaliser progressivement l'Idée divine, l'incarnation des esprits dans des corps matériels vivants, des "Microcosmes", bâtis au modèle de l'Univers.

Mais les expériences sont variées et parfois périlleuses. Originellement libres, certains esprits vont s'égarer, dont ceux des hommes. Alors se forme le Monde que nous connaissons, le monde "dialectique" des Gnostiques, régi par l'opposition des contraires. Et il faudra que chaque esprit immortel, emprisonné dans un corps mortel, se délivre de ses chaînes matérielles, de ses cristallisations, de son karma personnel et ancestral, pour reprendre librement le chemin de l'incarnation spirituelle, la reconstruction de son propre "Microcosme", véritable réalité de son être personnel, tel que pensé et voulu pour lui seul, de toute éternité, par Dieu, au sein de la globalité humaine. Il est ici utile d’examiner ce concept d’idée divine, sans oublier que nous essayons de comprendre ce que sont l’Esprit et l’Amour. L’acte de création n’est pas encore un acte d’amour. Les Néoplatoniciens avaient compris que la force créatrice consiste en un retournement de l’être vers lui-même. Partant du créateur, l’acte créateur en produit une sorte de reflet. C’est ce reflet de lui-même qui relie le créateur à l’objet créé. Ainsi, les Hermétistes égyptiens enseignaient qu’à l’origine, l’Homme, enfant divin fait à l’image du Père, se pencha sur la Nature et vit sa propre image reflétée dans les eaux. Ébloui par cette beauté, il l’attribua à la Nature, l’aima, et se perdit en elle.

Parlons maintenant de l’Amour spirituel, une manifestation particulière de la divinité unique que nous considérons cependant humainement de façon ternaire. Pour les panthéistes chrétiens, l'éternel Esprit des origines est donc incréé. C’est "l'Amour Même" qui s'exprime en donnant vie et connaissance, et ce don éternel ne peut se réaliser dans la solitude. Cela le différencie de l’acte créateur. Puisqu’il ne peut se retourner vers Soi-même, l'Esprit divin engendre nécessairement "l'Autre". Non pas créé, mais engendré par cet Esprit d'amour, l'Homme spirituel immortel est une conscience vivante qui rayonne naturellement la force de la vie et la clarté de la connaissance. Engendré par l’Esprit, l'Homme originel est immortel. Incréé mais associé à un corps biologique naturel, il doit réaliser, dans la vie terrestre, la transmutation du corruptible en incorruptible, du plomb vil en or pur. Dans l’amour, la Divinité descend de l'Esprit pur vers chaque homme, en revêtant la matière, et dans l’amour, l'Homme s'élève de sa corporéité vers Dieu, en libérant sa propre nature divine. Cette perspective détermine l'orientation majeure du travail intérieur des Gnostiques. Conscients de leur double nature, ils associent l'ardeur de l'amour insufflé par l'Esprit divin intérieur à la douceur de la compassion puisée dans leur périssable nature humaine.

  

 

The Love of Souls - par A. Andrew Gonzalez - Galerie Sublimatio

La troisième approche proposée est encore plus complexe au niveau métaphysique. Il s’agit ici d’explorer des domaines mentaux plus fondamentaux intégrant l’influence des acquis culturels sur les fondements de l’inconscient humain.

La naissance de l’Autre dans l'Esprit

 


 

Nous savons que l’Homme, comme tous les vivants, est un être de désir. Ses comportements visent fondamentalement à satisfaire ses appétits dont la source la plus profonde est finalement un besoin d’éternité. Dans cette recherche, l’autre apparaît comme un moyen pour y parvenir. Cet « autre » est généralement perçu comme « objet » supportant la projection du désir qu’il peut potentiellement satisfaire. Précisons ici que la nature des appétits évoqués est multiple, (conservation ou reproduction évidemment, mais aussi avidité, pouvoir, volonté de puissance et autres). Lorsqu’elle existe, la relation à l’autre s’établit donc d’abord comme un rapport de désirant à désiré. Cette perception s’assimile à un acte créateur. Le désirant construit dans son mental, éventuellement à son insu, une image de l’autre limitée à son éventuelle utilité. Même lorsque cette perception s’établit dans le cadre d’une relation amoureuse, elle se fonde encore sur la base plus ou moins consciente de la satisfaction pressentie du désir. Le sujet effectue donc bien un retournement sur lui-même. Il projette en effet les caractères de ses attentes personnelles sur l’autre, et il le voit comme un moyen de les satisfaire. En cela, il le crée en lui, (au plan imaginaire), comme un « objet » dont il est « sujet », gouvernant l’activité. Á ce niveau, il n’y a pas de place pour l’amour.

Tous les vivants terrestres en sont à ce point d’incarnation de l’âme dans la matière, y compris l’homme naturel. Les comportements altruistes peuvent faire illusion, mais ce sont des exigences induites par les instincts de survie collective propres à l’espèce humaine comme aux autres animaux. Au niveau d’une analyse intellectuelle intègre de l’Univers, nous devons considérer qu’une cause première inexorable a créé, en reflet d’elle même, l’existence, puis la vie, puis l’intelligence. Cet âpre premier état de création révèle un aspect fondamentalement violent de la Force initiale mystérieuse que nous appelons « Dieu » en alléguant qu’elle a produit l’Homme et le Monde. Nous constatons que l’irrésistible violence de cette force créatrice s’exerce aussi dans le cosmos, et son ardeur semble universelle. Notre culture répugne à ce terrible concept d’un dieu en adéquation avec l’observation, et elle en renvoie la source vers d’autres causes, (polythéisme, Satan, péché d’Adam, etc..). Dans les limites humaines d’une réflexion libérée, nous pourrions considérer que cette rudesse caractériserait un premier aspect d’une entité divine bipolaire. Une infinie douceur équilibrerait cette rigueur par un second aspect d’importance équivalente. On pourrait être tenté d’y voir deux faces « mâle » et « femelle » de Dieu. C’est une approche anthropique inadaptée.

Un second aspect universel apparaît donc dans notre représentation mentale fragmentaire de l’Être, le concept d’un immense « Esprit d’Amour ». Cet aspect de l’Être ne crée aucun objet en reflet de lui-même, mais il engendre. Cet "Amour Même" ne peut pas se retourner sur lui-même. Il en naît nécessairement « l’Autre », non plus seulement à l’image du créateur, mais à la ressemblance du géniteur. Entre les deux faces divines, la différence est essentielle. Fils et filles de l’Esprit, tous ces « Autres », (dont les Hommes), ont hérité de Sa nature. Ce sont des « sujets » gouvernant librement leurs destins, des esprits incréés éternels associés à des corps créés matériels et périssables. Né de l’Esprit, en cet aspect, l’Homme agit librement comme l’enfant agit séparément de ses parents. Il peut choisir le Bien ou le Mal, la libération du karma ou le servage. Á chaque âme engendrée, l’Esprit confère sa divine essence et « l’altérité » qui toujours manque à la simple créature « objet ». Cette filiation spirituelle nous oblige à reconnaître l’altérité des autres hommes et leur faculté de refuser d’être « objets » d’un quelconque désir. Alors, ils naissent « autres» dans notre mental, et la fraternité apparaît dans l’universel Esprit. Fils et Filles de « l’Amour Même », nous ne sommes pas ce « Père ». Nous sommes « autres » mais nous l’accompagnons sur son chemin d’éternité.

  

La pensée théosophiste a été publiée au début du vingtième siècle. La dernière approche de cette étude propose d'en tenter une reformulation en l'accordant avec les avancées récentes de la science afin de l'éclairer à la lumière des concepts actuels.

Essai de reformulation théosophiste

 

 

Les concepts philosophiques nés dans la Grèce antique constituent encore aujourd'hui les bases de notre civilisation occidentale. Le système de Platon, par exemple, synthétise plusieurs doctrines comme celles de Socrate, d’Héraclite, de Parménide, et de Pythagore. Il prétend que les êtres perpétuellement changeants qui peuplent notre monde sont des copies impermanentes de modèles universels, fixes et immuables, situés le Monde invisible des "Formes" ou des "Idées", lesquelles existent par et en elles-mêmes. Les âmes les ont aperçues, à l’origine, et en ont gardé réminiscence. Même prisonnières de corps matériels impurs, les âmes éternelles peuvent reconnaître les pures "Idées" dont elles ont souvenir, et elles désirent escalader le ciel pour retourner les contempler. Citons aussi Démocrite qui pensait que la nature, née du hasard et de la nécessité, était éternelle, incréée, et sans finalité, et qui appela l’homme Microcosme. Puis s'établit un concept assimilant l'être humain à un résumé complet du Cosmos, (Macrocosme), avec une corrélation parfaite entre les parties. C'est le Microcosme des Théosophes.

Lien vers la monade de Lebnitz

La métaphysique des Théosophes, des Anthroposophes, et celle des Rose Croix de Max Heindel, postulent qu'à l'origine, le "Grand Être", ou "Monade universelle", différencie, en soi-même, non pas hors de soi-même, des vagues de vie spirituelles, des légions successives d'esprits inexpérimentés. Reflets du Grand Être, ces "monades" individuelles peuvent accéder à la conscience de leur nature divine en expérimentant la réalité. (Leibniz en fait des entités essentielles individualisées "sans fenêtres", douées d'appétits, de perceptions et de  mémoire). Elles doivent traverser des cycles cosmiques en commençant par s'incarner dans la matière dense. Pendant cette "Involution", la monade accède à la conscience de soi et élabore l'appareil de manifestation de son individualité. Lorsque le point bas, le nadir de la matérialité, est atteint, la monade a complété son exploration du Monde. Elle a pris conscience de sa véritable nature et la seconde période commence. Cette "Évolution" nécessite un changement d'état. Elle va lui permettre de remonter progressivement vers l'omniscience divine en développant sa propre réalité.  

Comme tous les initiateurs, les Théosophes ont bâti des doctrines complexes pour communiquer leurs intuitions. Ce n'est pas l'objet de cette étude qui porte sur les fondements. La Gnose était à l'origine une façon de penser le Monde et s'accordait parfaitement avec les religions. La persécution regroupa les Gnostiques, les amenant à formaliser leurs convictions. Ils furent les premiers théologiens de la Chrétienté. Ils enseignent encore que le moi spirituel humain (inconscient) est une partie altérée de Dieu emprisonnée dans la matière. Mais l’Homme peut devenir conscient de son essence divine. La révélation gnostique n'est pas acquise par la raison  mais donnée par un appel intérieur de l'Esprit. Elle énonce que l'esprit humain s'incarne dans la chair, (involution), et y demeure tant qu'il n'a pas compris sa nature véritable. Il remonte ensuite vers la divinité, (évolution). D'autres concepts s'ajoutent. Le Monde résulterait de l'union des contraires, tels l'Univers et le Néant, la Vie et la Mort, le Bien et le Mal, le Positif et le Négatif, etc.. On retrouve ces fondements dans la pensée gnostique.  

Il est donc conséquent que les Théosophes distinguent deux aspects antagonistes dans les fondements du Monde, et que les groupes religieux qui en sont issus professent le dualisme de la Création. Cependant, dans le cadre panthéiste général qui caractérise la Gnose, il n'existe qu'une seule réalité ultime. C'est la perception humaine qui en oppose les différentes manifestations. Au nadir de l'incarnation, la prise de conscience doit faire disparaître ces oppositions illusoires. Avec l'acquisition de l'intellect, l'Homme microcosmique semble approcher de ce point. L'intellect permet de découvrir ce qui est caché à partir de ce qui est connu. Dans l'expérimentation de la matière, il reste encore beaucoup de mystères. Ici et dans cet essai, nous utiliserons l'intellect pour éclairer cet inconnu à la lumière des concepts théosophistes gnostiques. On pourrait légitimement choisir d'autres méthodes ou éclairages. Cependant, dans la recherche sincère de l'unité de son être, le chercheur solitaire doit se libérer des à priori doctrinaux. Sa démarche doit donc aussi accepter d'intégrer intelligemment l'observable.

Évangile de Marie-Madeleine - L'intellect

Pierre dit à Marie: "Soeur, nous savons que le Maître t'a aimée différemment des autres femmes. Dis-nous les paroles qu'Il t'a dites, dont tu te souviens et dont nous n'avons pas la connaissance..."

Marie leur dit : "Ce qui ne vous a pas été donné d'entendre, je vais vous le dire: j'ai eu une vision du Maître, et je Lui ai dit: «Seigneur, je Te vois aujourd'hui dans cette apparition». II répondit : «Bienheureuse, toi qui ne te troubles pas à ma vue. Là où est l'intellect, là est le trésor.»

Alors, je Lui dis: «Seigneur, dans l'instant, celui qui contemple Ton apparition, est-ce par l'âme qu'il voit ? Ou par l'esprit ?». Le Maître répondit: Ni par l'âme ni par l'esprit ; mais l'intellect étant entre les deux, c'est lui qui voit et c'est lui qui [...] (révèle ?)»

L'évangile de Marie-Madeleine, (1er texte du codex de Berlin), est un texte gnostique des apocryphes du Nouveau Testament, découvert en 1896 à Akhmin en Égypte dans une tombe chrétienne. Il est écrit dans un dialecte copte et sa traduction ne s'est achevée que vers 1950.

Á l'origine, disent les Théosophes, le Grand Être (Dieu) différencie en lui-même des vagues successives d'esprits vierges qui s'incarnent pour expérimenter la matière. Dans cette l'involution, ils prennent conscience de leur nature, véritable puis évoluent vers l'état divin. Dans le présent, ils en sont à des degrés différents de réalisation, et certains commencent l'involution quand d'autres ont terminé l'évolution. L'état du Monde et celui de l'Homme reflètent cette situation. Les novices du chaos tentent de construire les instruments adéquats, (les corps vivants). Les plus compétents peuvent intervenir pour les aider. Ainsi en est-il également sous notre Soleil. Á l'origine, des esprits y ont commencé l'exploration en transformant la matière inerte en matière vivante. C'est dans le pouvoir de leur nature divine. Les vivants ne sont pas les produits de la création, ils en sont les outils. Mais les esprits organisateurs agissent avec les moyens et dans le champ qu'ils maîtrisent. Dans l'involution, les moyens sont des corps dotés d'âmes, et le champ d'action est la Force de vie dont le grand moteur est le Désir.

Les corps animés sont donc les appareils biologiques, "les véhicules", que les esprits construisent pour expérimenter la matière. En ce qui concerne notre la vague de vie, lorsque la planète Terre a été suffisamment refroidie, ce travail de construction a entrepris la production de molécules auto-réplicantes. Ces éléments furent contenus dans des alvéoles isolées évoluant en cellules fermées contenant des chromosomes indépendants capables d'en mémoriser et d'en piloter la structure. L'ARN puis l'ADN furent inventés. Les vivants appareils transformèrent la Terre, se multipliant en épuisant les éléments naturels constitutifs des protéines. Stoppés sur le chemin, les monades firent alors des choix terribles, inventant la gueule et les membres, les dents et les griffes, la prédation et la mort. Puis vint la conquête des eaux et de  la terre, avec l'invention des poissons et des batraciens, des reptiles et des dinosaures, des oiseaux et des mammifères, et la plus récente, celle de l'Homme. Fondamentalement, les activités, les comportements de tous ces êtres sont  établis sur une immense variété de peurs et de désirs.

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La Théosophie dit qu'en ce monde, les monades construisent des véhicules pour explorer la matière. Ces appareils biologiques sont les corps vivants. Ils sont progressivement perfectionnés grâce à des moyens divers comme les lois de l'hérédité et de la sélection. Ce travail est en cours depuis plus de deux milliards d'années, mais le temps n'a pas de valeur. C'est une immense illusion. Le temps apparaît quand quelqu'un regarde une pendule. Avant que la conscience naisse dans l'Homme, personne ne regardait aucune pendule. Le temps est une perception de l'âme liée au déploiement de la conscience. Il en est d'ailleurs atrocement de même de la souffrance et de la mort. Le fauve ne se soucie pas de ce qu'il inflige à sa proie. Il se procure simplement les protéines dont il a besoin. Mais dans l'âme humaine, à notre niveau d'involution, un début de compassion commence à apparaître. L'espèce reste cependant prédatrice, exploitant la chair animale et la misère humaine. Bien des esprits, enfermés dans leur immaturité, demeurent primitifs. Chez quelques autres, naît une faculté nouvelle.

6000 years ago

Cette faculté nouvelle d'amour grandit dans l'âme. On pourrait penser qu'elle caractérise notre état humain. C'est un peu vrai mais sa présence est visiblement amorcée chez la plupart des vivants. Car, ce qu'on appelle "âme", c'est la constante manifestation de la grande force de vie dans l'être. L'âme n'est pas l'esprit, et ce divin principe de vie se retire quand survient la mort physique du corps. Les Théosophes pensent que l'amour terrestre, qu'il soit de couple ou de groupe, est un accord de monades coopérant pour construire ou préserver les vivants outils exploratoires du Monde. C'est une association utile ou nécessaire aux âmes, le temps d'une vie. Or, c'est l'immortel esprit divin, non pas l'âme mortelle, qui doit réaliser dans l'éternité, non pas dans le temps, son involution dans des incarnations successives. Quand il aura atteint le nadir de corporéité, il remontera vers sa divine origine. L'intellect est le moyen actuellement utilisé pour avancer dans ce projet. Deux portes sont ouvertes dans la conscience humaine, la raison qui tente d'ordonner le monde phénoménal, et l'intuition pour en parfaire la compréhension.

*-

L'Esprit individuel est immortel. Utilisant l'intellect, il commence à prendre conscience de sa nature véritable. Il doit aussi démasquer toutes les illusions composant le Monde, et cette étape est terrifiante. Car le temps est illusion, les êtres innombrables sont illusoires, la beauté et l'harmonie, la laideur et la violence, le plaisir et la souffrance, le Bien et le Mal, la vie, la mort, et même l'amour terrestre sont seulement des aspects vécus dans l'initiation involutive de l'Esprit au Réel. Tout le passé des incarnations doit être abandonné, renoncé, oublié. La totalité karmique doit être neutralisée. Á ce stade de l'épreuve, l'Esprit, (la monade individuelle microcosmique), entre dans un désert sans repère ni chemin. Il est dans un autre mode de manifestation divine, un domaine spirituel fort différent où le don répond au désir, où la douceur répond à la force. C'est la sphère du principe de l'Amour Même dont l’éblouissement ne peut être contemplé par un vivant qui n'ait pas changé sa nature. Son vivant véhicule doit être transfiguré. Alors, dit la Gnose, la Joie manifestée du Père descend ouvrir le chemin du retour au Royaume.  

  

L'approche métaphysique des Théosophes nous propose d'accepter la coexistence de deux manifestations divines. Elle donne ainsi, dans notre mental, un double visage de force violente et de douceur aimante au Dieu universel. Comprenons que c'est cela même que font toutes les religions. Leurs doctrines permettent de bâtir dans l'intellect des images de la cause originelle du Monde. Ces figures dites de Dieu sont construites à l'image de l'Homme. Ce sont des œuvres humaines, des idoles mentales. Elles illustrent les progrès réalisés dans la connaissance de notre nature véritable, et elles sont donc notre propre reflet. Dans une approche plus scientifique, nous pourrions y reconnaître des émergences successives de facultés nouvelles incorporés progressivement aux appareils biologiques d'exploration de la matière. Cette symbolique est mentale et reste ajustable. Á la double image des Théosophes et à l'instar des anciens Grecs, nous pourrions aisément ajouter l'intelligence comme un troisième mode de manifestation divine. Nous élaborons alors une divinité triplement manifestée, le bien connu Dieu aux trois visages. Mais la réalité absolue reste inaccessible, et l'origine véritable garde tout son mystère. 

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