Jacques Henri PREVOST

Le Ciel, la Vie, le Feu


CHAPITRE 8

LA CONSCIENCE ET LA LIBERTÉ

MANUSCRIT ORIGINAL

Première édition - Octobre 2004

Chapitre 8
La Conscience et la Liberté

Quelques libres penseurs gnostiques ou ésotériques modernes. Victor Hugo, les Théosophes, Steiner, Guénon, Van Rijckenborg, Einstein, Krisnamurti, le New Âge. Le sens profond du sacré.


Chapitre 8 - La Conscience et la Liberté

Quelques penseurs gnostiques, ésotériques, et théosophiques modernes.

Points de repères dans ce chapitre

Toutes les religions font de même.
L’illumination des Théosophes.
L’Adam originel est le maître du Monde.
Chaque chose atteindra l’ultime perfection.
L’illumination de Roger Guénon.
Le Démiurge est ce que l’on appelle la Création.
L’illumination de Victor Hugo.
Que vais-je devenir, abîmes, j’aime Dieu !
L’illumination de Van Rijckenborgh.
L’Homme Originel est uni à une personnalité mortelle.
L’illumination d’Albert Einstein.
La plus belle chose que nous puissions éprouver.
L’illumination de Krisnamurti.
La sécurité est une chose qui n’existe pas.
La soif de connaissance et la faim de Dieu sont irrationnelles.
Ce que l’on appelle l’incarnation de l’Esprit.
Tout enseignement doit être dépassé.
La Rose par dessus l’épine.
Mais est-ce bien la véritable vocation de l’Homme.
Le fruit que j’ai engendré, disait Isis, est le Soleil.
 


La Conscience et la Liberté

L’homme grand n’a plus de moi, car il a relié toutes les parties de son être
en une contemplation extatique de l’unité universelle.

(Lao Tzu - Tao).

Ne pense pas au bien, ne pense pas au mal, mais regarde ce qu’est,
au moment présent, ta physionomie originelle,
celle que tu avais avant même d’être né.

(Hui Neng - Philosophe Ch’an).

Tout commence dans une atmosphère de liberté par un acte d’invention.
Puis vient l’habitude, sorte de corps qui, comme le corps lui-même,
est un faisceau d’habitudes.

(Pr Edouard Leroy).

 

Pour la plupart des hommes, à l'origine et à l’aboutissement de l’existence, il y a conceptuellement une grande entité inconnue, un grand être mystérieux, inconnaissable dont dérivent toutes choses. Il est l’alpha et l’oméga, le tout et le contraire de tout, la chose créée et le vide créateur, le hasard et la nécessité, le temps qui court et l'éternité. Il ne peut être ni perçu, ni compris, ni décrit, ni représenté, ni limité, ni illimité dans ses attributs. Il est sans nom et sans visage. Il est le lieu de toutes les potentialités, la somme de tous les archétypes dans l’essentiel, et la somme de leurs manifestations dans l’existentiel, comme le conçoivent les philosophes anciens et modernes. Les hommes ne peuvent donc prétendre le définir ni l’expérimenter globalement en aucune façon. Ils sont incapables de représenter mentalement cette immense potentialité mais ne peuvent ni penser ni communiquer à son sujet sans la désigner. Un mot est nécessaire mais il n’a ni contenu ni signification. Les scientifiques parleront du Vide originel et de son énergie oscillatoire. Dans notre référentiel sémitique habituel, les religieux le décriront souvent comme Père divin, mais d’autres civilisations l’appelleront tout aussi valablement la Mère universelle.

Ayant ainsi posé une construction mentale sur la base d’une cause première, nous en poursuivons l’édification par l’ajout d’un acteur second qui la transforme en la réalité effective. Un autre mot est nécessaire pour désigner le moteur conceptuel de cette transformation. Il est défini comme le Big Bang, l’énergie créatrice, le fabricant éclairé de toutes choses, la source de vie, le Verbe de Dieu, le grand architecte de l’univers, etc.. Dans la poursuite de l’élaboration conceptuelle, cette potentialité originelle se manifeste secondairement avec des caractéristiques dynamiques, immense fleuve de puissance et de forme se déversant dans la réalité créée. Il faut comprendre que ces divers concepts structurants sont des pièges posés par l’intellect. L’exécution du plan global de la manifestation créatrice originelle ne fonctionne certainement pas comme le déroulement d’un projet issu d’un cerveau humain.

Celui qui attend un cavalier doit prendre garde à ne point confondre
le bruit des sabots et les battements de son coeur.

(Proverbe chinois).

La puissance formatrice nous semble s’exprimer en donnant existence à notre univers chaotique et fractal. Elle parait provoquer l’émergence des structures de la matière et de la vie, à partir des potentialités de la cause première, sans lien de causalité préalable avec quoi que ce soit. Il ne peut évidemment en être autrement puisque nous-mêmes avons postulé que tout était ainsi construit. La division arbitraire effectuée entre la cause première, le Père, ou le Vide originel, et sa manifestation actuelle, le Big Bang, ou le Verbe, est une opération spécifiquement humaine et purement mentale. En la pratiquant, nous cassons l’unicité globale de notre image conceptuelle initiale en opposant deux mots commodes auxquels nous ne pouvons cependant pas attacher de contenus figuratifs vraiment distincts.

La cause première et sa manifestation sont inséparables, ne pouvant être disjointes même intellectuellement. Dans un tel schéma humain et globalisant, toutes les créatures et leurs comportements, passés, présents, et à venir, sont issus de la cause première dans un acte de manifestation permanent. Nous avons ainsi pu dire que l’acte créateur, pur concept mental humain, nous paraissait primitivement manifesté par l’action contraignante de forces brutales faisant jaillir du chaos l’existence matérielle, l’immense cosmos galactique, la nature exubérante et la vie biologique. Par référence à la culture antique, nous avons appelé Oeuvre incomplète du Démiurge, autre expression commode, mais tout aussi artificielle, cet état d’involution de l’être, impliqué dans la matière. Ces forces imposées n’ouvrent guère vers des comportements libres et autonomes. Cependant, parce qu’elles aboutissent aujourd’hui à l’éveil de la conscience et à l’ouverture d’un nouveau regard posé par l’Homme sur la lumineuse réalité de l’être total, nous les avons appelées forces lucifériennes, (c’est à dire porteuses de lumière).

Nous avons aussi posé que le même acte créateur semblait simultanément se manifester de façon différente par l’apport de la révélation personnelle, de la grâce spirituelle, dans un accès intuitif à l’intelligence cosmique, et par la capacité à réaliser un acte libre et volontaire.

Usant de la même référence aux usages hérités de l’antiquité, nous avons décrit ce facteur second comme la surrection de la vie de l’Esprit jaillissant de la conscience. Pour parler de cet autre acteur de manifestation, non pas contraignant ni imposé, mais proposé, le mot  force ne convenait pas car il portait des connotations de contraintes. Parce que notre Monde occidental est de culture chrétienne, nous avons antérieurement appelé élan christique cet afflux de grâce, (sachant bien que dans un autre référentiel culturel, on userait d’un vocabulaire différent). Sa puissance est un moteur d’évolution favorisant une émergence, une progression de l’être dans la transcendance. La manifestation de cette autre puissance n’est pas subordonnée ni consécutive à la manifestation des forces lucifériennes. C’est un autre mode de la manifestation originelle qui élabore des propriétés différentes, caractérisant un aspect immatériel, du Monde. Il n’ouvre plus vers l’involution, qui est un enfermement forcé de l’être dans la matière.

Cet Esprit est également un pur concept humain par lequel nous convenons de décrire mentalement un autre état permanent de la manifestation globale. Il avère que cet état différent devient maintenant accessible à la conscience humaine. Dans l’absolu mystérieux du Grand Tout inconnaissable, il est la forme intellectuelle actuelle et consciente que nous donnons, à l’instant même, à l’attouchement et à l’appel du facteur second. Cette prise de conscience est importante. Les hommes épris de religiosité disent qu’elle constitue un lien, un échange entre notre humaine personne et la divinité. Pour eux, cette réponse est donc sacramentelle et transcendante. Elle est sacramentelle parce qu’elle établit une rencontre de deux convergences, d’une part la démarche ascendante de l’Homme vers la Déité, d’autre part, l’attouchement descendant de la Déité appelant l’Homme à Elle. Elle est transcendante parce qu’elle transforme notre nature terrestre ordinaire pour l’adapter au niveau divin.
 


Vous voyez que nous abordons maintenant des questions difficiles, mais il reste quelques éléments à prendre en compte. Je vous propose donc de souffler et méditer un peu avant de jeter quelques regards sur notre propre temps, et de vous arrêter d’abord un instant dans la fraîcheur du jardin étincelant d’Eden, en Archaos dont vous avez un extrait ci-dessous. Un roman libertin ! Peut-être, mais aussi bien autre chose ! Avec vos jambes, ou vos pieds, vous allez où vous voulez. Et puis c’est tellement joliment écrit !

Ils n’avaient pas le temps.
Eh bien si tu n’as pas le temps, on te le retirera.
Et si tu as le temps, on te donnera l’éternité.
Viens en nous.
Ecoute.
Silence.
Alors l’Ange a abaissé son épée.
Entrez, enivrez-vous d’amour
et baignez-vous dans la beauté du Monde.

( Christiane Rochefort - Archaos ou le Jardin Etincelant).

Dans les précédents développements, nous avons vu que beaucoup d’autres hommes, en d’autres temps et d’autres lieux, ont élaboré des concepts variés pour expliquer l’origine universelle.

Toutes les sciences et toutes les religions font de même.
Elles usent de la liberté humaine pour exposer une vérité relative.

A partir des révélations partielles qu’ils reçoivent, les hommes ont construit des théories, c’est à dire des représentations transmissibles de leurs perceptions de la Globalité, et ils ont eu la ferme volonté de nous les transmettre. Comprenez bien qu’il est tout à fait possible et légitime pour chaque homme, en son lieu et en son temps, en réponse à son appel intérieur ou en accord intime avec sa révélation personnelle, de concevoir ses propres représentations. Il les affirmera véritables, en accord avec sa propre conviction, sans mettre en cause la relativité de cette vérité. Cette attitude est tout aussi fréquente et légitime en matière religieuse et philosophique que dans le domaine scientifique. Au contraire des modernes, les sociétés antiques ne séparaient pas nettement les diverses conceptions possibles du monde, scientifiques, philosophiques ou religieuses. Ainsi les anciens Grecs faisaient-ils naître du Chaos béant, les jumeaux Erèbe et Nuit, celle-ci s’ouvrant pour donner naissance au Ciel, Ouranos, et à la Terre, Gaïa, unis par l’Amour primordial, Eros.

D’autres doctrines exposent que la force créatrice originelle se manifeste ici-bas de multiples façons, en plusieurs épisodes successifs, d’abord en produisant l’existence hors du vide, (la béance chaotique originelle), puis la matière à partir de l’existence, puis le cosmos de la matière, puis la vie du cosmos, puis le mental de la vie, puis la conscience du mental, puis l’esprit de la conscience. C’est approximativement ce que nous dit la science, en utilisant un vocabulaire spécifique pour décrire cela. On pourrait, tout aussi bien, donner des noms propres évocateurs à ces manifestations successivement dérivées les unes des autres, et leur faire correspondre des images symboliques ou des personnifications. Beaucoup de religions antiques et modernes ont adopté cette façon. C’est ainsi que certaines écoles gnostiques ont imaginé des entités, les Eons, émises successivement par la divinité. La plus éloignée, Sophia, symbole de l’humanité déchue, se rendit coupable d’une transgression qui entraîna la chute des hommes. Ces antiques traditions ne sont pas perdues ni tombées dans l’oubli. Des groupes de chercheurs s’efforcent toujours de nous les transmettre en dépit de l’obstruction des églises et des pouvoirs en place.

Nous avons tous une connaissance plus ou moins approfondie des fondements de la culture chrétienne et de ses rapports passés, parfois douloureux, avec la science. Nous n’y reviendrons donc pas en détail ici, mais cela ne veut pas dire que la question ne mérite aucun approfondissement concernant son évolution actuelle. Il parait cependant plus intéressant de voir, en particulier, ce qu’est devenue, au fil du temps, sa grande et antique rivale, la Gnose. Une plus large connaissance de la grande richesse des illuminations qui ont éclairé les derniers siècles nous donne davantage de tolérance et de liberté. Dans cet esprit d’ouverture, nous examinerons quelques démarches modernes, réponses récentes, différentes et souvent gnostiques à l’appel de l’Esprit.

De nouveaux mythes cosmogoniques et théogoniques ont été élaborés par des penseurs du début du siècle, éclairés à la fois par leur lumière intérieure, leur propre Gnose, et par l’évolution des découvertes et des théories scientifiques. Leurs recherches ont marqué notre société jusqu’à la seconde guerre mondiale. La richesse du fondement commun et la profondeur des idées que portaient ces hommes ont parfois pris des formes relativement doctrinales. Il faut prendre un peu de hauteur pour aborder les enseignements correspondants qui ont été élaborés et publiés depuis la fin du 19ème jusqu’en 1950. Inspirés par l’ésotérisme antique et par le contact renouvelé avec l’Orient, ils sont marqués à la fois par le spiritisme, alors très en vogue, par les pressions sociales de l’époque et par le contact avec l’Orient. On y trouvera donc le recours au vieux symbolisme kabbalistique des nombres, avec des niveaux d’organisation ternaires ou septénaires imbriqués les uns dans les autres, ou la considération des aspects astrologiques traditionnels.
 


Les idées reflètent également le niveau atteint par les sciences expérimentales et les hypothèses nouvelles concernant la structure du cosmos. On y évoquera les galaxies gigantesques peuplant en nombre illimité l’immensité de l’univers. Ces théories métaphysiques reflètent une conception rigoureusement ordonnée et très hiérarchisée du cosmos qui correspondait aux idéaux du début du siècle. Dans l’époque actuelle, et sous l’influence de la nouvelle pensée scientifique, nous privilégierions plutôt des conceptions floues et aléatoires, basées sur des évolutions plus chaotiques. Dans les deux aspects de cette étude, on pourra mesurer la rapidité des modifications conceptuelles au cours d’une période d’une cinquantaine d’années. On comprend mieux alors la nécessité de réactualiser fréquemment la formulation des messages invitant à la recherche d’une meilleure connaissance. Mais arrêtons-nous d’abord un instant sur une parole de Lord Bulwer-Lytton, (dans Zanoni), rapportée par Helena Petrona von Rottenstern Hahn qui fonda la Société Théosophique, (mouvement ésotérique qui eut son temps de gloire avant la guerre de 1914). Elle était plus connue sous son nom de femme, Mme Blavatsky, et rappelle cette pensée dans son livre, Isis dévoilée, écrit en 1877.

Le miroir de l’âme ne peut refléter en même temps la terre
et le ciel et l’un s’efface dés que l’autre s’y montre.

(Mme Blavatsky - Zanoni)

Nous sommes confrontés à ce problème, vous et moi, dans notre propre recherche. Nous vivons existentiellement aujourd’hui, sur cette terre dense que notre raison tente scientifiquement d’expliquer. Nous accédons aussi, essentiellement et éternellement, dans un autre plan que nous n’abordons seulement par la révélation ou l’intuition. Aussi longtemps que nous n’arrivons pas à saisir, à la fois, dans le miroir étroit de notre conscience, ces deux reflets du ciel et de la terre, le chemin difficile qui les relie nous reste fermé. Il est donc nécessaire d’explorer simultanément et méticuleusement les deux territoires, expressions d’une unique réalité, en établissant des ponts conceptuels chaque fois qu’il apparaît possible de les relier.

L’illumination des Théosophes.

Pour continuer à vous associer à cette tentative, je vous propose d’examiner les thèses théosophiques qui sont relativement récentes. Commençons par un personnage considérable, Rudolf Steiner, dont l’œuvre fut liée à celle de Mme Blavatsky. Ce penseur autrichien est né en 1861. Etudiant à Vienne, docteur en philosophie, et diplômé en diverses sciences, il est marqué par les aspects scientifiques de l’œuvre de Goethe. (Il fonde d’ailleurs ultérieurement le Goethéanum prés de Bâle). La pensée de Steiner veut ouvrir un chemin de connaissance vers la spiritualité universelle, la Gnose. Il dirige un magazine littéraire, et fonde, avec Marie de Rivers, un journal Lucifer et Gnosis. Il commence à publier, inspiré par Goethe et par l’hermétisme des Rose-Croix. La Société Théosophique de Berlin l’invite à donner des conférences et lui fait rencontrer Annie Besant, la nouvelle présidente de la Société Théosophique. Il est remarqué et nommé en 1905 secrétaire général de la section allemande.

Steiner affirme que l’Homme, (l’Être originel), est plus ancien que tous les autres vivants sur Terre. L’Homme se serait détaché d’un grand être cosmique originel dont il demeure pourtant une particule microcosme portant en elle l’univers dans sa totalité. Steiner professe que les problèmes essentiels ne peuvent être résolus tant que l’on demeure réfractaire à la connaissance des mondes suprasensibles. Il accepte de rénover le Christianisme sous l’éclairage du Bouddhisme, mais refuse de suivre Annie Besant, dans ses critiques à l’égard de Jésus, ses convictions spirites, et ses recherches des réincarnations hindoues du Christ et de Bouddha. Lorsque Krisnamurti est présenté officiellement comme cette dernière réincarnation, Steiner se sépare des Théosophes et fonde sa propre doctrine, l’Anthroposophie.

L’Homme ordinaire ayant perdu la connaissance de son rôle originel, cette philosophie doit la lui rendre pour l’aider à reprendre sa véritable place au sein du Cosmos. Elle se propose de l’éduquer et de le guérir, d’harmoniser en lui l’être matériel (ou corps physique) et l’être spirituel intérieur, en développant le don du cœur qui permet d’équilibrer les contraires. L’Anthroposophie voit dans le Christ le centre véritable de l’histoire terrestre. Rudolf Steiner exerce alors une profonde influence par le rayonnement de sa personnalité et l’enseignement de sa pensée qui fait de nombreux adeptes. La doctrine a des prolongements avec la fondation de plusieurs écoles. Steiner publie d’ailleurs une centaine d’ouvrages et prononce plus de six mille conférences écrites. Il professe l’existence d’un univers invisible et de mondes suprasensibles, une forme de réincarnation, et l’existence de rythmes cosmiques auxquels l’Homme est relié.

Il enseigne que l’expérience mystique permet de retrouver en soi la présence du divin. Dans sa théorie, l’homme possède trois natures, le corps physique, le corps astral, et l’esprit. Il assure que le corps astral est perceptible par le clairvoyant, et qu’il dispose d’organes subtils, ou chakras, en forme de roues ou de fleurs. La morale des adeptes de Steiner repose sur cinq principes essentiels, la maîtrise des pensées, le pouvoir sur la volonté, l’égalité d’âme devant plaisir ou douleur, la positivité dans les jugements, l’absence de prévention dans les conceptions de l’existence. Pour approfondir un peu la pensée de Steiner, nous analyserons quelques aspects de l’un de ses livres. La Chronique de l’Akasha, éditée en 1904, permet des rapprochements avec les œuvres d’H. Blavatsky et même avec Pythagore et Platon.

Steiner était associé depuis 1899 aux recherches des Théosophes. Avant d’aborder sa théorie, il est nécessaire de définir quelques fondements de cette forme de pensée, afin d’éviter une incompréhension des idées et des concepts exposés. Les Théosophes travaillaient à la résolution du problème fondamental " Comment peut-on s’élever à la connaissance des mondes supérieurs ". Ils pensaient le résoudre par une " cosmologie anthroposophique ", étude de l’univers fondée sur la prééminence de l’Homme.

Dans cette approche l’Homme n’est absolument pas une créature biologique habitant une petite planète perdue aux confins de l’espace. Les Théosophes le situent sur plusieurs plans universels imbriqués les uns dans les autres. Ils lui donnent une dimension divine immense. Ils l’associent au Logos créateur, et lui attribuent une importance cosmique fondamentale.
 

Les trois quarts suivants du chapitre ont été coupés pour préserver les droits des détenteurs de copyright. Veuillez vous reporter en fin de document pour prendre connaissance de tous renseignements utiles à cet égard

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Le Ciel, la Vie, le Feu

Voici la fin du chapitre


Tout enseignement doit être dépassé. A partir de ce point précis, je vais donc radicalement changer de registre et de discours. Je déposerai toutes ces connaissances amassées, utiles et inutiles, oubliant l’appris et gardant le compris. En toute liberté, et en liaison, je l’espère, avec l’intelligence universelle, je vais travailler à concevoir mentalement ce que j’appellerai, me concernant, un temple personnel et sauvage, et qui, pour d’autres sera un monument, à la Connaissance et à l’Esprit, et je vous invite à en partager la construction.

Un temple ou un monument sont des lieux de rencontre entre un homme et une image qu’il révère, par exemple celle qu’il a conçue de Dieu. C’est pourquoi ses bâtisseurs le veulent toujours grandiose et magnifique. Je voudrais fonder celui-ci sur tous ces matériaux si précieux que je viens de déposer, sur les innombrables démarches humaines visant à rencontrer cet absolu qui leur manque, cet Esprit ou cette Connaissance qu’ils cherchent. Compte tenu de la nature d’absolue tolérance de notre réflexion, il ne peut être question de choisir parmi les innombrables hypothèses relatives à l’origine de l’Univers et du Monde, et de l’Homme, ou de juger des valeurs relatives des diverses convictions ou croyances, (y compris de celles portées par le Christianisme dans notre actuelle civilisation).

Quoi que nous enseigne notre milieu culturel, nous voyons bien qu’Osiris, Ba’al, Dionysos, Krisna, Jésus, et d’autres mythes, racontent à l’évidence la même aventure en l’adaptant à la sensibilité particulière de la civilisation à laquelle ils s’adressent. C’est toujours l’histoire d’un dieu, fils de dieu, trahi et mis à mort par ses proches. Finalement cependant, il ressuscite et rejoint un royaume qui n’est pas de ce monde. Avec le recul nécessaire, nous entendons l’éternelle histoire de la chute d’Adam qui, racheté par la grâce, regagnera un jour le royaume originel. C’est pourquoi nous mettrons sur le même plan toutes ces faibles images décrivant le cheminement vers la réalité absolue.

Nous sommes déjà des Bouddhas.
Parler d’atteindre quoique ce soit est une profanation,
et, logiquement, une tautologie.

(D.T. Suzuki)

Sur l’argile de la matière et de la corporéité humaine, nous établirons simplement un assemblage de toutes les sciences, convictions, religions, expressions et philosophies humaines. Elles constitueront un immense pavement dont chaque dalle rayonnera la lumière d’une révélation particulière. Chacun se tiendra sur celle qui lui convient, et tous ces pavés lumineux seront également joints par les qualités d’âme des chercheurs authentiques et sincères, celles des fidèles de toutes les églises, les souffrances de leurs martyrs et les extases de leurs saints. Au dessus, se tendra le sombre ciel originel de tous les mystères, étoilé de toutes les révélations à venir, et alentour s’étendra l’insondable océan de tous les possibles. Notre construction sans murs sera ouverte sur l’infini. Nous nous y tiendrons sans aucun rite ni sacrifice, car il y a déjà eu tellement de sang versé, tant d’horreurs commises, tant d’êtres immolés, torturés, mutilés ou humiliés, au nom de toutes les idées, offerts en vain à toutes les idoles des hommes, dans tous les temps du monde.

Alors, amis, réunis en ce lieu intérieur ouvert dans notre mental, nous élèverons nos âmes particulières vers l’image de la Totalité telle que nous l’avons construite, chacun dans sa pensée personnelle. Dans notre temple universel ou face à notre commun monument, nous nous poserons non pas en juges mais en simples témoins de l’inquiétude et de la souffrance humaine.

Revêtus de la dignité de la conscience, nous tenant debout, non pas dressés à l’assaut des mystères du Ciel mais tournés par l’Esprit vers les réalités temporelles de la Terre, nous ouvrirons nos cœurs à la pluie de savoir, de sagesse et d’amour qui nous est personnellement et mystérieusement consentie par grâce. Nous la recevrons dans notre être total, corps de chair, âme de feu, esprit de lumière, et, tous ensemble, comme les derviches d’Orient, nous répandrons ce don sur nos frères les hommes, partout dans le Monde.

Eclairés par l’Esprit, nous voudrions nous tenir sur le pavé du temple comme des piliers lumineux reliant la terre au ciel. Hélas, notre noir héritage karmique nous barre le chemin, et nous restons simplement des animaux étonnants, des petits singes christophores réunissant, encloués l’un à l’autre, Lucifer et Satan!

Mais, petits simiens clairvoyants mais chargés d’ancestrales caractéristiques animales, nous portons intimement la conscience d’un important travail à faire.

Nous avons à rallumer dans notre âme le soleil spirituel originel.

En vérité, pour pouvoir nous poser en hommes libres, nous devons comprendre ce qu’est notre vieil être intime et briser sa cristallisation. Nous devons transformer à la fois notre humaine et simiesque nature et l’image intérieure que nous avons fabriquée de nous-mêmes. Dans cette attitude, nous retrouvons l’image traditionnelle des Rose-Croix, celle de l’Homme écartelé entre la Chair et l’Esprit, cette Croix d’épine symbolique sur laquelle il convient d’attacher la Rose de la connaissance. C’est ce que suggère aussi le merveilleux psaume, adapté de Paul Celan que je vous propose maintenant.

La Rose, par dessus l’épine !
Personne pour nous repétrir de terre et d’argile,
Personne pour bénir nos poussières,
Personne !
Loué sois-tu, Personne.
C’est pour l’amour de toi que nous voulons fleurir.
A ta rencontre, à ton encontre.
Un rien,
Nous le fûmes, nous le sommes,
et nous le resterons,
Un rien en fleur, la rose du rien,
La rose de personne,
Rose au style lumineux comme une âme,
A l’étamine des cieux embroussaillés,
Et la corolle rouge
du mot pourpré que nous chantons,
Par dessus,
Ô combien par dessus
L’épine.

Essayant de résoudre les questions insolubles posées par la raison sur l’origine, le devenir, le sens de la vie et de l’existence, l’Homme interroge le ciel, mais le ciel ne répond jamais aux questions raisonnables et ne parle qu’à l’Homme qui n’a plus de questions. Le silence des espaces infinis est la seule réponse. La question est toujours mal posée par une raison qui cherche à combler son vide de savoir. Elle ne pourra jamais combler ce manque inéluctable de connaissance totale comme le laisse entendre Saint John Perse.

Je t’interroge, Plénitude, et c’est un tel mutisme !

Le grand Tout universel, reste mystérieux et inconnaissable. Lorsqu’on tente de l’approcher par la raison, on trouve seulement le vide, le chaos de la béance originelle. Hors la pensée, il n’y a rien pour alimenter la raison humaine, rien que ce vide effrayant que nous percevons. Car c’est la pensée créatrice qui peuple le vide, et notre inconnaissable univers matériel est la manifestation d’une pensée surhumaine. C’est pourquoi d’ailleurs nous nous y sentons tellement étrangers. Lorsque nous laissons notre intelligence rejoindre la grande intelligence universelle, ce vide insondable et sacré s’emplit soudain d’un nombre immense de créatures et de toute la puissance qui les a créées.

Ce vide n’est pas le non-être, le néant.
C’est au contraire l’être le plus complet qui soit
puisqu’il contient l’univers en puissance.

(Georges Cahen)

Les hommes, nous dit la Bible, enfant divins et créatures faites à la ressemblance de Dieu, sont comme des dieux, et ils engendrent des dieux et des mondes. Le chaotique océan des possibles attend leur pensée créatrice de genèses potentielles. Sous-dieux naissants, engendrés dans ce monde par l’Esprit, les humains deviennent, peu à peu, adultes et autonomes. Ainsi, par le pouvoir créateur de la pensée, poursuivant inconsciemment une illusoire immortalité, nous devenons chaque jour plus capables de modeler l’argile plastique du Monde. Nous le faisons d’abord par l’art ou par la pensée puis nous abordons, par la science, la transformation ou l’organisation de la matière tangible et expérimentable. Et maintenant, nous commençons à modifier les propriétés mêmes et les destinées de nos propres corps biologiques. Comprenons qu’en saisissant ainsi la matière, nous tentons encore, en fait, de devenir un Dieu sur la Terre.

Mais est-ce bien la véritable vocation de l’Homme ?

La Terre n’appartient pas à l’Homme, c’est lui qui appartient à la Terre.

(Chef Seattle - Tribu Dewanish)

Amis, nous allons maintenant nous quitter, mais il nous faut un instant penser au lecteur ingénu qui pense s’être fourvoyé par hasard dans ce livre, nous suivant jusqu’ici par curiosité ou par gentillesse, à moins qu’un mystère intérieur l’ait guidé. A cet homme encore inconscient de sa qualité cachée mais pourtant déjà chargé de lumière et porteur lui aussi de l’Esprit, au chercheur inquiet quêtant toujours éperdument en ce bas monde la vérité et la connaissance, la chaleur et l’amour, la lumière et le sens de la vie, il convient peut-être de rappeler maintenant l’antique message laissé dans le temple de Saïs par la fille d’Atoum, le dieu solaire primordial et créateur, (à la fois Tout et Rien, Être et Non-être), afin de lui redire les lumineuses paroles de l’aimable déesse, image symbolique et éternelle de la Grande Mère de tous les vivants.

Le fruit que j’ai engendré, disait Isis, est le Soleil !
 


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Avant-propos - Introduction
Chapitre 1 - Poussières d'Ėtoiles
Chapitre 2 - De Boue, de Sang, de Peur, de Désir
Chapitre 3 - Les Eaux du Fleuve
Chapitre 4 - Les Rayons Ardents du Soleil
Chapitre 5 - Comme des Flambeaux dans la Nuit
Chapitre 6 - Le Phare ruiné d'Alexandrie
Chapitre 7 - Ombres et Lumières
Chapitre 8 - La Conscience et la Liberté
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