Les religions à Mystères


Dionysos
Les
cultes à mystères apparaissent progressivement dans le Monde romain entre les
années ~300 et +400, et ils introduisent dans les croyances et pratiques
religieuses antiques des concepts d’immortalité de l’âme, de salut et
de résurrection et des rituels initiatiques originaux. Sous l’influence
de l’hellénisme plus ou moins platonicien qui les tolère, et au contact
des très nombreux immigrants qui s’installent dans l’empire, les Romains
accentuent encore leur grande facilité d’assimilation. Ils adoptent les
nouveautés doctrinales des croyances étrangères et transforment les cultes
orientaux dont les pratiques inhabituelles viennent secouer la morne monotonie
de leurs habitudes. La plupart des nouvelles liturgies,
(et ultérieurement le Christianisme),
s’adressent à des dieux souffrants dont les cultes évoquent la passion. Les
fidèles reproduisent sur eux-mêmes les tribulations du dieu. Ces pratiques
entraînent des privations pénibles et des souffrances occasionnellement
sanglantes. Elles provoquent aussi de frénétiques comportements de défoulement
et des émotions violentes qui fascinent les citoyens romains blasés et fatigués
par la décomposition politique et les traditions vieillissantes. Les nouveaux initiés
pratiquent même parfois de graves automutilations et des rites pénitentiels de
flagellation. Le plus souvent, des paroxysmes extatiques accompagnent la révélation progressive
du dieu. |
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Orphée (époque romaine) |
The Orpheos Bakkikos Crucifixion
(Altes museum of Berlin, destroyed Word War II) |
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La religion romaine traditionnelle avait essentiellement une fonction de
cohésion civique. Les nombreux dieux romains habitaient la Terre,
intervenant souvent dans les affaires humaines. Les cultes à mystères
s'adressent à des divinités abstraites. Les plus connus
sont les Mystères d’Éleusis, qui célébraient les deux déesses, Déméter (Cérès à
Rome), et Perséphone, mais d’autres vénérations concernaient Apollon, Dionysos,
Cybèle et Attis, Mithra, Astarté, Pan, Adonis (et Atargatis, déesse syrienne proche du
précédent). Il faut aussi citer des cultes égyptiens tardifs très cotés à
l'époque ptolémaïque et romaine tels ceux
d’Isis, Osiris, Sérapis, ou Anubis. On rencontrait aussi l'Orphisme,
l'Hermétisme (Hermés Trismégiste), et divers Ba’al, (sauveurs), dont ceux connus
en Syrie sous les noms de
Jupiter Héliopolitain (ou Dolichénien), auxquels s'ajoutaient les divers courants
gnostiques et le Christianisme primitif.
Les liturgies, prenantes et colorées, s’appuient sur des initiations successives
qui expliquent les significations cachées des Mystères. Elles sont accompagnées
de baptêmes exaltants dont les rites de mort et de résurrection ponctuent la
progression des initiés vers le salut dans un autre monde. Dans chaque niveau
initiatique, des cérémonies marquent l’entrée dans une fraternité accueillante,
et les rituels comportent souvent des repas en commun qui soudent la communauté.
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Dionysos
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On distingue les cultes qui dérivent des
mythes agraires, attachés au cycle des
saisons, de ceux qui visent à relier les
âmes humaines au domaine divin. Mais les doctrines intègrent souvent les
concepts platoniciens ou mélangent les deux aspects. Un culte ancien est
l'Orphisme, dont le héros, Orphée, bien connu par la légende d'Eurydice, serait
apparu 1300 ans avant J. C. Fils d'Apollon (ou du roi Œgrus), et de
la muse Callipyge, mi-homme, mi-dieu, il serait à l'origine
des Mystères d'Eleusis. Á la fois religion initiatique et philosophie,
l'Orphisme postule que l'âme humaine réside dans la prison du
corps pour expier un crime originel. Elle s'en purifiera, après de
nombreuses incarnations, par l'ascétisme et l'initiation
spirituelle. Les Orphistes étaient végétariens. L'Orphisme,
religion de salut, serait un prélude au Christianisme. Dionysos
est aussi un dieu particulier. Fils de Zeus et de Sémélé, qui
mourut enceinte en contemplant la gloire du dieu. Zeus porta
l'enfant dans sa cuisse jusqu'à sa naissance. Deux fois né,
Dionysos est le dieu du vin et de la vie exubérante. Il visita les
Enfers, et poursuivi par la jalousie d'Héra, il fut démembré par
les Titans avant de devenir immortel. On le célébrait aux fêtes
des Dionysies. Il était l'objet d'un Culte à Mystère dont le
Cortège Dionysiaque de Satyres et de Ménades, conduit par Silène,
aurait déchiré Orphée.
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Plus
de détails

Déméter
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Les Mystères d’Éleusis célébraient le culte de
Déméter (l’antique Terre-Mère préhellénique) et de Perséphone ou
Coré, la fille qu’elle conçut de Zeus. C'est une déesse agraire
qui occupe une place importante
dans la religion grecque. Associée à l’abondance, elle est
identifiée à Cérès par les Romains. Dans la légende éleusinienne,
Hadès, dieu des enfers, enleva la jeune Coré. Brisée de chagrin, Déméter
abandonna sa fonction et la Terre devint stérile. Devant le désastre,
Zeus chargea Hermès de libérer Coré. Le rusé Hadès offrit à la
jeune femme une grenade dont elle mangea un seul grain. Ayant goûté à la
nourriture des morts, elle devrait rester aux enfers. Mais Zeus intervint, décidant que Coré Perséphone
passera chaque hiver trois
mois chez les morts, et reviendra sur la Terre
des vivants le reste de l’année. Fécondée par Zeus, Perséphone conçut
un fils, Zagréus, dont l’histoire
ressemble à celle de Dionysos. Poursuivi par la
jalousie de Héra, (ou Junon), Zagréus
revêtit plusieurs apparences. Transformé en taureau, il
fut dévoré par les Titans mais la déesse Pallas, (Athéna), préserva son cœur. Zeus foudroya les Titans et
absorba le cœur de son fils qui, régénéré, devint Iacchos,
assimilé à Bacchus, lui-même identifié à Dionysos. Ces mythes
conjoints semblent provenir de cultes agraires primitifs associant
en syncrétisme les cultes dionysiaques et l’Orphisme. |

Zagreus démembré par les Titans
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Les Eleusinies sont les fêtes les
plus connues de ce culte antique. Elles auraient été institués à
l'instigation de Triptolème, fils de Céréos, qui avait reçu de
Déméter la mission de répandre le blé dans le Monde. Célébrées dans le Télestrérion
chaque année, elles faisaient participer les fidèles à la résurrection de
l’enfant divin revenu de l’empire de la mort. Á Éleusis, avant l'automne,
des cérémonies extérieures préparaient
la célébration des Mystères. Ces préliminaires
ont été bien décrites et nous sont relativement
connues. Des reliques mystérieuses, (les hiéra sacrées),
étaient transportées en procession jusqu'à Athènes
et déposées dans le sanctuaire "Éleusinion".
Une excommunication solennelle était prononcée contre
les impurs, puis les mystes, (candidats admis), entraient dans la mer pour se
purifier. Après quelques jours de retraite et de jeûne,
la procession immense des fidèles et des mystes
retournait à Éleusis, précédée de l'effigie de
Iacchos, des hiéra, et des autorités. Les cérémonies
secrètes commençaient dont les rites sont restés mystérieux. La divulgation
en était rigoureusement interdite. Les Mystères d'Éleusis
étaient extrêmement populaires au-delà même de la Grèce, au point que la salle d'initiation,
le Télestrérion, atteignit finalement une surface de 2600 m2. Malgré le nombre
immense des fidèles, aucun n'a jamais
commis le sacrilège de rompre cet interdit.
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Les Mystères d'Éleusis |
Les rites séparaient les
initiés, appelés à la vraie
vie éternelle, des non-initiés, destinés au bourbier infernal. Après
avoir rompu le jeûne, les mystes
recevaient une révélation bouleversante : Bienheureux
qui a reçu cette vision,
avant de descendre sous la terre.
Il connaît ce quest la fin de la vie.
Il sait ce quest le principe donné par Zeus. (Pindare,
Hymne, vers ~480). Linitiation assurait par elle-même
le salut et la future survie personnelle du myste. Définitivement
sauvé par cette entremise extérieure,
il nétait tenu à aucun comportement
moral particulier. En cela, au moins autant
que par la foi en une vie future et
l'orientation monothéiste héritée de lOrphisme,
les Mystères Éleusiniens préparaient le passage
du Paganisme au Christianisme. Toutes ces légendes
concordent. Dionysos-Bacchus, fils de
Zeus et de Perséphone, jalousé par Héra, est tué et
dévoré par les Titans primordiaux. Zeus les
foudroie. Dionysos ressuscité, nait ainsi deux fois.
Les hommes naissent des cendres des Titans
avec leur nature animale et matérielle,
mais leur âme recèle une parcelle du
Dieu dévoré. Et dans la théogonie des Orphistes, six générations
divines bouclent sur elles-mêmes. Phanés,
(la Lumière originelle), fils de Zeus, est
le premier roi des Dieux, suivi de Nuit, dOuranos,
de Kronos, et de Zeus qui remet enfin son
pouvoir au fils, deux fois né, Dionysos, lequel est
aussi le retour eschatologique de Phanés, le Lumineux
des origines.
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Le triomphe de Dionysos |
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