Arts et Sciences, Hommes et Dieux - ( Mise à jour de juillet 2017 ) |
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Petit Manuel d’Humanité | ||||||||||||||||
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Les Dieux Grecs.
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Introduction
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Les Phéniciens, les Hittites, les Étrusques
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Cosmogonie classique et généalogie des dieux
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Le mythe du Prométhée et le sacrifice sanglant |
Chez les Grecs, le sacrifice sanglant est lié à la légende de Prométhée. À l’âge d’or mythique, les dieux et les hommes décidèrent de se séparer. Prométhée fut chargé de partager le monde et d'organiser un repas commun. Le Titan abattit un bœuf, fondant ainsi le sacrifice sanglant comme mode relationnel entre les hommes et les dieux. Il en fit deux parts, toutes deux truquées, l’une agréablement apprêtée camouflant les os dénudés, l’autre cachant la chair comestible sous un aspect repoussant. Zeus feignit de se tromper, choisissant les os et laissant la viande aux hommes. Et ceux-ci demeureront toujours des créatures mortelles, affamées de cadavres, tandis que les dieux, nourris de fumées, resteront à jamais, immortels et incorruptibles. |
Zeus punit la fraude en enlevant aux hommes le feu céleste et les grains d’abondance dont ils disposaient librement. Ils cuiront plus leur viande et devront cultiver la terre. Mais Prométhée déroba aux dieux une semence du feu et la porta sur la Terre. Les hommes retrouvèrent une flamme précaire et pourront cuire leurs aliments. Zeus vengera cette nouvelle offense en inventant la Femme, Pandora (le don des dieux), redoutable piège destiné aux hommes. Elle a l’apparence, la grâce et la séduction d’une déesse immortelle, mais Hermès a caché en elle mille horribles défauts. Et la traîtresse ouvrira la jarre qui contient tous les Maux. Ils se répandront sur le Monde en se mêlant tellement aux Biens qu’on ne pourra plus jamais les distinguera. |
Le sacrifice grec est un acte sacramentel. Accomplir ces rites, c’est établir un contact avec les dieux par une double commémoration, celle de la tâche accomplie par le Titan protecteur, et celle de la leçon donnée par Zeus, que les hommes affirment avoir comprise. En l’accomplissant, les hommes signifient qu’ils acceptent la place allouée par Zeus, entre les bêtes et les dieux. Le rite rappelle que les hommes et les dieux sont aujourd’hui séparés, qu’ils ne vivent ni ne mangent plus ensemble. On ne peut tromper Zeus ni tenter de s’égaler aux dieux sans devoir en payer le prix qui est l’éloignement du divin et l’obligation de vivre sur cette terre où rien ne s’obtient sans effort et où se mêlent toujours la joie et la peine, le Bien et le Mal. |
Prométhée est la connaissance universelle. Il prévoit tout. Il en sait plus que tout dieu ou tout homme mortel et son intelligence est nécessaire à Zeus. Pour favoriser les hommes, le Titan offense Zeus qui décide alors de définir plus clairement les rôles respectifs des hommes et des dieux. Les rites sacrificiels grecs rappellent l'erreur du Titan protecteur et la punition conséquente. Le sacrifice sanglant prométhéen est donc l'acte rituel obligatoire le plus important de la religion grecque (et romaine), et il est intéressant d'en voir les détails. Il commence par la consécration, dite immolation, de la victime animale qui est accomplie à proximité de l'autel. Ainsi devient-elle sacrée et intouchable, nourriture irrévocable des dieux. |
La victime est ensuite abattue et découpée par un sacrificateur habilité. On prépare tout d'abord la part des dieux. Le sang, symbole habituel de vie, est versé sur le brasier de l'autel et l'on y ajoute les autres viscères sanglants préalablement bouillies, essentiellement la fressure, (cœur, poumons, foie, rate). Cette part des dieux est entièrement consumée sur le feu. Ensuite seulement, et en un second temps, on s'occupe de la part des hommes qui ne peuvent partager la nourriture des dieux. La chair restante est profanée par un attouchement de l'officiant. Devenue dorénavant impure, elle est partagée entre les assistants, ou vendue en boucherie, et elle doit être obligatoirement consommée avec un rituel spécial de préparation. |
La consommation obligatoire de cette viande dite de sacrifice, la part laissée aux hommes, est rituellement rôtie puis bouillie, (à l'inverse de la part des dieux), en rappel de l'histoire humaine originelle. Cette consommation parachève le sacrifice. Ce rituel de partage a une signification douloureuse consacrant la séparation définitive des hommes et des dieux. Elle établit la supériorité des immortels en même temps que l'infériorité et la sujétion des mortels. Plus tard, les Orphiques refuseront les sacrifices sanglants et la consommation de chair animale Ils rejetteront aussi tout ce système politico-religieux symbolisant l'établissement d'un ordre définitif du Monde, et ils seront généralement considérés comme des marginaux asociaux. |
Plus tard, le Christianisme s'établit dans le monde gréco-romain, et propose un nouveau rituel évoquant la mort du Christ qui rétablit l'alliance entre les hommes et Dieu. Elle est gagée par la mort de son Fils, également fils de l’Homme, immolé par ses pères dans la nature terrestre. "Prenez et mangez, dit le rituel, car ceci est mon corps, livré pour vous. Prenez et buvez, car ceci est mon sang, le sang de la nouvelle et éternelle alliance, qui sera versé pour vous en rémission des péchés". Le pain, part des hommes est partagé en premier, puis en second le vin, (sang), la part des dieux. Ce renversement bouleverse les Grecs, signifiant la fin de la malédiction millénaire car les hommes sont de nouveau invités à manger avec les dieux. |
Prométhée fabriqua les hommes et trompa deux fois Zeus. |
L'époque classique ou Siècle de Périclès
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Dionysos et l'Orphisme |
D'autres courants se font jour en Grèce à cette époque, dont l'Orphisme et le culte de Déméter, le plus ancien des cultes à mystère. Les Éleusinies, les fêtes les plus connues, auraient été institués à l'instigation de Triptolème, fils de Céréos, qui avait reçu de Déméter la mission de répandre le blé partout dans le Monde. Elles semblent provenir de cultes agraires primitifs modifiés en syncrétisme avec des cultes dionysiaques et l’Orphisme. Elles sont annuellement célébrés dans le Télestrérion d’Éleusis et font participer le fidèle à la résurrection de l’enfant divin revenu de l’empire de la mort. A Éleusis, en Septembre, des cérémonies extérieures traditionnelles préparent la célébration des Mystères. Ces préliminaires ont été souvent décrits et nous sont relativement connus. Des reliques mystérieuses, (les hiéra sacrées), sont transportées en procession jusqu’à Athènes et déposées dans un sanctuaire particulier, l’Eleusinion. Une excommunication solennelle est prononcée contre les infidèles et les impurs, puis les mystes, (les candidats jugés dignes), entrent dans la mer pour se purifier. Après quelques jours de retraite et de jeûne, la procession immense des fidèles et des mystes retourne à Éleusis, précédée de l’effigie de Iacchos, des hiéra, et des autorités. Les cérémonies secrètes commencent alors, et nous devons ici avouer notre très grande ignorance car leurs secrets n'ont jamais été révélés. |
En raison de la concordance des mythes orphistes et éleusiniens, l'Orphisme s’infiltre dans la religion athénienne, et y annonce les cultes à des Mystères. C’est une religion initiatique à tendance monothéiste marquée. Elle repose sur les philosophies pythagoricienne, platonicienne (puis néo-platonicienne) et rassemble diverses doctrines professant l’immortalité de l’âme et la succession de cycles de réincarnations jusqu’à la purification définitive. Elle a produit de des cosmogonies diverses s'inspirant d'une idée de base commune. Le mythe central de l'Orphisme est celui de la mise à mort de Dionysos par les Titans. On y rencontre les figures connues de la mythologie d'Hésiode, mais les Orphistes ont savamment détourné ces images. La Perséphone orphique est toujours la reine des Enfers, mais elle est ici la mère de Dionysos qui est au centre du mythe. De même l'Orphée d'Eurydice n'est pas l'Orphée des Orphistes qui se placent sous sa protection parce qu'il est revenu des Enfers. La cosmogonie hésiodique partait de la béance primitive (Chaos) pour aboutir à un ordre divin éternel dirigé par Zeus. Les cosmogonies orphiques postulent une unité originelle, d'abord brisée, ensuite virtuellement restaurée sous le règne de Dionysos. Ce thème central de réunification, de reconstitution, ou de réconciliation, relie ces diverses cosmogonies au mythe orphique fondamental de Dionysos. |
Dans l'une des cosmogonies, la mère de Dionysos, Sémélé, était mortelle. Aimée de Zeus, elle meurt d’effroi pendant sa grossesse, à la vue de la gloire du dieu. Zeus porte alors l’enfant dans sa cuisse jusqu’à sa naissance. Plus tard, Éros offre l'empire du monde à Zagreus, première incarnation de Dionysos. Jaloux et révoltés, les Titans s'emparent de lui et le dévorent. Zeus les foudroie, et de leurs cendres naissent les hommes, gardant en eux une parcelle du dieu dévoré. Dans une autre version, c'est Perséphone qui conçoit Zagréus. Poursuivi par la jalousie de Héra, Zagréus revêt plusieurs apparences. Sous la forme d'un taureau, il est dévoré par les Titans, mais la déesse Pallas réussit à préserver son cœur. Zeus foudroie les Titans et absorbe le cœur de son fils qui, régénéré, devient Iacchos, identifié à Dionysos. Perséphone interdit alors que l'homme gagne un jour le monde divin, le condamnant à errer sur Terre de vie en vie, en oubliant son origine divine. Une partie des cendres des Titans a donné aux hommes la capacité de faire le mal, mais l'autre moitié, porteuse de la divinité de Dionysos, leur confère une étincelle d'amour. L'Orphisme professe donc que l'homme a deux parts en lui, l'une proprement divine, dont le souvenir permet d'accéder de nouveau au monde divin, et l'autre d'audace, de révolte et de liberté, héritée des Titans, qui lui permet de braver l'ordre établi. |
L'Orphisme propose aux fidèles des rites mystiques, des suites d’initiations, et des règles ascétiques de vie. Les adeptes sont opposés à toute violence. Végétariens, ils ne consomment aucune chair. Á travers sa double naissance, mortelle par sa mère et divine par son père, Dionysos apporte l’énergie sacrée à la nature ordinaire. Chaque année, il entre en cortège dans la cité grecque qui l’accueille avec des fêtes bruyantes et colorées. Il se manifeste différemment dans les Mystères extatiques accessibles aux seuls initiés. Les diverses légendes concordent. Dionysos ressuscité est ainsi né deux fois, ce qui est aussi son nom. Les hommes naissent des cendres des Titans foudroyés. Leur nature est donc animale et matérielle, mais ils recèlent en leur âme une parcelle du Dieu dévoré. Dans le système théogonique des adeptes d’Orphée, six générations divines se succèdent en bouclant sur elles-mêmes. Phanés, (la Lumière originelle), Fils de Zeus et de Métis, est le premier roi des Dieux, suivi de Nuit, d’Ouranos, de Kronos, et de Zeus, (prononcé Deus par les Romains et par nous-mêmes). Celui-ci remet enfin son pouvoir au fils, deux fois né, Dionysos, lequel est aussi le retour eschatologique de Phanés, le Lumineux des origines. Au delà de ses aspects cycliques, l'Orphisme propose un mythe universel de salut permettant au fidèle de sauver son âme divine. En cela, il annonce le Gnosticisme. |
La naissance de Dionysos hors de la cuisse de Zeus |
Alexandre et la Grèce hellénistique
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Petite barre de navigation
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