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![]() Arts et Sciences, Hommes et Dieux - ( Mise à jour de juillet 2017 ) |
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Petit Manuel d’Humanité |
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Le Bardo Thödol (ou Livre des Morts) dans le Bouddhisme tibétain.
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Introduction
Le Bardo Thödol tibétain a été comparé au Livre des Morts égyptien. On peut trouver certaines analogies entre les deux recueils qui ont également pour objet d'assister les défunts après la mort du corps physique. Leurs âmes entreraient alors dans un "monde intermédiaire" avant de se fondre dans le mystère originel. Mais il y a cependant énormément de dissemblances dans les formes, les époques, et surtout les desseins. Le Bardo Thödol, (le livre tibétain des morts), est récité en présence du corps défunt mais il est aussi destiné à aider les vivants. Il présente les étapes de la traversée du monde intermédiaire à la lumière des enseignements du Bouddhisme. Il décrit le chemin qui peut mener de la fin de la vie biologique du corps à une vie éternelle purement spirituelle, le Nirvana. Le Livre des morts égyptien est intégré à un environnement magique et technique centré sur la fin de la vie terrestre et la mise au tombeau. Il est déposé dans le sarcophage et il est associé à une pratique de momification et à des offrandes destinées à retarder le processus de la mort totale. Ses formules veulent aider l'âme à affronter efficacement le jugement. Elles apportent aussi les connaissances nécessaires à la survie dans un monde intermédiaire différend et parfois dangereux, peuplé de dieux et de démons multiples et réels, avant la fusion dans l'au-delà ultime. L'Égyptien désire toujours demeurer en deçà de la mort véritable. Mais dans l'univers ésotérique assez sinistre des Égyptiens, Isis, mère de tous vivants, est une veuve éternelle, et Osiris est un dieu mort, à jamais immobile. Le "livre des morts" tibétain se propose d'accompagner l'âme égarée en l'aidant à se détacher des attraits de l'incarnation dans la matière. Il l'incite à les reconnaître comme des illusions fomentées par le mental, comme le sont aussi les dieux et les démons multiples. Dans le monde intermédiaire, cette prise de conscience pourrait permettre d'échapper aux perpétuelles réincarnations. Positionné dans une démarche essentiellement métaphysique, le Tibétain voudrait dépasser toutes les illusions du monde qui sont la cause du cycle des renaissances, afin de se fondre un jour dans l'au delà de la réalité divine. Le Bardo Thödol tend à sublimer la mort physique et les épreuves du passage pour faire accéder l'âme à cette vie spirituelle ultime, la fusion dans l'éternel Nirvana de la vie divine.
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Le contexte bouddhique du Bardo Thödol.
Le Bardo Thödol, le Livre des Morts tibétain, est un ouvrage composé à la lumière des enseignements du Bouddhisme Mahayana, dans son expression tibétaine particulière appelée Vajrayana. Il existe en effet trois courants dans la pratique du Bouddhisme.
Le "Vajra" - Cliquez pour agrandir Le Bouddhisme. C'est Siddhartha Gautama qui fonda le Bouddhisme, il y a environ 2500 ans. Il était de la lignée princière des Shâkya. Siddharta Gautama renonça aux avantages procurés par sa famille et, après plusieurs années d'ascèse inutile, s'orienta vers la méditation. Après quarante-neuf jours de réflexion profonde sous l'arbre "Bodhi", il perça le mystère de la souffrance et atteignit l'illumination. Siddhartha devint alors un "Bouddha", ce qui signifie un "éveillé", et il commença à enseigner. Sa doctrine se présentait seulement comme une solution philosophique au problème de la douleur. Elle ne postulait rien sur l'existence ou la non-existence d'un Dieu. Elle est cependant maintenant perçue comme une véritable religion et elle est diffusée comme telle dans le monde entier. En se basant sur sa propre expérience de l'illumination, Gautama formula sa théorie des "Quatre Nobles Vérités":
Chacun peut parvenir à l'illumination en suivant ce "noble sentier octuple". En ce chemin, il trouvera l'aide nécessaire auprès des "Trois Joyaux" traditionnels qui sont les trois éléments fondamentaux du bouddhisme.
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Origine et vocation du Bardo Thödol
Dans la tradition bouddhique tibétaine des réincarnations, il y a six mondes et six époques de la vie. Il y a aussi six passages à franchir pour se libérer du cycle perpétuel des réincarnations et atteindre l'état de bouddha afin d'accéder au Nirvana. Trois se situent entre la naissance et la mort, les trois autres entre l'agonie et la nouvelle naissance. Le Bardo Thödol contient une partie des instructions nécessaires à ce chemin, et il insiste particulièrement sur la seconde série. Il fut dicté par un adepte, Padmasambhava, à sa femme, Yeshe Tsogya, qui écrivit les textes. Pendant les violents conflits religieux avec les Taoïstes, Padmasambhava les enterra dans les collines de Gampo au Tibet central, pour les protéger. A cette époque troublée, de nombreux "termas", ou trésors cachés, furent ainsi enterrés dans tout le Tibet. Plus tard, Karma Lingpa, la réincarnation de l'un de ses disciples, retrouva le texte du bardo prés du monastère du grand maître Gampopa.
Les six Bardo
Pour aborder le Bardo Thödol, il faut d'abord bien comprendre l'idée de base sous tendue par le mot "bardo": bar, signifie "entre", et do "île", ou "marque". C'est donc un espace entre les choses, comme une île au milieu d'un lac. Une situation vient d'avoir lieu et une autre situation n'est pas encore en place. Il y a un intervalle entre les deux. Tel est le bardo. Les Tibétains distinguent six états du Monde. Il y aurait donc, dans l'existence, divers bardo ou situations de passage. Dans la philosophie bouddhiste de la réincarnation perpétuelle, il ne peut y avoir de mort sans naissance. On peut donc appliquer ce concept à l'espace expérimenté entre la mort actuelle et la nouvelle naissance.
Les enseignements du Bardo Thödol considèrent six " bardo" ou périodes intermédiaires:
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Le quatrième passage, le Tchika Bardo.
Les trois premiers Bardo sont des passages entre différents états de l'incarnation de l'âme dans un corps vivant de sa vie quotidienne. Les trois Bardo suivants sont ceux du passage à travers la mort jusqu'à la réincarnation suivante. Puisque j'expose ici les conceptions tibétaines du passage de l'âme à travers la mort, c'est donc à partir du quatrième intervalle, le Tchika Bardo que je vous propose d'approfondir cette étude. Cette période délicate constitue le Bardo de l'agonie. C'est pendant ce temps, selon la tradition bouddhiste, que le phénomène des dissolutions externes et internes se produit.
Les dissolutions externes sont des transformations visibles ou des séparations progressives intéressant successivement les cinq éléments constitutifs du monde ésotérique tibétain, la terre, (principe de cohésion), l'eau, (principe de fluidité), le feu, (principe de chaleur), l'air, (principe de mobilité), et l'éther qui est l'espace ouvert pour les quatre autres. Elles sont accompagnées de signes biologiques évidents. La force physique s'amenuise, les humeurs liquides se tarissent, la chaleur corporelle diminue, la respiration s'affaiblit puis cesse et la raideur de la mort survient.
Les dissolutions internes (ou subtiles) succèdent aux dissolutions internes. Elles concernent les pensées et les émotions telles la colère, l'envie et l'ignorance. Par exemple, trente-trois énergies liées à la colère se dissolvent, puis quarante autres liées à l'envie, puis sept liées à l'ignorance, etc.. Toutes ces dissolutions subtiles se produisent dans le corps mental. L'agonisant perçoit les signes des dissolutions externes et internes. Elles se traduisent par des visions parfois effrayantes. Il appartient aux personnes présentes d'intervenir pour adoucir et harmoniser cette transition de l'agonie qu'on appelle Tchika Bardo.
Le livre expose les interventions et les prières possibles ainsi que les méthodes de méditation praticables pendant le processus de l'agonie. Il conseille aux vivants d'éviter de retenir le mourant par une sollicitude excessive. Il propose aussi des exercices à mener pendant la vie pour se préparer à contrôler consciemment le processus de sa propre mort. Ces exercices spirituels sont cependant transmis prudemment par le maître à ses disciples pour éviter de perturber trop profondément leurs esprits. Après la fin des dissolutions subtiles, commence le cinquième Bardo, celui de la lumière. L'âme y expérimente la véritable réalité du Monde avec la clarté de sa conscience divine. L'agonie est une situation d'incertitude pendant laquelle l'agonisant peut pas savoir s'il est en train de mourir ou s'il pourra survivre. Cette situation procure un certain recul qui lui permet de voir l'existence d'un point de vue différent. Dans les six mondes des vivants, il a expérimenté l'action de principes opposés, le bien et le mal, le plaisir et la souffrance. Il se détache maintenant de ses expériences passées et porte sur ces six mondes un nouveau regard basé sur les différents types d'instincts. Les descriptions des six mondes matériels et subtils sont à l'origine des concepts de "samsãra", (la notion d'existence phénoménale) et de "dharmakãya", (le passage dans la condition de "l'éveil"). Nous le retrouverons donc dans le passage par la conscience claire, le Bardo de la Dharmatã accompagné de toutes ses visions.
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Le cinquième passage, le Bardo de
la Dharmatä.
Dans la pensée tibétaine, le processus de la mort biologique dure environ trois jours et demi. Pendant cette période, on peut chuchoter des passages du Bardo Thodöl à l'oreille du défunt qui est supposé pouvoir encore les entendre. Il peut alors être guidé à travers le passage du bardo de la dharmatã qui est le passage par l'expérience de la luminosité divine. Le terme Dharmatã concerne la nature intrinsèque véritable des choses, leur pure qualité d'être. Le Bardo de la Dharmãta est donc l'intervalle de la conscience claire, de la vérité et de la disparition des illusions. Le dharmakãya, le corps de vérité permettra d'accéder à la base fondamentale et neutre de l'être. Dans ce cinquième bardo, le défunt voit apparaître ce qu'il a fait, ou pensé, dans son corps terrestre. Il perçoit aussi tout ce qu'il aurait pu faire et n'a pas réalisé durant sa vie, et tout ce qu'il a laissé s'épanouir ou pas. La traversée de ce bardo conduit au dharma, à la vérité, mais elle est encore reçue en termes de samsãra, (l'existence phénoménale). Cet espace à franchir entre le samsãra et la vérité, ce bardo de la dharmatä, est celui qui permet la manifestation des cinq énergies, (les cinq tathãgatas), et la vision des divinités paisibles et terribles. Mais l'âme du défunt ne supporte pas toujours cette clarté. Elle passe alors directement au bardo de l'orientation. Dans la dharmata, la véritable nature de la réalité se manifeste par une communion avec des énergies qui ont des analogies avec les éléments constitutifs de l'existence phénoménale, terre, feu, eau, air et espace, mais qui ont maintenant les qualités d'éléments subtils. La manifestation peut prendre diverses formes, sons, forces, ou lumières, par exemple. Ensuite, des divinités apparaissent, les tathãgatas. Elles sont les formes personnifiées des impulsions intellectuelles ou sensibles du vivant qui mobilisent ces énergies. Les divinités paisibles sont les premières à se manifester. Ce sont les personnifications de tous les sentiments humains positifs, altruistes, esthétiques et pacifiques, contenus dans le cœur. Elles se manifestent cependant dans une autre dimension, celle d'une paix immuable et absolue qui peut effrayer car elles ne réagissent à aucune tentative de communication. Elles sont seulement le contenu énergétique de la conscience. Si le défunt comprend que ces visions sont ses propres créations, il fusionne avec elles et se libère. Il se dissous dans la non-dualité et devient un bouddha. Sinon, il doit faire l'expérience des divinités féroces, les Hérukas. Les mêmes archétypes génèrent alors une expression nouvelle. L'énergie étant ici activée par la crainte, la passion, ou l'intellect, les divinités paraissent irritées et hostiles. Car l'unité n'est pas qu'énergie paisible et harmonieuse. Ces visions expriment le contenu énergétique de la conscience appréhendé sous la pression de la peur. Si le défunt comprend qu'elles ne sont que ses créations, il fusionne avec elles, se libère et devient un bouddha. Dans la conception tibétaine, aucun être humain n'a d'existence individuelle réelle, et aucune de ces divinités non plus. Les expériences du bardo seront différentes selon les convictions de chacun. La traversée de la mort est toujours le reflet de l'existence actuelle et des existences passées. En fonction de la façon dont elles ont été vécues, en bien ou en mal, avec générosité ou égoïsme, l'agonie, la mort, puis le devenir de l'âme dans la renaissance ou la transcendance adviennent conformément aux orientations karmiques correspondantes. "C'est l'instant du souffle dernier où le défunt, dans une plénitude de paix et de bonheur, se prépare soit à quitter définitivement le monde, soit à parcourir à nouveau tout le cycle, de la naissance à la mort, riche d'une sagesse nouvelle: la connaissance de la nature illusoire de la vie". C'est pourquoi surviendra un sixième passage, le dramatique Bardo du devenir. Et si la sortie transcende du cycle perpétuel des réincarnation n'est pas enfin réalisée, une nouvelle naissance suivra dans un corps physique éventuellement encore plus grossier ou dans un corps mental plus subtil.
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Le sixième passage, le Bardo de l'orientation.
Toutes les âmes sont soumises à l'implacable loi du "Samsara", la migration. Le cycle des existences est une suite de renaissances successives dans des milieux existentiels différents. Nul ne peut y échapper tant qu'il ne s'est pas délivré de la haine, du désir et de l'ignorance. L'âme qui n'a pas encore atteint l'état de Bouddha explore alors les différents domaines subtils possibles. Elle s'oriente obligatoirement vers celui qui correspond à sa propre situation karmique actuelle. C'est dans ce domaine, ou royaume, que la nouvelle naissance va se réaliser et qu'un nouveau cycle existentiel sera expérimenté.
Cependant, à ce moment, certaines âmes parviennent à l'état "Bodhi", état de conscience que le Bouddhisme appelle " Éveil". C'est le stade ultime de la connaissance de la véritable nature du Monde et donc la révélation de la nature propre de l'âme qui est la nature de Bouddha. L'âme qui transcende cette suprême révélation atteint l'état Bodhi et sort du cycle des réincarnations. La Bouddhéité est à la fois un état de connaissance parfaite, de liberté totale et d'amour illimité. Cette capacité d'amour et d'immense compassion va pousser certaines de ces âmes à devenir Boddhisattvas.
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Bouddhas et Boddhisattvas.
![]() Dans le Theravada, le terme Bodhisattva désigne le Bouddha historique avant qu'il n'atteigne l'Éveil. Dans le Mahayana,"La Noble Sagesse Suprême", le Grand Véhicule du Bouddhisme, les Boddhisattvas sont des êtres parvenus au bout du chemin de l'illumination. "Bodhi" signifie "esprit illuminé" et "sattva" "être". Ces entités spirituelles d'un très grand mérite sont considérés comme des divinités. Elles ont renoncé temporairement à entrer dans le "nirvana " afin de pouvoir mener tous les êtres du monde sensible jusques aux portes de l'illumination. Elles n'y entreront elles mêmes qu'après l'entrée du dernier. Rappelons ici que le Mahayana est le Grand Véhicule du Bouddhisme, le fondement de l'idée de l'unicité de l'être total. Dans ce concept, toute division est illusion et l'ultime vérité est la révélation de la non-dualité intrinsèque de l'être. Nous rencontrons ici la particularité de la pensée orientale par rapport à nos habitudes d'Occident. Nous opposons généralement les contraires, le blanc et le noir, le bien et le mal, etc.. Les orientaux les autorisent à cohabiter. C'est pourquoi, dans le symbole du yin yang, l'on trouve toujours du blanc dans le noir et l'inverse. Le Bouddhiste peut ainsi concevoir qu'un être spirituel ayant intégré l'essence du non-dualisme puisse se consacrer à libérer des êtres phénoménaux qui, dans sa révélation, sont déjà libres et inséparables puisque, sans le savoir, nous sommes tous déjà des Bouddhas. On peut ainsi concevoir que les boddhisattvas sont des sortes de ponts de diamant qui n'apparaissent et ne vivent que par le passage étincelant de l'illumination, laquelle pourtant confond les deux rives dans l'unicité de l'être véritable. Par conséquent et en ce sens, les boddhisattvas sont et ne sont pas et ils ont et ils n'ont pas de signification en dehors de cela. Au stade suprême du Bodhi, l'être éveillé réalise qu'il est un Bouddha et il atteint le "Nirvana". Mais nous sommes ici au coeur de la pensée orientale. Nous allons y découvrir une précision détaillée et une hiérarchie subtile, même dans cet situation de bouddhéité. Ces Bouddhas sont des hommes qui ont atteint la samyak sambohdi, c'est à dire la connaissance parfaite. Ils ont maintenant transcendé la condition humaine et ont acquis des qualités nouvelles.
Un Bouddha est un être humain ayant réalisé l’état de samyak sambodhi. Il est donc une incarnation vivante de la Vue Pénétrante, de la Liberté, du Bonheur et de l’Amour. Au début de la tradition bouddhique il n’y avait que le seul Bouddha historique, le Sakyamuni humain historique. Durant sa vie même, il semble que ce Bouddha originel ait spirituellement distingué deux aspects de sa propre nature. Il considérait d’une part l’individu historique, " L'Éveillé" et d’autre part le principe abstrait de "l’Éveil". Il séparait donc le Bouddha et la Bouddhéité. Ultérieurement, la personnalité historique fut appelée rupakaya, ou « Corps de Forme » (rupa signifie « forme », kaya « corps » ou « personnalité »). Le principe de l’Éveil, indépendant de la personne qui le réalise, fut appelé dharmakaya, « Corps de la Vérité » ou « Corps de la Réalité ». Cependant, le Corps de Forme et le Corps de Dharma sont tous deux des corps du Bouddha.Après la mort du Bouddha historique, le Mahayana introduisit un troisième corps entre les deux autres. On l'appela "sambhogakya", le corps de Bonheur Mutuel, qu'on peut interpréter comme l'archétype personnel de Bouddha, intermédiaire en dessous du niveau de l’Absolu mais au-dessus et au-delà de l’histoire. Conceptuellement, il y avait donc trois kayas, trois « corps » alignés verticalement, de haut en bas, le Corps de Dharma, puis le Corps de Ravissement Mutuel, et enfin le Corps Créé, le nirmanakaya. Cela devint la doctrine du trikaya, la doctrine des Trois Corps du Bouddha, qui est très importante dans le Mahayana et le Vajrayana. Cliquez ICI pour admirer un superbe mandala des trois corps du Bouddha.
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Le Bouddha de compassion, Tchenrézi
Tchenrézi est le nom tibétain du bodhisattva de la compassion (en sanscrit : Avalokiteshvara). Il est la divinité la plus populaire du Bouddhisme tibétain. Comme tous les bodhisattvas, il a fait le vœu de se consacrer à soulager la souffrance et à aider tous les êtres à atteindre la bouddhéité. Sa compassion est universelle. Elle s’étend à tous les vivants, aux amis comme aux ennemis, aux proches comme aux inconnus. Tchenrezi est l'expression d'un idéal personnifiant l’élan vers l’autre, amour, compassion, altruisme, bienveillance. Il exprime donc la perfection de la compassion sans limite. C'est pourquoi il est appelé le Bouddha de la Compassion. Tchenrézi est à la fois une manifestation divine et une réalité intérieure. Dans le Bouddhisme, les deux aspects doivent être finalement confondus car l'amour et la compassion existent de façon primordiale dans le "Corps de Vérité", Dharmakâya, et par conséquent dans chaque être.La compassion et l’amour du prochain sont évidemment les valeurs fondamentales du bouddhisme. Tchenrezi est généralement représenté avec quatre bras, ou même mille, et parfois avec onze visages. En Chine et au Japon, il peut prendre la forme féminine. Les mille bras illustrent la volonté de venir en aide à la multitude.
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Le Bouddha de Médecine, Bhaisajvaguru.
Le Bouddha de Médecine Bhaisajyaguru occupe une place importante au Tibet. C'est sur lui que s'appuie la médecine traditionnelle. De nombreuses pratiques tantriques (sadhana) lui sont consacrées. Il est généralement représenté en posture de méditation. Il tient de la main gauche un bol médicinal et de la main droite, une tige de myrobolan en fleurs. Son corps est généralement coloré en bleu comme son aura. Ce Bouddha guérit les maux du corps par la médecine tibétaine traditionnelle. Il soigne aussi les maladies de l'âme comme la haine et la colère. Il est le symbole même de la compassion indéfectible à la racine du Bouddhisme. Dans le vajrayâna tibétain, il représente l’énergie thérapeutique de la sagesse primordiale.
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Le Bouddhisme Tantrique.
![]() Le Tantrisme est une pratique religieuse particulière que l'on trouve dans le bouddhisme tibétain comme dans l'hindouisme. Elle comporte des exercices rituels et des pratiques, (mantras, mudras, visualisations mentales, postures corporelles, yoga, etc..), qui produisent des transformations physiologiques, psychiques et spirituelles. Elles sont destinées à favoriser l'accès des pratiquants à "l'Éveil". Leur but est réveiller la force cosmique profonde endormie à la base de la colonne vertébrale, le serpent de la kundalini. Cette force cosmique, réveillée par l'initiation, permettrait à l'être de fusionner avec sa source divine. Le Bouddhisme tibétain à trouvé sa source dans l'expansion du Mahayana (Grand Véhicule), qui prône une large diffusion des enseignements du Bouddha et l'application de l'esprit de compassion. Née aux Indes, la" voie des tantra" est un prolongement régional de ce Mahayana. Elle est devenue une religion qui s'est propagée au Cachemire, au Bengale et au Tibet. Le terme "tantra" désigne les méthodes méditatives et les multiples pratiques yogi permettant de parvenir plus rapidement à la bouddhéité. Alors que les écoles du Hinayana (Petit Véhicule) prônent le renoncement aux désirs et aux passions, les tantra préconisent l'utilisation de tout le potentiel de ces passions humaines, pour ceux qui en sont capables. L'énergie contenue dans les désirs pourrait être mise au service de l'Éveil. Car si l'on reconnaît que les passions et les émotions sont aussi des qualités de la nature de Bouddha, il est possible de les transformer en sagesse par divers "moyens habiles". La voie des tantra est donc celle qui veut transmuter les poisons en remèdes. Dans le Bouddhisme tibétain, pour atteindre le nirvana, (l'Éveil), il n'est plus tout à fait nécessaire de rejeter le samsara (la vie dans le monde phénoménal). Car samsara et nirvana sont des modes de perception opposés d'une même réalité. Le samsarâ n'est qu'une perception karmique impure engendrée par notre ignorance. Les concepts métaphysiques spiritualistes sont très difficiles à transmettre au plus grand nombre. Devenu religion, le Bouddhisme tibétain a donc fait ce que font toutes les religions du Monde. Il a transformé les concepts complexes en représentations simplifiées plus abordables. Il a utilisé des images, des légendes, des musiques, des objets rituels, des instruments cultuels, des cérémonies et des rites précis qui parlent subtilement à l'intelligence à travers les attitudes, le comportement, la sensibilité et l'émotion. Les "moyens habiles" utilisés dans le Vajrayana, reposent sur d'innombrables récitations de mantra et des visualisations symboliques des passions ainsi que sur des exercices réalisés sous le contrôle d'un maître. Tout cela permettrait de transformer les émotions en sagesse et d'atteindre ainsi plus facilement l'Éveil. Comprenons que les multiples images ou statues de déités paisibles ou effrayantes, masculines ou féminines, ne représentent pas des divinités réelles. Elles concernent des concepts métaphysiques complexes qu'elles permettent d'appréhender par la voie des sens. Et elles peuplent les temples tibétains d'extraordinaires oeuvres d'art absolument magnifiques. Cette première voie tibétaine est dite la voie des moines. Pratiquée dans les monastères, elle semble réservée à une élite car elle reste à la fois compliquée et exigeante. Des formes plus simples sont pratiquées par les fidèles ordinaires. Même si le rôle des tantra varie beaucoup en importance, tous les lamas et les fidèles tibétains pratiquent au minimum les rites attachés aux mantra les plus connus, comme celui concernant Tchenrezi, le boddhisattva de la Compassion. Il faut cependant
distinguer le bouddhisme tibétain (influencé par le tantrisme)
du bouddhisme
purement tantrique tel qu'il est pratiqué par les adeptes du
yoga, tout particulièrement en Inde. Car il existe un tantrisme hindou qui
cherche à faire émerger l'énergie divine de la kundalini humaine
à travers le culte de
la Grande Déesse Chakti, l'Énergie créatrice.
Il peut accorder une certaine importance à l'union des
principes masculin et féminin.
Au Tibet, le bouddhisme se
présente comme un parcours initiatique progressif. Une partie de
ses pratiques tantriques reste secrète. Par ailleurs, les
véritables significations du symbolisme sexuel utilisé
partiellement dans les textes et
l'iconographie tantrique bouddhique ou hindoue ne sont
généralement pas clairement perçues par les occidentaux. Les
très précieuses représentations artistiques des nombreuses
déités masculines ou féminines les montrent parfois en union sexuelle, ce qui est en réalité
un symbole de l'union avec l'Énergie créatrice (chez les
hindous) ou de la réalisation de la Sagesse (chez les
bouddhistes tibétains). Le décryptage de cette image tantrique d'un couple enlacé, permet de dépasser assez facilement la symbolique de la simple union des principes masculins et féminins. Il découvre en effet celle de la complémentarité des contraires comme dans le symbole spiralé du Ying et du Yang. On y trouve à l'évidence le noir et le blanc, l'activité et la passivité, simultanément opposés et complémentaires. Ainsi l'élément masculin, ici représenté passif, a forcément une face cachée, active par nature. Il en est de même de l'élément féminin, ici actif, et pourtant passif par nature. Cependant, si vous cliquez sur l'image, vous constaterez aisément que la symbolique hindoue semble plus miser sur l'épanouissement de l'énergie des passions humaines que sur la réalisation contemplative de la sagesse. |
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