Arts et Sciences, Hommes et Dieux
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( Mise à jour de juillet 2017 )
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  Petit Manuel d’Humanité

CAHIER 38 - L'Homme incréé.

MANUSCRIT
ORIGINAL


 
N° 00035434
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réservés

 

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L'Homme incréé.

La véritable nature de l'Univers nous reste absolument inconnue

Essai de reformulation métaphysique

 


 

 

Chercher la lumière dans les ténèbres

 

D’où suis-je ? Autrement dit « Hier, qu’étais-je ? ». Où suis-je ? Ou bien, « Maintenant, que suis-je ? ». Où vais-je ? « Demain, que serai-je ? ». Aux questions existentielles concernant la vie et la mort, l’origine de l’être et son destin, le chercheur peut trouver des débuts de réponses qu’il tire de sa nature la plus intime, et il construit une vérité personnelle en assemblant ces fragments. Ce ne sont que des compréhensions partielles et des cheminements incertains. Á l’aube du 21ème siècle, l’Homme reste insatisfait. Dans cette période d’universalisme, il a besoin d’idéaux universels mais ne cerne plus l’étendue de ce qu’il croit savoir. Le temps n'est plus d’emplir un seul cerveau de toute la connaissance humaine. Cependant, la découverte relative de la vérité passe toujours par la liberté absolue de la pensée. Sur le chemin du développement personnel, on n’avance qu’en la préservant et en restant rigoureusement à distance des hypothèses tentatrices rencontrées. Le langage et la pensée peuvent dénaturer la perception du Monde et le doter d’aspects artificiels qui ne sont que pures créations mentales. On peut alors tenter d’ouvrir les différentes fenêtres que les théoriciens prétendent avoir percées dans le mystère de l’Être total, mais nous savons que les doctrines et les théories sont souvent multiples et ne durent qu'un temps. C’est sur une double considération globale que nous allons travailler, celle des origines scientifiquement probables des choses, et celle de la diversité des approches intuitives de l’être. La nature de l’Homme est comme celle du Monde, et rien n’est jamais vérité absolue ni définitive.

C’est en cheminant que l’on fait le chemin, dit un proverbe brésilien.

La faillible raison humaine se refuse à faire naître du néant toutes les choses et toutes les entités dont elle constate l’existence. Elle postule qu’elles sont les manifestations d’une immense force fondatrice primordiale. Á l’origine du Monde matériel, nous ne pouvons cependant poser que l'insondable mystère de l’être, et  constater l’incommensurable puissance de son énergie originelle. Partant de cette ignorance, nous avons supposé que, dans le passé, elle a fait émerger le cosmos et son contenu, minéral ou vivant,  d’un chaos initial ou d’un vide matériel originel. De la même façon, nous avons imaginé que la vie a surgi de la matière, puis que la conscience et la pensée sont sorties d’un autre vide, intérieur et mental. Pour l’Homme, maintenant et ici même, dans ce nouveau désert où se perd sa conscience, une nouvelle émergence semble paraître. Nous l'appelons, hâtivement, "Esprit", sans vraiment comprendre ce que peut être cet Esprit, si nouveau dans l’aventure terrestre de la vie. Beaucoup d’hommes ont constaté que des formes complémentaires du mystère fondamental semblaient être à l'œuvre dans leur destin et dans leur champ personnel de vie. Á ces facteurs immatériels et permanents qu'ils sont tentés de placer à l'origine et au déroulement de leurs existences, ils ont attribué des caractères théoriques et imaginaires, ceux d'une entité mystérieuse, une divinité première éternelle. Ouvrant des yeux nouveaux à la lumière naissante d'une prise de conscience, nous doutons maintenant de nos fragments de certitudes, et nous entreprenons une quête, tout à la fois incertaine et fondamentale, de la réalité.

Nés des étoiles, notre vrai visage est la lumière.

Quand nous demandons à la science de nous parler de l’origine du cosmos immense, de l’énergie et des étoiles de la naissance de la vie, nous découvrons un macrocosme admirable, depuis les galaxies jusqu’aux plus infimes particules atomiques. Nous découvrons la vie merveilleuse qui a inventé la cellule et le corps, la sève et le sang, la fleur, la graine, le plaisir et la souffrance, le chagrin et la joie, la tendresse, la cruauté, la dévoration universelle et la mort. Mais hélas, la science ne s’intéresse qu’au "Comment" des choses. Et, nous interrogeons les mythes des diverses civilisations et les idéologies de ceux qui prétendent nous parler du "Pourquoi", tout en essayant de corriger la société humaine ou d'améliorer les individus. Dans ces aventures humaines, nous retrouvons surtout l’histoire épouvantable des guerres meurtrières et des avanies cruelles que se font les hommes, dans une lutte sauvage pour le pouvoir et la richesse. Cette incurable sauvagerie et cette implacable volonté d’asservir les autres sont  inscrites dans notre patrimoine génétique, donc dans le karma de chacun. Portant le regard sur la vague existentielle qui nous porte, nous voyons que toutes les parties du cosmos se dégradent au fil du temps. L'implacable Shiva fait naître chaque chose nouvelle de la destruction de l’ancienne, et au sein de la dégradation perpétuelle, la bataille paraît toujours perdue et tous les vivants finissent tragiquement dans la mort. La défaite n’est pourtant qu’apparente car la force de vie a déjà remporté d’innombrables triomphes. Ces petites victoires de l’immense force de vie permettent l’émergence progressive de la conscience hors de la matière inerte. Et tant passe le temps immobile, qu’émerge enfin de l’océan cosmique, son propre regard !

L'émergence de la conscience d'être.

Il faut poser le regard de notre conscient sur notre propre vérité. Nous sommes les "Lucifères". Sur cette Terre au moins, il semble que nous soyons les seuls porteurs actuels de la conscience éclairant l’existence. Le sens du mot Lucifer a beaucoup varié au fil des âges. Étymologiquement, il signifie « Porteur de Lumière ». Il a été appliqué à l'Adam, au roi de Babylone, au Christ, à l’étoile du matin (Pierre 2/19). Il désigne, depuis le Moyen-âge, l’Archange rebelle à l’ordre divin chrétien, le Satan. Ici et maintenant nous travaillons à élargir cette conscience éclairante et à effacer les traces d’un passé révolu. Avec ce mot magnifique, nous désignerons ici les forces immenses qui travaillent à la réalisation du parangon humain. Obscurément, au sein de la transformation perpétuelle du chaos, dans un but encore inconnu, ces forces lucifériennes puissantes modèlent le Monde et son contenu, y compris l’Homme avec ses qualités et ses défauts, en ouvrant son intellect et sa conscience. Au niveau actuel de l’immersion des forces originelles dans le Monde existentiel, l'Homme atteint un point particulier. On peut le considérer comme un point haut, zénith actuel du développement croissant de nos outils mentaux, ou comme un point bas, le nadir de la matérialisation de notre être total. L’important est de comprendre qu’à partir de ce point particulier ou de cette rencontre, par les refus que nous formulons, par les décisions que nous prenons, et par les actes que nous accomplissons, nous pouvons changer notre état actuel. Et ce nouveau cheminement de réalisation personnelle peut nous conduire à un renouveau d'accomplissement.

Nous sommes physiquement des hommes de lumière

L'homme de lumière est aussi une réalité physique. Nous savons que le corps vivant fonctionne avec des moyens électrochimiques. L’aspect chimique en est fréquemment vulgarisé. Moins connu, son aspect électrique se manifeste au niveau de la cellule. Celle-ci peut être assimilée à une très petite sphère enveloppée d’une membrane isolante. L’intérieur et l’extérieur sont conducteurs. Électriquement, cette disposition est analogue à un micro-condensateur. Les valeurs absolues des potentiels en jeu sont très faibles, mais l’épaisseur de la membrane est infime, (5 à 10 nanomètres), Les distances diélectriques sont donc très courtes et les champs sont très élevés. Ils sont de l’ordre de vingt mille volts par millimètre, c’est-à-dire vingt fois plus élevés que les tensions d'isolation de l’air sec. En fonction de la répartition des ions de sodium et de potassium de chaque coté de la surface, la membrane isolante subit des claquages qui produisent des étincelles. Il s’agit évidemment de micro-étincelles, à l’échelle microscopique de la cellule, mais elles sont très fréquentes et très nombreuses. On en compte environ cinq cent mille par seconde. Nous n'en avons pas conscience car nous ne les percevons pas, faute d'organes convenables. Cependant, toutes ces micro-étincelles émettent des photons (ainsi que des ondes hertziennes qui pourraient être inconsciemment perceptibles). Si nous pouvions voir l’aspect électrique des corps vivants à l’aide d’organes appropriés, il nous apparaîtrait comme un nuage de myriades tourbillonnantes de brillantes étincelles électriques fugitives. En vérité, mentalement et biologiquement, nous sommes des hommes de lumière.

Il faut consciemment distinguer l'objet créé et le sujet incréé

Il faut bien comprendre tout le sens du mot "création".  Un créateur, ouvrier ou artiste, élabore toujours son œuvre à partir de lui même. Elle est une projection du contenu de sa propre personnalité. C'est une image, ou un reflet,  renvoyant à son auteur. La création n'est donc pas un don amoureux mais la réponse à une pulsion relativement narcissique. Il en va autrement dans l'acte d'engendrer qui produit un être nouveau et autonome, essentiellement différent de son auteur. C'est pourquoi, au fil des âges, l'engendrement est le facteur majeur dans l'évolution des espèces. Il en est de même dans la relation spirituelle à l'autre. Tant que je perçois sa manifestation existentielle en fonction de mon besoin, je le crée spirituellement comme "objet" répondant potentiellement à la satisfaction de mon  désir. Ce n'est pas là un acte d'amour. Mais si je le reconnais comme un compagnon, intégralement autonome, partageant librement un univers commun, je l'engendre en esprit en tant que "sujet" particulier, tout comme une mère engendre un enfant avec son destin propre et personnel. Qu'importe qu'il soit ami ou ennemi, qu'il soit humain ou animal, végétal ou minéral, astre ou particule. Coupé de mon besoin, il nait, hors de moi même, comme "sujet tout autre", tout comme je nais "tout autre", moi-même, de lui, en mon acte de reconnaissance de son altérité. Cette acceptation du partage est d'amour véritable, sans lequel le Monde demeurerait désespérément vide. Pour cette raison, je crois que nous devons penser l'univers comme essentiellement incréé, et donc engendré, tant que nous persistons à prétendre qu'il trouve son origine dans la volonté de partage d'une cause initiale singulière.  

L'homonculus sensoriel de Penfied
Avec ses sens, chaque homme crée son propre univers mental

En notre recherche, nous devons considérer les fonctions des merveilleux organes sensoriels de notre corps. Bâtis sur des extensions de la bouche et de la main, ils sont des instruments de survie, des détecteurs de proies ou de dangers, non pas des moyens de connaissance. Les sens coopérants peuvent être multiples, différant selon la fonction et l’utilité. La sensation naît quand un organe différencie un stimulus particulier dans l’environnement. C'est un signal physiologique engendré par l’excitation de l’appareil considéré. Á partir de ces signaux, le cerveau fabrique des représentations synthétiques du monde, et il présente ces descriptions artificielles au mental  pour imager la réalité. Le percept correspondant est un objet purement mental. Il ne fait pas de véritable référence à la chose réelle qui a émis le signal initial, mais il en signale la présence. Primitivement, le mental traite ces artefacts comme des objets véritables, attrayants ou repoussants, et il les combine avec ses souvenirs pour répondre aux besoins vitaux. En matière de recherche, considérant toutes ces illusions sensorielles et mémorielles comme des choses réelles et crédibles, l’intellect produit des images ou des idées, vraies ou fausses. Il unit ses expériences aux souvenirs du passé pour construire un référentiel artificiel et souverain, centre clos de son propre univers. Le détournement d'usage des informations sensorielles bute sur les limitations initiales d’apparition et de développement des organes. Elles favorisent bien évidemment le comportement vital de l’usager instinctif mais elles constituent des obstacles importants à l’utilisation novatrice et artificielle que nous en faisons pour édifier la connaissance raisonnable.

 

 Les univers mentaux sont multiples parce que l'homme est multiple.

Nous ne savons pas si l'Univers est unique ou multiple, mais le Monde perceptible est multiple puisqu'il n'est qu'un un objet mental.  Le miroir magique du cerveau présente à chacun un reflet de la réalité combinant les signaux sensoriels au souvenir des expériences vécues. En l'humanité, l'Homme est à la fois multiple et différent. La "connaissance" demeure diversifiée et contradictoire, partielle, partiale et temporaire, inégalement répartie entre les chercheurs de cultures diverses, avec autant d'univers mentaux que d'observateurs. L'Homme engagé dans une exploration universelle communiquera difficilement ses découvertes. Selon Jean Charon, l’Univers, entièrement vivant, est constitué de "psychomatière", à la fois matière et esprit. "Nous sommes, au sein d’un Univers immense, vivant et raisonnable. Nous sommes faits d’une partie réelle, entropique, qui se défait à la mort, et d’une autre partie, qui est l’esprit, imaginaire au sens mathématique du terme, de nature "néguentropique", qui donc ne peut pas régresser. Mais il ne faut pas diviser les choses. On est à la fois matière et esprit, comme tout l'univers. C’est inséparable, et c'est cela l’unité.  La mort demeurera un mystère tant qu'on ne saura pas ce qu’est la vie. À la mort du vivant, il subsiste quelque chose qui rayonne à l’échelle du cosmos entier. Nous vivons dans un Univers contemporain. Le passé reste le passé, le futur reste le futur, mais, au présent, nous sommes une partie de cet Univers qui a le même âge que nous". La position de Jean Charon rompt avec la conception du "Big Bang" et pose l'hypothèse d'un univers en perpétuelle création.

 Notre seul échantillon de l'univers véritable est intérieur.

La quête de vérité que nous menons en examinant l'Univers demeure intrinsèquement imparfaite. Nous l'exerçons toujours à partir de nos objets mentaux, ces reflets internes construits par notre cerveau sur la base des données provenant de notre mémoire et de nos sens limités. Cela reste vrai quelles que soient les techniques et les  instruments utilisés pour augmenter la précision de l'examen. En fait, le seul échantillon d'univers dont nous disposons véritablement est notre propre corps, à condition toutefois que nous renoncions à utiliser nos sens pour son exploration. Nous devons donc user d'une forme de conscience plus intime et plus profonde, et renoncer à décrire notre démarche avec des mots, fussent-t-ils mentaux. L'intelligence humaine fractionne logiquement les problèmes pour en résoudre successivement les différents aspects. Nous distinguons ainsi l'être et l'existence, l'inerte et le vivant, le bien et le mal, la vie et la mort, et tant d'autres opposés. C'est pourquoi l'idée d'un Univers globalement vivant, (constitué de psycho-matière par exemple), nous paraît fort étrange. Il apparaît pourtant, même dans l'approche limitée que permet son approche scientifique raisonnée, que c'est l'association de tous ces opposés complémentaires qui  fait fonctionner l'Univers. La pensée ésotérique orientale opère plus facilement la fusion des contraires que l'occidentale, culturellement moins préparée à cette globalisation. Il me semble donc qu'il faille amener la conscience à s'écarter des descriptions analytiques systématiques et des découpages logiques dans l'étude du Monde extérieur, pour qu'elle puisse se consacrer plus efficacement  sur la réalité accessible.

La conscience peut-elle s'étendre au delà de la Terre ?

Cette réorientation de la conscience par un retournement total vers la réalité intérieure parait un temps inopérante.  Lorsque l'on coupe la mécanique cérébrale des perceptions sensorielles et des recours mémoriels, on prive le mental de ses aliments habituels, et l'on trouve un désert temporaire. C'est pourtant un premier aspect de la réalité du Monde qui se révèle. Dans la globalité illimitée, il n'y a rien à distinguer ni à analyser. Tout est dans tout, et chaque être est avec et dans les autres êtres. Les distinctions existent pourtant, mais elles ne séparent pas. Petit à petit, on réalise que l'être, l'existence, l'inerte, le vivant, le bien, le mal, la vie, la mort, et tous les opposés sont constitutifs d'une entité qui réunit l'origine à l'ultime. Nous n'habitons pas la Terre, nous sommes, de par les propriétés particulières de notre humaine et corporelle nature, la vivante conscience de la planète. Nous sommes la preuve évidente de la réalité de la psycho matière et de son unicité. La nature de l'homme est double. Au travers de l'évolution multi millénaire de l'espèce humaine, la vivante psycho matière semble travailler pour organiser et adapter ses multiples mécanismes et  instruments corporels aux contraintes structurelles de l'environnement physique général. Son but final paraît cependant être tout autre, puisqu'il débouche actuellement sur l'apparition  de la conscience dans la biosphère. Chaque atome individuel d'un élément radioactif sait même quand le moment est venu de se désintégrer, et cela sert à régler toutes les horloges du Monde. Nous constatons la présence de cette conscience à différents stades dans le monde animal, mais elle paraît bien plus avancée chez l'Homme.

L'union des opposés est constitutive de l'unicité du Monde

La volonté d'élargissement de la conscience humaine peut déboucher sur bien des étonnements. Seul parmi les êtres de cette Terre, nous disait Hermès Trismégiste, l’Homme est double, image microcosmique du Monde macrocosmique. En lui coopèrent plusieurs formes d’expression de l’Etre. Il y a deux natures dans l'Homme. L’ordinaire est mortelle, c'est l'être de chair que nous connaissons bien. L’originelle immortelle est un être de lumière venu du fond des âges. Il aurait tout mené, tout connu, puis presque tout oublié en tombant amoureux de la matière. C’est pourquoi il en a conservé une réminiscence, une re-connaissance". Dans le cadre d'une recherche autonome, nous devons, bien évidemment, nous garder de tomber dans une approche doctrinale, mais nous pouvons cependant prendre occasionnellement en compte les hypothèses issues de la sagesse antique. Considérons alors que les forces lucifériennes ne sont pas seules à l’œuvre ici-bas. Un second acteur semble être en action, non pas en exerçant une force mais un don. Il déverse aussi sur le Monde une immense puissance qu'il n'impose pas mais qu'il offre. De façon générale, il se présente comme un flot inondant la pensée humaine. Cette autre puissance est reconnue depuis des siècles, dans bien des cultures et sous beaucoup d’appellations différentes. Les hommes manifestent constamment sa perception par une attitude humaniste ou altruiste, et ils ont fondé sur elle la plupart de leurs religions ou de leurs philosophies. Dans notre actuel référentiel culturel occidental, et pour utiliser un langage courant, nous pourrions l’appeler l’élan christique.

 

Aucun mot ne peut les décrire

La religiosité, l’inspiration artistique ou la recherche scientifiques sont des réponses à la perception d’un manque. Elles expriment la nécessité d’assouvir un besoin non satisfait. Cet élan, ces espoirs, (ou ces ressouvenances), d’un état de meilleure satisfaction sont une constante de la nature humaine. Chaque Homme-individu conduit une recherche, une expression, ou une foi, qui correspond à sa propre nature. Dans cette démarche, une source inconnue peut apporter des illuminations ou des flambées fortuites de connaissance concédées aux seuls humains véritablement conscients du mystère de l'être. La nature du désert originel change lorsque le champs de conscience s'étend à l'unicité vivante universelle. Il arrive qu'un jour des clartés soient accordées. Dans cette dimension inconnue du monde, aucun langage ne peut décrire ces dons tant ils sont personnels, au point même qu'ils paraissent devoir être tenus secrets. Peut-être aborde-t-on ici le domaine réservé d'un Tout-autre inconnu, dans l'expérimentation de la réalité de son altérité absolue.  Le contact avec le véritable sacré me semble redoutable. Je vais pourtant essayer de parler un peu de ce qui me fut montré. Un soir, sans préalable, un flot d'énergie immense et effrayant m'a traversé tout l'être. J'ai su que l'évènement ne pouvait perdurer sans que je meure, et il s'est alors retiré sans dommages. Un autre jour, un océan de douceur et d'amour m'a bouleversé au point que je ne voulais plus que m'y anéantir, mais il s'est aussi retiré à temps. Dans un autre moment, j'ai été temporairement libéré de toute ma charge karmique et je ne puis décrire l'extrême liberté de cet état. Bien d'autres personnes ont connu ces clartés toujours différentes.

Une question de maturité spirituelle

On est évidemment ici devant le problème de la grâce, ce don venu d’ailleurs. Que l’on applique ce mot à la pulsion de religiosité, ou à d'autres formes irrésistibles de réponse à des manques, c'est le même problème.  L'impulsion initiale personnelle, quelle soit de connaissance, de recherche  d'harmonie ou de beauté, de connaissance scientifique, d'inquiétude métaphysique, d'inspiration artistique, ou de génie créatif, répond à une proposition, floue parce qu'intuitive, provenant de  l’intelligence universelle. Tous les hommes ne la perçoivent pas de la même façon. Certains individus y répondent par des réalisations artistiques ou scientifiques, tandis que la majorité des hommes, apparemment immatures, restent indifférents. On pourrait même penser qu'ils ne la perçoivent pas parce qu'elle ne leur est pas faite. On trouve cette notion d’élection dans beaucoup de religions. La Gnose antique exprimait déjà cette fracture en partageant l’humanité en deux types d’individus. Quelques-uns étaient appelés à la ressouvenance mais les hommes ordinaires restaient dans l’obscurité de la conscience. La Gnose moderne soutient plutôt l'idée de l'acceptation individuelle d'un appel par ceux qui ont acquis la maturité spirituelle nécessaire.  C'est au cours d'incarnations maturatrices successives, que l'expérience existentielle apporterait à l'être intérieur,  individuel et éternel, la capacité de reconnaitre l'appel de l'Esprit et d'y répondre. La qualité d’un homme richement doté résulterait donc d'un appel extérieur tout autant que sa propre maturité. Cela n’impliquerait donc aucun mérite personnel mais seulement la source d’un devoir de partage avec les autres hommes.

Le vide n’est pas le non-être

Le grand Tout universel demeure mystérieux et inconnaissable. Lorsqu’on l’approche par la raison, on ne trouve que le chaos de la béance originelle. C'est la pensée créatrice qui peuple ce vide. L'Univers est la manifestation d’une pensée surhumaine. Lorsque nous laissons notre propre intelligence rejoindre la grande intelligence universelle, ce vide insondable et sacré s’emplit soudain d’un nombre immense de créatures et de la puissance qui les a créées. "Ce vide n’est pas le non-être, le néant, disait Georges Cahen, c’est au contraire l’être le plus complet qui soit puisqu’il contient l’univers en puissance".  Sous-dieux naissants, engendrés dans ce monde par l’Esprit, les hommes deviennent, peu à peu, adultes et autonomes. Par le pouvoir créateur de la pensée, ils se rendent capables de modeler l’argile plastique du Monde, et tentent évidemment de devenir des Dieux sur la Terre. Mais est-ce bien la véritable vocation de l’Homme ? De par son antiquité et l'étendue généralisée de sa pratique dans les sociétés humaines, la religiosité paraît être une fonction archaïque montant de l’inconscient. Ce niveau est inaccessible aux raisonnements de l’intellect. C’est pourquoi, lorsque nous travaillons à construire notre dimension spirituelle, nous devons y intégrer consciemment ce fondement primordial. Certaines écoles ésotériques disent que l’Esprit est entré dans l’Homme par l’animal, et qu’il atteint seulement maintenant sa conscience. C’est cette prise de conscience de l’involution de l’Esprit, de sa descente dans la matière, dans la nature inconsciente, puis de sa lente remontée dans la conscience humaine, qui est appelée  "Incarnation de l’Esprit".

L'émergence de la conscience

Si on l’admet, il faut aussi accepter que la construction de l’Homme par l’évolution, y compris l’émergence de sa conscience, résulte de la réalisation d’un plan antérieur, étranger et extérieur, lequel atteindrait maintenant le point où ce facteur doit être activé. Cela signifierait que l’existence humaine a une cause intelligente et active qui lui a fixé un but au début des temps et de la vie, bien avant qu’apparaissent la corporéité et le conscient.  La prise de conscience qu’un plan surnaturel puisse nous impliquer en tant qu’opérateur, ou sujet actif, prend ici une signification presque brutale. Ce choc résulte du contact inattendu avec cette altérité inconnue qu’il est convenu d’appeler le sacré. Dans la tradition hébraïque, le Livre du Zohar décrit les multiples précautions que le Dieu hébraïque a pris en descendant au niveau de la matière pour accomplir sa création. Au-delà des descriptions théoriques, conceptuelles et imagées des littérateurs, demeure l'idée d'un danger, celui du contact effectif avec le Tout-autre inconnu, et surtout de la perception expérimentale de la réalité de cette altérité absolue. Le contact avec le véritable sacré nécessite de la prudence dans l'approche. Alors, au chercheur inquiet, quêtant toujours éperdument en ce bas monde la vérité et la connaissance, la chaleur et l’amour, la lumière et le sens de la vie, il convient peut-être de rappeler maintenant l’antique message laissé dans le temple de Saïs par la fille d’Atoum, le dieu solaire primordial et créateur, (à la fois Tout et Rien, Être et Non-être), afin de lui redire les lumineuses paroles de l’aimable déesse, image symbolique et éternelle de la Grande Mère de tous les vivants.

Le fruit que j’ai engendré, disait Isis, est le Soleil !

 

Le fruit que j'ai engendré, disait Isis, est le Soleil !

 

 

Á l'origine, la Vie a engendré les esprits vierges et immortels et leur a donné l'Univers comme champs de connaissance. Mais le Temps limitait leur capacité d'évolution. La vie a alors inventé la mort, c'est a dire qu'elle a donné à chaque Esprit une certaine quantité de mortalité pour expérimenter les divers aspects de la matière. Lorsque cette mortalité est épuisée, les Esprits retournent à l'immortalité avec la Connaissance acquise. 

 

Commentaires.


 

Le Ciel, la Vie, le Feu, ouvrage de l'auteur - (extrait du chapitre 9)

La reconnaissance de la présence d'une altérité immortelle, engendrée par l'esprit, dans le corps de chair mortelle, issu de la psycho matière terrestre, a des conséquences importantes. La nature intime du chercheur en est manifestement changée. Cette rencontre revêt un caractère sacramentel. Il ne s'agit plus d'une orientation de la conscience mais d'un état de fait. Dans cette situation, le chercheur devient un temple vivant car sa conscience admet que son corps biologique renferme une entité spirituelle sacrée. Reste à savoir ce qu'il en fera. Pour moi, je voudrais inviter les chercheurs conscients qui lisent ces lignes à réunir leurs pensées nouvelles dans l'élévation d'un temple mental collectif. Un temple est un lieu de rencontre. Ses bâtisseurs le veulent toujours grandiose et magnifique. Je voudrais que l'on fonde celui-ci sur les innombrables démarches humaines visant à rencontrer cet absolu qui nous manque, cet Esprit ou cette Connaissance que nous cherchons. Osiris, Ba’al, Dionysos, Krisna, Jésus, et tant d’autres mythes, racontent la même aventure. C’est toujours l’histoire d’un dieu, fils de dieu, trahi et mis à mort, et qui, cependant, ressuscite un jour et rejoint un royaume qui n’est pas de ce monde. Avec le recul nécessaire, nous entendons l’éternelle histoire de la chute d’Adam qui, racheté par la grâce, regagnera un jour le royaume originel. Nous mettrons donc sur le même plan toutes ces faibles images décrivant le cheminement vers la réalité absolue, et nous y reconnaitrons la représentation de cet esprit immortel emprisonné dans notre prison corporelle.

Nous sommes déjà des Bouddhas.
Parler d’atteindre quoique ce soit est une profanation,
et, logiquement, une tautologie. (D.T. Suzuki).

Sur l’argile de notre corporéité, nous assemblerons toutes les sciences, convictions, religions, expressions et philosophies humaines. Elles constitueront un immense pavement dont chaque dalle rayonnera la lumière d’une révélation particulière. Chacun se tiendra sur celle qui lui convient, et tous ces pavés lumineux seront également joints par les qualités d’âme des chercheurs authentiques et sincères, celles des fidèles de toutes les églises, les souffrances de leurs martyrs et les extases de leurs saints. Au dessus, se tendra le sombre ciel originel de tous les mystères, étoilé de toutes les révélations passées et à venir. Alentour s’étendra l’insondable océan de tous les possibles, et notre construction sans murs sera ouverte sur l’infini. Nous nous y tiendrons sans aucun rite ni sacrifice, car il y a déjà eu tellement de sang versé, tant d’horreurs commises, tant d’êtres immolés, torturés, mutilés ou humiliés, au nom de toutes les idées, offerts en vain à toutes les idoles des hommes, dans tous les temps du monde. Éclairés par l’Esprit, nous voudrions nous tenir sur le pavé du temple comme des piliers lumineux reliant la terre au ciel. Hélas, notre noir héritage karmique nous barre encore le chemin, et nous restons simplement des êtres étonnants, petits singes christophores, enclouant l’un à l’autre Lucifer et Satan ! Petits simiens clairvoyants, toujours chargés d’ancestrales caractéristiques animales, nous portons intimement la conscience d’un important travail à faire.

Nous avons à rallumer dans notre âme le soleil spirituel originel.

En vérité, pour pouvoir nous poser en hommes véritables, et libres maçons, nous devons comprendre ce qu’est notre vieil être intime et briser sa cristallisation. Nous devons transformer à la fois notre humaine et simiesque nature et l’image intérieure que nous avons fabriquée de nous-mêmes. Dans cette attitude, nous retrouvons l’image traditionnelle des Rose-Croix, celle de l’Homme écartelé entre la Chair et l’Esprit, cette Croix d’épine symbolique sur laquelle il convient de faire fleurir la Rose d'Or de la Connaissance. Et donc, amis, réunis en ce lieu partagé, ouvert dans notre mental, nous élèverons nos âmes particulières vers l’image de la Totalité telle que nous l’avons construite, chacun dans sa pensée personnelle. Dans notre temple universel, nous ne nous poserons pas en juges mais en simples témoins de l’inquiétude et de la souffrance humaine. Revêtus de la dignité de la conscience, nous tenant debout, non pas dressés à l’assaut des mystères du Ciel mais tournés par l’Esprit vers les réalités temporelles de la Terre, nous ouvrirons nos cœurs à la pluie de savoir, de sagesse et d’amour qui nous est personnellement et mystérieusement consentie, par grâce. Nous la recevrons dans notre être total, corps de chair, âme de feu, esprit de lumière, et, tous ensemble, comme les derviches d’Orient, nous étendrons les mains  sur nos frères les hommes, partout dans le Monde, et nous répandrons sur eux ce don..., éperdument !

L'Univers et le Zoran (extrait du chapitre 9)

(L'Univers et le Zoran - Ouvrage de l'auteur - extrait du chapitre " Cela s'appelle l'aurore")

A l'origine de toute chose et de toute pensée, nous pouvons croire qu'il y a une source extrêmement mystérieuse, qui nous tire vers elle. Elle est tout et le contraire de tout, la chose créée et le vide créateur, le hasard et la nécessité, le temps qui court et l'éternité. 

C'est cet  appel d’éternité que nous appelons Dieu.

Puisque nous postulons qu'il est l'origine universelle, la source de toutes les choses crées et l’état d’en dehors la création, il en résulte qu'il est à la fois, (comme le disait la foi hébraïque), toute chose et son contraire. Il ne peut donc être ni perçu, ni compris, ni décrit, ni représenté, ni limité, ni illimité dans ses attributs. Il est sans nom et sans visage. Il est le lieu de toutes les potentialités, la somme de tous les archétypes dans l’essentiel, et la somme de leurs compléments manifestés dans l’existentiel, comme le conçoivent aussi les philosophes modernes, et nous ne pouvons prétendre le définir et le représenter d'aucune façon. Au cœur du Zoran inexpérimentable, il est à la fois l'origine du bien et celle du mal, la parfaite perfection et l'imperfection ou l’incomplétude fondamentale puisque nous n’en savons pratiquement rien. Nous sommes parfaitement incapables de nous représenter intérieurement cette immense potentialité dont nous sommes un fragment infime, mais nous désirons cependant pouvoir en parler. Il nous faut un mot, et nous allons donc lui donner un nom. Ce faisant, nous en construisons une image mentale. Celle-ci est artificielle et vide puisqu’elle est sans contenu véritable. Nous sommes du mauvais coté du vieux miroir trompeur des mots, mais nous ne savons pas faire autrement puisque nous, petits hommes, ne pouvons pas raisonner sans ce mot nécessaire.

Nous appelons ce vide mystérieux le Père divin.

 Ayant ainsi ordonné intellectuellement nos pensées par la conception d’une cause première, nous poursuivons généralement cette construction mentale en imaginant un facteur second qui transforme cette immense potentialité indéfinie en une réalité effectivement créée. Ce facteur second ne nous paraît pas statique comme le Père, mais dynamique, agissant, et nous voyons en lui l’auteur éclairé de toutes choses, la source de la vie, le planificateur et le grand architecte de l’univers. Nous sommes encore ici piégés par notre nature. Il faut bien admettre que l’exécution du plan de la manifestation divine ne fonctionne certainement pas comme le déroulement d’un projet conçu par les facultés raisonnables mais limitées d’un cerveau humain. Partant de nos observations et de nos méditations, nous avons préalablement imaginé une source originelle statique, indéterminée et potentiellement illimitée. Par conséquent, dans la poursuite de notre conception logique et humaine de l’acteur créateur, cette immense potentialité se manifeste avec des caractéristiques analogues, également indéterminées et illimitées, mais ici dynamiques, comme un immense fleuve de puissance ou de dons se déversant, ou circulant tel un ouroboros, dans le champ de la réalité créée.  

Nous appelons Verbe de Dieu  cette puissance sans bornes. 

Autant que nous puissions en connaître, cette puissance s’exprime d’abord en donnant l’existence à notre univers chaotique, éventuellement fractal, sans liens préalables de causalité avec quoi que ce soit. Elle semble provoquer l’émergence des structures de la matière, à partir de la cause première, par l’action de moyens ou facteurs inconnus. L’un de ces moyens nous paraît être la rencontre hasardeuse des facteurs accidentellement mis en présence. Cette structuration émergeante de la matière ne permet cependant pas de présupposer l’existence d’un modèle préalable ou d’un référentiel quelconque pour en expliquer la genèse. Les forces structurantes inconnues, (dont le hasard et le chaos), engendrent des structures conformes aux lois de leurs propres natures, lesquelles nous restent également très mal connues. Occasionnellement, ces structures émergées du néant, inertes ou vivantes, peuvent être temporairement stables, et constituer ainsi un élément de l’univers indéfiniment variable dans lequel nous vivons. Nous ne pouvons concevoir aucun antécédent à l’origine universelle et nous habillons alors notre totale ignorance de l’appellation de Néant. Nous dirons donc comme Maître Eckhart.     

Les créatures sont faites de pur néant.

L’afflux de grâce est une tout autre puissance qui transforme la nature des êtres qu’elle touche comme le feu modifie profondément ce qu’il consume. Elle n’est pas imposée mais proposée. Elle est différente, non pas asservissante mais libératrice. Elle n’ouvre plus vers l’involution, vers la descente forcée de l’esprit dans la matière, mais elle est une puissance gratuite d’évolution favorisant une nouvelle émergence, la réapparition de l’esprit se libérant de l’emprise de la matière. Elle élabore d’autres propriétés, caractérisant un autre aspect, immatériel, du Monde, à l’aide d’autres façons encore plus mal connues, dont la conscience éclairée, la volonté, la compassion, l’annihilation de l’ego, la liberté, l’ouverture à l’intelligence universelle, la compréhension et l’amour des autres. Depuis bien des siècles, en bien des lieux et bien des cultures, cette autre puissance est reconnue sous beaucoup de noms différents. Dans notre référentiel culturel chrétien occidental actuel, nous l’appellerons ici l’élan christique.

Le premier fondement primordial de toutes choses est l’esprit.
Et le second, émané du premier, de l’esprit, est le chaos.
Mais le troisième, formé par les deux, est l’âme.
Elle ressemble à une créature sauvage, persécutée sur terre par la mort, qui exerce sur elle sa puissance.
( Hippolyte de Rome).

Les cercles de chercheurs ésotériques et les écoles des mystères nous enseignent que l’Homme répond à l’appel de l’élan christique de deux façons, à savoir, d’une part par le rejet conscient de la stagnation dans l’animalité, d’autre part par la volonté ferme et délibérée d’accomplir l’action nécessaire pour en sortir. Les alchimistes du Moyen-âge travaillaient longtemps devant leurs cornues avant de comprendre que la transmutation du plomb vil en or pur n’était qu’une figure de la nécessaire transformation de leur propre personne. Comme l’alchimiste, celui qui est touché par l’appel et en prend conscience peut engager un processus qui va modifier sa nature existentielle, faisant apparaître une caractéristique différente. Il devient alors un facteur émergent nouveau influençant différemment la structure globale du Zoran, dans son aspect essentiel et non plus existentiel. Cet acte modificateur ressemble à un  acte créateur. L’Homme n’est plus seulement un fils naturel de Dieu, créature face à la Déité créatrice. Véritable Personne, il s’en rapproche librement. C’est probablement en ce sens qu’il faut comprendre les paroles Bibliques, Vous êtes des Dieux, et Evangéliques, J’ai dit. Vous êtes des dieux. (Jean 10.34)

La séparation consciente, volontaire et libre, d’avec la manifestation existentielle de l'œuvre créatrice divine, fait apparaître une nouvelle émergence dans un Monde différent, celui de l’Essence. Comme la Matière, l’Esprit est un visage de manifestation dans la création divine. Rien n’interdit d’ailleurs d’imaginer que d’autres visages inconnaissables soient manifestés au sein du Zoran. Le Verbe créateur, pur concept mental humain, nous paraît primitivement manifesté par l’action des forces lucifériennes dans l’existence matérielle, l’immense univers galactique, la nature exubérante, la vie biologique jaillissant du chaos. Le même Verbe créateur semble également et simultanément manifesté par le flux brûlant de la grâce christique dans l’essence spirituelle, l’intelligence cosmique, l’acte  libre et volontaire, la surrection de la vie de l’Esprit jaillissant de la conscience. L’Esprit est également un pur concept humain décrivant un autre état permanent de la manifestation divine, qui devient maintenant accessible à l’Homme, en tant que résultat intrinsèque d’un acte d’adhésion à l’attouchement, réfléchi, accompli librement, volontairement  et consciemment. C’est une réponse qui est donc sacramentelle à l’appel éternel de l’élan Christique. 

En ce qui concerne l’Homme et son destin terrestre, il semble en être arrivé au point suivant. Par un choix effectué grâce à la conscience autonome, accepté et exercé librement dans un acte volontaire et juste, il peut se libérer des servitudes liées au passé, et liquider ses charges karmiques. L'observateur mental qui rejette le poids dorénavant insupportable du Monde, c'est la conscience. L’acteur autonome qui brise volontairement les obligations existentielles, c’est la volonté. Leur conjonction volontaire dans l’Homme renouvelé fait apparaître la nouvelle manifestation du Verbe que nous appelons l’Esprit. Lorsque la séparation d’avec la nature de l’Homme-animal est décidée, le bien et le mal deviennent des notions terrestres accessoires, d’importance très secondaire quand elles sont considérées avec le niveau de recul essentiel où se situe la vision spirituelle. Ce sont des appréciations morales existentielles, héritées de l’action éclairante mais primitive des forces lucifériennes ouvrant enfin dans la créature animale les yeux de la conscience et de la raison. La confrontation entre le bien et le mal se déroule dans le Monde du Démiurge, et le champ de bataille c’est l’Homme.  

Nous pouvons devenir des Christs.

Le feu de l’afflux de grâce allume un autre éclairage et remise les notions de lois et de péchés dans les placards du mental humain contrôlé par l’ego, jusqu’à ce que cet ego même abandonne ses illusions d’immortalité et cède la place à l’Homme éternel. Rappelez-vous l’étroitesse du Moi, crispé dans ses apriori, ses préconçus, ses convictions tirées du passé et ses certitudes issues d’un excès d’ignorance. Souvenez-vous du tout petit homme dressé devant la mystérieuse immensité impénétrable du Zoran. Son attitude provoque la séparation dialectique de l’Unité et du Multiple, du Tout et du Moi, ainsi que les affrontements du jugement. Il faut admettre que la raison humaine, fragmentaire par nature, ne maîtrisera jamais l’immensité et la complexité du Monde et il faut renoncer aux tentations intellectuelles de la magnification de la Personne. Il faut accepter les enseignements donnés par l’intuition, les révélations de l’Intelligence Universelle, et laisser venir la compréhension intérieure. Il faut croire en la manifestation spirituelle nouvelle, à la toute puissance de la Vie, et s’ouvrir à la participation de la créature à la création.

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