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![]() Arts et Sciences, Hommes et Dieux - ( Mise à jour de juillet 2017 ) |
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Petit Manuel d’Humanité |
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Comme des Flambeaux dans la Nuit.
Heureux ceux qui
aspirent à lesprit, Voir son non-savoir
est sagesse. Jai essayé
de montrer aux hommes la splendeur de tes uvres,
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Les
civilisations antiques.
Certains peuples dOrient, parmi les contemporains des anciens Egyptiens, nous sont presque familiers. Mais les gens ordinaires, comme vous et moi, ont bien du mal à sy reconnaître dans toutes les appellations des peuples antiques quils situent mal dans le flou de lespace oriental. Les livres dhistoire entretiennent parfois cette confusion car ils magnifient généralement les conquérants qui sont souvent des destructeurs, sans assez parler des civilisateurs, ces porteurs de flambeaux qui éclairent la nuit de la connaissance. Les actions des uns et des autres ont changé le monde antique, en faisant le berceau du Judéo-christianisme. Quavons-nous gagné ou perdu ? Je vous propose dessayer ensemble dy voir un peu plus clair. Au récit des grandes conquêtes qui agitaient le monde antique, on peut avoir limpression que les grandes plaines dAsie centrale ont toujours constitué un inépuisable réservoir de barbares qui déferlaient au fil des siècles pour envahir les territoires et détruire les civilisations existantes. Il faut comprendre que les climats ont beaucoup changé entre la fin de lère glaciaire et lAntiquité. La température moyenne de la planète sest dabord élevée de plusieurs degrés, dépassant même celle daujourdhui, et puis la Terre sest refroidie. Certaines régions, actuellement désertiques, accueillaient des masses humaines importantes qui ont cherché refuge ailleurs lorsque les conditions se sont modifiées. De leurs confrontations avec les populations déjà en place sont nées les anciennes civilisations asiatiques et indo-européennes dont nous allons un peu parler, et qui sont les suivantes. Elles sont ci-après classées en fonction de leur période dapparition. Celle-ci est indiquée ainsi que la désignation actuelle des territoires approximatifs quelles occupaient.
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La civilisation de Sumer. Mésopotamie, Irak. La civilisation suméro-akkadienne est probablement la plus ancienne des civilisations protohistoriques. Elle est repérée au moins quatre mille ans avant notre ère. Il convient de faire une certaine distinction entre les Sumériens dont lorigine est inconnue, et les Akkadiens de langue sémitique. Il faut aussi prendre en compte les bouleversements politiques fréquents, et les modifications géographiques telles le recul des côtes dans la région. La civilisation sumérienne semble être apparue assez soudainement, en Mésopotamie, sur un fond dorganisation pré-urbaine. Son développement est caractérisé par linvention de lécriture et de larchitecture. Lapparition de cette civilisation urbaine est tellement soudaine quon la pensa importée dailleurs. Mais on na jamais trouvé cet ailleurs nulle part. Il a bien fallu admettre quelle est la manifestation de la maturité dune civilisation locale. Lutilisation de lécriture débouche sur une organisation complexe de la société. Elle est administrée, de façon méticuleuse et tatillonne, par un État monarchique et sacerdotal. On sait très peu de choses sur les origines des Sumériens dont la langue nétait pas sémitique. On a même imaginé quils étaient les survivants du déluge, immense inondation dont on trouve les traces entre le Tigre et lEuphrate. Les plus vieilles cités du monde ont été trouvées dans le pays de Sumer. El Obeïd, ~4000/~3300, semble être la plus ancienne. A Uruk, ~3300 environ, on a repéré 19 niveaux archéologiques dont 17 appartiennent à la protohistoire. On y constate lapparition précoce de lécriture pictographique puis cunéiforme sur tablettes dargile, et la transformation progressive des villages néolithiques en véritables cités bâties en briques et centrées sur un temple (plus tard sur des ziggourats). Djemdet Nasr, ~3100/2900, est une cité à vocation artistique et commerciale. A Eridu, abandonnée au ~2ème millénaire, on a trouvé 18 sanctuaires superposés. Kish aurait été le siège de la royauté avant Ur. Sur le site de Nippur, ~3100/2500, on voit encore les ruines de temples extrêmement précoces, dédiés à Enlil, Inanna, et Ishtar. Qui construit en
seigneur vit en esclave, A la légendaire dynastie dUr, ou Erech, ~2700, (Gilgamesh), succèdent les rois de Lagash et dUmma. Vers ~2450, Sumer est englobée dans lempire akkadien. La civilisation est ensuite partiellement détruite par linvasion barbare des montagnards du Zagros, les Goutéens, (ou Guti), vers ~2250. Cent ans plus tard, un vassal des Goutéens, gouverneur de Lagash, (le patesi Gudéa), relance la civilisation néo-sumérienne. En ~2100, les rois reviennent à Ur puis à Issin et Larsa. Vers ~1700, Hammurabi fonde le premier grand empire de Babylone, dominant Sumer, Märi, et lAssyrie. Les Sumériens ont dabord imaginé un très large panthéon chaotique, peuplé de milliers de dieux et de déesses, ou Dingirs. Ils sont la cause et le reflet invisibles des éléments du monde visible. Plus tard, ce panthéon est organisé et rationalisé en système. On y trouve les grandes divinités connues, An, Enlil, Enki, Inanna. On retrouve aussi les divinités sémitiques Adad, Ishtar, Sin, Tammuz, décrites plus loin. Leau masculine et leau féminine originelles engendrent un Esprit du Monde, doù émanent le Ciel masculin, An, et la Terre féminine, Ki. Leur union produit une force spirituelle personnalisée, Enlil, lair ou le souffle du Monde. Les divinités sumériennes anthropomorphes sont des incarnations de forces naturelles. Le roi est le vicaire des dieux. Comme on le voit, la religion est assez intellectuelle. Elle est celle du devenir. Le Monde subit une perpétuelle transformation qui résulte du retour perpétuel de cycles dont chacun donne naissance au suivant. Le serpent est lune des figures symbolisant cet éternel retour. Il ne faut donc pas sétonner de le retrouver dans les figures racontant lépopée de Gilgamesh, le roi dUnug, (version babylonienne). La conjonction de masculin et du féminin, et le changement constant sont les véritables moteurs de la vie. Les dieux et les hommes sont sujets aux coups du sort et à la mort, mais celle des dieux nest pas définitive. Comme les Egyptiens, les Sumériens conçoivent plutôt une survie immensément longue après la mort des hommes, plutôt que limmortalité. Les morts ny accèdent pas individuellement, mais, concept particulièrement intéressant, ils progressent par vagues successives. Chacune franchit un seuil conduisant vers une nouvelle étape de la vie, une nouvelle avancée vers laccomplissement éternel. Cette conception a pu influencer la pensée de Platon. La déesse Inanna, représentée par létoile du matin, symbolise la lumière et la vie, lamour et la fécondité, lexpansion mais aussi de destruction. Comme Ishtar, lakkadienne, elle était lobjet de cultes fervents. Je tadresse une
prière, La civilisation akkadienne est un peu plus tardive. Elle trouve son origine chez les Amorrites ou Amorrhéens, un peuple sémitique nomade installé au ~3éme millénaire dans le désert de Syrie. Ils sinfiltrent en Mésopotamie et fondent, vers ~1700, à Babylone la dynastie dHammurabi et de son fils Samsu-Iluna. Ces empereurs nous ont laissé des codes qui montrent une société divisée en trois classes, (maîtres, subordonnés, esclaves). Le droit familial donne aux époux un statut égalitaire. Le droit commercial favorise les marchands. Le droit criminel, quant à lui, est basé sur la loi du talion, un peu aménagée. Si à laide dun instrument en bronze le chirurgien a ouvert une plaie infectieuse dun il et ce faisant sauvé lil du patient, il aura droit à dix sicles. Si à laide dun instrument de bronze etc.. il a provoqué la perte de lil du patient, il aura la main tranchée. (Code dHammourabi. ~1700). Samsu-Iluna repousse une première invasion des Kassites. Puis ce peuple montagnard du Zagros sinfiltre en Babylonie et y introduit le cheval et le char de guerre. Après ~1530, son roi Agoum II règne à Babylone. Ils sont assimilés par la civilisation et leur dynastie est abattue en ~1160 par les Élamites qui annexent le pays. La religion Babylonienne reste toujours proche de la religion sumérienne. Ce sont en fait deux phases dune même religion. Peut-être peut-on cependant considérer que la divination et laruspicine deviennent alors des disciplines extrêmement codifiées et systématiques. Elles ont servi de modèles aux pratiques magiques dautres religions antiques. (Étrusques). Malgré certains succès momentanés, les Elamites furent souvent dominés par Sumer et Akkad. Leur panthéon propose Gal (le Grand dieu), Inshushinak (Seigneur de Suze), Nahhunté (dieu-Soleil), Simut (Messager des dieux), Hupman, Hutran, Pinikir (Déesse pastorale), Adad (Dieu de lorage), Naana (dieu-Lune), et dautres, ainsi que les thèmes rémanents du serpent et du lion. Une grande déesse apparaît vers le second millénaire, Kiri-risha, (lUnique Grande), épouse de Gal. Lhistoire de la Mésopotamie reste mouvementée. Au début de lâge du fer, elle connaît des invasions hittites puis kassites. Vers ~1200, Nabuchodonosor chasse les Elamites de la Babylonie. LAssyrie, très puissante, soumet à tribut toutes les villes dAsie Mineure. Puis les Araméens et les montagnards du Zagros disloquent lempire. Vers ~1000, cependant, les conquêtes assyriennes reprennent. Un vaste nouvel empire est fondé qui sétend du Golfe Persique aux confins de lEgypte. Assournasirpal II fonde une magnifique capitale à Calach, (Nimroud). Vers ~800, Sargon II fonde sa capitale à Dour-Sharroukin. Sennacherib, fils de Sargon, détruit Babylone et conquiert lÉgypte. Assourbanipal règne sur un immense empire qui va du Nil au Caucase. Vers ~700, les Chaldéens et les Mèdes envahissent lAssyrie et détruisent Ninive. L'Empire néo-Babylonnien est fondé. Assarhaddon, fils de Sennachérib, reconstruit Babylone. Vers ~600, Nabuchodonosor II sempare de Jérusalem et déporte les Juifs à Babylone. Il y construit une très haute Ziggourat, la Tour de Babel, et un temple à Mardouk. Sémiramis établit les Jardins suspendus de Babylone, une des sept merveilles du monde antique. Nabounaïd reconstruit la ziggourat dOur-Nammou. En ~500, Cyrus le Grand, le roi perse qui avait conquis un empire immense, libère les Juifs en semparant à son tour de Babylone qui devient la capitale de lempire des Achéménides. Darios et Xerxès détruisent la ville en réprimant des révoltes religieuses. Alexandre le Grand la conquiert en ~331. Il en fait aussi sa capitale, mais il meurt avant den avoir achevé la reconstruction. |
La civilisation de l’Iran antique. Perse, Afghanistan, Pakistan. LIran antique du second millénaire est pastoral, culturellement beaucoup plus proche de lInde que de la Mésopotamie urbanisée. Un peu tardivement, vers ~700, la contrée que nous appelons maintenant lIran, le Ayryana Vaejö, ou berceau des Aryens, est envahie par des peuples indo-européens nomades ou semi-nomades, les Parsu, apparentés aux Scythes. Lhistoire de la Parsua est donc nouvelle et différente, et sa philosophie lest aussi. Elles sont marquées par la figure de Zoroastre, Zartust ou Zarathoustra, qui semble avoir vécu en Afghanistan avant la formation de lempire achéménide. Il enseignait que trois voies souvrent à qui recherche léternelle béatitude.
LIran pré-achéménide reconnaissait un panthéon composite, inspiré partiellement par la proximité sumérienne ou akkadienne, mais aussi par les traditions des Scythes, des Mèdes, et linfluence du dualisme indien, (Varuna et Mithra). Il y a un conflit latent entre les deva, du jour et du ciel, et les asura, de lenfer et de la nuit. La doctrine de Zoroastre détruit cette construction naturaliste assez hétéroclite. Elle coupe radicalement lunivers en deux sur le seul plan métaphysique, et elle réunit cependant synthétiquement ses parties dans Ahura Mazda. Celui-ci est lunique créateur, le Buf, ou le Seigneur Sage. Il a engendré un Esprit double qui se manifeste sous deux formes jumelles librement choisies, Asa le lumineux, la Justesse, (ou Justice, ou Vérité), et Druj lobscur, lErreur, (ou Mensonge, ou Tromperie). Ils deviendront ultérieurement les jumeaux Ohrmazd et Ahriman, la lumière den haut et les ténèbres den bas. Dans le dualisme iranien naissant, on distingue déjà radicalement les bons, les asavan, et les méchants, les dregvan. Lhomme bon doit reconstruire son unité originelle pour retourner dans lunique Ahura Mazda. Vers ~550, un petit roi local, Cyrus II, se révolte contre les Mèdes qui occupaient son pays, et devient Cyrus le Grand. Il fonde la dynastie perse des Achéménides. Il conquiert le plus vaste empire de lAntiquité. Son fils Cambyse II fait la conquête de lEgypte, et ne sarrête quaux portes de Carthage. Avec 40 millions dhabitants, lempire perse atteint son apogée sous le règne de Darios 1er, le Roi des rois. Il sétend de lIndus à la Méditerranée, et comprend entre autres, la Syrio-Palestine, la Thrace, la Lydie, la Phrygie, le Cappadoce, lArabie du Nord, lÉgypte, et les cités grecques dAsie Mineure (Guerres médiques - Marathon). Darios fait construire la capitale de Persépolis. Lempire est divisé en satrapies. Le pouvoir civil y est séparé du pouvoir militaire. Chaque peuple peut conserver ses dieux propres, mais la religion officielle est le Mazdéisme, une évolution de la religion fondée par Zarathushtra. Il y a aussi dautres dieux tels Mithra, Sraosa, Rasnu, au sujet desquels nous ne pouvons nous étendre ici. Xerxès succéda à Darios et fut vaincu par les Grecs. Dans la religion mazdéenne dont les prêtres étaient les Mages, la question de lorigine des entités rivales, Ohrmazd et Ahriman, est passée sous silence. Lhomme est un enjeu dans leur duel éternel. Cest pour vaincre définitivement Ahriman, la Ténèbre den bas, quOhnmazd, la Lumière den haut, crée le monde dans le temps et lespace. Cette création est spirituelle, la matière nétant quun état second. Après la création des Bienfaisants immortels, le monde matériel est créé en six périodes ou saisons, le ciel, leau, la terre, les plantes, le Buf premier-né, le premier homme Gayömart. La fravasis de chaque homme peut choisir de demeurer éternellement à létat spirituel ou de sincarner pour participer au combat. A chaque acte créateur dOhrmazd correspond une création dAhriman avec laquelle il attaque toute la création et la dégrade. Et cest ainsi que lhomme devient mortel. Le destin complet du monde saccomplit en quatre périodes ou millénaires. Le millénaire de Zartust (Zarathushtra), commence avec lhistoire que nous connaissons. Le millénaire dUsetar, son premier fils, finira par lhiver de Malkus, mythe analogue à celui du déluge. Le millénaire dUsetarmah, second fils, se terminera en catastrophe. Le millénaire de Sösyans, troisième fils, sera celui du sauvetage des hommes et de leur retour aux origines. Gayomart ressuscitera le premier puis tous les autres hommes seront jugés par Isatvastar, fils de Zartust. Ils subiront éternellement sur eux-mêmes toutes les conséquences de leurs actes, tandis quAhriman, vaincu, retournera éternellement dans sa Ténèbre. Alexandre le Grand sempare de lempire en ~331, fondant la dynastie des Séleucides. Les Parthes fondent ensuite celle des Arsadines. En 224 ap.J.-C, la dynastie des Sassanides est fondée. Elle donne à la Perse un très grand rayonnement malgré les attaques des Huns, et jusquà larrivée des Arabes, en 637. Le pays est alors islamisé et intégré à lempire omeyyade. A partir de 1055, les Turcs, puis les Mongols, puis Tamerlan, envahissent la Perse qui reste souvent sous domination religieuse étrangère. Au 19ème siècle, la Russie, la France, et lAngleterre, influencent la politique locale. En 1925, avec laide occidentale, Riza chah fonde la dynastie des Pahlevi, et la Perse moderne devient officiellement lIran. Manès, ou Mani, naît en Perse où il prêche sa doctrine à partir de 240. Le manichéisme, religion à vocation universelle, est inspiré des mythologies mazdéennes, juives, chrétiennes, et bouddhistes, mais cest surtout une religion gnostique affirmant un dualisme radical. Dieu est double, à la fois Lumière bonne et Ténèbres mauvaises. Dans le monde actuel, les deux principes saffrontent. Au cours du combat, des parcelles spirituelles de Lumière sont tombées dans les Ténèbres, dans létat insupportable du corps matériel. Se ressouvenant de leur origine, elles cherchent à se libérer. Le salut procède de la connaissance. Les hommes doivent donc travailler à se connaître mieux, à reconnaître en eux-mêmes leur âme, cette partie consubstantielle à Dieu. Pour les aider dans leur quête de salut, Dieu leur envoie des prophètes comme Zoroastre, Bouddha, et Jésus, le dernier étant Mani. Le manichéisme connut des persécutions multiples et impitoyables, autant en Occident quen Orient. Il exigeait une morale élevée et une vie austère, avec végétarisme, jeunes, et abstinences diverses, mais il se répandit pourtant très largement, jusquen Chine, en Occident, et en Afrique du Nord. La religion persista très longtemps, jusquau 14ème siècle, et trouva des prolongements dans divers mouvements tels ceux des Bogomiles et des Cathares. Quant à Mani, il fut martyrisé et mis à mort par Bahram 1er. Ses successeurs subirent le même sort. |
La civilisation syrio-phénicienne, punique, et israélite. Syrie, Liban, Israël, Jordanie, Arabie saoudite, Yémen, Carthage. Les rivages de lEst de la Méditerranée sont restés fertiles et accueillants malgré les importantes variations climatiques associées à la fin de la dernière glaciation. Depuis la plus haute antiquité, de nombreux peuples les ont habités, et ont constitué plusieurs groupes difficiles à identifier. Larchéologue français Cl. Schaeffer y a recherché les traces des anciennes cités, dont Ougarit, (Ras Shamra), quil a découverte en 1929, en Phénicie (ou Syrie du Nord). Elle est apparue au Néolithique et a été détruite 1200 ans avant notre ère. On pourrait aussi évoquer les noms de Arvad, Byblos, Béryte (Beyrouth), Sidon, Tyr. Commençons donc par la vieille civilisation syrio-phénicienne quil ne faut pas confondre avec celle des Assyriens. Les mythes de leur cosmogonie ont été révisés au fil du temps. Ils restent globalement importants car ils ont marqué profondément les origines notoirement sémitiques de notre culture actuelle. On constate souvent ici des emprunts de dieux voisins et un certain mélange avec des cultures proches. A lorigine du Monde, les Syrio-Phéniciens placent un couple divin formé de la déesse mère Thiamat et du dieu Apsou. Thiamat personnifie le chaos primitif et les eaux agitées de locéan primordial. Apsou représente les calmes eaux douces souterraines. De leur conjonction naissent dix générations successives et imparfaites de couples divins. Ensuite seulement, apparaît An, le Dieu Ciel, le grand fondateur des dynasties divines. Enlil, lun de ses nombreux enfants, devient El, le Dieu Roi. Entouré dune cour prestigieuse, il est le grand souverain. Il sunit à la déesse Ninlil et engendre Enki, le sage, Nergal, le dieu des morts et des enfers, Nanna ou Sîn, le Dieu-Lune, et beaucoup dautres encore. Sîn sunit à Ningal et engendre Innana ou Ishtar, la célèbre déesse de lamour et de la volupté, ainsi que le dieu du Soleil et de la justice, Outou ou Shamash. Les dieux syrio-phéniciens sont vénérés dans des sanctuaires qui sont leurs palais ici bas. On y pourvoit à tous leurs besoins à travers les soins rendus à leurs statues. Elles doivent être habillées et nourries sur Terre de la façon dont les dieux véritables sont traités dans leur domaine divin. Parmi les dieux empruntés aux Babyloniens, il convient ici den distinguer deux, Enki et Mardouk, qui sont les seuls à se préoccuper vraiment des hommes. Les autres ninterviennent que pour les exploiter, les punir, ou en réduire le nombre. Pour cela, la déesse Éreshkigal envoie périodiquement son serviteur Namtar dans le Monde pour y répandre les soixante maladies. Aussi les dieux sont-ils beaucoup plus craints quaimés. El est secondé par son fils, Marduk, et par diverses castes dassistants hiérarchisés dont les moins favorisés, les Igigis, travaillent pour nourrir les grands dieux, les Announakis, et faire fonctionner matériellement le Monde. Fatigués, les Igigis cessent le travail. Enki intervient pour les remplacer dans cette tâche ingrate. Les hommes sont fabriqués, et moulés dans de largile humectée de la salive des dieux. Pour les animer un dieu est broyé dans la pâte, ce qui transmet à lhomme une parcelle divine. La suite de ce mythe est bien connue. Les hommes deviennent trop nombreux et leur turbulence trouble le repos des dieux. Enki leur envoie alors épidémies, sécheresse et famine. Cela ne suffit pas à calmer les nuisances de cette humanité malfaisante. Enlil, irrité, les noie alors sous les eaux qui envahissent la Terre. Enki intervient encore, mais il ne peut sauver que le seul sage Atrahasis, ou Ziusdra, qui est placé dans un bateau avec un couple de chacun des animaux. Cest notre mythe du Déluge. Après que linondation
eut balayé les terres, (Tablette akkadienne en terre cuite) Il ne faut pas sétonner de retrouver les mêmes traditions chez des peuples qui occupaient des territoires très voisins et qui puisaient leurs mythes dans le même fonds commun. Cest avec la découverte des archives royales dans les ruines de Märi quapparaissent les traces dun antique royaume amorrite. Les inscriptions cunéiformes, rédigées en akkadien, sont datables du milieu du ~3ème millénaire. Les Amorrhéens sont à lorigine de la grandeur de Babylone. Ce peuple sémitique nomade était installé en Syrie, dans une région devenue aujourdhui désertique. En plus du panthéon akkadien typique, on trouve à Märi les noms de divinités plus spécifiques comme la déesse Anat, (Ashtart, Astarté), Addou, (Hadad, Baal, terrible grand maître, dieu de lorage), Dagan, (dieu des Philistins, le Dagon de la Bible), Hawran, (dieu guérisseur), Yarakk, (dieu lune), Reshep, (vaillant combattant), et Yam, (irascible prince de la mer), Salim. Les dieux sont les alliés des hommes auxquels ils dispensent la vitalité et la puissance victorieuse dans la guerre. Il semble que les temples contenaient des bétyles ou pierres dressées. La religion faisait grand cas des paroles extatiques prononcées par les prophètes. Cest intéressant car, ultérieurement, les Hébreux puis lIslam adopteront cette position à légard des paroles inspirées par le dieu. Certaines des divinités ont été adoptées par les Égyptiens à loccasion de diverses confrontations dont linvasion des Hyksos au ~27ème siècle. Cest le cas de Seth, (assimilé à Baal, le jeune taureau, le dieu de Byblos, puissance de la tempête), de Reshep, et de la triade Qadesh-Anat-Astarté. Le cycle du combat victorieux de Baal, assisté dAstarté, contre le dieu de la mer Yam, décrit la lutte du principe bienfaisant contre le principe de désordre et de mort. Le grand dieu El arbitre le combat. Grâce aux massues forgées par Kouthar, le dieu-artisan, Baal, fils de Dagan, sauve lunivers du définitif retour au chaos qui avait été accepté par les fils dEl. Mais Baal doit ensuite accepter la loi de Mot, (personnification de la Mort), et il meurt. Aidé par la déesse-soleil Shapshou, Anat retrouve le cadavre de son frère et le porte sur le Mont Saphon. El ayant enfin pris parti contre le dieu de la mort, elle sattaque à Mot et le détruit. Après avoir sauvé le Monde, Baal, fils du dieu Dagan, ressuscite et retrouve son royaume. En ce qui concerne dautres peuples voisins des Hébreux, tels les Edomites, les Ammonites, les Moabites, dont nous trouvons des mentions dans la Bible, force est de constater que nous ne savons pratiquement rien. Outre sa présence évoquée en Égypte, le culte de Baal du Saphon est constaté dans les zones dexpansion phéniciennes, comme à Tyr en ~675, où on le trouve mêlé à des cultes égyptiens, au Liban, à Chypre, et à Carthage, au ~3éme siècle, où il a été hellénisé sous le nom de Zeus Kasios. Dans leur expansion vers lOuest, les Phéniciens ont progressivement installé des comptoirs puis des colonies sur les rivages méditerranéens, Malte, Sardaigne, Sicile, Baléares, Espagne, Afrique, etc.. La colonie plus importante était Carthage, fondée vers ~1100 en Afrique du Nord. Ici, le couple suprême est constitué de la déesse Tanit et du dieu Baal Hammon, les protecteurs de la cité. Ils ne se confondent cependant pas avec les divinités phéniciennes. Au fil des âges, la ville devient le principal adversaire des Grecs et des Romains. Hannibal parvient aux portes de Rome après avoir traversé les Alpes avec ses éléphants. Caton profère ses imprécations, Carthago delenda est, et finalement les Romains détruisent la ville après la troisième guerre punique. Dans tous les lieux où la religion phénicienne sétait propagée, lusage des sacrifices humains paraît historiquement bien établi, au moins jusquà ce que se soient généralisés les sacrifices danimaux de substitution. Il sagissait généralement de sacrifices de rachat. Les sacrifices denfants, le molk, étaient pratiqués, en particulier à Carthage. Cinq cents enfants de familles nobles furent ainsi sacrifiés à Baal Hammon (Cronos), en ~310 lorsque la ville fut menacée par les Grecs de Sicile. De jeunes esclaves semblent avoir été parfois substitués aux fils de familles. A la lecture de la Bible, on retrouve ces traditions sémitiques de rachat par le sacrifice du premier-né chez les Moabites et même chez les Hébreux. (Dans la doctrine chrétienne, on peut sinterroger ?). Les anciens documents araméens semblent montrer que les cultes sémitiques de lintérieur étaient proches de ceux des provinces côtières. Les religions oubliées du Nord de la péninsule arabique ne nous ont guère connues quà travers les condamnations ultérieures du Coran et quelques affirmations dHérodote. La civilisation des Arabes du Sud, est celle du royaume de Saba, lArabie Heureuse. Elle a duré environ mille ans, du ~5ème siècle au 6ème siècle. La religion semble également analogue à celle de Mésopotamie. La religion dIsraël présente le caractère particulier dêtre connue à travers le recueil de traditions quest la Bible. Sa rédaction sest étalée sur prés dun millénaire mais il existe très peu déléments extérieurs qui en permettraient le contrôle, sauf quelques rares documents grecs, assyriens, néo-babyloniens, ou égyptiens. La Bible prétend faire remonter lhistoire dIsraël au niveau du second millénaire. Elle contient pourtant des anachronismes qui permettent de douter de son contenu. Certaines fouilles archéologiques montrent pourtant une relative véracité concernant une partie des relations historiques. Les trouvailles montrent aussi que le paganisme survivait en parallèle avec le monothéisme. Il est certain que cette religion a subi beaucoup dinfluences extérieures. Cétait la situation de lensemble des cultures de cette zone du monde antique. Au-delà de ces courants dinfluences, il convient de réaliser ce qui constitue la particularité fondamentale de cette religion. Je parle de laffirmation de lidentité de la nation dIsraël, dont nous savons quelle na pas de place ancienne dans lHistoire. Son dieu nest pas une entité métaphysique. Cest un dieu vivant qui se tient présent au sein de la communauté, au cur même de lArche dAlliance.
Les sacrifices
et les coutumes que Moïse établit (Hécatée dAbdère, ~3ème siècle). A lorigine, les autels des ancêtres des Hébreux sont des pierres brutes dressées, des bétyles. Le culte est très simple. Les patriarches accomplissent un sacrifice, parfois un holocauste ou combustion complète dune victime mâle, en tout lieu désigné par une vision. Il ny a ni prêtre ni sacrificateur. Ce nest quaprès la sortie dÉgypte et la fuite au pays de Madian que le dieu YHWH se révèle à Moïse comme un souverain puissant qui fait alliance avec Israël, son peuple élu, au sommet du Mont Sinaï. Cette alliance consentie par Dieu constitue un élément fondamental de la religion israélite, Cest lexpression religieuse de la souveraineté nationale. En se plaçant par cette alliance, et en tant que peuple choisi (donc supérieur aux autres), sous lautorité dun dieu souverain, les Hébreux affirment leur indépendance et se soustraient à lautorité des rois terrestres. Un autre élément fondamental est le Décalogue, la Loi dictée par le suzerain YHWH à ses vassaux. Israël ne peut servir quun dieu. Lobéissance à la volonté de YHWH est obligatoire et la loi concerne les rites tout aussi bien que tous les domaines de la vie sociale. Parmi ces obligations incontournables, il faut signaler la circoncision des jeunes garçons, un rite de passage par ailleurs assez répandue chez les autres sémites, et le sabbat, repos hebdomadaire rigoureux dont la rupture est très sévèrement punie. Moi, YHWH ton dieu, je suis un dieu jaloux ! Dautres obligations et croyances diverses existent. Les codes sacerdotaux énoncent des tabous interdisant, par exemple, certains mélanges binaires, laine et lin, et certaines nourritures impures, porc, reptiles, chameau. Les Hébreux croient aux démons et mettent à mort les sorciers. Ils pratiquent la divination. La nécromancie est interdite ce qui montre quils croient aussi en une survie larvaire après la mort dans le monde souterrain du shéol. La tradition religieuse comporte des sacrifices. Le donateur immole lui-même la victime. Le sang et la graisse sont la part de YHWH. Le prêtre répand le sang sur lautel et y brûle la graisse. On trouve dans la Bible quelques cas de sacrifices humains rituels, Isaac, et la fille de Jephté, mais le Code de lAlliance semble initialement prescrire de donner à Dieu le premier fils. La Bible évoque aussi de très nombreux massacres dennemis de tous âges et de tous sexes. Ils sont globalement dévoués à Dieu, et passés au fil de lépée, devenant ainsi les victimes sacrificielles dun atroce rituel, tout à la fois religieux et guerrier. Israël finit cependant par se donner des rois et par construire des temples. Cest lavènement de David, vers ~1000, qui marque le début de lIsraël historique. Jérusalem devient la capitale. Israël entre en guerre contre les états voisins, Moab, Aram, Edom, et atteint la Mer Rouge, ce qui lui ouvre les voies maritimes vers lorient, lArabie, lAfrique, et laccès aux mines de cuivre et à la richesse. La civilisation sépanouit sous Salomon. Il est un véritable empereur et construit le somptueux temple de Jérusalem. A cette époque, YHWH est le véritable Baal, le seigneur des hommes, ou El, le Très Haut, la puissance qui a créé lunivers. A limage des princes de ce monde, il est entouré dune cour céleste de chérubins, de séraphins, danges ou envoyés, les Fils de Dieu, (dont Satan et les dieux des autres peuples), et de saints, qui forment son Grand Conseil et chantent ses louanges. Mais le monde change. Les Mèdes semparent dAssur. Ninive est conquise et lÉgypte attaque Babylone. Josias est tué en venant au secours des Assyriens. Les Égyptiens contrôlent Juda. Nabuchodonosor écrase les Égyptiens en ~609, puis est battu en ~601. Joiaquim croit pouvoir échapper aux Assyriens. En ~597, Nabuchodonosor sempare de Jérusalem et emmène les Juifs en captivité à Babylone. Après cent ans, ils seront libérés, (plus précisément par Darius, et non par Cyrus), et nous les retrouverons plus tard. |
La civilisation égéenne. Crête, Grèce, Albanie, Bulgarie. Loccupation des environs de la mer Égée débute six mille ans avant notre ère, au néolithique. La civilisation est dabord repérable en Crête, où lon repère linfluence de lAsie Mineure. On y trouve les traces dun culte de la Terre Mère. Deux mille ans plus tard, débute lâge du bronze. Les Pélasges envahissent le pays et y introduisent la vigne, lolivier, la charrue, et la céramique vernissée. Il y a quatre mille ans, on a affaire à la Civilisation dite des Cyclades et de la Crète, marquée par des relations avec Troie, Chypre, lÉgypte. En Crête, cest la Civilisation Minoenne, la dynastie des Minos qui nous a laissé les ruines du Palais de Cnossos. Puis ce sont les invasions des Ioniens et larrivée des Achéens, (Hellènes). A lâge du bronze récent, cinq cents ans plus tard, débute la Civilisation Mycénienne. (Mythe dIdomée). Elle fonde les cités de Mycènes, Argos, Tirynthe, Sicyone, Corinthe, Athènes, Thèbes, Orchomène. Il nous en reste les enceintes cyclopéennes de Mycènes et de Tirynthe. Les Mycéniens connaissent lécriture. Ils pratiquent le commerce lointain et lancent des expéditions maritimes jusquen Grande Bretagne. La région compte de nombreux petits royaumes, souvent en lutte contre les envahisseurs, ou les uns avec les autres, comme dans lépisode de la célèbre guerre de Troie qui dut avoir lieu à ce moment. Les Grecs colonisent beaucoup et rencontrent les civilisations voisines telles celles des Hittites ou des Phrygiens dans lAnatolie voisine. Le Panthéon grec se forme alors par syncrétisme, associant progressivement les antiques cultes de la Terre Mère et ceux des dieux mâles, ouraniens et fulgurants, des Indo-européens. Le patriarcat divin triomphe mais les déesses restent importantes mais elles se spécialisent. La période est marquée par de nombreuses guerres intestines, mais aussi par linvention humanitaire de lesclavage. Dorénavant, les vaincus ne sont plus systématiquement massacrés mais contraints à la servitude. Vers lan ~1100, le Moyen Âge Hellénique commence par une invasion dorienne. Elle provoque un grave recul économique et culturel. Au début de lâge de fer, une renaissance se manifeste par lusage de lécriture alphabétique. Cest probablement à cette époque, vers ~850, quHomère écrivit lIliade et lOdyssée. La civilisation grecque se développe tant à lintérieur quà lextérieur. A lintérieur, Athènes, gouvernée par les Eupatrides, concurrence Sparte, à la double royauté contrôlée par les Éphores. Il faut ici noter les migrations ioniennes (Chio, Phocée, Samos), la création de la Dodécapole, le développement de la Grèce dAsie mineure, et en ~776, la fondation des Jeux Olympiques. A lextérieur, les expéditions grecques aboutissent à la fondation de 80 colonies et comptoirs, dont la Grande Grèce en Italie, la Sicile, et Massilia (Marseille). Beaucoup dhommes célèbres nous ont laissés leurs noms et les traces de leurs travaux, tels Hésiode, Thalès, astronome philosophe qui aurait énoncé le connais-toi toi-même, Anaximandre, savant philosophe qui affirmait que le principe matériel unique était lIllimité, Pisistrate, Ésope, Sappho, Héraclite dÉphèse qui fit du Logos, le principe du devenir, Pythagore qui donna à la philosophie un objectif, celui de libérer lâme humaine du corps-tombeau, éleva les mathématiques au rang dune mystique, et appela le monde Cosmos, Anacréon, Xénophane, Parménide. Six cents ans avant JC, commence lépoque Classique, le Siècle de Périclès. Athènes, à lapogée, construit lAcropole et le Parthénon. La période est propice aux invasions. La Grèce dAsie mineure est soumise par les Perses, (Cyrus). Il y a dautres invasions, celle de Darios. (Marathon), puis de Xerxès. Sparte est vaincue aux Thermopyles. Athènes est également conquise, mais Thémistocle vainc les Perses à Salamine. Les Carthaginois et les Étrusques rendent la Sicile. Lempire athénien devient un modèle démocratique. Cest le début de la pensée et de la civilisation grecque classique, avec le renouveau des sciences et des arts. (Philosophie, éthique, législation, science politique, poésie, tragédie, histoire, sculpture, architecture). On peut citer ici bien des noms célèbres comme Anaxagore qui affirmait que lEsprit ou Intellect est le principe organisateur de la matière, Pindare, Zénon dÉlée inventeur de la dialectique, Empédocle qui établi la théorie des quatre éléments, imagina les atomes, et conçut un Univers régi par lamour et la haine, Sophocle, Euripide le tragédien, Protagoras pour qui lhomme était la mesure de toute chose, Critias qui disait que les religions étaient inventées pour effrayer les hommes, Démocrite qui pensait que la nature, née du hasard et de la nécessité, était éternelle, incréée, et sans finalité, et qui appela lhomme Microcosme, Cratinos, Hérodote, Xénophon. Deux cents ans plus tard, vers ~400, cest lépoque Hellénistique et Macédonienne qui nous a laissé lAcropole de Pergame, la Victoire de Samothrace, la Vénus de Milo. Athènes et Sparte rivalisent (Guerre du Péloponnèse). Sparte cède alors la Grèce dAsie aux Perses. La pensée philosophique grecque, (Platon), est à son apogée. Puis un semi-barbare, riche et ambitieux, Philippe II de Macédoine, devient le maître de la Grèce. Son fils, Alexandre dit le Grand, établit un immense empire comprenant la Grèce, lÉgypte, et lAsie occidentale jusquà lIndus. Il fonde Alexandrie, Antioche, Pergame et 70 autres villes. Après sa mort, son empire est partagé entre ses lieutenants. Cela entraîne la formation de divers royaumes, lEgypte des Lagides, la Syrie des Séleucides, la Macédoine, la Grèce des Antigonides, le Royaume du Pont, le Royaume de Pergame des Attalides. La culture grecque est fortement modifiée. Les influences des philosophes et celle des savants deviennent encore plus importantes. L’Hellénisme naît alors de la rencontre du classicisme grec et des civilisations orientales. Au fil du temps, la religion évolue énormément. L’Orphisme, le Néoplatonisme, le Gnosticisme et les Cultes à Mystères apparaissent. Parmi les grands hommes du temps, on peut évoquer Aristophane et ses comédies satiriques, Arcésilas, Callimaque, Démosthène, Thucydide, Isocrate, Socrate, fondateur de lÉthique, libérateur de lesprit humain, Diogène le Cynique, Épicure, Euclide à qui lon doit probablement les bases de la géométrie, Apollonios de Rhodes, Archimède de Syracuse, inventeur de génie, Zénon de Cittium qui fonda le stoïcisme, Aristarque de Samos qui sait déjà que la Terre tourne sur elle-même et quelle décrit une orbite autour du Soleil, Hippocrate, le médecin rationnel, Aristote qui fut un véritable géant de la pensée, dont les travaux (reconstruits) marquèrent toute la suite de la philosophie et de la théologie. Il faut, bien sur, citer ici Platon dont les concepts philosophiques et politiques forment encore aujourdhui la base de beaucoup de théories. Platon naît à Athènes, en ~428, dans une famille aristocratique. Âgé de vingt ans, il rencontre Socrate et se lance dans la philosophie et dans laction politique, ce qui lui attire quelques ennuis. Platon décrit dailleurs plus tard, dans Les Lois, un état immuable, organisé et dirigé par les philosophes, qui mapparaît assez horrible. Cependant, ami des Pythagoriciens, il croit à la transmigration et à léternité des âmes. Il fonde une école, lAcadémie, prés du village dAcadèmos, et se met à enseigner. Il écrit au moins trente-cinq dialogues pour exposer sa pensée. Le système de Platon synthétise différentes doctrines comme celles de Socrate, dHéraclite, de Parménide, et de Pythagore. Il pense que les êtres, perpétuellement changeants, qui peuplent ce monde visible et intelligible sont des copies impermanentes qui reproduisent des modèles universels, fixes et immuables, lesquels se situent dans un autre Monde, celui des Formes ou des Idées qui existent par et en elles-mêmes. Au sommet de ces Essences, Platon place le Bien, le Beau, le Juste. Les Idées ont été aperçues par lâme, à lorigine. Grâce au vague souvenir, à la réminiscence, quelle en a gardé, lâme éternelle peut reconnaître les pures Idées, même lorsquelle est prisonnière dun corps matériel impur. Elle désire escalader le ciel pour retourner les contempler. Pour vous donner une très petite idée de la formulation de ces philosophies antiques, je vous propose un court extrait dun ouvrage de Platon qui imagine, sur ce sujet, un dialogue entre Socrate et Parménide. Supposons, dit Parménide, que quelquun dentre nous soit le maître ou lesclave dun autre. Il nest certainement pas lesclave du maître en soi, de lessence maître, et, sil est le maître, il nest pas le maître de lesclave en soi, de lessence esclave. Mais, comme il est homme, cest dun homme quil est esclave ou maître. Quant à la maîtrise en soi, cest par rapport à lesclavage en soi quelle est ce quelle est. De même, lesclavage en soi est lesclavage de la maîtrise en soi. Mais les réalités de notre monde nont pas daction sur celles de là-haut, ni celles-ci sur nous. Cest à elles-mêmes quont rapport ces réalités de là-haut, et celles de notre monde ont de même rapport à elles-mêmes. Ne comprends-tu pas ce que je dis ? Je comprends parfaitement, répondit Socrate. En ~200, les Romains arrivent et Flaminius vainc Philippe V de Macédoine en ~197. La Grèce devient romaine en ~146. Athènes est prise par Sylla et lÉgypte ptolémaïque est soumise par Octave. Grâce à lingéniosité dArchimède, Syracuse résiste trois ans au siège des Romains. Un soldat tue le savant à la prise de la ville. La civilisation grecque et la romaine se fondent. Profondément marquées par les nouvelles philosophies et le Christianisme naissant, elles sinfluencent fortement jusquà se confondre. Citons ici, pour exemple, les noms dÉpictète et de Plutarque. En 381, lempereur Théodose 1er proscrit le paganisme et les cultes traditionnels. Cest la fin de la culture et de lAntiquité grecque. Les Jeux Olympiques sont célébrés pour la dernière fois en 383. La philosophie et la pensée grecques nous sont plus proches que sa religion dont les aspects variés ne nous sont généralement connus quà travers limagerie pittoresque de sa mythologie. La réalité archéologique est plus complexe, mais nous ne pourrons pas ici entrer dans un détail qui nous mènerait trop loin. On y distingue.
On ne peut pas développer ici le détail des cultes, la mantique (ou science des présages), limportante mythologie, et toutes les légendes par ailleurs assez connues. Restons-en à lidée que les cultes grecs ont dabord été une religion détat, ressource utilitaire de principes fédérateurs à lintérieur de la Cité. Les pratiques obligatoires unifiaient les comportements des différentes classes sociales et des éléments familiaux. De même, à lextérieur, elles ont largement contribué à favoriser la culture panhellénique. En corrélation avec lexpansion économique, lévolution des idées philosophiques, et la transformation politique, lautonomie intellectuelle et lindépendance individuelle à légard de lÉtat ont été ensuite encouragées. Les Grecs ont alors délaissé les vieux dieux auxquels ils ne croyaient plus. Ils se sont tournés vers les cultes étrangers, mystiques ou extatiques, égyptiens ou asiatiques, dont nous avons parlé au précédent chapitre. Nous en parlerons un peu plus loin. On peut être intéressé par le destin du pays au-delà de la période étudiée. Après la division de lEmpire Romain, la Grèce est intégrée à lEmpire Byzantin. Elle subit des invasions barbares, (Goths, Slaves, Albanais, Valaques), puis arabes, bulgares, normandes, latines, vénitiennes et génoises. LAcadémie est fermée par Justinien en 529, et les maîtres antichrétiens de la philosophie hellénique sont définitivement interdits denseignement. La féodalité sinstalle. (Royaume de Thessalonique, Principauté de Morée, Duché dAthènes, puis reconquête byzantine et despotat de Mistra). La Grèce est conquise par les Turcs à partir de 1391. Pendant quatre siècles, la population est réduite à un cruel servage. Les Grecs se constituent en communauté religieuse autour du patriarcat de Constantinople et la diaspora établit des foyers culturels en Méditerranée. La Grèce se révolte contre la féodalité ottomane lorsque lempire ottoman est sujet à des luttes intestines. Au 19ème siècle, après bien des péripéties et des massacres, la Grèce redevient autonome puis indépendante en 1832 par le traité de Constantinople. (Voir annexe historique). |
La civilisation hittite et anatolienne. Linfluence séculaire des Hittites est extraordinairement importante. Ils occupaient lespace de la Turquie actuelle. A lépoque néolithique, cinq mille ans avant notre ère, un peuple y était déjà installé, dont on ne sait pas grand chose. On a retrouvé les ruines de certaines cités, à çatal Höyük et à Hacilar. Il semble quils pratiquent alors un culte de la Déesse Mère, dont ils ont laissé des statuettes sous le triple aspect dune jeune fille, dune mère accouchant, et dune femme âgée. Un triple dieu secondaire, masculin et analogue, leur est associé, ainsi que des animaux tels les léopards et les taureaux. A lâge du cuivre, des Cités-Etats apparaissent en Cappadoce, liées avec lAssyrie qui y avait établi des comptoirs commerciaux. On constate alors la présence des Hattis, dont la civilisation est apparue à lâge du bronze, à lépoque de la première fondation de la ville de Troie. Constituée de trois cités confondues, Dardana, Troie, et Ilion, la ville fut détruite et reconstruite plusieurs fois. (Neuf structures superposées ont été mises à jour par Schliemann). Puis les Hattis sont vaincus par les Hittites, des indo-européens qui ajoutent les Dieux ouraniens du ciel, de lorage, et du tonnerre, au panthéon hattien. Il y a aussi des dieux solaires et lunaires. Ces divinités sont également représentés en association avec le taureau, et apparentés à Zeus. Dune façon générale, elles ont toutes le caractère dune association de couples masculin/féminin. Cette caractéristique perdure au-delà de lévolution de la religion, au fil des âges, et sous les influences des peuples voisins. Les dieux hittites sont les protecteurs des rois, même après leur mort, et les rois sont leurs prêtres. Dieu de lorage,
mon Seigneur, je nétais quun mortel. Il y a quatre mille ans, les royaumes hittites se rassemblent en un empire. Ils utilisent une écriture cunéiforme mésopotamienne, mais usent aussi des hiéroglyphes. Au début de lâge du fer, lempire englobe toute lAsie Mineure, la Syrie et la Palestine, entrant en concurrence fréquente avec lÉgypte. Vers ~1200, lEmpire est détruit par lun des Peuples de la Mer, les Moushki, qui importent leurs murs et leurs dieux. Ils viennent de Thrace ou de Macédoine et créent le Royaume de Phrygie. Fuyant les invasions, les Grecs Achéens ou Mycéniens colonisent alors la région. Cest lépoque probable de la légendaire guerre de Troie. Les héros troyens tels Priam, Hécube, Paris, Hector, Andromaque, décrits par Homère dans lIliade, étaient donc des Hittites ou des Phrygiens. Sous linfluence grecque, de nouveaux royaumes sont fondés en Phrygie et en Lydie. On y retrouve limage de lantique déesse mère, associée aux fauves, sous la forme dune grande divinité phrygienne appelée Kubala ou Kybele, la grande mère des dieux, la redoutable et castratrice Cybèle. (Sous le nom de Bona Déa, elle fut ultérieurement adorée sur le Mont Palatin par les Romains qui adoptaient facilement tous les dieux disponibles). Avec la conquête par les Mèdes de Cyrus II en ~546, la région entre sous la domination perse. LEmpire est conquis par Alexandre le Grand, puis partagé à sa mort. Les états du Nord sérigent en états indépendants. (Bithynie, Cappadoce, Paphlagonie, Pont). La Syrie contrôle lAnatolie. Les Galates fondent le royaume de Galatie. Pergame devient un royaume hellénistique puissant. LÉpoque Romaine commence vers ~190. Le roi de Pergame, Attale III, lègue dailleurs son royaume à Rome. Les Romains créent les province dAsie (en Anatolie), de Bithynie, Cilicie, Galatie (Isaurie, Lycaonie, Psidie), Pamphylie et Cappadoce, et fondent Constantinople à la place de la vieille Byzance. Constantin en fait sa capitale chrétienne en lannée 330. Les tribulations du pays ne sont pas terminées. A la division de lEmpire Romain, il est intégré à lEmpire dOrient. Constantinople devient le centre intellectuel de lhellénisme chrétien. LEmpire est menacé par les invasions arabes islamisantes et barbares. En 1054, éclate la crise du Schisme dOrient. Après la défaite romaine de Manziker, les Mongols de Genghis Khan commencent une conquête terrifiante. Ils massacrent les Latins et les Musulmans, et dressent des pyramides de têtes coupées devant les villes détruites. Les Turcs sinfiltrent en masse, provenant de lempire des Tujue en Asie centrale. En 1204, sous la pression de Venise, Constantinople est reprise par les Croisés. LEmpire Byzantins devient lEmpire Latin de Constantinople. Ensuite, les Mongols arrivent et divisent lAnatolie en petites principautés turques dont celle des Osmanlis ou Ottomans. Mehmet II reprend Constantinople en 1453. Il occupe le Péloponnèse, lAlbanie, la Bosnie, la Moldavie. Même la puissante Venise doit payer tribut. Bäyazid combat les Mamelouks en Égypte. Sélim 1er commence la conquête de tous les pays dIslam, Anatolie orientale, Azerbaïdjan, Cicilie, Kurdistan, Syrie, Palestine, et Égypte. Soliman dit le Magnifique attaque lAutriche mais échoue devant Vienne. Pour célébrer ironiquement cet échec, les Viennois inventent le croissant des pâtissiers et croquent du Turc au petit déjeuner. Mais Soliman conquiert lIraq, lArabie, lAfrique du Nord sauf le Maroc, puis Belgrade, Rhodes, la Hongrie, la Transylvanie. Cet Empire immense, prospère et renommé, devient le grand Empire Ottoman. Il ne prend fin quau 20ème siècle. Comme on le voit, linfluence politique, économique, culturelle, et religieuse, de la civilisation des Hittites, et de leurs successeurs, a été considérable, à travers les âges. A lépoque qui nous intéresse, parés bien des échanges avec les Mésopotamiens, les Phéniciens et les Égyptiens, les Grecs lavaient profondément marquée. Les Romains occupaient le pays, mais sa culture restait mélangée, résultat étonnant du brassage continuel qui caractérisait déjà le destin des populations de cette région du monde. |
La civilisation des Indes. Le territoire des Indes actuelles est occupé depuis le Néolithique, vers 5500 ans avant notre ère. Lâge du cuivre y apparaît vers ~3500. En ~2500, cest le début de lâge du bronze. La vieille civilisation de lIndus fonde les cités de Mohenjo-Däro, (Sind), Harappä, (Pendjab), où lon a découvert des statuettes et des sceaux. Puis, vers ~1500, cest linvasion des Ariens et lâge du fer. On exploite le fer météoritique et les gisements souterrains. Cest de ce temps que datent les textes sacrés du Véda attribués à Rama, le Brahmanisme attribué à Khrisna, et le système des castes. La religion du Véda est la forme la plus ancienne des religions de lInde. Elle semble avoir été apportée par les envahisseurs ariens, et présente des analogies avec les plus vieux cultes iraniens. On y retrouve la foi en deux sortes de divinités, (les daivas et les assuras), le culte du feu, les sacrifices danimaux, loffrande du soma. La religion védique manifeste aussi des caractères propres. Elle se fonde sur un corpus de textes abondants et variés, dont les quatre Védas, (Rig-Véda, Yajur-Véda, Sâma-Véda, Atharva-Véda). La mythologie est très élaborée. Les trente-trois dieux sont des êtres actifs, très sensibles aux offrandes. En arrière-plan, on trouve le Dyaush Pitar, le Dieu-Père, (et la Déesse Terre). La divinité se rapproche avec Varuna, et Mithra, les redoutables législateurs cosmiques. Le Dieu central est Indra, le vainqueur foudroyant, conquérant du Soleil. Il existe aussi des dieux dune autre nature, comme Agni, le feu universel, et Soma qui personnifie la liqueur sacrificielle. Le culte védique repose sur le sacrifice, loffrande consistant en produits de lagriculture, ou de lélevage, partiellement brûlés et partiellement consommés par lassemblée, par limmolation dun bouc quon étouffe, ou par oblation de soma, suc rituellement tiré dune plante médicinale. Dautres rites védiques ont plutôt les caractères de pratiques magiques ou divinatoires privées. Plus récents, les Upanishads, dont la Bhagavad-gïta, tendent vers une réflexion ésotérique. Un principe unique est à lorigine du Monde, Brahman, lÂme universelle. La seule vérité libératrice est celle par laquelle lindividu reconnaît que Atman, son âme individuelle réelle, est identique au principe universel. Tat tvam asi - Tu es cela ! Après ce trop bref exposé sur les religions anciennes de lInde, reprenons le récit historique. Darios 1er et les Perses envahissent le pays. Vers ~500, le Bouddha historique apparaît dans lart bouddhique primitif. On édifie des colonnes à chapiteaux sculptés avec des bas-reliefs naturalistes. Les premiers stüpas sont élevés. Des sanctuaires rupestres sont créés à Bhâjâ, Nasik et Ajanta. Cest le début du Jaïnisme et du Bouddhisme. Vers ~400, Alexandre le Grand de Macédoine conquiert temporairement le pays. Pendant cette époque qui est appelée gréco-bouddhiste, leffigie de Bouddha apparaît. Le Royaume dAsoka protecteur du Bouddhisme est fondé ainsi que les dynasties Sunga et Känva. La doctrine bouddhique diffère énormément des religions védiques. Elle est établie sur une base simple qui est la formulation des Quatre Saintes Vérités, dont voici un résumé.
Nous reparlerons du Bouddhisme en étudiant la civilisation chinoise. Pour linstant, voyons un mouvement qui en est indépendant, le Jaïnisme. Il aurait été fondé par le réformateur Pärsva, fils dun roi de Bénarès. Parvenu à la connaissance suprême par la méditation et lascèse, ce prophète aurait fait connaître la Loi à ses nombreux disciples, avant de se laisser mourir de faim. La doctrine Jaïna comporte trois fondements, les trois joyaux de la connaissance, de la foi, et de la conduite. La connaissance est lattribut essentiel de lâme. Elle repose sur les perceptions sensorielles qui permettent de comprendre les véritables natures de lespace et du temps. Les âmes, éternellement vivantes, existent en nombre infini. Ces entités spirituelles habitent les organismes corporels auxquels elles sont liées. Les organismes possèdent plusieurs corps plus ou moins subtils, le corps physique des hommes et des animaux, le corps de transformation des dieux et des démons, le corps de transfert qui permet à certains hommes dagir à distance, le corps ardent qui donne lénergie, et le corps karmique qui contient le poids du passé. Lâme peut sincarner dans les êtres mobiles despèces différentes mais aussi dans des être immobiles. Cest le corps karmique, construit par les actes, qui cause la servitude de lâme, (pure de nature), tant quelle est attachée à un organisme corporel, (impur de nature). Les liens de lâme sont les passions engendrées par le karma. Pour libérer lâme, il faut se détacher des passions, ce que permet la seule religion. A la mort, lâme libérée de la matière karmique rejoint le sommet de lunivers. Dans le cas contraire, elle reste dans le corps karmique puis se réincarne dans une nouvelle existence, humaine, divine, animale, ou infernale. Le monde ultra cosmique illimité entoure le cosmos où vivent les âmes. Celui-ci est composé de trois mondes, le supérieur, le médian où vivent les hommes et les animaux, et linférieur. Ce dernier comprend sept régions superposées dont les plus profondes sont des lieux infernaux peuplés par les âmes des criminels. Le monde médian des hommes tourne autour du Mont Méru qui en traverse la base. Les dieux stellaires vivent aussi dans le monde médian où sont également les astres. Le monde supérieur commence au-delà des étoiles. Il est symétrique du monde inférieur mais ses sept régions sont de pure beauté. De merveilleuses divinités y habitent, qui échappent aux lois temporelles. Le temps régit le monde médian qui tourne en reproduisant indéfiniment des conditions périodiques analogues. Dans chaque période, le Jaïnisme distingue deux phases, ascendante dans le bonheur et descendante dans le malheur, avec chacune six degrés. Nous sommes dans le Kali-Yuga, à la fin du cinquième degré de la phase descendante, lâge de discorde et dhypocrisie. Au cours de cet âge de fer, la véracité, la pureté, la clémence, la miséricorde, tous les principes de spiritualité, la mémoire, la durée de vie et la force physique se dégraderont progressivement jusquà disparaître presque complètement à la fin du cycle. Le Jaïna sengage à respecter cinq interdits, ne pas nuire aux êtres vivants, ne pas mentir, ne pas voler, ne pas manquer à la chasteté, ne pas sattacher aux biens matériels. Les laïcs prononcent des vux complémentaires qui les préparent à la vie religieuse. Par lobservance très rigoureuse des règles, les moines sappliquent à détacher les liens du Karma pour libérer leurs âmes de la servitude et de la transmigration. A lépoque de lapparition du Bouddhisme et du Jaïnisme, les deux civilisations, grecques et indiennes, se rencontrent. Elles sinfluencent mutuellement. Puis, en ~300, Chandragupta fonde la dynastie des Maurya et repousse les Grecs. LInde est envahie par les Scythes. Le Royaume hellénistique de Kushänaest est fondé, suivi dun Empire dans le Deccan. Lépoque Indo-Scythe se termine au 4ème siècle. Vers +400, au-delà de la période qui nous intéresse, lEmpire Gupta est réunifié. Un âge de rayonnement culturel commence qui ne finira que vers 1200. C'est lère de lart bouddhique et brahmanique dravidien et de la peinture rupestre. Larchitecture extérieure est en pierre. Elle est accompagnée dune statuaire souple et harmonieuse, parfois monumentale. Au 6ème siècle, cest linvasion des Huns Hephtalites. Vers le 11ème siècle, les sanctuaires rupestres sont abandonnés. On entre dans le Moyen Age indien. Les temples complexes sont en pierre, et décorés de peintures murales, avec des toits pyramidaux ou curvilignes. On élève des sculptures décoratives et érotiques en pierre ou en bronze. Au 13ème siècle, Mahmüd le Ghaznévide commence la conquête musulmane qui est achevée par le prince Muhammad de Ghor. LEpoque musulmane est marquée par linvasion de Tamerlan en 1398. Le sultanat de Delhi est morcelé. Linfluence islamique est très importante. Les palais, citadelles, tombeaux, minarets et mosquées, sont dinspiration persane. La sculpture décline. En 1498, le pays est visité par Vasco de Gama. Bäber fonde lempire Moghol, et lInde est à nouveau morcelée. Au 19ème siècle les Anglais la colonisent. La Compagnie des Indes est fondée. Victoria devient impératrice. Les Français se contentent de quelques comptoirs commerciaux. Puis cest Gandhi, la non-violence, la séparation du Pakistan, et enfin lindépendance. |
La civilisation chinoise. La civilisation néolithique est repérable en Chine, cinq mille cinq cents ans avant notre ère. Lâge du cuivre lui succède trente siècles plus tard, avec la dynastie problématique des Xia (ou Hia). Il nexiste aucun écrit antérieur à la dynastie des Shang, ou des Yin, vers ~1500. Nous ne disposons que des données archéologiques. Lâge du fer débute vers ~1000 avec la dynastie des Zhou (ou Tchéou). Entre ~770 et ~476, on identifie la période dite des Printemps et Automnes. Cest lépoque des grands sages comme Confucius, (Kung -tsu le philosophe), dont la philosophie nous est parvenue à travers les travaux ultérieurs des lettrés, et Lao tseu, (Lao Tzu, le fondateur du Taoïsme). Laction parfaite opère sans laisser de trace. (Lao Tseu) Cest ensuite la période des Royaumes combattants. On construit la Grande Muraille. Longue de mille kilomètres, et visible de la Lune, elle est alors destinée à protéger lEmpire des invasions des Mongols. Ce qui nous est parvenu de lantique mythologie chinoise est assez incertain. Les légendes ont été déformées et se confondent avec des données pseudo historiques. Il semble quau-delà des récits mythiques de la fondation des premières dynasties, lon puisse identifier une divinité féminine appelée Hi-ho, mère de dix soleils qui illuminaient alternativement la Terre. De même, on parle de la déesse des douze lunes, Heng-ngo, qui a dérobé lélixir dimmortalité dont disposait larcher Yi, son époux. Le Soleil et la Lune sopposent comme de grands principes cosmiques complémentaires, le feu et leau, la lumière et lombre, lactivité et la passivité, le Yin et le Yang. Le mythique Yu rend la Terre habitable en ouvrant au Fleuve Jaune un chemin vers la mer, au travers des montagnes. Niu-koua fixe les quatre points cardinaux et attache le Ciel à la Terre. Puis elle commence à modeler les hommes. Elle fait les nobles de lourde terre jaune. Mais, fatiguée, elle se sert ensuite de boue molle pour façonner les hommes ordinaires. Enfin, lAuguste Seigneur du Ciel charge Tchong-Li de couper toute communication avec la Terre, afin que les esprits et les dieux ne puissent plus descendre. Beaucoup de vieux mythes chinois sont liés au feu et à lart des fondeurs. La fonte est une opération religieuse et alchimique qui exige des sacrifices humains. Les cinq rois, célestes et légendaires, sont aussi des puissances transcendantes qui règnent sur le monde originel. On retrouve leurs traces dans les tableaux des correspondances entre les Élémentals, (Bois, Feu, Terre, Métal, Eau), les Orients, (Est, Sud, Centre, Ouest, Nord), les Saisons et les Couleurs. Les cultes des ancêtres et les opérations divinatoires sont des privilèges royaux. Les cérémonies, codifiée et systématisées, sont accompagnées de sacrifices humains et animaux pratiqués en nombre très important. On sacrifie également de nombreuses personnes avant de commencer la construction des édifices, temples et palais. Léclosion de la philosophie chinoise se fait au moment même de la grande évolution des autres civilisations antiques. Cette étonnante convergence pourrait démontrer que des contacts culturels soutenus existaient entre ces peuples géographiquement distants. Si lon nadmet pas cela, la simultanéité des évolutions culturelles pose un vrai problème de causalité. A qui, ou à quoi, est due cette apparition généralisée, en divers lieux, en un même temps ? Certains penseurs nhésitent pas à lui attribuer une origine soit divine soit extra-terrestre. Après le Confucianisme apparaît le Tao Te King, la doctrine fondée par Lao Tseu. La cosmogonie taoïste décrit le Tao céleste, lordre naturel, manifesté par le ciel, la rotation du Soleil et des étoiles, et la succession des nuits, des jours et des saisons. Il y a également deux aspects complémentaires dans le Tao, le clair et lobscur, le chaud et le froid, lactif et le passif, le Yin et le Yang. Dans le Taoïsme métaphysique, le Tao, le chemin, la voie, est la grande Mère, celle quon ne peut nommer, la femelle mystérieuse qui est source de toute vie. Tous les êtres dont les hommes, sont ses enfants. La connaissance parfaite consiste à faire le vide de toute pensée et de toute notion. Voici un aperçu de lenseignement fondamental de Lao Tseu. Le salut véritable est le retour dans le sein du Tao. Le Monde ordinaire et
la société humaine La roue du temps tourne aussi en Chine. Vers ~200, cest la dynastie des Qin, puis celle des Han. On distingue la dynastie des Xin, 1ers Han antérieurs ou occidentaux, la fondation de la dynastie des Hsin par lusurpateur Wang Mang, puis la dynastie des Han postérieurs ou 2èmes Han orientaux. Lépoque est marquée par lapparition du Bouddhisme. Le Bouddha chinois fut un temps confondu avec Lao Tseu divinisé. En 166, lempereur lui-même offrait simultanément des sacrifices à Houang-Lao, (la principale divinité taoïste des Han), et au Bouddha, confondu avec elle. Hiao-wou-ti, un autre empereur, officialise les cinq interdictions bouddhistes empruntées au Jaïnisme. Ne pas attenter à la
vie. Ne pas mentir. Ne pas voler. Pendant la période des Trois Royaumes, (Wei, Shu, Wu), les communautés bouddhistes sont exemptées dimpôts et de corvées. Ce statut engendre une rivalité latente entre les religions. En 265, lempire est encore réunifié, puis les grandes invasions barbares arrivent. Elles divisent la Chine entre les dynasties du Nord et celles du Sud. Cest le Moyen Âge chinois. Dans le Sud, les Jin orientaux émigrés fondent une communauté (connue comme la dynastie du Sud, Liu Song, Qi du Sud, Liang, Chan). Elle est établie par des élites qui pratiquent une religion métaphysique, syncrétique et intellectuelle, mêlant le Gnosticisme au Taoïsme. Le Bouddhisme est introduit à la cour impériale de Nankin. Les exemptions de corvées favorisent la multiplication des monastères. Cela engendre des conflits durables entre léglise bouddhique et lÉtat théocrate confucéen. Au Nord, chez les Jin occidentaux, on note un intérêt croissant envers la philosophie, létude des mystères, la gnose manichéenne. Les textes bouddhiques se multiplient et les cultes senrichissent par des échanges avec lInde. Le Nord est entre les mains de barbares, Huns, Tibétains, (Wei du Nord, Qi du Nord, Zhou du Nord), et de despotes parfois sanguinaires. Le Bouddhisme intéresse pourtant ces princes. Ils favorisent les moines qui développent alors la magistrale philosophie de la Voie Moyenne, très remarquable courant de pensée voisin de la Gnose chinoise des Mystères. Une réaction anti-bouddhique encouragée par les Taoïstes et les Confucianistes, provoque de grands massacres et destructions. Cette oscillation périodique du pouvoir religieux se reproduit jusquà la réunification de la Chine par la Dynastie des Sui, (Souei), en 581, sur la base de lunité religieuse entre les Bouddhistes du Nord et du Sud. Une autre histoire de la Chine commence. La dynastie des Tang, ou Grands Zhous, est fondée en 618 et ne prend fin quen 907. La Chine devient le plus brillant empire du Monde. Les lettrés diffusent le Bouddhisme et finissent par le fondre avec une réforme du Confucianisme. La civilisation chinoise est marquée par un grand raffinement intellectuel souvent associé à une cruauté extrême. Lenseignement de la philosophie, par exemple, est un dangereux métier. L'Empereur en personne reçoit les candidats au mandarinat. Il entend lui-même leurs thèses, au bord dun précipice escarpé. Les philosophes convaincants reçoivent leurs diplômes honorifiques des mains impériales, mais ceux qui déplaisent sont immédiatement précipités dans le gouffre, sur un signe de tête du souverain. En 655, lusurpatrice Wou devient impératrice. Cest la seule femme qui ait jamais occupé un trône chinois. Sa ferveur bouddhiste est extrême et elle fait ériger de nombreux monuments. Sa chute déclenche une longue guerre de religions. Une sévère réglementation des cultes est lancée, suivie dun mouvement iconoclaste qui détruit un patrimoine inestimable. Lempire corrompu se divise et seffondre. Après 907, les Cinq Dynasties du Nord, (Liang postérieurs, Tang postérieurs, Jin postérieurs, Han postérieurs, Zhou postérieurs) commencent à subir des infiltrations barbares. Elles vont progressivement saccentuer. Au Sud, se forment les dix petits royaumes, (Shu, Shu postérieurs, Nanping, Chu, Wu, Tang méridionaux, Wu-Yue, Min, Han du Sud, Han du Nord), qui accueillent le clergé émigré. Les Song du Nord et du Sud rétablissent lunité politique. apparaît et transforme la culture chinoise. Dans le Nord, les barbares fondent la dynastie des Lino, (Leao), et les Tibétains celle des Si-Hia. Linvasion des Jou-tchen, (les futurs Mandchous), provoque une nouvelle émigration. Les désenchantés se tournent vers la philosophie poétique bouddhiste du Tchan, (qui deviendra le Zen japonais). Comme en Turquie, les Mongols de Temùjin, (le dévastateur Genghis Khan), commencent la sanglante conquête de la Chine. Tout ce qui vit est massacré, y compris les chiens et les chats. Genghis Khan se présente comme un justicier purificateur et unificateur de la société. Le pays est ensuite soumis, du Nord au Sud, par Khubilai qui fonde la dynastie des Yuan. Il accueille pendant plusieurs années le vénitien Marco Polo qui explore la Chine et la Mongolie. Le Khan organise la domination des lamas Tibétains sur le clergé chinois. A partir de 1368, la dynastie des Ming est établie. Les luttes religieuses reprennent jusquà ce quune relative fusion des trois religions rivales soit enfin réalisée. Puis, en 1644, cest la dynastie mandchoue des Qing, ou Tsing, qui rétablissent la lamaïsation de la religion. Malgré la haute spiritualité de la philosophie tchang, les hérésies et les sociétés secrètes se multiplient et le clergé se paillardise. Finalement, inspirés par les idées rationalistes européennes, les intellectuels fomentent la révolution républicaine de 1911. |
Les civilisations étrusque et romaine. Ces civilisations peuvent apparaître comme relativement plus récentes que les précédentes. Il semble que, vers le ~25ème siècle, la péninsule italienne ait été peuplée de Ligures dont on sait très peu de choses. Au ~13ème siècle, on constate la présence des Étrusques, ou Toscans. Hérodote prétend quils sont venus de Libye. Ils pourraient plutôt être le résultat dune symbiose entre divers peuples locaux et orientaux. Les Étrusques ont établi une civilisation remarquable qui reste assez mal connue car leur écriture nest pas bien déchiffrée. Heureusement, les auteurs latins en ont beaucoup parlé. Elle était surtout urbaine, assez épicurienne, et spécifiquement marquée par la place importante tenue par les femmes. Organisés en une sorte de vague fédération, les Étrusques ont fondé de nombreuses villes parmi lesquelles on citera Rome, fondée au ~7ème siècle, Cerveteri, héritée des Phéniciens, à laquelle ont été joints les ports étrusques dAlsio et de Pyrgi, Véies, au N.-O de Rome, sa grande ennemie, Tarquinia, dans le Latium, la patrie des Tarquins. En Toscane, ils fondèrent Arezzo, Cortone où subsiste une enceinte, Chiusi où lon a découvert la nécropole dite du singe, Volterra, (Velathri), prés de Pise, datant du ~9ème siècle. En Ombrie, on leur doit Pérouse, Todi, Orvieto où se trouve une autre nécropole étrusque, et dautres. Rome fut gouvernée par des rois étrusques de ~616 à ~509. La religion étrusque était essentiellement divinatoire. Elle pratiquait lart antique de la mantique comme les Égyptiens et les Chaldéens. Elle fut influencée par lOrient archaïque et différait nettement des religions grecques et romaines, y compris par son panthéon particulier qui était inspiré des panthéons babylonien et phénicien, et organisé en triades divines. On a découvert que cétait une religion révélée. On y trouve des génies tel Tagés, petit fils de Jupiter, et des devineresses comme Vegoia, qui étaient chargés de transmettre un message divin aux hommes. Une autre surprise fut de découvrir quelle était fondée sur des livres sacrés. Il y avait trois groupes de livres. Le premier concernait laruspicine, et même plus précisément lexitispicine, ou ensemble des techniques divinatoires liées aux sacrifices, (Examen des attitudes, des viscères des victimes, de la couleur de la flamme et de la fumée des bûchers, et autres indices). Ces pratiques sacerdotales et divinatoires, dinspiration divine, ressemblaient à celles des devins babyloniens, et comme eux, les haruspices toscans utilisaient des maquettes précises de viscères danimaux pour se préparer minutieusement à leur fonction. Les rites et les pratiques, qui permettaient de modifier éventuellement un destin défavorable ou funeste, étaient précisément codifiés. Les livres du second groupe enseignaient la divination par lobservation de laspect des éclairs de foudre. Le ciel était partagé en seize parties déterminées par les quatre points cardinaux et laxe Nord/Sud. Lobservateur se plaçait face au Sud. Les indices étaient favorables à lOrient, et défavorables à lOccident. La signification des éclairs et du tonnerre était définie pour chaque jour de lannée. Onze sortes de foudres étaient associées aux différents dieux toscans concernés, dont les maladroites approximations romaines étaient Jupiter, Junon, Mars, Saturne, et Minerve. Ces livres expliquaient la signification des prodiges et des phénomènes extraordinaires rencontrés dans la nature. Tout était soigneusement réparti et catalogué, plantes, animaux, ou événements insolites. Les livres du troisième groupe réglaient la répartition des terres et des propriétés entre les membres des communautés, selon un code très rigide et précis. Ils régissaient également la disposition et lorientation des différents édifices. Limportance des nécropoles, et les marques des rites funéraires laissent penser que la mort et lau-delà étaient des préoccupations majeures des populations étrusques. Les livres sacrés enseignaient que le sang des sacrifices et lobservance des rites permettaient daccéder à une forme dimmortalité, paradisiaque ou infernale, selon les pratiques, les cas, ou les époques. En réponse aux inquiétudes face au destin, la religion étrusque visait à maîtriser la connaissance de lavenir et de la volonté divine. Elle proposait aussi dinfluencer le cours des choses, en tentant dapaiser les dieux par des rites et des sacrifices, et en organisant très soigneusement les éléments de la vie civile. Des vieilles villes toscanes, peu dédifices ont subsisté. On croit pourtant que les temples étaient construits par groupes de trois, correspondant aux triades honorées, et que ces groupes étant disposés aux points cardinaux, où étaient placées les quatre portes des cités géométriques. Les objets de pierre sculptée, de céramique, ou de terre cuite, ainsi que les bijoux dor, dargent, ou divoire, témoignent dune bonne habileté technique et dune grande richesse artistique. Les Étrusques furent vaincus par les Grecs à Cumes en ~474, puis chassés de Rome. Prédécesseurs des Romains, ils furent définitivement vaincus par ceux-ci en ~350. Ils influencèrent cependant largement leurs arts, leur architecture, et surtout leur urbanisme. Un autre peuple, celui des Samnites, était établi dans lItalie centrale au ~5ème siècle. Après les trois guerres Samnites, dont seule la seconde fut perdue par les Romains, (qui durent passer sous le joug humiliant des fourches caudines), ils se soumirent en ~295. Ils nous sont connus par lépisode de lenlèvement des Sabines, (qui étaient Samnites), par les compagnons de Romulus, après la fondation de Rome en ~735. Un traité mit fin au conflit, unissant définitivement les deux peuples. La légende de la fondation de Rome par Romulus, en droit divin et en liaison avec lÉnéide, fut écrite huit cents ans après la véritable fondation de la ville. Elle est trop connue pour quon la rapporte ici. Après Romulus, des rois sabins, latins, et étrusques se seraient succédés jusquà la révolte des nobles et la proclamation de la république en ~509. Au plan archéologique, la première fondation de la ville par les Étrusques semble dater de la fin du ~7ème ou du début du ~8ème siècle. Elle aurait consisté en une fédération des petites cités établies sur les sept collines. A partir du ~20ème siècle, la péninsule des Ligures avait subi plusieurs vagues dinvasions indo-européennes, suivies des incursions influentes des Grecs et des Phéniciens. De ce brassage de peuples, de cultures, de langues, et de techniques, sont nés ces Latins qui dominèrent le Bassin Méditerranéen pendant plus de mille années. |
La quête de la conscience réunit la religion et la science. Arrivés à ce point de notre recherche, nous constatons que cette étude des interminables tribulations des peuples de lantiquité, et celle corrélative de lévolution des religions primitives ne nous a pas vraiment instruits, tout au moins en ce qui concerne les causes de lapparition du phénomène religieux, en soi, (comme disait Platon). Nous avons vu les peuples faire couler des flots de sang pour imposer leur loi et parfois leur foi. Nous avons vu les empires et les civilisations naître, croître, et mourir. Nous avons vu aussi apparaître beaucoup de doctrines et de systèmes qui prétendaient expliquer lHomme et le Monde. Elles ont brillé pour un temps comme des flambeaux éclairant un moment la nuit de la connaissance, puis elles se sont éteintes, ne laissant que leurs cendres dans la poussière des siècles. Nous y avons cependant retrouvé les origines de quelques héritages qui ont servi de base aux fondations de certaines de nos croyances, ou de nos religions modernes. Mais nous navons pas encore compris doù provient lappel, ou la pulsion, ou les deux à la fois, qui, tantôt abaissent le regard de lhomme vers les mirages de la nature, et tantôt le lui font lever vers les mystères du ciel. La quête de la conscience, "la con-science", réunit la religion et la science, cest-à-dire les objectifs des deux stades antérieurs de la recherche occidentale.(...) La religion recherchait le lien, la science recherche la connaissance. Avec la nouvelle vision du monde, cest une connaissance où le lien a sa place qui sera recherchée. (Edward Edinger). Tous les hommes ont la manie tenace denfermer dans un appareil conceptuel compliqué et extrêmement détaillé, leur cheminement spirituel progressif et toutes les révélations lumineuses quils reçoivent. Cela en altère profondément la valeur. Cette manie du détail cosmogonique est commune à tous les penseurs et à tous les fondateurs de philosophies ou de religions. Malgré mes efforts, je ny échappe pas moi-même, comme le lecteur la probablement déjà constaté. La vraie connaissance est simple et claire. Les chercheurs que nous sommes doivent donc mener une lutte constante pour éviter ce redoutable écueil. Il est formé par la rationalisation excessive des révélations intuitives concédées par lintelligence universelle. Il ne sagit pas de construire un système rationnellement universel, mais seulement essayer darriver à la vraie connaissance, laquelle ne peut évidemment être que simple et lumineuse. Nous avons déjà bien cherché mais il semble encore que cette compréhension, simple et lumineuse continue à nous bouder. Il nous faudra donc poursuivre la recherche, sans oublier de suivre Edinger, en donnant au lien sa place véritable. Plutarque nous raconte quil y avait à Saïs, en Égypte, un temple consacré à Isis, la fille du Soleil, la mère universelle. Il sy trouvait une mystérieuse statue de la déesse au visage voilé. Sur le fronton, on pouvait lire un premier et important message. Moi, Isis, je suis
tout ce qui a été, ce qui est, et ce qui sera. Les Égyptiens comprenaient clairement quentre le moi de chaque homme, (son âme temporelle), et la connaissance de la réalité divine, (son âme véritable), un voile épais est toujours jeté. Ce voile est celui posé par la raison. La réalité nest dévoilée quà celui qui vit dans la conscience éclairée par la grâce de Dieu. Pour celui-ci, aucune illusion na plus cours. Il perçoit seulement, à lintérieur comme à lextérieur de lui-même, la simple et éblouissante réalité de luniverselle manifestation divine. La conscience naturelle ordinaire projette sur lécran du monde ses propres illusions scintillantes et les considère comme la seule réalité. Ce monde illusoire de formes attirantes et dimages chatoyantes, cest notre fascinant monde ordinaire, la Mäyä brillante du Veda hindou. Cest le message éternel que les anciens Égyptiens nous envoient du fond des âges, avec une instante invitation à méditer. Sachez aussi que sous la statue voilée, on lisait une autre devise ésotérique et grandiose, un autre important message dIsis qui mérite aussi dêtre longuement réfléchi. Le fruit que jai généré, disait Isis, est le Soleil. ( Poèmes pour lAn 2000 ). |
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