Les Hermétistes et l'Alchimie

Au début de l'ère,
l'Hermétisme concurrençait aussi la Gnose. Ultérieurement, les deux
courants se sont rapprochés. Au commencement,
nous dit un texte attribué à Hermès Trismégiste, il y eut
Dieu et Hylé (la matière). Le Souffle, (l'Esprit), était dans la
matière mais pas de la même façon (...) qu'étaient en Dieu
les principes dont le Monde a tiré son origine. (...) Dieu qui est
toujours, Dieu éternel, ne peut être engendré, ni n'a pu l'être.
Telle est donc la nature de Dieu, qui toute entière est issue
d'elle même. (...). Quant à Hylé, (la nature matérielle), et au
Souffle de Vie, bien qu'ils soient manifestement inengendrés, ils ont en
eux le pouvoir et la faculté naturelle de naître et d'engendrer.
(...). Voici donc en quoi se résume toute la qualité de Hylé (la
matière), elle est capable d'engendrer bien qu'elle soit elle-même
inengendrée. Or, s'il est de sa nature d'être
capable d'enfanter, il en résulte qu'elle est tout aussi
capable d'enfanter le Mal.
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Hermès Trismégiste

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Or le
Noûs, étant Vie et Lumière, engendra un Homme semblable à lui
et s'en s'éprit comme de son propre enfant. Car l'Homme était
très beau, à l'image du Père, et le Noûs lui livra toutes ses
oeuvres. Et cet Homme nouveau qui avait plein pouvoir sur le
monde des animaux mortels et sans raison, se pencha au travers
de l'armature des sphères, et fit montre à l'autre Nature d'en
bas, de la belle forme de Dieu. La Nature sourit d'amour car
elle avait vu les traits de cette forme merveilleusement belle
se refléter dans l'eau. Et lui, ayant perçu cette forme
semblable, en bas, dans la nature, et reflétée dans l'eau, il
l'aima et voulut habiter là. Ce qu'il voulut, il l'accomplit
et s'en vint habiter la forme irresponsable. Ayant reçu en
elle son aimé, la Nature l'enlaça toute et ils s'unirent car
ils brûlaient tous deux d'amour. C'est pourquoi, seul de tous
les êtres, l'Homme est double, mortel de par le corps, mais
toujours immortel de par l'Homme essentiel. |
Alchimistes au travail
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De nature divine, engendré non
pas créé, l'homme originel est et demeure immortel même après la
chute, quelle que soit ce qu'on imagine, orgueil ou narcissisme. Il peut
cependant retrouver ses pouvoirs
perdus dans la vie naturelle
s'il accepte la
transfiguration du corruptible en incorruptible, symbolisée par la
transmutation alchimique du plomb vil en
or pur. C'est cette possible transformation que découvraient les
disciples d'Hermès,
non pas dans les cornues
des anciens Alchimistes mais en eux-mêmes,
dans l'inlassable poursuite de la pierre philosophale. Celle-ci
n'opérait qu'en présence d'un peu d'or, symbole de la présence
occulte de l'Esprit divin,
préalable nécessaire à la transmutation. Par amour,
nous disaient ces ésotéristes,
la Divinité descend
sacramentellement depuis
l'Esprit pur vers chaque homme, en revêtant la matière. Et, par
amour aussi, l'Homme s'élève depuis sa corporéité vers Dieu, en
libérant son propre Esprit.
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Théodose
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Mais, en l'an
390, un édit de l'empereur Théodose interdit la
philosophie et tous les anciens cultes dans tout l'empire
romain occidental. Le Christianisme, religion d'état, devint
obligatoire sous peine de mort, et les martyrs se firent bourreaux.
Hélas, avec la
civilisation chrétienne et pour plus de mille ans, le
fanatisme s'installa. Il détruisit
les bases de l'ancienne civilisation
et
la ville de Rome fut dépeuplée. Puis l'empire
oriental fut conquis par l'Islam. Les guerres des religions firent
des millions de morts. Plus tard, la civilisation méso-américaine
disparut à son tour. Car le fanatisme ne produit que la douleur et les cris,
gémissements de désespoir dans les prisons, ou
hurlements dans les tortures et l'agonie des
supplices. Née dans une tyrannie oubliée, cette civilisation est
maintenant la nôtre. Nous espérions toute cette barbarie révolue, mais
l'intégrisme religieux renaît, manifestant de nouveau sa violence
dans le sang et les larmes.
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La tolérance commence par le doute
en la vérité de nos propres certitudes

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