Arts et Sciences, Hommes et Dieux - ( Mise à jour de juillet 2017 ) |
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Petit Manuel d’Humanité | ||||||||||||||||
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La Fantasmagorie sensorielle.
Je me
crois Dieu, je ne suis quhomme, On na
le droit davoir raison quavec les faits dont
on dispose. |
Le témoignage de nos sens. Lorsque que nous engageons la réflexion sur la nature du monde, nous le faisons dabord à partir des perceptions et du témoignage de nos sens. Cette mise en uvre des instruments sensoriels nest pas une démarche originale, particulière aux êtres doués de raison. Cest une démarche universelle queffectue chaque être vivant, parce quelle est essentielle à sa survie. Nous voyons bien ici, dés le début de lexamen, que ces outils ne sont pas fondamentalement des instruments de connaissance, mais des équipements de survie. Ils ne sont donc pas braqués vers des objets à connaître, ni adaptés à leur découverte ou à la détermination de leurs caractéristiques mais, tout au contraire, ils sont conformés par les particularités des sujets à protéger, édifiés à partir de leurs modes de vie ou de leurs besoins, et adaptés à leurs facultés. Ce propos surprendra peut-être. Je vais essayer détablir sa véracité en prenant quelques exemples construits à partir du fonctionnement des organes les plus sollicités. Les sens fonctionnent généralement en coopération et non pas isolément. Ils présentent au cerveau des synthèses bien élaborées en termes dutilité vitale, et non pas une abondance chaotique dinformations brutes, riche mais difficilement exploitable dans linstant. Le premier sens fut le goût, le toucher a suivi. Le premier sens dont le vivant sest doté est probablement le goût, car la reconnaissance de lélément extérieur favorable et consommable et sa différenciation par rapport à lélément toxique ou inerte, étaient indispensables. On voit tout de suite que cette nécessité implique lapparition simultanée dune faculté de mémorisation sans laquelle lexpérience nest daucune utilité. Sans lui, lexploration du milieu de vie eut été impossible. Ensuite les autres sens ont pu apparaître, afin de construire une représentation plus complète du réel extérieur. Rappelons que dautres êtres vivant utilisent des sens différents, avec des organes parfois très éloignés des nôtres, qui répondent pourtant tout aussi bien à leur objectif essentiel, à savoir la survie des individus et des espèces, auxquels qui ils transmettent une image de la réalité bien différente de la perception humaine. Si vous le voulez bien, nous allons cependant commencer avec le sens qui apparaît comme le plus ouvert vers lextérieur, et donc le plus utile à lexploration du réel. Cest évidemment loutil de la vision, cest-à-dire lil, qui est chez nous un organe très complexe. Cette grande complexité pose dailleurs bien des problèmes lorsquon veut déterminer le processus de sa formation. Il faut bien admettre quun il nest utile que sil est efficace, et quil nest efficace que sil est achevé. Je ne désire pas entrer dans une discussion vous invitant à choisir entre les deux théories en compétition.
Mon propos nest certainement pas de discuter de lorigine des organes des sens. Je désire seulement prendre des exemples dans la façon dont ils fonctionnent actuellement, afin dexposer ma pensée. Cela dit, je penche pour ma part, vers une position intermédiaire, assez prudente à légard des certitudes décoles. Pauli a clairement démontré que le hasard et la nécessité ne peuvent pas être les seuls facteurs impliqués dans lévolution des espèces. Le temps nécessaire dépasserait largement celui de la durée dexistence de la planète. Lil est fondamentalement un détecteur. En ce qui concerne lil, il nest cependant pas établi quil na pu apparaître quau stade complet defficacité. Ce genre de raisonnement conduirait dune part au rejet total de la théorie de lévolution et de la maturation progressives des organes de la vision, et dautre part à ladoption du principe dune mutation subite. Il faudrait alors admettre que celle-ci a mis en place un instrument immédiatement utilisable parce que parfaitement achevé. Cette opération miraculeuse nest pas très plausible. La difficulté de raisonnement reste réelle, jusquà ce que lon comprenne quelle réside seulement dans un préjugé. Il consiste à considérer lorgane comme un appareil destiné à donner une image fidèle du monde extérieur, comme le fait une chambre noire de photo. Il est alors simplement défini comme un moyen dexploration et de connaissance des objets voisins. Il faut comprendre que cela nest pas du tout la fonction primordiale dun organe sensoriel en général, ni de lil en particulier. Ce nest pas à cela quil est originellement destiné. Comme les autres organes sensitifs lil originel nest absolument pas un outil dexploration intellectuelle du réel. Il est destiné à percevoir et à transmettre des indices permettant aux êtres vivants dadapter leur propre comportement immédiat de survie en utilisant des stimuli fournis par des événements extérieurs. En loccurrence lil doit détecter des indices lumineux. Dés lors quil remplit ce rôle, il na pas besoin dêtre un appareil optique parfait et peut même être très rudimentaire. Il suffit quil apporte une capacité complémentaire, aussi faible soit-elle, améliorant peu ou prou la détection des facteurs vitaux, pour quil augmente les chances de survie de son porteur, et quil soit statistiquement sélectionné. La reconnaissance du code génétique est la vraie question. A l’origine de la formation d’un tel organe rudimentaire, simplement détecteur, une seule cellule un peu photosensible, et à peine différenciée, pouvait ajouter aux signes provenant de la coopération des autres sens actifs, un indice nouveau, faible peut-être, mais suffisant pour augmenter significativement l’adéquation du comportement du bénéficiaire aux conditions extérieures. Ultérieurement, mais seulement si le bénéfice d’adéquation en était suffisant, le perfectionnement a suivi en utilisant le même processus sélectif d’évolution progressive. Encore a-t-il fallu que cette première cellule sensible apparaisse avec une fréquence et une constance suffisante pour apporter les bases d’une sélection statistique, et que les messages génétiques nécessaires à sa reproduction à l’identique, soient reconnus et utilisables. Malgré ces difficultés conceptuelles, la théorisation de la genèse de l’organe n’est pas la question la plus complexe qui se pose aux chercheurs. Le problème véritablement difficile est posé par l’unicité du code génétique, et l’universalité de sa reconnaissance par tous les organismes vivants. Ce qui sest, (peut-être), produit pour lorgane de la vision, sest aussi, (peut-être), produit pour les autres organes des sens, dont on constate les performances avancées dans les différents domaines daction. Pensez à la perfection achevée de loreille et de lodorat, et à la sensibilité extraordinaire du toucher. On ne perçoit pas toujours que cette formation ne peut se faire que dans le cadre de la coopération des organes déjà actifs, et seulement lorsque lapport très mineur dun détecteur nouveau mais imparfait peut présenter un intérêt supplémentaire quelconque en raison des circonstances du moment. Pour de nombreux êtres vivants, et en raison de conditions initiales diverses, cet intérêt est trop faible pour entraîner une transformation importante, et les choses restent en létat. Dans ce cas, lorgane évolue très peu et reste au niveau minimal des performances utiles à la survie de lespèce en cause. En ce qui concerne la sensibilité à la lumière, cest le cas des végétaux qui sont toujours photosensibles mais nont pas développé dorgane détecteur spécialisé. Avec de remarquables exceptions, cest aussi la situation de la plupart des invertébrés qui se contentent souvent dyeux moins complets, parfois structurés de façon très différente des nôtres, tels les yeux à facettes des insectes. Ces yeux complexes sont composés dassemblages réguliers docelles simplifiées multiples dont on pense quelles détectent pourtant très bien lultraviolet et les objets en mouvement. Par contre les pieuvres, qui sont des mollusques comme les coquillages et les escargots, ont des yeux assez analogues à ceux des mammifères. Certains vertébrés constituent des exemples étonnants de divergence adaptative. Des grenouilles ont un il simplifié qui détecte surtout les taches en mouvement. Les taches immobiles sont mal perçues. Cette réaction primitive est suffisamment adaptée à la détection de la présence proche dinsectes comestibles mobiles pour rendre inutile une évolution plus performante. A linverse, on peut évoquer la triple et remarquable évolution des yeux des lémuriens nocturnes, dont lorgane est devenu globuleux et de grande taille pour capter le maximum de lumière, tandis que larrière de la rétine est réfléchissant renvoyant une seconde fois les photons sur les photorécepteurs. Des cellules fluorescentes transforment les faibles rayonnements ultraviolets en vive lumière verte, bien mieux perçue. Les serpents sont dotés dun organe particulier unique détectant les rayons infrarouges émis par leurs proies. On peut considérer quil sagit dun troisième il spécialisé. |
La constitution de l'œil. Dautres exemples pourraient être cités, démontrant que la fonction de la vision nest pas initialement exploratoire mais principalement conservatrice. Ce nest pas réellement lobjet de cette partie de létude qui porte sur lusage que nous faisons de nos organes sensoriels en tant quoutils de connaissance. Je mefforce ici détablir que cet usage particulier est accessoire et constitue un détournement de leur utilisation normale. Ils ont été naturellement perfectionnés par lévolution en tant quoutils performants de défense ou de conservation et non pas comme des instruments de connaissance. Ces limitations vont particulièrement gêner l'Homme. Tout légitime quil soit, ce transfert dusage va buter sur les limitations attachées aux conditions initiales dapparition et de développement de ces organes. Ces limites naturelles sont liées à la vocation originelle des sens. Elles ne gênent pas lusager instinctif. Par contre, elles constituent des obstacles très sérieux à lutilisation détournée que nous en faisons pour construire la connaissance raisonnable. Elles vont donc particulièrement gêner l'Homme. Celui-ci est engagé dans une démarche dexploration universelle. Or, cest à nous-mêmes, donc à lHomme, que nous nous intéressons, et cest donc lil humain que je vais examiner pour tenter de cerner ses limites naturelles, afin de comprendre comment elles peuvent troubler notre réflexion sur la nature du monde et la connaissance du réel. Cest pourquoi je le comparerai aussi à ce quont produit dautres organismes, qui en tirent dautres connaissances adaptées à leurs propres besoins. Notre il humain est un instrument extrêmement complexe, dont les performances sont telles quelles nous permettent de nous adapter aux conditions étonnamment variées des modes de vie, et des divers environnements de lexistence humaine. Si lon peut dire que lhomme est un animal indéfiniment adaptable, cest essentiellement à la qualité de son appareil de vision quil le doit. Remarquez bien que je reste volontairement, ici et pour linstant, dans le cadre de loutil originel de conservation de lespèce, sans considérer tout de suite linstrument de connaissance. Lil animal est très évidemment conditionné très étroitement par les conditions physiques et chimiques de la vie sur terre et par les besoins existentiels de lespèce. Comme il est fondamentalement un détecteur du rayonnement du Soleil, dont la température extérieure est denviron 5800 °C, (couleur jaune pâle), lil est adapté aux caractéristiques de cette lumière, corrigées en fonction de la fraction disponible dans lenvironnement humain naturel de sa vie terrestre. Comme toute partie dêtre organique, il est composé des seuls éléments chimiques utilisés par les organismes vivant sur la planète. Ces combinaisons moléculaires limitées possèdent des caractéristiques chimiques, physiques, électriques, optiques, propres et irréductibles, qui simposeront dans la construction et le fonctionnement de lil, telles la durabilité, la solidité, la transparence, la réfringence, la résonance à certaines fréquences, la conductibilité électrochimique, etc.. En tant quappareillage de survie, lil a développé certaines fonctions parce quelles amélioraient son utilité immédiate. Ces augmentations sélectionnées des performances utiles pratiques ne concernent que ses capacités de détecteur, (du danger, de la nourriture, de labri, du partenaire, etc.). Lexploration de quelques fonctions de lorgane montre comment ces contraintes spécifiques limitent lapproche du réel, même lorsque lon fait usage dinstruments ou doutils complémentaires de recherche pour améliorer les performances de la vision dans la démarche nouvelle, (que nous qualifions de détournée), dexploration. Lil distingue dans lenvironnement lexistence de certains indices quil détecte en valorisant leurs différences par rapport au décor ambiant. Cette mise en relief porte sur divers facteurs, tels la luminosité, la couleur, la forme, le relief, lorientation spatiale, le mouvement, la grandeur, la conformité à un modèle, et dautres paramètres. Lapparition de cette capacité de différenciation est reliée à lactivité synchrone et coopérante dautres sens qui ont apporté des informations convergentes et complémentaires au moment utile, cest-à-dire pendant la période de développement ou dapprentissage de la fonction concernée. Les sens coopérants mis en action sont plus ou moins nombreux. Ils différent selon la fonction et lutilité dusage. Les sensations apparaissent lorsquun organe est capable de différencier la présence dun stimulus particulier, identifié parmi beaucoup dautres, dans lenvironnement interne ou externe. Les sensations sont des phénomènes psychophysiologiques, engendrés par lexcitation de lorgane considéré. Le percept correspondant est un objet purement mental. Il ne fait pas de véritable référence à la chose réelle qui a émis le signal initial mais il en signale la présence. Cette particularité du percept nest pas très facile à saisir sans réflexion. Je me servirai dabord de la couleur des choses, pour expliquer ce que je veux dire. La couleur est une propriété banale des objets qui semble tout à fait évidente aussi longtemps quon ny regarde pas de trop prés. Regardons donc en détail comment elle est perçue. A laide de son système de lentilles optiques déformables, lil concentre le flux de photons incidents sur des photorécepteurs disposés en mosaïque sur la face externe de la rétine, face aux neurones de la face interne. Outre ces photorécepteurs, lil contient également plusieurs dizaines dautres types de très nombreuses cellules spécialisées et miniaturisées, qui vont combiner et modifier les influx nerveux induits par les stimuli lumineux. Chez lhomme, les photorécepteurs sont de deux types.
Les photorécepteurs répondent à larrivée des photons par une activité électrochimique fortement amplificatrice et extrêmement rapide. On soupçonne que les bâtonnets réagissent à larrivée dun seul photon. Les cônes sont nettement moins sensibles mais répondent aussi en moins de 100 millisecondes au choc des photons, à condition que ceux-ci soient absorbés par les pigments qui les garnissent. En fonction des sensibilités caractéristiques de ces pigments, lesquels sont particuliers à chaque espèce, une toute petite fenêtre de détection est ouverte dans le très large spectre du rayonnement électromagnétique solaire. Ce qui passe par cette fenêtre est appelé lumière visible. La largeur de cette fenêtre est variable selon les espèces animales, ce qui modifie bien évidemment pour chacune laspect des objets extérieurs. Lil humain est sensible aux longueurs dondes lumineuses comprises entre 400 nanomètres, (ultraviolet proche), et 750 nanomètres, (infrarouge proche). Ce nest pas une très grande fenêtre. La sensibilité de lil est associée à lexistence de trois pigments répartis dans trois groupes de cônes sensibles respectivement au bleu, au vert, et au rouge. Les combinaisons arithmétiques, (laddition), des diverses réactions des trois types de cônes au flux de lumière incident, constituent lorigine de la perception de toutes les couleurs du spectre visible. Un point particulier est à considérer. Il faut savoir que les cônes nidentifient pas la longueur donde de la lumière, (la couleur), qui leur parvient, mais quils réagissent en mesurant le flux subsistant après filtrage par les pigments, (la luminosité). Ils ont donc une réaction quantitative et non pas qualitative. Faisons donc une petite expérience. Considérons un couple de cônes voisins, un vert et un rouge.
Les cônes, (vert ou rouge), réagissent tous les deux incomplètement au jaune, puisque aucun des deux nest spécifiquement adapté à la détection de cette couleur. Les réactions sont proportionnelles à lintensité résiduelle que chaque cône peut absorber après filtrage, soit la moitié pour chacun dans ce cas théorique détude. Lil perçoit la couleur jaune et transmet cette perception au cerveau. Nous voyons du jaune qui est la vraie couleur.
Chaque cône réagit pleinement, avec sa propre sensibilité spécifique, à la stimulation induite par sa couleur de base, le vert réagit au vert et le rouge réagit au rouge, mais les deux réactions sont fondues par lil. Celui-ci ne distingue pas les flux vert et rouge séparés mais il en effectue laddition. Il perçoit une couleur jaune qui nexiste pas. Cette perception artificielle et fausse est transmise au cerveau. Elle est très utilisée en photographie, en cinéma et en télévision. On lappelle la synthèse additive des couleurs. |
La plupart des couleurs que nous percevons nexistent pas. Ce sont des synthèses additives. Lil les construit à partir des réactions élémentaires des trois sortes de cônes à la lumière filtrée par leurs pigments respectifs. Bien évidemment, lorsque les caractéristiques des pigments sont différentes, par laction de facteurs génétiques ou spécifiques, les réactions élémentaires des cônes sadditionnent en induisant des résultats différents. Le fonctionnement du mécanisme de synthèse est identique mais la perception ne lest pas. Comme de nombreux mammifères, certains humains ne possèdent que deux pigments, ce sont des daltoniens. (Dalton navait pas de pigment vert). Dautres animaux sont mieux pourvus. (Poissons, oiseaux). Ils peuvent distinguer des couleurs brillantes, inconnues et inconnaissables, là où nous les hommes ne voyons quun beige terne et sale. Les pigeons sont pentachromates, utilisant cinq pigments. Peut-on imaginer limage composée par leur vision, couplée par ailleurs à la perception du champ magnétique terrestre. Certains singes dAmérique sont dichromates en ce qui concerne les mâles, mais les femelles sont trichromates ou tétra chromates. Dans une espèce voisine de ces singes américains, le seul singe nu, lhomme, lequel nous intéresse particulièrement, on a détecté la présence de quatre pigments parfaitement distincts chez certaines femmes. (Accessoirement, cela permet de préciser la localisation chromosomique des gènes correspondant). Malgré ces rares particularités féminines, il nous est impossible dimaginer les combinaisons colorées qui impliquent chez certaines espèces la séparation de lultraviolet ou de linfrarouge, ou dautres couleurs inconnues. Ces bandes de fréquences doivent induire des discriminations aussi différentes que celles que nous faisons à légard du vert, du rouge, ou du bleu. Il sagit donc de nouvelles combinaisons, et de nouvelles couleurs tout à fait inédites, inconnaissables, non expérimentables par lhomme, donc inimaginables. On voit bien que la couleur ne traduit pas une propriété propre aux objets, mais quelle est une faculté propre à lexaminateur. Les mondes colorés diffèrent selon les espèces et selon les gens, en relation avec la variété des cônes de la rétine quils possèdent. Peut-on même penser que tel rouge, tel vert, ou tel bleu, demeure ce rouge, ce vert, ou ce bleu, pour chacun ? Il y a un rouge du midi et un rouge du soir. Lintervention des mécanismes de lil concernant sur la couleur des choses va bien plus loin. Un papier reste blanc, une feuille reste verte, quand le ciel est bleu à midi ou rouge le soir, donc lorsque change le flux lumineux objectif. La vision prend en compte la couleur moyenne de lenvironnement pour effectuer une super synthèse corrigeant la perception de chaque plage colorée en fonction de la couleur globale des flux incidents. Cest ainsi que lil arrive à soustraire de celle de chaque objet, la couleur de la lumière rouge du soleil du soir, ou la couleur verte de la lumière du sous-bois. Les mêmes associations des diverses longueurs dondes des couleurs ne forment donc pas les mêmes perceptions colorées, aux différentes heures du jour, ou lorsque changent les couleurs réfléchies par les objets voisins. La ligne de contour nexiste pas en réalité. Une fonction particulière de lil la fait apparaître, et lui donne une telle évidence que lon dessine couramment dun simple trait le seul contour inexistant des objets représentés. Le renforcement des contrastes de couleurs au voisinage de leur limite, aide à cette génération. Lil effectue beaucoup dopérations diverses pour construire les perceptions de la vision. La plupart dentre elles utilisent les très nombreux bâtonnets qui sont organisés en groupes hautement spécialisés, lesquels travaillent en coopération avec les divers types de cellules de la face externe de la rétine. Je rappellerai ici certaines fonctions bien différenciées comme le mouvement, la forme, la distance, le relief, lorientation spatiale, la grandeur, la conformité à un modèle, qui sont des exemples non limitatifs. La détection du sens du mouvement met en uvre des groupes de bâtonnets appariés, différemment orientés dans lespace de limage, et dont certains sont couplés avec des lignes retardant la transmission de linflux nerveux. Dans une structure de ce type, les seuls influx qui arrivent en concordance de phase, et se renforcent, sont ceux relatifs aux groupes de bâtonnets spécialisés correctement orientés et positionnés sur la trajectoire de lobjet mobile. Tous les autres influx sont en discordance de phase et sont ignorés dans le processus de transmission. La détection de lorientation des lignes composant les objets fait également appel à des groupements de bâtonnets alignés, qui ont différentes orientations dans lespace de limage, mais cette fonction nutilise pas de lignes de retard. Lassociation des réactions variées de ces différents groupements permet ldinformations relatives à la forme des objets et à leur surface, lesquelles sélaborent dailleurs en corrélation avec la détection des frontières de couleurs. Cependant, considérés avec léclairage de la connaissance scientifique actuelle, les objets réels nont évidemment pas de forme ni de surface, puisquils sont seulement des champs de force qui interagissent avec les flux incidents des diverses particules, (dont les photons de la lumière auxquels lil est sensible). A ce niveau de létude et de la réflexion, nous pouvons déjà établir que lil ne transmet pas au cerveau la masse chaotique des informations lumineuses et redondantes contenues dans limage brute, mais quil en extrait mécaniquement des sous-ensembles distincts déléments significatifs, dont la couleur ou le mouvement sont des exemples. Chacun de ces sous-ensembles constitue un signe naturellement lié à la partie du réel quil représente, mais cela nest quun signe informatif destiné au mental. Ce signe nest pas une projection du réel. |
La vision est une fantasmagorie Ce signe est un " icône " au sens académique et informatique du terme, cest-à-dire un signe en relation naturelle avec lobjet quil évoque. Remarquez que je lui donne ici volontairement le genre masculin pour caractériser cet emploi. Quel que soit lorgane concerné, ces signes, ces icônes, sont transmis distinctement par des voies spécialisées aux zones particulières du cerveau chargées de les traiter séparément, et éventuellement de les mémoriser. En ce qui concerne la vision, ces zones cervicales ont été partiellement identifiées et répertoriées par des études très difficiles et minutieuses, appuyées sur les conséquences cliniques des lésions cérébrales et des traumatismes crâniens. Le cortex visuel est dorénavant considéré comme un organe spécifique qui crée les images, de façon active et permanente, à partir des informations qui lui parviennent, tant de lextérieur que de la mémoire. Ceci est réalisé de façon consciente aussi bien quinconsciente. Jattire très vivement votre attention sur le propos suivant. Ces images synthétiques électrochimiques ne sont pas des projections physiques de la réalité, mais des constructions mentales plus globales, élaborées en manipulant et en combinant des icônes sélectionnés en fonction de la situation présente. Ce sont réellement de pures productions automatiques et inconscientes du mental. CE SONT DES FANTASMES ! Vous trouverez ci-après quelques démonstrations expérimentales plus ou moins connues qui illustrent assez bien létendue des transformations inconscientes que limage subit avant dêtre transmise en létat dicônes aux centres de vision du cerveau. La première expérience met en évidence lexistence des taches aveugles de chacun des yeux. Elles correspondent aux régions de pénétration des nerfs optiques dans les globes oculaires. Ces endroits sont dépourvus de photorécepteurs et sont donc insensibles aux stimuli lumineux. Pour constater cette insensibilité, il suffit de tracer deux repères, espacés horizontalement de huit centimètres, sur une feuille de papier tenue à trente centimètres environ des yeux, ou de placer les deux index dans une position analogue. En fermant un il, et en fixant de lautre le repère situé le plus prés du nez, lautre repère disparaît. A cet endroit, il est projeté sur la tache aveugle de lil ouvert. Il est très possible détudier la forme et létendue des taches aveugles en faisant varier la dimension des repères. On constate alors quelles sont approximativement circulaires et que leur dimension, assez importante, correspond à celle dune pièce de cinq francs vue à trente centimètres. Il faut prendre conscience quà vingt mètres de distance une telle tache cache une voiture, et quà trente mètres, sur la route, elle cache un gros camion. De façon très étonnante, cet aveuglement relativement important nest pas perçu comme un trou dans le champ visuel, cest-à-dire quil ne se présente pas au conscient comme la perception dun manque avec quelque chose autour. Le trou dû à la tache aveugle nest pas perçu du tout. Cela signifie quune opération corrective inconsciente et extrêmement complexe a été opérée par le système visuel, dabord pour remplir ce vide insolite avec un décor de synthèse, ensuite pour raccorder sans faille cet artifice au reste de limage. Cette opération est une manifestation assez évidente dun phénomène perceptif plus global appelé interpolation de surface, qui est exécuté au niveau des icônes. Le système visuel analyse les objets examinés et en extrait des sélections dinformations quil transmet comme nous lavons vu, sous la forme condensée dicônes de forme de couleur, de texture, et autres signaux. Linterpolation de surface est lopération qui combine des icônes de forme, de couleur, et autres, et qui synthétise un percept global dobjet ayant une forme distincte, et une surface de texture et de couleur déterminées. Le système visuel ne peut extraire aucune information de forme ou de contour dans la zone de la tache aveugle. Il effectue donc une large interpolation de surface dans la partie de limage qui la contient, en utilisant les icônes de texture et de couleur quil peut y associer. Pour cela il puise dans les données visuelles fournies par le voisinage ou par le second il, ou bien il a recours à des données conceptuelles déjà élaborées, puisées dans ses banques de mémoire. Cela se produit en particulier lorsque la tache masque partiellement la forme dun objet. Il en est de même dans la maladie de dégénérescence maculaire. La conséquence de ce fonctionnement, étonnant mais parfaitement établi, est que linterpolation peut, (assez occasionnellement, il est vrai), aboutir à la construction dune perception fallacieuse de lignes de contours et de formes parfaitement illusoires, reconstruits mécaniquement et assemblés automatiquement et inconsciemment par le système, y compris la coloration et la structure. Il y a des super fantasmes. Dans la plupart des cas, en vision binoculaire, linfluence du second il suffit pour empêcher le remplacement dune donnée visuelle par une donnée mémorielle. Cependant, lorsquil se produit, le processus dintégration hallucinatoire dun élément mémoriel illusoire dans le champ visuel est parfaitement inconscient. Les illusions doptique démontrent la grande virtuosité du système visuel dans cette synthèse complexe mais inconsciente. Pour rester pratique, il faut tenter de comprendre la périlleuse étendue des risques quapporte un tel fonctionnement intégrateur, en particulier sur la route. Je rappelle que limage dun camion, bien réel et très dangereux, peut être automatiquement remplacée, le temps dun bref coup dil mal orienté, par celle dun morceau de route parfaitement vide, laquelle sera puisée dans le voisinage immédiat, ou même dans la mémoire. Lapproche de la réalité nécessite plusieurs coups dil. La seconde démonstration a été largement et longuement présentée au public par "lexploratorium" de San Francisco. Elle montre les phénomènes qui se produisent lorsque le système visuel effectue la fusion binoculaire, cest-à-dire la combinaison des images perçues par chacun des deux yeux. La fusion binoculaire est habituelle et inconsciente. Les deux images ne sont cependant pas tout à fait identiques. Elles différent généralement par de faibles effets de perspective et de largeur de champ. Il est connu que le système visuel utilise les différences de perspective pour élaborer licône décrivant le relief, mais cest bien une seule image qui est perçue avec une caractéristique supplémentaire de profondeur. La situation nest plus la même lorsque les deux images présentent des différences plus marquées en raison dune position particulière, ou de la présence dobstacles masquant une partie de la scène. Le système visuel fusionne alors les deux images partielles et complémentaires et il fabrique une seule image cohérente en assemblant arbitrairement les icônes des deux morceaux. Il est assez facile dexpérimenter cette situation. Lorsque les différences sont importantes, le système visuel peine à combiner les icônes. Certaines parties de limage composite apparaissent plus floues ou incomplètes. Si un mouvement se produit dans une partie du champ visuel dun il, la zone correspondante du champ du second il devient momentanément aveugle. Licône informatif correspondant est donc ignoré. Cet icône effectif et signifiant est rejeté de la composition. La perception de limage composite est aussitôt automatiquement et inconsciemment reconstruite en ignorant lobjet fixe, et en plaçant à cet endroit la présentation du seul objet en mouvement. La perception du mouvement a un effet masquant. Cest un fantasme de nature particulière dans lequel un stimulus issu du réel, parfaitement efficient puisquil induit un influx perceptible, (et quil est donc représenté par un icône informatif), est brusquement gommé au bénéfice dun autre stimulus prioritairement pris seul en compte par le système visuel. Ici aussi, ce fonctionnement mécanique inconscient induit des risques routiers graves et ignorés. Ils sont en particulier liés à la position habituelle des rétroviseurs latéraux. Limage binoculaire composite combine parfois la large vue de la route à lavant avec la vue étroite et très différente du contenu du rétroviseur. Un véhicule approchant lentement par larrière peut être perçu comme fixe dans le champ de lil surveillant faiblement le rétroviseur, tandis que lautre il perçoit aisément le mouvement très important des obstacles qui défilent rapidement devant le conducteur. La perception prioritaire du défilement rapide du décor majeur gomme alors limage mono oculaire de lobjet dangereux, car celui-ci est perçu fixe, jusquà ce que son entrée dans le champ de la vision binoculaire le réintègre soudain dans la perception. Le véhicule incident semble brusquement surgir du néant. Chaque conducteur a vécu cette situation sans comprendre quil était inconsciemment le jouet dun fantasme à effet de masque. |
Les fantasmes masques sont vraiment redoutables. Une autre expérience facile est liée à la perception du relief et de la distance. Le système visuel traite ces deux éléments en corrélation, en utilisant deux stimuli distincts.
Le système visuel combine les deux stimuli et transmet un nouveau signal qui contient à la fois les deux informations. Cela permet au mental de représenter les distances et les profondeurs. Ce fonctionnement est constaté lorsque que lon utilise des appareils stéréoscopiques tels des télémètres à miroirs dont lécart des objectifs est supérieur à lécart normal des yeux. La perception du relief est grandement améliorée, mais lappréciation des distances, ou profondeurs, est fortement faussée aussi longtemps quon utilise lappareil avec les deux yeux. Le système visuel effectue également un traitement simultané en utilisant des informations relatives à la position verticale du sujet observé. Il modifie la distance et les dimensions apparentes en fonction de leur angle délévation par rapport à lhorizon. Cest ainsi que le soleil ou la lune paraissent beaucoup plus gros lorsquils sont à lhorizon que lorsquils sont au zénith. Il est évident que léloignement des astres reste fixe. Leffet délévation sapplique quelle que soit la distance. Un objet situé à cinq mètres paraît très prés, à quelques pas. Le même objet, placé à trois mètres, en hauteur ou en profondeur, semble déjà presque inaccessible. A lhorizontale, les choses gardent leur vraie taille et leur proximité. Regardées du haut dun immeuble de trente mètres, ce sont des jouets miniaturisés. Parlons aussi des illusions doptique expérimentales, ou des étonnantes compositions de Maurice Cornelius Escher, (dont je vous reparlerai dans dautres approches du réel), qui dessina sa vie durant des objets impossibles auquel lil attribue pourtant une existence virtuelle. Le système visuel a cette capacité étonnante de compléter les vues incohérentes en ajoutant les signes nécessaires à lélaboration dune perception utilisable. Il va chercher ces icônes où il le peut, dans ses banques de mémoire éventuellement. Comme cette opération est inconsciente, lobservateur est berné. En loccurrence le mental conscient ne perçoit pas clairement le point de raccordement des artifices mémoriels aux artefacts sensoriels et oscille dune interprétation douteuse à une autre. Autre chose encore. Lorsque lil détecte un objet en mouvement, il ne travaille pas comme le cinéma qui projette une rapide succession dimages, mais il transmet simplement un icône supplémentaire signalant ce mouvement. Lintégration de ce signal donne au système visuel la capacité de construire un objet mental stable quoique comprenant des éléments variables, car mobiles, demeurant cependant liés entre eux. Lorsque la zone cervicale chargée de la réception de cet icône du mouvement est altérée, le sujet perçoit une image sautillante dans laquelle lélément mobile occupe des positions différentes à chacun des mouvements exploratoires des yeux, et il ne peut plus relier ces localisations les unes aux autres. En fait le cinéma trompe le mécanisme de détection du mouvement, en présentant précisément ces positions successives à une cadence supérieure au temps de récupération des photorécepteurs. Des bâtonnets voisins transmettent une même image décalée dans le temps. Comme nous lavons vu plus haut, cette opération, couplée avec laction des lignes de retard, aboutit à lémission dun icône, ici artificiel, qui signale un mouvement illusoire de lobjet mental. Le cinéma est vraiment lart de lillusion fantasmatique. Si on ralentit la cadence de projection, licône de mouvement disparaît. Pour nous, la même image commence alors à sautiller. Lil a repris son émission dicônes synthétiques sur dautres bases. |
Lobjet mental est stable en soi. Si lon considère lil comme un simple appareil optique, une question se pose logiquement. Pourquoi et comment limage que nous percevons reste-t-elle stable lors des mouvements exploratoires de la tête et des yeux ? Limage donnée par un appareil optique bouge lorsque lobjectif change dorientation. Celle qui est perçue par lil reste fixe. Cela montre bien que limage perçue est un objet purement mental qui est stable en soi. Il intègre des signes qui lui parviennent simultanément soit des divers organes sensitifs, soit des banques de mémoire. Dans les diverses zones de limage, en particulier à la périphérie, il y a un va-et-vient constant entre des signaux venant de lil et ceux venant dune mémoire sensorielle immédiate. Quand un objet change de place ou quitte un instant le champ visuel, il nest pas gommé pour autant de lobjet mental global. Il y conserve certaines propriétés dont en particulier sa forme et sa localisation spatiale, même hors du champ visuel et derrière la tête. Nous continuons mentalement à le positionner dans lespace. Les icônes transmis sont alors entièrement mémoriels. On voit bien le travail de transformation effectué par le système visuel, qui construit ses icônes en fonction de la difficulté daccès ou de la dangerosité théorique de lapproche des objets considérés, et applique sa méthode inconsciemment et sans discernement, y compris aux astres du ciel. Dans cette partie du développement, jai parlé de lil humain, avec un arrière plan général qui est celui de la disposition faciale des deux yeux chez les primates et donc chez lhomme. Cest cette disposition qui permet au système visuel dextraire les informations relatives au relief, à la distance, et de remplir facilement létendue des taches aveugles. La position faciale des yeux engendre la perception du relief. Certains animaux ont les yeux disposés latéralement. Leur appréciation du relief est forcément différente puisquils ne disposent pas du facteur de la parallaxe. Ils doivent régler le problème des taches aveugles par un mécanisme ne faisant pas intervenir la correction binoculaire. La combinaison de deux images très différentes provenant lune de lil droit, à lEst par exemple, lautre de lil gauche, à lOuest, devrait aboutir à une image composite assez insolite du point de vue humain. Nous pouvons cependant en avoir une idée lorsque nous regardons un spectacle de cinéma panoramique. Limage projetée en cinérama est composite. Elle est captée par plusieurs caméras opérant sous des angles différents. Nous voyons une association entre une vue de face et des vues latérales. La sensation de relief est intense en cas de mouvement, au point dengendrer malaise et vertige. Lobjet mental en relief est là. Cependant, dans ce cas, le mécanisme habituel de construction du relief stéréoscopique nest pas activé. Le résultat reste pourtant le même. Plusieurs mécanismes aboutissent au même résultat. Dautres êtres vivants peuvent mouvoir en tous sens des yeux plus ou moins télescopiques, comme le caméléon, ou disposent de nombreux yeux de puissances et de focales variées comme laraignée. Ces complexes combinaisons dicônes fabriquent un objet mental unique aboutissant à une perception globale du sujet. Des flux énormes de particules circulent dans lunivers, parmi lesquels les neutrinos et les photons. La nature a fait le choix de lutilisation des photons faciles à détecter parce quils sont interagissent beaucoup plus que les neutrinos avec la matière. Avec les photons, le monde apparaît dense et opaque. Ce nest quune apparence particulière, due à lusage des photons. Imaginons que nous disposions dorganes (tout à fait extraordinaires et peu vraisemblables), sensibles au flux de neutrinos. Ceux-ci sont émis par tous les corps, et traversent dénormes quantités de matière sans interagir avec elle. Nous aurions alors à traiter une autre apparence particulière. Nous pourrions contempler sous nos pas, le centre de la Terre, lenvers des continents, le Soleil des antipodes, et à travers tout cela la lumière des lointaines étoiles. Avec les neutrinos, le monde serait subtil et transparent. Imaginons encore, (cela ne coûte rien), quune fenêtre beaucoup plus large soit ouverte dans le spectre électromagnétique. Notre vue du monde serait bien différente. Nous pourrions voir les émissions de radio et de télévision, chacune visible avec sa couleur propre. On peut ainsi jouer à imaginer un mélange de la couleur rouge avec la couleur inconnue de Radio France, qui colorerait les murs de la maison voisine. Tous les objets, donc tous les murs, reflètent en réalité une combinaison de rayonnements encore bien plus complexe quoique invisible pour nos yeux imparfaits. |
L'association des informations sensorielles Nous ne travaillerons pas davantage sur lil, mais avant de clore ce chapitre, je désire à nouveau répéter que les organes des sens ne travaillent pas isolément mais en association étroite les uns avec les autres, et en y associant des informations tirées des banques de mémoire. Citons ici, pour mémoire, la glande pinéale, qui constitue chez presque tous les animaux non mammaliens un troisième il véritable, analogue aux yeux classiques et fonctionnant avec des photo détecteurs cachés derrière la peau. Son rôle reste encore assez mal connu. Elle semble cependant spécialisée dans la détection des grands rythmes déclairement, les jours et les saisons, et la régulation des fonctions vitales importantes. Elle commanderait également tous les grands fonctionnements glandulaires périodiques, lactivité, léveil, le sommeil, lhibernation et les périodes de reproduction. Si nous étions conscients de son travail, nous verrions ces différentes fonctions internes, (et bien dautres), comme des images tout à fait significatives. Souvenons-nous aussi que certains animaux utilisent des sens très particuliers dont on ignore laspect quen prend la perception. On retiendra comme exemples : lultraviolet (abeilles), Les organes extraordinaires de la perception des sons mériteraient tous un développement analogue à celui consacré à la vision. Nous avons déjà vu les artifices mécaniques qui sont utilisés par le fonctionnement sensoriel, et je ne voudrais pas vous lasser davantage. Évoquons cependant un instant le remarquable système décholocation grâce auquel les chauves-souris explorent leur environnement dans lobscurité totale. Elles ne paraissent pas gênées par la proximité de nombreux congénères qui émettent pourtant des flots de sons parasites. On a découvert quelles travaillaient ensemble en utilisant chacune sa propre fréquence personnelle démission. Pour ces animaux, la représentation donnée par la détection des échos dultrasons nest pas forcément différente de celle qui nous est donnée par la détection des flux réfléchis de photons. Permettez-moi donc dexpliciter ma pensée. Il est tout à fait possible que cette représentation sonique des caractéristiques géométriques de lespace, qui est évidemment transmise sous forme dicônes, engendre des perceptions mentales analogues ou identiques à celles provoquées par nos perceptions visuelles. On peut tout à fait envisager un objet mental dorigine acoustique ressemblant très fortement à lobjet mental dorigine optique. Il pourrait avoir des couleurs, des textures, et des reliefs ultrasonores, dont la perception ne différerait en rien de celle des équivalents lumineux. Chaque animal distinguerait alors son propre terrain de chasse coloré dans sa couleur personnelle. Il existe un indice dune telle possibilité de généralisation de la forme des signes iconisés. Il est donné par la nature de la perception des informations concernant la direction de la position dun objet donné. Le même type dicône est émis à destination du mental par des organes très différents concourant à cette détection. La perception de la direction est la même quelle que soit lorigine de lanalyse effectuée. La source est localisée dans lespace, quel que soit lorgane exploratoire, (vue, toucher, ouïe, odorat). Cela qui signifie que lobjet mental global intègre une information " position " toujours identique quon peut qualifier dessentielle. Lobjet mental essentiel ne dépend pas de lorgane utilisé. Accordez-moi un dernier propos avant de clore ce long chapitre préliminaire. Utilisons lun de nos organes sensoriels pour chercher une chose dont nous avons une image mentale précise. Cela peut être un objet égaré, un visage perdu dans la foule. Nous nexaminons pas en détail tout ce que nous voyons, mais nous posons en quelque sorte un filtre préalable sur notre appareil détecteur, en le laissant opérer la sélection par lui-même, de façon inconsciente. Cest également vrai quel que soit lorgane sensoriel utilisé. On pourra ainsi suivre une conversation dans un brouhaha important, reconnaître un timbre de voix dans un groupe, ou un instrument dans lorchestre malgré le bruit environnant, trouver à tâtons tel objet familier dans lobscurité, etc.. Il nous est donc possible de présélectionner consciemment les seuls icônes dont nous autorisons la transmission inconsciente au mental à partir des organes des sens, à tel point que si limage mentale volontaire préalable est fausse, nous serons incapables de retrouver lobjet cherché. |
Nous cherchons alors un fantôme de fantasme. Des études récentes ont bien montré les organes des sens, y compris lil, ne communiquent pas à sens unique avec le cerveau, ni même à double voie. En fait, la communication est bien plus quun dialogue. Elle met en relation collective et réciproque tous les organes entre eux, internes et externes, via le cerveau. Cest ce travail collectif qui donne naissance à la perception dun objet mental représentatif du réel. Depuis un moment, vous devez vous demander où je veux vous mener au travers de cette étude du fonctionnement général des organes des sens et lexamen attentif de lil par lequel nous arrive la lumière. Celle-ci est souvent traitée comme le symbole de la connaissance parfaite qui ouvre à lHomme la maîtrise de la Terre, ainsi que les portes du Ciel et de lEnfer. Je voudrais maintenant vous soumettre, en désordre, quelques vers du très beau poème de Rudyard Kipling,, qui mérite bien la superbe traduction qu'en fit André Malraux Si tu peux
voir détruit louvrage de ta vie, Cliquez ici pour voir la poésie complète "IF"et la traduction Si vous le voulez bien, nous allons faire un premier pas très important en suivant les conseils de Kipling, penser, rêver, douter, mais sans laisser nos pensées, nos doutes et nos rêves devenir nos maîtres destructeurs. Je vous propose donc de faire face ici, en hommes pensant librement, à une première série dévidences, une pensée nouvelle qui risque de changer vos convictions anciennes. Nos sens nous donnent une image infidèle de la réalité. Nous avons constaté que les organes des sens sont des appareils physiologiques spécialisés, construits pour détecter la présence dobjets, spécifiquement intéressant, dans le monde extérieur. Lorsquils détectent lémission des stimuli correspondant à leur vocation particulière, les organes émettent des icônes, des signaux caractéristiques à destination du centre nerveux central, le mental. Ces signaux sont seulement des signaux. Ils ne sont pas une représentation fidèle du réel. Chez lHomme, le centre nerveux central est localisé dans le cerveau. Il a acquis un développement particulier qui permet un examen conscient de limage synthétique construite par le mental pour représenter lenvironnement du sujet. Par ailleurs, le mental humain est également capable de construire dautres structures synthétiques imagées dont le rôle est de représenter des objets immatériels ou abstraits. Jai tenté de montrer combien ces images réfléchies du Monde sont parfois incomplètes, souvent illusoires et, par nature, toujours mécaniques et artificielles. Elles sont accessibles au conscient mais elles sont fabriquées par le mental à partir des signaux transmis soit par les organes des sens soit par des données extraites des banques mémorielles. Dune certaine façon, elles nous sont livrées par un double intérieur, un serviteur, (et parfois un maître redoutablement trompeur). Cest lui qui les présente à notre conscient. Il est inutile de se poser davantage la question du réalisme de la représentation du réel. Dés que lon pousse un peu létude, nous voyons très évidemment quil sagit là dirréalisme systématique et organisé. Nous pouvons donc formuler une seconde constatation corrélative. La représentation du réel est toujours purement mentale. Il sagit toujours dun objet construit de façon synthétique, à partir des signes abstraits, émis dans linstant par les différents organes sensoriels, externes et internes, combinés dans le même temps avec dautres signes abstraits puisés dans la mémoire. Cette combinaison est généralement inconsciente et automatique. Elle peut se produire pendant le sommeil, et aboutir à cette imagerie largement artificielle qui est le rêve. On sait combien ses fantasmes peuvent être précis, détaillés, enchanteurs ou parfois effrayants. Dans létat de veille, nous donnons au produit de cette élaboration complexe la valeur dune représentation crédible de la réalité. Nous tenons cette position tant que les stimuli extérieurs restent en dessous des seuils avertissant dun risque de danger physiologique. Mais lintensité devenant excessive dun stimulus provoque lémission dun nouveau signal, licône de la douleur. A cet instant précis, la prétendue représentation du monde extérieur fait soudain place à celle de la souffrance organique intérieure. Objectivement, lobjet réel extérieur na pas changé, mais sa perception est brusquement modifiée. Par conséquent, il faut bien admettre quelle nest quune création du mental. |
La perception est donc une fantasmagorie. Cest une association de fantasmes réalisée par le cerveau. Ils sont reliés naturellement dune part à la réalité extérieure à travers les signes virtuels que sont les divers icônes sensoriels envoyés par le corps. Ils reflètent aussi et naturellement dautre part lorganicité intérieure, chimique, mentale, et mémorielle, dont émanent des icônes complémentaires ou suppléants. Il est de notre nature humaine, (il est donc très normal), de trouver cette représentation artificielle du monde, crédible, performante et satisfaisante. Nous devons cependant comprendre que notre expérience du réel est extraordinairement limitée, car au sein du cosmos immense, nous navons accès expérimentalement quà lespace intérieur ridiculement petit de notre propre corps. Nous ne pouvons consciemment explorer quune infime fraction de cet infime espace. Tout le reste est à lextérieur, et ce que nous en percevons nest quun reflet léger et déformé. Dune façon naturelle, nous trouvons nos sens tout à fait efficaces et satisfaisants. Il nous arrive même de les trouver vraiment merveilleux, et nous nous extasions devant les performances extraordinaires de la machine humaine. Lhomme éprouve toujours un très grand plaisir à regarder son nombril quil trouve tellement admirable. Nous pouvons aussi imaginer que nous sommes en fait dans la situation comparable à celle dun escargot imaginaire. Lancé au maximum de sa vitesse, il rencontre un caillou. Il en prend conscience et lévite. Nous supposons quil se félicite de lefficacité de ses sens, de ses réflexes et de son habileté. La nature fait ce quelle peut avec ce quelle a. En loccurrence humaine, et pour exemple, elle fait fonctionner nos nerfs, nos sens, et nos muscles avec des moyens électrochimiques, qui sont très lents, comparés à la vitesse de propagation de lélectricité ou de la lumière. Avec ces systèmes limités, il nous est déjà difficile dattraper une mouche en vol. Nous inventons alors des mécanismes complémentaires et des ordinateurs qui relaient notre lenteur lorsque nous avons besoin dune réaction rapide. Pourtant nous ne percevons généralement pas toutes ces graves limitations et ces imperfections, car nous jaugeons le monde avec nos propres instruments, et notre évaluation est à la mesure de notre propre nature. Nous donnons la couleur humaine à ce que nous percevons du monde matériel. Il en est de même sur le plan intellectuel et moral. Nous créons des modèles culturels, mathématiques ou conceptuels pour essayer dapprocher la figuration du Grand Tout, de ce que jappelle le Zoran. Ces travaux et ces concepts abstraits sont aussi des objets purement mentaux. Ce sont des assemblages de signaux électrochimiques cérébraux destinés à expliquer et interconnecter logiquement ces autres signes électrochimiques artificiels que sont les perceptions imagées du monde extérieur. Jai appelé " Univers " lobjet global constitué par cet assemblage de signaux. Cet objet est purement mental et intérieur. Il est limité au champ de lexpérience sensorielle par les bornes de nos sens, comme il est limité au champ de la connaissance intellectuelle connexe par les possibilités actuelles de notre cerveau. Au sein du Zoran immense et non expérimentable, matériel et immatériel, connu et inconnu, visible et invisible, nous navons accès quà une infime partie de lêtre total. Nous ne pouvons explorer consciemment que ce que nous représentons électriquement dans notre intellect, cest-à-dire une infime fraction de cet absolu. Comme pour la partie matérielle que nous avons appelée Univers, tout le reste est à lextérieur, et ce que nous en comprenons nen est quun reflet léger, fragmentaire et déformé. Dune façon naturelle, nous trouvons notre récente intelligence tout à fait efficace et satisfaisante. Il nous arrive même de la trouver admirable, et nous nous extasions devant lampleur de la pensée humaine et les performances extraordinaires de notre cerveau. Là aussi la nature fait ce quelle peut avec ce quelle a. C'est donc à lunivers total que nous donnons la couleur humaine. Dans le prochain chapitre, nous allons essayer de comprendre pourquoi nous utilisons souvent cette infime fraction de la connaissance pour construire dans notre mental une représentation fallacieuse du réel et affirmer, à partir de là, notre domination sur le Monde. Sur limmense
Univers, la Caravelle humaine, |
Exemple d'illusion optique active
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