Le Ciel, la Vie, le Feu
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Quelques penseurs gnostiques, ésotériques, et théosophiques modernes.
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Lhomme grand na plus de
moi, car il a relié toutes les parties de son être (Lao Tzu - Tao). Ne pense pas au bien, ne
pense pas au mal, mais regarde ce quest, (Hui Neng - Philosophe Chan). Tout commence dans une
atmosphère de liberté par un acte dinvention. (Pr Edouard Leroy).
Pour la plupart des hommes, à l'origine et à laboutissement de lexistence, il y a conceptuellement une grande entité inconnue, un grand être mystérieux, inconnaissable dont dérivent toutes choses. Il est lalpha et loméga, le tout et le contraire de tout, la chose créée et le vide créateur, le hasard et la nécessité, le temps qui court et l'éternité. Il ne peut être ni perçu, ni compris, ni décrit, ni représenté, ni limité, ni illimité dans ses attributs. Il est sans nom et sans visage. Il est le lieu de toutes les potentialités, la somme de tous les archétypes dans lessentiel, et la somme de leurs manifestations dans lexistentiel, comme le conçoivent les philosophes anciens et modernes. Les hommes ne peuvent donc prétendre le définir ni lexpérimenter globalement en aucune façon. Ils sont incapables de représenter mentalement cette immense potentialité mais ne peuvent ni penser ni communiquer à son sujet sans la désigner. Un mot est nécessaire mais il na ni contenu ni signification. Les scientifiques parleront du Vide originel et de son énergie oscillatoire. Dans notre référentiel sémitique habituel, les religieux le décriront souvent comme Père divin, mais dautres civilisations lappelleront tout aussi valablement la Mère universelle. Ayant ainsi posé une construction mentale sur la base dune cause première, nous en poursuivons lédification par lajout dun acteur second qui la transforme en la réalité effective. Un autre mot est nécessaire pour désigner le moteur conceptuel de cette transformation. Il est défini comme le Big Bang, lénergie créatrice, le fabricant éclairé de toutes choses, la source de vie, le Verbe de Dieu, le grand architecte de lunivers, etc.. Dans la poursuite de lélaboration conceptuelle, cette potentialité originelle se manifeste secondairement avec des caractéristiques dynamiques, immense fleuve de puissance et de forme se déversant dans la réalité créée. Il faut comprendre que ces divers concepts structurants sont des pièges posés par lintellect. Lexécution du plan global de la manifestation créatrice originelle ne fonctionne certainement pas comme le déroulement dun projet issu dun cerveau humain. Celui qui
attend un cavalier doit prendre garde à ne point
confondre (Proverbe chinois). La puissance formatrice nous semble sexprimer en donnant existence à notre univers chaotique et fractal. Elle parait provoquer lémergence des structures de la matière et de la vie, à partir des potentialités de la cause première, sans lien de causalité préalable avec quoi que ce soit. Il ne peut évidemment en être autrement puisque nous-mêmes avons postulé que tout était ainsi construit. La division arbitraire effectuée entre la cause première, le Père, ou le Vide originel, et sa manifestation actuelle, le Big Bang, ou le Verbe, est une opération spécifiquement humaine et purement mentale. En la pratiquant, nous cassons lunicité globale de notre image conceptuelle initiale en opposant deux mots commodes auxquels nous ne pouvons cependant pas attacher de contenus figuratifs vraiment distincts. La cause première et sa manifestation sont inséparables, ne pouvant être disjointes même intellectuellement. Dans un tel schéma humain et globalisant, toutes les créatures et leurs comportements, passés, présents, et à venir, sont issus de la cause première dans un acte de manifestation permanent. Nous avons ainsi pu dire que lacte créateur, pur concept mental humain, nous paraissait primitivement manifesté par laction contraignante de forces brutales faisant jaillir du chaos lexistence matérielle, limmense cosmos galactique, la nature exubérante et la vie biologique. Par référence à la culture antique, nous avons appelé Oeuvre incomplète du Démiurge, autre expression commode, mais tout aussi artificielle, cet état dinvolution de lêtre, impliqué dans la matière. Ces forces imposées nouvrent guère vers des comportements libres et autonomes. Cependant, parce quelles aboutissent aujourdhui à léveil de la conscience et à louverture dun nouveau regard posé par lHomme sur la lumineuse réalité de lêtre total, nous les avons appelées forces lucifériennes, (cest à dire porteuses de lumière). Nous avons aussi posé que le même acte créateur semblait simultanément se manifester de façon différente par lapport de la révélation personnelle, de la grâce spirituelle, dans un accès intuitif à lintelligence cosmique, et par la capacité à réaliser un acte libre et volontaire. Usant de la même référence aux usages hérités de lantiquité, nous avons décrit ce facteur second comme la surrection de la vie de lEsprit jaillissant de la conscience. Pour parler de cet autre acteur de manifestation, non pas contraignant ni imposé, mais proposé, le mot force ne convenait pas car il portait des connotations de contraintes. Parce que notre Monde occidental est de culture chrétienne, nous avons antérieurement appelé élan christique cet afflux de grâce, (sachant bien que dans un autre référentiel culturel, on userait dun vocabulaire différent). Sa puissance est un moteur dévolution favorisant une émergence, une progression de lêtre dans la transcendance. La manifestation de cette autre puissance nest pas subordonnée ni consécutive à la manifestation des forces lucifériennes. Cest un autre mode de la manifestation originelle qui élabore des propriétés différentes, caractérisant un aspect immatériel, du Monde. Il nouvre plus vers linvolution, qui est un enfermement forcé de lêtre dans la matière. Cet Esprit est également un pur
concept humain par lequel nous convenons de décrire
mentalement un autre état permanent de la manifestation
globale. Il avère que cet état différent devient
maintenant accessible à la conscience humaine. Dans labsolu
mystérieux du Grand Tout inconnaissable, il est la forme
intellectuelle actuelle et consciente que nous donnons,
à linstant même, à lattouchement et à lappel
du facteur second. Cette prise de conscience est
importante. Les hommes épris de religiosité disent quelle
constitue un lien, un échange entre notre humaine
personne et la divinité. Pour eux, cette réponse est
donc sacramentelle et transcendante. Elle est
sacramentelle parce quelle établit une rencontre
de deux convergences, dune part la démarche
ascendante de lHomme vers la Déité, dautre
part, lattouchement descendant de la Déité
appelant lHomme à Elle. Elle est transcendante
parce quelle transforme notre nature terrestre
ordinaire pour ladapter au niveau divin. |
Ils navaient
pas le temps. ( Christiane Rochefort - Archaos ou le Jardin Etincelant). Dans les précédents développements, nous avons vu que beaucoup dautres hommes, en dautres temps et dautres lieux, ont élaboré des concepts variés pour expliquer lorigine universelle. Toutes les
sciences et toutes les religions font de même. A partir des révélations partielles quils reçoivent, les hommes ont construit des théories, cest à dire des représentations transmissibles de leurs perceptions de la Globalité, et ils ont eu la ferme volonté de nous les transmettre. Comprenez bien quil est tout à fait possible et légitime pour chaque homme, en son lieu et en son temps, en réponse à son appel intérieur ou en accord intime avec sa révélation personnelle, de concevoir ses propres représentations. Il les affirmera véritables, en accord avec sa propre conviction, sans mettre en cause la relativité de cette vérité. Cette attitude est tout aussi fréquente et légitime en matière religieuse et philosophique que dans le domaine scientifique. Au contraire des modernes, les sociétés antiques ne séparaient pas nettement les diverses conceptions possibles du monde, scientifiques, philosophiques ou religieuses. Ainsi les anciens Grecs faisaient-ils naître du Chaos béant, les jumeaux Erèbe et Nuit, celle-ci souvrant pour donner naissance au Ciel, Ouranos, et à la Terre, Gaïa, unis par lAmour primordial, Eros. Dautres doctrines exposent que la force créatrice originelle se manifeste ici-bas de multiples façons, en plusieurs épisodes successifs, dabord en produisant lexistence hors du vide, (la béance chaotique originelle), puis la matière à partir de lexistence, puis le cosmos de la matière, puis la vie du cosmos, puis le mental de la vie, puis la conscience du mental, puis lesprit de la conscience. Cest approximativement ce que nous dit la science, en utilisant un vocabulaire spécifique pour décrire cela. On pourrait, tout aussi bien, donner des noms propres évocateurs à ces manifestations successivement dérivées les unes des autres, et leur faire correspondre des images symboliques ou des personnifications. Beaucoup de religions antiques et modernes ont adopté cette façon. Cest ainsi que certaines écoles gnostiques ont imaginé des entités, les Eons, émises successivement par la divinité. La plus éloignée, Sophia, symbole de lhumanité déchue, se rendit coupable dune transgression qui entraîna la chute des hommes. Ces antiques traditions ne sont pas perdues ni tombées dans loubli. Des groupes de chercheurs sefforcent toujours de nous les transmettre en dépit de lobstruction des églises et des pouvoirs en place. Nous avons tous une connaissance plus ou moins approfondie des fondements de la culture chrétienne et de ses rapports passés, parfois douloureux, avec la science. Nous ny reviendrons donc pas en détail ici, mais cela ne veut pas dire que la question ne mérite aucun approfondissement concernant son évolution actuelle. Il parait cependant plus intéressant de voir, en particulier, ce quest devenue, au fil du temps, sa grande et antique rivale, la Gnose. Une plus large connaissance de la grande richesse des illuminations qui ont éclairé les derniers siècles nous donne davantage de tolérance et de liberté. Dans cet esprit douverture, nous examinerons quelques démarches modernes, réponses récentes, différentes et souvent gnostiques à lappel de lEsprit. De nouveaux mythes cosmogoniques et théogoniques
ont été élaborés par des penseurs du début du siècle,
éclairés à la fois par leur lumière intérieure, leur
propre Gnose, et par lévolution des découvertes
et des théories scientifiques. Leurs recherches ont
marqué notre société jusquà la seconde guerre
mondiale. La richesse du fondement commun et la
profondeur des idées que portaient ces hommes ont
parfois pris des formes relativement doctrinales. Il faut
prendre un peu de hauteur pour aborder les enseignements
correspondants qui ont été élaborés et publiés
depuis la fin du 19ème jusquen 1950.
Inspirés par lésotérisme antique et par le
contact renouvelé avec lOrient, ils sont marqués
à la fois par le spiritisme, alors très en vogue, par
les pressions sociales de lépoque et par le
contact avec lOrient. On y trouvera donc le recours
au vieux symbolisme kabbalistique des nombres, avec des
niveaux dorganisation ternaires ou septénaires
imbriqués les uns dans les autres, ou la considération
des aspects astrologiques traditionnels. |
Le miroir de
lâme ne peut refléter en même temps la terre (Mme Blavatsky - Zanoni) Nous sommes confrontés à ce problème, vous et moi, dans notre propre recherche. Nous vivons existentiellement aujourdhui, sur cette terre dense que notre raison tente scientifiquement dexpliquer. Nous accédons aussi, essentiellement et éternellement, dans un autre plan que nous nabordons seulement par la révélation ou lintuition. Aussi longtemps que nous narrivons pas à saisir, à la fois, dans le miroir étroit de notre conscience, ces deux reflets du ciel et de la terre, le chemin difficile qui les relie nous reste fermé. Il est donc nécessaire dexplorer simultanément et méticuleusement les deux territoires, expressions dune unique réalité, en établissant des ponts conceptuels chaque fois quil apparaît possible de les relier. Lillumination des Théosophes. Pour continuer à vous associer à cette tentative, je vous propose dexaminer les thèses théosophiques qui sont relativement récentes. Commençons par un personnage considérable, Rudolf Steiner, dont lœuvre fut liée à celle de Mme Blavatsky. Ce penseur autrichien est né en 1861. Etudiant à Vienne, docteur en philosophie, et diplômé en diverses sciences, il est marqué par les aspects scientifiques de lœuvre de Goethe. (Il fonde dailleurs ultérieurement le Goethéanum prés de Bâle). La pensée de Steiner veut ouvrir un chemin de connaissance vers la spiritualité universelle, la Gnose. Il dirige un magazine littéraire, et fonde, avec Marie de Rivers, un journal Lucifer et Gnosis. Il commence à publier, inspiré par Goethe et par lhermétisme des Rose-Croix. La Société Théosophique de Berlin linvite à donner des conférences et lui fait rencontrer Annie Besant, la nouvelle présidente de la Société Théosophique. Il est remarqué et nommé en 1905 secrétaire général de la section allemande. Steiner affirme que lHomme, (lÊtre originel), est plus ancien que tous les autres vivants sur Terre. LHomme se serait détaché dun grand être cosmique originel dont il demeure pourtant une particule microcosme portant en elle lunivers dans sa totalité. Steiner professe que les problèmes essentiels ne peuvent être résolus tant que lon demeure réfractaire à la connaissance des mondes suprasensibles. Il accepte de rénover le Christianisme sous léclairage du Bouddhisme, mais refuse de suivre Annie Besant, dans ses critiques à légard de Jésus, ses convictions spirites, et ses recherches des réincarnations hindoues du Christ et de Bouddha. Lorsque Krisnamurti est présenté officiellement comme cette dernière réincarnation, Steiner se sépare des Théosophes et fonde sa propre doctrine, lAnthroposophie. LHomme ordinaire ayant perdu la connaissance de son rôle originel, cette philosophie doit la lui rendre pour laider à reprendre sa véritable place au sein du Cosmos. Elle se propose de léduquer et de le guérir, dharmoniser en lui lêtre matériel (ou corps physique) et lêtre spirituel intérieur, en développant le don du cœur qui permet déquilibrer les contraires. LAnthroposophie voit dans le Christ le centre véritable de lhistoire terrestre. Rudolf Steiner exerce alors une profonde influence par le rayonnement de sa personnalité et lenseignement de sa pensée qui fait de nombreux adeptes. La doctrine a des prolongements avec la fondation de plusieurs écoles. Steiner publie dailleurs une centaine douvrages et prononce plus de six mille conférences écrites. Il professe lexistence dun univers invisible et de mondes suprasensibles, une forme de réincarnation, et lexistence de rythmes cosmiques auxquels lHomme est relié. Il enseigne que lexpérience mystique permet de retrouver en soi la présence du divin. Dans sa théorie, lhomme possède trois natures, le corps physique, le corps astral, et lesprit. Il assure que le corps astral est perceptible par le clairvoyant, et quil dispose dorganes subtils, ou chakras, en forme de roues ou de fleurs. La morale des adeptes de Steiner repose sur cinq principes essentiels, la maîtrise des pensées, le pouvoir sur la volonté, légalité dâme devant plaisir ou douleur, la positivité dans les jugements, labsence de prévention dans les conceptions de lexistence. Pour approfondir un peu la pensée de Steiner, nous analyserons quelques aspects de lun de ses livres. La Chronique de lAkasha, éditée en 1904, permet des rapprochements avec les œuvres dH. Blavatsky et même avec Pythagore et Platon. Steiner était associé depuis 1899 aux recherches des Théosophes. Avant daborder sa théorie, il est nécessaire de définir quelques fondements de cette forme de pensée, afin déviter une incompréhension des idées et des concepts exposés. Les Théosophes travaillaient à la résolution du problème fondamental " Comment peut-on sélever à la connaissance des mondes supérieurs ". Ils pensaient le résoudre par une " cosmologie anthroposophique ", étude de lunivers fondée sur la prééminence de lHomme. Dans cette approche lHomme nest
absolument pas une créature biologique habitant une
petite planète perdue aux confins de lespace. Les
Théosophes le situent sur plusieurs plans universels
imbriqués les uns dans les autres. Ils lui donnent une
dimension divine immense. Ils lassocient au Logos
créateur, et lui attribuent une importance cosmique
fondamentale. |
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Un temple ou un monument sont des lieux de rencontre entre un homme et une image quil révère, par exemple celle quil a conçue de Dieu. Cest pourquoi ses bâtisseurs le veulent toujours grandiose et magnifique. Je voudrais fonder celui-ci sur tous ces matériaux si précieux que je viens de déposer, sur les innombrables démarches humaines visant à rencontrer cet absolu qui leur manque, cet Esprit ou cette Connaissance quils cherchent. Compte tenu de la nature dabsolue tolérance de notre réflexion, il ne peut être question de choisir parmi les innombrables hypothèses relatives à lorigine de lUnivers et du Monde, et de lHomme, ou de juger des valeurs relatives des diverses convictions ou croyances, (y compris de celles portées par le Christianisme dans notre actuelle civilisation). Quoi que nous enseigne notre milieu culturel, nous voyons bien quOsiris, Baal, Dionysos, Krisna, Jésus, et dautres mythes, racontent à lévidence la même aventure en ladaptant à la sensibilité particulière de la civilisation à laquelle ils sadressent. Cest toujours lhistoire dun dieu, fils de dieu, trahi et mis à mort par ses proches. Finalement cependant, il ressuscite et rejoint un royaume qui nest pas de ce monde. Avec le recul nécessaire, nous entendons léternelle histoire de la chute dAdam qui, racheté par la grâce, regagnera un jour le royaume originel. Cest pourquoi nous mettrons sur le même plan toutes ces faibles images décrivant le cheminement vers la réalité absolue. Nous sommes
déjà des Bouddhas. (D.T. Suzuki) Sur largile de la matière et de la corporéité humaine, nous établirons simplement un assemblage de toutes les sciences, convictions, religions, expressions et philosophies humaines. Elles constitueront un immense pavement dont chaque dalle rayonnera la lumière dune révélation particulière. Chacun se tiendra sur celle qui lui convient, et tous ces pavés lumineux seront également joints par les qualités dâme des chercheurs authentiques et sincères, celles des fidèles de toutes les églises, les souffrances de leurs martyrs et les extases de leurs saints. Au dessus, se tendra le sombre ciel originel de tous les mystères, étoilé de toutes les révélations à venir, et alentour sétendra linsondable océan de tous les possibles. Notre construction sans murs sera ouverte sur linfini. Nous nous y tiendrons sans aucun rite ni sacrifice, car il y a déjà eu tellement de sang versé, tant dhorreurs commises, tant dêtres immolés, torturés, mutilés ou humiliés, au nom de toutes les idées, offerts en vain à toutes les idoles des hommes, dans tous les temps du monde. Alors, amis, réunis en ce lieu intérieur ouvert dans notre mental, nous élèverons nos âmes particulières vers limage de la Totalité telle que nous lavons construite, chacun dans sa pensée personnelle. Dans notre temple universel ou face à notre commun monument, nous nous poserons non pas en juges mais en simples témoins de linquiétude et de la souffrance humaine. Revêtus de la dignité de la conscience, nous tenant debout, non pas dressés à lassaut des mystères du Ciel mais tournés par lEsprit vers les réalités temporelles de la Terre, nous ouvrirons nos cœurs à la pluie de savoir, de sagesse et damour qui nous est personnellement et mystérieusement consentie par grâce. Nous la recevrons dans notre être total, corps de chair, âme de feu, esprit de lumière, et, tous ensemble, comme les derviches dOrient, nous répandrons ce don sur nos frères les hommes, partout dans le Monde. Eclairés par lEsprit, nous voudrions nous tenir sur le pavé du temple comme des piliers lumineux reliant la terre au ciel. Hélas, notre noir héritage karmique nous barre le chemin, et nous restons simplement des animaux étonnants, des petits singes christophores réunissant, encloués lun à lautre, Lucifer et Satan! Mais, petits simiens clairvoyants mais chargés dancestrales caractéristiques animales, nous portons intimement la conscience dun important travail à faire. Nous avons à rallumer dans notre âme le soleil spirituel originel. En vérité, pour pouvoir nous poser en hommes libres, nous devons comprendre ce quest notre vieil être intime et briser sa cristallisation. Nous devons transformer à la fois notre humaine et simiesque nature et limage intérieure que nous avons fabriquée de nous-mêmes. Dans cette attitude, nous retrouvons limage traditionnelle des Rose-Croix, celle de lHomme écartelé entre la Chair et lEsprit, cette Croix dépine symbolique sur laquelle il convient dattacher la Rose de la connaissance. Cest ce que suggère aussi le merveilleux psaume, adapté de Paul Celan que je vous propose maintenant. La Rose, par
dessus lépine ! Je tinterroge, Plénitude, et cest un tel mutisme ! Le grand Tout universel, reste mystérieux et inconnaissable. Lorsquon tente de lapprocher par la raison, on trouve seulement le vide, le chaos de la béance originelle. Hors la pensée, il ny a rien pour alimenter la raison humaine, rien que ce vide effrayant que nous percevons. Car cest la pensée créatrice qui peuple le vide, et notre inconnaissable univers matériel est la manifestation dune pensée surhumaine. Cest pourquoi dailleurs nous nous y sentons tellement étrangers. Lorsque nous laissons notre intelligence rejoindre la grande intelligence universelle, ce vide insondable et sacré semplit soudain dun nombre immense de créatures et de toute la puissance qui les a créées. Ce vide nest
pas le non-être, le néant. (Georges Cahen) Les hommes, nous dit la Bible, enfant divins et créatures faites à la ressemblance de Dieu, sont comme des dieux, et ils engendrent des dieux et des mondes. Le chaotique océan des possibles attend leur pensée créatrice de genèses potentielles. Sous-dieux naissants, engendrés dans ce monde par lEsprit, les humains deviennent, peu à peu, adultes et autonomes. Ainsi, par le pouvoir créateur de la pensée, poursuivant inconsciemment une illusoire immortalité, nous devenons chaque jour plus capables de modeler largile plastique du Monde. Nous le faisons dabord par lart ou par la pensée puis nous abordons, par la science, la transformation ou lorganisation de la matière tangible et expérimentable. Et maintenant, nous commençons à modifier les propriétés mêmes et les destinées de nos propres corps biologiques. Comprenons quen saisissant ainsi la matière, nous tentons encore, en fait, de devenir un Dieu sur la Terre. Mais est-ce bien la véritable vocation de lHomme ? La Terre nappartient pas à lHomme, cest lui qui appartient à la Terre. (Chef Seattle - Tribu Dewanish) Amis, nous allons maintenant nous quitter, mais il nous faut un instant penser au lecteur ingénu qui pense sêtre fourvoyé par hasard dans ce livre, nous suivant jusquici par curiosité ou par gentillesse, à moins quun mystère intérieur lait guidé. A cet homme encore inconscient de sa qualité cachée mais pourtant déjà chargé de lumière et porteur lui aussi de lEsprit, au chercheur inquiet quêtant toujours éperdument en ce bas monde la vérité et la connaissance, la chaleur et lamour, la lumière et le sens de la vie, il convient peut-être de rappeler maintenant lantique message laissé dans le temple de Saïs par la fille dAtoum, le dieu solaire primordial et créateur, (à la fois Tout et Rien, Être et Non-être), afin de lui redire les lumineuses paroles de laimable déesse, image symbolique et éternelle de la Grande Mère de tous les vivants. Le fruit que
jai engendré, disait Isis, est le Soleil ! |
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