La communauté
jaïna

Le Jaïnisme est la plus ancienne
"religion philosophie" du monde. On a découvert dans la vallée de
l'Indus des statues jaïns qui datent de plus de
3500 ans avant notre ère. Ses principes n'ont pas changé depuis
5000 ans. Son influence en Inde
demeure importante.
Le Jaïnisme s'efforce d'y faire disparaître le
système des castes, il s’oppose à l’esclavage,
il propose un statut pour les intouchables et essaye de rendre les
individus plus autonomes à l'égard des superstitions. Zélateurs de
la non violence, les Jaïns ont inspiré la politique de Gandhi. Ils n’ont jamais essayé d'imposer
leurs principes par la force contrairement aux autres grandes religions, et
ils acceptent tous ceux qui voudraient y adhérer.
L'appellation "Jaïn" vient du sanscrit Jina dharma, la
religion des Jina, c'est à dire des vainqueurs,
des humains dont l'âme a remporté la victoire.
Tout le monde peut devenir un Jina. Il y a deux
catégories de Jina. On distingue les Jina ordinaires, qui sont
simplement soucieux de leur
salut personnel, et ceux qui ont atteint la connaissance
suprême et montrent aux autres la voie de la libération.
Ces guides spirituels sont appelés "Tirthankara".
Les Jaïns ne croient pas en un dieu créateur,
et le monde serait incréé et éternel. Cependant, ils ne sont pas
athées. Ils croient que les seules véritables formes divines sont
des êtres qui ont réussis à libérer leurs âmes. Et une âme libérée
devient un dieu. |

Le texte hindi de salutation "Jay
Jinendra" signifie
"Victoire à ceux qui ont dominé leurs sens" |
L'activité des Jaïns tend à briser
le cycle des réincarnations de
l'âme dans des formes corporelles. Pour cela, ils doivent
appliquer le principe de la non violence afin
de détacher les mauvaises particules karmiques
de leur âme. Libérée, elle sera promise à une infinité de bonheur,
de connaissance, de perception, et de
pouvoir, devenant ainsi un dieu.
Pour travailler à cette libération de l’âme, il faut suivre des principes, ou vœux.
Il y a deux sortes d'engagements. Les fidèles laïques
prononcent de petits vœux, en fonction de leurs possibilités, et les
religieux, moines et nonnes, prononcent de grands vœux qu'ils
appliquent avec une grande rigueur. Le
Jaïn s’engage à respecter cinq interdits, ne pas nuire aux êtres
vivants, ne pas mentir, ne pas voler, ne pas manquer à la
chasteté, ne pas s’attacher aux biens matériels. "Ahimsâ", le principe de non
violence envers tous les vivants, conduit à ne pas manger de viande, de poisson,
ni même de miel, ne pas porter de cuir, de fourrure, de soie ou autre
matière nécessitant la mort d' un animal. Il
ne faut pas tuer les insectes dérangeants, éviter de les écraser
en marchant ou qu'ils se noient dans un seau, ou qu'ils
se brûlent sur une bougie. etc..
Les ascètes balayent le sol avant de marcher
ou de s'asseoir pour ne pas écraser de petits insectes. Certains se couvrent même la bouche d’un tissu blanc
pour ne pas risquer d’en avaler.
"Ahimsâ" est le vœu premier des Jaïns. |

L'Achârya Mahâprajna, chef religieux des Shvetâmbara Terâpanthis |
Le principe de non violence est préconisé par beaucoup de religions
mais les jaïns en prescrivent la stricte application.
Les vœux suivants découlent du principe d'Ahimsâ. Le second, "Satya",
engage à ne pas mentir, ni s'égarer dans la fausseté, et réfléchir avant de
parler pour ne pas blesser par ses
paroles. "Asteya" est le vœu de
l’honnêteté, ne pas voler ni prendre ce qui n’a
pas été donné. "Brahmacharya" concerne la
sexualité. Pureté sexuelle
pour les laïques et chasteté pour les ascètes.
Le viol, la pédophilie, la zoophilie sont contraires à l’Ahimsâ.
"Aparigraha" interdit l'avidité et toute forme d’attachement pour l’argent
et les biens matériels, et même pour les personnes. Par extension,
c’est le vœu de restreindre les possessions qui attirent jalousie
et violence. Tous ces vœux conduisent à vaincre la nature
matérielle par le travail spirituel. Quatre vertus supplémentaires
sont conseillées, "Maitri", l'amitié envers tous les êtres vivants,
"Pramoda", la joie de rencontrer des êtres plus avancés, "Karunâ" la compassion pour les malheureux,
"Mâdhyasta", l'indifférence envers la discourtoisie subie. Dix
vertus générales doivent être pratiquées, l'indulgence, la sensibilité,
la droiture, la pureté, la loyauté, la sobriété, l'austérité, le renoncement,
le détachement, et la chasteté. Ces principes purificateurs sont à
appliquer avec rigueur tant pour alléger le karma propre de chacun
que pour celui des autres.
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Un Jaïn est disciple d’un maître spirituel, "Âchârya", d'un
Gûrû ou d'une Gûrûnî". Le "Sangha" actuel
(communauté jaïne) est celui de Mahāvira. Il
se compose des Sādhus (moines), des Sādhvis (nonnes), des
Shrāvakā (hommes laïcs), des Shrāvikā (femmes
laïques). Le Jaïnisme a connu divers
schismes qui ont engendré plusieurs sectes. Le dernier a séparé les Digambara et les Svetâmbara
qui interprètent différemment la même doctrine. Les Digambara (vêtus de ciel), considèrent
la nudité (historique) comme absolument nécessaire
à l'obtention du salut. Les Svetâmbara (vêtus de blanc), assurent qu'elle n'est pas essentielle. Les Digambara
disent que
la femme doit renaître sous la forme d'un homme pour obtenir la
libération.
Les Svetâmbara affirment qu'elle est
capable de la même réalisation spirituelle. Les Digambara pensent qu'un ascète
omniscient peut se passer de nourriture, (inacceptable pour
les Svetâmbara). D'autres différences mineures concernent
l'histoire du Jaïnisme, la parure de statues ou la nourriture des ascètes. Les moines Svetâmbara
mendient partout leur nourriture. Les Digambara la
prennent debout, dans la paume des
mains, issue des seules maisons où leur pensée secrète (sankalpa)
est satisfaite. Les ascètes Svetâmbara peuvent posséder quatorze
objets utiles. Les Digambara n'en
possèdent que deux, un balai à plumes de paon (picchi) et un
pot à eau en bois (kamandalu).
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Dans la recherche de son salut, l'âme est paralysée
car elle est emprisonnée dans son association avec la matière karmique
du Monde. Le cheminement vers sa libération passe par la "Ratnatrayamarga",
une triple voie marquée par le concept remarquable de "Justesse".
La JUSTESSE, c'est la qualité de ce qui est juste,
exact, pertinent, parfaitement approprié à son intention. Il
est demandé aux Jaïns d'avoir "la foi juste", d'être
convaincus de la justesse des principes fondamentaux du
jaïnisme, d'être exempt de perversité, de soutenir les
principes jaïns, de détourner les gens des superstitions,
d'être exempt d’orgueil. Ils doivent aussi avoir "la
connaissance juste", celle des principes jaïns acquis par
l’écoute et la lecture des écritures, en les comprenant
correctement et avec l’ouverture d’esprit convenable. Il
leur faut enfin mener "la conduite juste" en
parfait accord avec la
foi et la connaissance justes. Il leur faut encore
distinguer la conduite imparfaite des laïques
et la conduite sans réserve des ascètes
qui essayent de réaliser présentement leur salut.
Seule la vie en religion conduit à la Délivrance (moksha).
Á
sept ans et demi, un enfant peut entrer en noviciat
pour devenir moine. Il est ensuite consacré. Les cheveux rasés, il revêt la robe monastique, reçoit un
nouveau nom, prononce les cinq vœux et entre dans un
groupe pour pratiquer la Loi, sous la
stricte direction d'un Gûrû ou d'une Gûrûnî.
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Entrée d'un temple Jaïn

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