Arts et Sciences, Hommes et Dieux
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( Mise à jour de juillet 2017 )
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  Petit Manuel d’Humanité

CAHIER 23 - Zoroastre et les Pârsîs.

MANUSCRIT
ORIGINAL


 
N° 00035434
Tous droits
réservés

 

Table des Matières interactive.

Introduction.
Le Mazdéisme et Zoroastre.
Ormazd et Ahriman.
Le Parsisme et les rites.
Influence du Mithraïsme.

Les Tours du Silence.
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Zoroastre, les Guèbres et les Pârsîs.

Introduction

 

 

Les Pârsîs, ou Farsis, sont les héritiers spirituels des fidèles de Zoroastre qui émigrèrent d'Iran vers les provinces du nord-ouest de l'Inde au 8ème siècle. Persécutés par les musulmans, ils ne pouvaient plus pratiquer leur culte. La plupart des Perses se convertirent à l'Islam mais le culte zoroastrien persista chez les Guèbres, au centre du plateau iranien, à Yazd et Kerman. Cependant, de nombreux Persans s'installèrent en Inde, tout particulièrement à Bombay (Mumbai). Ils contribuèrent à développer la ville qui devint leur centre religieux. Ces Persans y furent appelés Pârsîs. Il existe d'autres petites communautés parsi aux États Unis et dans le monde anglo-saxon. Leur population décroît cependant régulièrement partout car les Pârsîs refusent les conversions et pratiquent un mariage obligatoire strictement endogamique. Les hommes ont du jadis porter la mitre et les femmes drapent encore le sari sur l'épaule gauche.

L’Iran antique du second millénaire avant J.C était pastoral, culturellement beaucoup plus proche de l’Inde que de la Mésopotamie urbanisée. Vers ~700, l'Ayryana Vaejö, l'Iran actuel, fut envahie par des peuples indo-européens nomades ou semi-nomades, les Parsu, apparentés aux Scythes. Les Indo-ariens apportent le sanscrit,  une cosmogonie différente et une nouvelle vision du Monde. L’histoire de la Parsua bascule alors et sa philosophie aussi. Elles seront ensuite marquées par la figure de Zoroastre, Zartust ou Zarathustra, qui semble avoir vécu en Afghanistan avant la formation de l’empire achéménide. L’Iran pré-achéménide connaissait un vaste panthéon composite inspiré par la proximité sumérienne, les traditions des Scythes et des Mèdes, et l’influence du dualisme indien, (Varuna et Mithra). On y trouvait alors un conflit latent entre les deva, du jour et du ciel, et les asura, de l’enfer et de la nuit.

La doctrine de Zoroastre détruit l'antique construction naturaliste assez hétéroclite. Elle coupe radicalement l’univers en deux sur le plan métaphysique, tout en réunissant synthétiquement ses parties dans Ahura Māzdā, l’unique créateur,  le Boeuf, ou le Seigneur Sage. Il a engendré un Esprit double qui se manifeste sous deux formes jumelles librement choisies, Asa le lumineux, la Justesse, (ou Justice, ou Vérité), et Druj l’obscur, l’Erreur, (ou Mensonge, ou Tromperie). Ils deviendront ultérieurement les jumeaux Ohrmazd et Ahriman, la lumière d’en haut et les ténèbres d’en bas. Dans le dualisme iranien naissant, on distingue déjà radicalement les bons, les "asavan", et les méchants, les "dregvan". L’homme bon doit donc travailler à la reconstruction de son unité originelle pour retourner dans l’unique Ahura Māzdā. Le culte comporte aussi d'étonnantes pratiques funéraires très particulières que l'exposé tentera d'expliquer.

 

Un Temple du Feu

 

Le Mazdéisme et Zoroastre
 
 

Le zoroastrisme doit être comparé avec la religion indienne pour en comprendre la genèse. Ces deux religions avaient un Dieu Soleil originel commun, Mitra pour les Indiens et Mithra pour les Iraniens. Le Mitra originel indien a ensuite éclaté en trois dieux, Mitra, Aryaman et Varuna. Le dieu solaire iranien a gardé son unité. Il était le fils d'Ahura Māzdā qui semble avoir été originellement un dieu cosmique. Mithra était alors étroitement apparenté au Soleil et, dans la Perse antique, il était vénéré tout autant qu'Ahura Mazdā. Les Zoroastriens ont substitué le culte d'Ahura Māzdā en tant qu'Être Suprême à celui de Mithra, le Dieu Souverain. Pour cela leur religion est appelée "Mazdéisme". Zartust ou Zarathustra ou Zoroastre semble avoir vécu en Afghanistan avant la formation de l’empire achéménide. Dans les Gātā, des hymnes sacrés qu'il aurait composés, il apparaît comme un prêtre rénovateur inspiré par Ahura Māzdā.

Dans la religion mazdéenne, l'origine des entités rivales, Ohrmazd, (Ahura Mazda),et Ahriman, (Angra Mainyu), est passée sous silence. L’homme est un enjeu dans leur duel éternel. Pour vaincre définitivement Ahriman, la Ténèbre d’en bas, Ohrmazd, la Lumière d’en haut, crée le monde terrestre dans le temps et l’espace. Dans son essence, cette création est spirituelle. La matière n’est qu’un état second. Après la création des Bienfaisants immortels, le monde matériel est créé en six périodes ou saisons, le Ciel, l’Eau, la Terre, les Plantes, le Boeuf premier-né, et le premier Homme Gayömart. La Fravasis de chaque homme, c'est à dire son âme spirituelle, peut choisir de demeurer éternellement à l’état spirituel ou de s’incarner pour participer au combat. A chaque acte créateur d’Ohrmazd correspond une création opposée d’Ahriman avec laquelle il attaque toute la création et la dégrade. Et c’est ainsi que l’homme devient mortel.

Les prêtres mazdéens les "mōgh", étaient les Mages

Zarathushtra postule qu'Ahura Māzdā est immortel par essence, le seul dieu du Bien, l'incarnation de la Lumière, de la Vie et de la Vérité. Il condamne les anciennes pratiques telles le culte du Haoma, (le suc d'ephédra qu'on retrouve dans le Soma indien),  ou le sacrifice du Taureau, animal réputé sacré, et tous les autres sacrifices sanglants. Le Feu devient simplement un symbole concret de la Lumière divine. Il n'est plus divinisé mais vénéré comme l'aspect éminent d'Ahura Māzdā. La voie que prêche Zoroastre est celle de l’adhésion à la Justesse et à la Vérité, manifestée en pensées, en paroles, et en actes. En choisissant la Justesse, on refuse l’Erreur. A la Bonne pensée s’oppose la Mauvaise, à l’Esprit Saint s’oppose le Destructeur, et ainsi de suite. L’existence actuelle est régie par des couples opposés d’entités qui se sont substitués à l'harmonieuse hiérarchie divine originelle qu'il faut continûment s'attacher à restaurer.

Une fleur d'éphédra dont le suc fournissait le "haoma" iranien et le "soma" indien
( Il s'agit d'une variété voisine )

Le destin complet du monde s’accomplit en quatre périodes de trois mille ans chacune, soit douze millénaires au total. La première période, celle de Zartust (Zarathustra), commence avec l’histoire telle que que nous la connaissons. La seconde est celle d’Usetar, son premier fils. Elle finira par l’hiver de Malkus, un mythe analogue à celui du déluge. La période suivante est celle d’Usetarmah, second fils. Elle se terminera en catastrophe. La dernière période, celle de Sösyans, troisième fils, sera celle du sauvetage des hommes et de leur retour aux origines. Zartust (Zoroastre) réapparaîtra comme le sauveur du genre humain. Gayomart ressuscitera le premier suivi de tous les autres hommes qui seront jugés par Isatvastar, un fils de Zartust. Ils subiront éternellement sur eux-mêmes toutes les conséquences de leurs actes. Ce sera le début du règne d'Ahura Māzdā, tandis qu’Ahriman, vaincu, retournera éternellement dans sa Ténèbre.

 

ZOROASTRE

 

Ormazd et Ahriman

 

 

Au sommet du panthéon zoroastrien décrit dans les Gāthā, on trouve donc Ahura Māzdā, l'Être Suprême. Il est manifesté par deux formes jumelles et opposées, Spenta Mainyu, Ohrmazd, l'Esprit Bénéfique, (ultérieurement identifié à Ahura Māzdā), et Angra Mainyu, Ahriman, l'Esprit Mauvais, incarnation du mal, des ténèbres et de la mort. Spenta Mainyu est accompagné de six groupes de créatures divines, les Amesha Spenta, (Bienfaisants Immortels), ou yazata, qui sont Vohu Manō, (la Bonne Pensée), Asha Vahishta, (la Meilleure Rectitude), Xshathra Varya, (l'Empire Désirable), Spenta Armaiti, (la Pensée Parfaite), Haurvatāt, (l'Intégrité), Ameretāt, (la Non-Mort). Pour sa part, Angra Mainyu est aidé par des démons faux et malfaisants, les daēva, dont le nom évoque les antiques dieux indo-européens, les deva du Rig-Veda et du monde indien où ils ont conservé tous leurs caractères de déités bienfaisantes.

Dans la pensée de Zoroastre, on voit déjà apparaître la structure doctrinale qui prépare le Manichéisme tout autant que le récit du combat de l'Apocalypse, dans la plaine d'Armageddon. Ohrmazd est assisté des Bienfaisants Immortels qui deviendront les Anges et les Archanges du Bien et de la Lumière. Ahriman, le prince infernal des démons, est le modèle des Satan, Lucifer ou Belzébuth du futur. Après la mort, les âmes attendent trois jours près du corps défunt, puis elles vont vers le jugement rendu par Mithra, Sraosha et Rashnou, guidées par une femme symbolisant leur conscience. Elles franchissent le pont Cinvat reliant la Terre au Ciel. Il est large voie pour les âmes justes qui accèdent à la Maison des Chants. Il est étroit comme la lame d'un sabre pour les méchantes âmes jetées pour mille ans dans l'abîme.  Et toutes attendent en ces lieux la victoire finale d'Ahura Māzdā pour accéder au Paradis. 

Les prêtres mazdéens traditionnels, les Mages, n'ont pas accepté facilement le zoroastrisme. Ils ont voulu l'influencer à leur avantage. Depuis des siècles, ils formaient une caste héréditaire aux fonctions bien établies. Naturellement, ces mages conservateurs constituent le clergé de la nouvelle religion. Ils refusent la réforme en maintenant les sacrifices d'animaux et la consommation euphorisante du "haoma" sacré. Ils font réapparaître les cultes d'anciens dieux comme celui d'Anâhita, déesse de l'eau, et surtout celui de Mithra, dieu solaire et guerrier qui présidait aux sacrifices de taureaux et aux rites du "haoma". Transporté ultérieurement hors de la Perse, le culte de Mithra devint une religion monothéiste initiatique et austère, fort populaire parmi les soldats. Son symbole  était le Soleil, brillant et invincible. Appelé à Rome, le Sol invictus, le Mithriacisme faillit y évincer le Christianisme débutant.   

Comme dans bien des religions issues de l'antiquité, une caste sacerdotale héréditaire est aujourd'hui chargée de la célébration des cultes et rituels. Cette hiérarchie complexe est placée sous l'autorité du zarathushtrotema, un chef religieux. Originellement, il n'était soumis qu'au roi. Le grand prêtre est l'invocateur, le zoatar. Il célèbre collectivement l'office avec sept autres officiants. Les prêtres, les athravan, sont issus de familles déterminées. Le feu sacré est le symbole d'Ormazd, dieu de la Lumière. Abrité dans un vase de bronze posé sur une pierre, il doit brûler constamment dans les temples. Dans certains lieux, il brûlerait depuis plus de mille ans. Cinq fois par jour, le prêtre entre dans l'adarân, la chambre du feu. Il y célèbre un rite spécifique et récite des passages de l'Avesta. Pour que son haleine ne souille pas la flamme, le bas de son visage est masquée d'une étoffe blanche (paitidana).

 

DANS LE TEMPLE DU FEU DE YADZ EN IRAN

Le Parsisme et les rites

 

 

Depuis l'islamisation de l'Iran, le zoroastrisme s'est diffusé en Inde où il maintenant connu sous l'appellation de parsisme. Ses fidèles sont des Pârsîs ou Farsis.  Quoique peu nombreux, ils occupent souvent des positions éminentes dans la société, surtout à Bombay. Le parsisme comporte des obligations éthiques personnelles et des rites sociaux qui concernent la vie de la collectivité. Chaque Parsi, homme ou femme, doit choisir entre le bien et le mal, en aidant au développement de la création positive d'Ormazd et en luttant contre l'oeuvre d'Ahriman. Il a un devoir absolu de pureté dans la pensée, la parole et l'action. Son engagement est marqué par le port d'une tunique blanche, le sudreh, et d'une ceinture de laine, le kûshi, qu'il reçoit lors de la cérémonie d'initiation appelée naojote, au plus tard à 15 ans. En principe, il ne peut quitter sa tunique salie ou usagée que pour en changer (avec les prières et rituels appropriés).  

La naissance ne paraît marquée par aucun rite particulier, mais l'enfant peut être présenté au temple lorsqu'il a un an pour être béni par le prêtre et marqué au front avec de la cendre du Feu sacré. Le mariage est obligatoire et la stérilité est une malédiction. Certains rites anciens peuvent être repris comme le bain de la mariée. En principe, les Parsis ne se marient qu'entre eux. Dans la Perse antique,  il était absolument interdit d'épouser un infidèle. Leur seul contact reste une source de souillures. Si l'on a mangé de la nourriture étrangère ou  si l'on a voyagé, il est faut effectuer des rites purificateurs. La transgression des valeurs traditionnelles est un péché qui doit être confessé à un prêtre et puni. Certains péchés ne peuvent être rachetés ni dans ce monde ni au delà, notamment la contamination de la terre, de l'eau, du feu ou de l'air, y compris par l'ensevelissement ou la crémation des défunts.

Le Temple du Feu de Yazd

Le zoroastrisme issu de l'antique religion indo-iranienne n'est pas monothéiste même si les divers dieux sont conçus comme des expressions d'Ahura Māzdā, le Seigneur Sage. Les quatre éléments ont ainsi conservé une grande part de leurs caractères divins originels. Au delà du sacré, ils sont perçus sur divers plans ésotériques complexes. Il y a trois sortes de feux rituels, cinq sortes de feux de la nature, et même une acception particulière du feu qui manifesterait la nature ardente du fluide vital, mâle et solaire, fondamental. C'est aussi par le Feu divin que les offrandes parviennent à l'Être Suprême. Avant Zoroastre, il s'agissait de sacrifices d'animaux dont une partie était brûlée, le reste étant consommé par les fidèles.  En ces temps, on sacrifiait un boeuf, plus souvent un mouton (qu'on appelait boeuf sacré). Et c'est face au Feu ardent sacré que l'on pratique maintenant le sacrifice salvateur du Haoma.

Le Haoma en Iran, appelé Soma en Inde, est extrait de la plante Ephedra, (Ephèdre, ou Raisin de mer). Cet arbuste à fleurs jaunes et baies rouges contient naturellement des alcaloïdes dont l'adrénaline et l'éphédrine. La médecine chinoise l'utilise encore aujourd'hui. Avant Zoroastre, on faisait fermenter le suc pour ajouter l'ivresse aux effets euphorisants. Le dieu Haoma réside dans chaque plant comme la déesse des eaux réside dans chaque source. Il faut broyer la plante pour en extraire le jus, et c'est alors le dieu qui meut supplicié pour fournir le breuvage sacré ouvrant la voie d'immortalité. La cérémonie du Haoma est donc un sacrifice rituel impliquant la mise à mort effective du dieu. Son sang est offert au Feu divin, témoin d'Ahura Māzdā, puis consommé au bénéfice des hommes. D'abord réservé aux hautes castes puis aux initiations, il est maintenant accessible à tous les fidèles.

 

Merveilleuse expression de l'art iranien

Influences du Mithraïsme

 

 

Nous avons vu l'importance prise par le culte de Mithra, dieu solaire et sauveur des hommes. Le monde hellénistique tendit à l’assimiler à Hermès. Il était la lumineuse image du Soleil, violent et guerrier, impossible à vaincre. Assimilé tardivement au Sol Invictus d’Aurélien, son importance devint considérable, surtout chez les militaires. Selon ce mythe, et sur l’ordre du Soleil apporté par un corbeau, Mithra met à mort un taureau qu’Ahriman vient d’infecter pour vicier la source de la vie dans le monde. Avant qu’il soit corrompu, il répand le sang de l'animal. De cet épanchement, Mithra fait naître les plantes et les autres créatures. Il arrache ses proies à l’Esprit du Mal et monte sur le char du Soleil. Il est donc à la fois démiurge et sauveur. Le culte solaire fut lancé à Rome par Aurélien qui fit élever un temple magnifique en 274.  La fête de la renaissance du Soleil fut fixée au 25 Décembre.

Mithra tuant le Taureau sur l'ordre du Soleil

L'initiation de Mithra comportait sept degrés. La communauté est dirigée par le Père qui porte une mitre, une baguette et un anneau. Á Rome, le Père des Pères était le chef suprême de l’église. Les initiation comportaient un baptême d’eau, un marquage au fer rouge, et un simulacre de mise à mort.  Les premiers temples sont des grottes naturelles où coulent des sources. Ils furent ensuite construits en pierres. Les fidèles s’allongent sur deux banquettes pour prendre les repas sacramentels. Un couloir central va des vasques de l’entrée jusqu’à l’autel de Mithra. La voûte est décorée d’étoiles et les murs ornés de peintures. Le culte est quotidien, mais l'on sanctifie surtout le Dimanche, jour du Soleil. Le sacrifice cultuel est suivi d'un repas commémorant le banquet de Mithra et du Soleil après la mort du taureau. On y partage aussi du pain, de l'eau et du vin (La vigne locale remplaçant l'éphédra du haoma perse).

Mithraeum à Capua

Bien avant que le culte de Mithra gagne Rome, le zoroastrisme influençait déjà les cultures grecques et romaines implantées dans l'Est méditerranéen. On en retrouve la marque chez les Esséniens de Judée qui méritent un peu d’attention. Leur importance a été confirmée par la découverte des Manuscrits de la Mer Morte, en 1947 dans le désert, à proximité de Khirbet Qumrän, près des ruines d’un grand monastère essénien. Les manuscrits et les ruines de Qumrän authentifient divers textes qu'on croyaitt apocryphes et permettent d’identifier un groupe bien séparé du reste la société judaïque du ~1er siècle.  L’ordre essénien était une communauté pratiquant le noviciat, le célibat, la mise en commun des biens, la charité fraternelle, une discipline austère, et le strict respect de la Loi de Moïse. Les Esséniens se disent détenteurs de révélations secrètes ésotériques et de la connaissance du temps.

Qumrän

La pensée essénienne semble avoir été influencée par les Iraniens dualistes. Ils croient que le monde est l’objet de l’affrontement de deux puissances invisibles, les Esprits de Lumière de l’armée de Dieu, et les Esprits des Ténèbres commandés par Bélial. Ils seraient la communauté mère autour de laquelle le Peuple préparera la victoire de la lumière sur les ténèbres et l’établissement du Royaume. Une guerre apocalyptique opposera Israël aux fils de perdition promis à la destruction. Ils attentent un messie-roi suivi d’un messie-prêtre avant les temps eschatologiques de la fin du Monde. La doctrine du Christianisme originel est fondamentalement eschatologique. Les nouveaux Chrétiens croient en la fin du Monde imminente. Le Salut approche, le Mal sera vaincu et le royaume de Dieu fondé. Un nouveau ciel et une nouvelle terre seront créés, et la nouvelle Jérusalem apparaîtra descendant des cieux.

Pièce de monnaie des comtes de Toulouse, le denier.
Elle représente "raimon comtes del tolosa", et était utilisée en Occitanie, (le pays cathare)

 

Le Mazdéïsme a influencé d'autres formes de pensée. On a voulu y rattacher la Gnose qui était un système de pensée partiellement issu du Vêdânta indo-iranien. C'était initialement une vision métaphysique considérant que le Monde divin et le Monde où nous vivons appartiennent à deux natures distinctes. La dualité professée par la Gnose diffère sensiblement du système indo-iranien. Le Manichéisme en est beaucoup plus proche. Mani était un Parsi qui professait une religion synthétisant celles de Zoroastre, de Bouddha et de Jésus. L'homme primitif serait né de la confrontation du Bien et du Mal. Le mal ayant triomphé, l'homme actuel n’est pas le fils de Dieu mais l'enfant du Diable. Malgré la fin tragique de  Mani, le manichéisme se répandit très largement en Orient comme en Occident, pendant plus de mille ans. Il a engendré divers prolongements dont les Mazkadites iraniens, les Zandaqa musulmans, les Pauliciens byzantins, les Bogomiles bulgares, les Patarins rhénans, et les Cathares italiens et français.

 

Les Tours du Silence

 

 

Chez les Zoroastriens, les quatre éléments fondamentaux sont sacrés ainsi que la vie qui est un don divin d'Ahura Māzdā, Dieu père et lumineux. La mort et la décomposition des corps sont l'oeuvre d'Ahriman, Démon et Prince des ténèbres. L'inhumation et la crémation des morts souilleraient la Terre ou le Feu, et elles sont donc interdites. Cela conduit à des pratiques très spécifiques. Traditionnellement, en Iran et en Inde, les corps dénudés des Farsis devaient être exposés sur des dalles de pierre au sommet des Tours du Silence, les dakhmâ, pour y être rituellement consumés par les rayons du soleil, puis leurs ossements devaient être déposés dans la fosse centrale. Les Nasālāsar, un groupe de Pârsîs spécialisés, prenaient en charge les corps de défunts pour les mener du domicile jusqu'à la Tour. Leurs parents pouvaient les accompagner mais n'y entraient pas. Ils priaient dans une petite chapelle voisine.

Ceci fut longtemps la sombre réalité
cachée au sommet des Tours du Silence.

C'était la face obscure des Pârsîs.

Mais les vautours sont déjà partis,
Et les tours s'effondrent lentement dans le passé.

La face lumineuse d'Ahura Māzdā demeure encore,
comme l'antique dieu indo-iranien de vie et de vérité

Au 19ème siècle, les occidentaux découvrirent les pratiques funéraires des Pârsîs. Ils en firent des récits terrifiants. Il est probable qu'à l'origine les cadavres étaient simplement exposés au soleil. En fait, ils étaient inévitablement décharnés par les oiseaux et les vols des vautours furent bientôt associés aux funérailles. Lorsque les Pârsîs étaient très nombreux, il y avait beaucoup de cadavres et plus encore de rapaces. La situation a beaucoup changé. La modernité s'est installée et les activités des vautours horrifiaient et dérangeaient énormément le voisinage. Puis le nombre des Pârsîs a diminué et l'urbanisation a définitivement chassé les vautours. Les autorités sanitaires ont été forcées d'agir. En Iran, les Tours du Silence ont été autoritairement murées et l'exposition des cadavres est absolument interdite depuis 1978. Les corps sont maintenant coulés dans des blocs de béton et ces lourds sarcophages sont inhumés.

En Inde, en raison de l'importance et de l'influence de la communauté, la situation est politiquement beaucoup plus délicate. Il resterait encore cinq tours à Bombay, qui semblent être cachées au milieu d'un cimetière jardin boisé de 22 hectares, le doongerwadi, dans le quartier huppé de Malabar Hill. Ces anciens réservoirs de béton de 30m de diamètre placés sur de haut piliers poseraient aujourd'hui un grave problème d'hygiène publique. Il reste 60 000 Pârsîs à Bombay et il y a donc plusieurs décès par semaine. Au temps des vautours, les cadavres étaient décharnés dans la journée. Malgré l'utilisation de produits chimiques, leur dégradation nécessiterait maintenant six mois. La communauté doit donc engager une adaptation qui ne se fait pas sans conflits. La question ne sera réglée que par une forte évolution des usages. Celle-ci est en cours mais la résistance des grands responsables religieux est importante.

 La tradition de l'exposition des cadavres au soleil est en effet très ancienne. On en trouve déjà la trace dans les récits d'Hérodote. Il semble pourtant que la doctrine laissée par Zoroastre ne prescrive rien d'obligatoire en ce domaine. Une association prône activement le renoncement radical à la tradition, laissant chacun choisir entre crémation ou inhumation. On a aussi essayé des miroirs solaires pour dessécher les corps. Des élevages de vautours ont même été proposés.  Le Zoroastrisme est fondamentalement tout autre chose. C'est d'abord un culte rendu à la lumière divinisée. Il fut longtemps la religion d'état de l'Iran antique. La cosmogonie qui le fonde a marqué les civilisations anciennes dans leurs histoires comme dans leurs cultures. Même en Occident, les religions traditionnelles en conservent encore aujourd'hui la marque indélébile dans leurs doctrines, leurs rites, leurs ornements et objets sacerdotaux.

 

Une Tour du Silence en Iran

 

 

Voir une gravure ancienne d'une tour à Bombay

Nuit sur Bombay (Mumbai)

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