Jacques Henri PREVOST

Le Ciel, la Vie, le Feu


CHAPITRE 2

DE BOUE, DE SANG, DE PEUR, DE DÉSIR

MANUSCRIT ORIGINAL

Première édition - Octobre 2004

Chapitre 2
De Boue, de Sang, de Peur, de Désir

L'évolution des vivants.
Bactéries, végétaux et animaux.
Des reptiles à l'Homme raisonnable.


Chapitre 2 - De Boue, de Sang, de Peur, de Désir.

L’évolution des animaux.
(De l’amibe à l’Homme mystique).

Points de repères dans ce chapitre

Les procaryotes sont immortels.
Nous ne savons pas combien d’expériences ont échoué.
L’existence des eucaryotes associe toujours la vie et la mort.
L’origine des Cordés reste mal connue.
A la fin du Crétacé, tous les reptiles disparurent.
Nous sommes existentiellement une espèce animale.
L’animal est un dévoreur.
Le parangon animal des vertus est le tueur.

 


De Boue, de Sang, de Peur, de Désir
 

Il n’y a point de hasard. (Voltaire)

Nous avons vu cela, nous sommes des singes. (Krisnamurti)

Ne dites pas mourir, dites naître. (Victor Hugo)

L’homme, tout compte fait, n’a rien à dire de l’homme.
Etant seul à se juger, il peut se grandir ou se réduire à sa guise. (Jean Rostand)

 

Nous n’allons pas refaire ici en détail toute l’histoire si controversée de l’origine et du développement de la vie. Nous tenterons seulement de parcourir les théories qui décrivent les êtres habitant actuellement la planète, en portant une attention particulière à cet animal au comportement étrange, dont font partie ces deux individus si intéressants, vous et moi.

Actuellement, la vie sur Terre occupe trois empires distincts.

Le premier et le second sont à la fois proches de nous dans l’espace et éloignés dans les principes.

Les êtres vivants qui les habitent sont des procaryotes. Ils ont une forme corporelle élémentaire et une structure assez simple, ce qui ne veut pas dire que leur fonctionnement ne soit pas complexe. Les fonctions de la vie sont toujours compliquées.

  • Les nombreux habitants du premier empire sont les bactéries, bien connues pour leur comportement parfois gênant à notre égard. (Les virus sont probablement des bactéries qui ont effectué une évolution régressive).

  • Ceux du second empire sont les archées. Elles sont également très répandues et peuplent les lieux les plus inhospitaliers que l’on puisse imaginer, tels les sources brûlantes, les acides, les salines, les eaux glacées, les liquides organiques. Les archées sont probablement plus anciennes que les bactéries, mais ce n’est pas certain. Quelques chercheurs pensent qu’elles proviennent de l’évolution de celles-ci. La caractéristique principale de ces deux populations primitives est d’utiliser des véhicules corporels formés d’une seule cellule sans noyau. On les appelle procaryotes. Elles ont la faculté de se reproduire à grande vitesse par simple division clonée, en formant deux cellules identiques à l’originelle. Si les procaryotes disposaient de nourriture en quantité suffisante, comme par le passé, le monde entier serait envahi en quelques jours. Ils ne meurent que par accident. Les procaryotes sont potentiellement immortels.

  • Le troisième empire est celui des eucaryotes, dont nous faisons partie. Dans ce domaine, les cellules qui composent les corps, comportent un noyau contenant des chromosomes.

L’empire des eucaryotes compte quelques principautés et trois grands royaumes très différents, celui des végétaux, celui des champignons, et celui des animaux qui est aussi celui des hommes. Les eucaryotes se reproduisent lentement en utilisant des mécanismes compliqués. Ils construisent généralement des véhicules corporels complexes. Ces organismes sont formés par l’association de nombreuses cellules spécialisées. Les eucaryotes se nourrissent très souvent aux dépens d’autres êtres vivants. Ils ont appris à programmer leur propre mort pour en faire un facteur accélérateur de l’évolution. Au cours des âges, cette évolution a conduit à l’apparition d’une très grande variété de formes et d’espèces, que nous observons aujourd’hui.
 


Chaque être vivant, procaryote ou eucaryote, enferme en lui une somme réellement énorme d’information, (que Pierre Grassé appelle " esprit "). Elle est utilisée pour construire un corps convenable et conduire le comportement de base. Les eucaryotes utilisent plus d’information que les procaryotes. Ils ont donc mis au point des mécanismes très élaborés pour le stockage et le transfert de cette information. Ils ont également inventé des moyens extrêmement nombreux et complexes pour se reproduire, pour conduire leur évolution à travers les âges, et pour assurer leur adaptation aux transformations subies par leur milieu de vie.

Ces inventions, souvent nécessaires,
nous apparaissent surprenantes et parfois terrifiantes.

Entre autres choses ce sont les os et le bois, le sang, la sève, la peau, les feuilles, les yeux, les dents, les fleurs, les griffes, le sexe, le plaisir et la souffrance, la conscience et l’amour, la vieillesse et la mort dont j’ai parlé plus haut. Tous ces moyens d’action sont inscrits dans les programmes qui font fonctionner les corps des eucaryotes depuis leur origine lorsqu’ils ont pris le long chemin qui mène à ce jour. C’est donc sur l’aventure des eucaryotes que je vous propose de vous pencher, en ce début de chapitre. Elle est bien évidemment la notre. De cette très longue histoire, les marques, les blessures, les transformations, les adaptations, les erreurs et les victoires sont inscrites de façon indélébile dans votre propre chair, comme dans la mienne.

La mort programmée est une invention de la vie.

Je crois nécessaire de revenir un moment sur la durée extrêmement longue qui nous sépare de l’apparition de la vie. Le cerveau humain est ainsi fait que les chiffres élevés ne veulent rien nous dire. Comme de nombreux animaux, nous appréhendons directement et sans les compter les valeurs inférieures à cinq. A partir de six, le dénombrement devient nécessaire. L’utilisation de ce perfectionnement semble apporter des possibilités illimitées, mais il n’en est rien. Si je parle de dix mille objets, ce nombre n’a pas de signification pour celui qui n’a pas fait l’expérience de la manipulation effective d’une telle quantité. En pratique, il faut compter environ une journée de travail pour dénombrer dix mille petits objets, tout en les maintenant en ordre. Cela montre que cette quantité est généralement sous estimée. Lorsque je parle de cent millions d’années, je parle de dix mille fois dix mille ans, et cent fois plus encore quand j’évoque les débuts du Soleil. Nous avons alors besoin d’images très évocatrices pour donner un sens à ce propos, mais elles restent largement insuffisantes pour représenter la réalité, et il faudra que le lecteur fasse un puissant effort d’imagination pour y parvenir, s’il y parvient. J’ai déjà utilisé l’image d’une prairie dans laquelle chaque brin d’herbe figurait une année de la Terre, et je désire renforcer cette image. Notre Terre s’est formée il y a quatre milliards et huit cents millions d’années. Comment mieux figurer ce temps passé ?

Imaginons un papillon céleste, magique, et éternel.

Chaque année, au solstice d’été, et depuis la formation de la planète, ce papillon vient secouer légèrement ses ailes, toujours au même endroit d’une plaine imaginaire. A chacune de ses visites, quelques écailles imperceptibles se détachent et tombent au sol. Leur épaisseur est d’un micron, soit un millième de millimètre.

  • Depuis le début de l’ère chrétienne et de la civilisation qui l’accompagne, l’épaisseur accumulée est seulement de deux millimètres.

  • Depuis la naissance de la Terre, la hauteur de l’accumulation serait de quatre mille huit cents mètres, soit égale à celle du Mont-Blanc. Les vestiges des premières proto-cellules sont enfouis en dessous, à prés de quatre mille mètres de profondeur. On comprend alors combien difficile est la recherche des indices nécessaires à la compréhension des phénomènes qui ont accompagné leur apparition.

Depuis son début, la Terre entière a été bouleversée par des cataclysmes extrêmement puissants et ravageurs. Des astéroïdes et des bolides tombaient fréquemment du ciel. Tout le globe était composé de lave ou de pierre en fusion, dont la surface se figeait lentement, tandis que les matériaux de constitution sédimentaient peu à peu, par densité, jusqu’au coeur de fer liquide. L’eau des mers en ébullition formait d’énormes nuages, noirs d’orages, qui cachaient le Soleil. La pluie se déversait en cataractes, ruinant les rares terres émergées, et s’évaporant aussitôt. Des volcans gigantesques jaillissaient partout, et des tremblements de terre incessants remodelaient la surface, en effaçant toute trace des états précédents. Cependant, on a découvert en 1966, dans un très ancien terrain montagneux du Transvaal, ces vestiges dont je parle. Ces traces de matière organique se présentent sous forme de minuscules bâtonnets, de taille inférieure au micron. D’autres sites moins anciens ont livré des microfossiles d’algues bleues datant de deux milliards et trois cents millions d’années. A cette époque, la photosynthèse était donc probablement possible, et l’oxygène pouvait commencer à se répandre dans l’atmosphère.
 

On a longtemps parlé de quatre époques représentant le passé de la Terre. A partir de connaissances scolaires, les gens imaginent souvent que les ères dites primaire, secondaire, tertiaire, et quaternaire, correspondent à toute l’histoire géologique et naturelle de la planète. C’est une image tout à fait fausse, et on utilise aujourd’hui d’autres termes pour décrire des périodes plus nombreuses et plus diversifiées.

L’ère primaire n’était pas du tout la première.

Avant l’ère primaire, que l’on appelle maintenant paléozoïque, laquelle n’est pas proportionnellement enfouie très loin dans notre passé, il s’est écoulé une période extrêmement longue, qui a duré plus de quatre milliards d’années. On la divise généralement en deux. De moins 4 600 millions jusqu’à moins 2500 millions d’années, c’est l’archéen. Ensuite seulement, et jusqu’à moins 540 millions d’années, c’est le protérozoïque. (L’ère dite primaire ne vient après). C’est dans cette très ancienne période précambrienne que réside l’essentiel de l’histoire de la Terre ainsi que celle du début de la vie. Plus proche de nous, ce qui reste de ce temps passé demeure, à notre échelle, très long. Ce reste renferme l’essentiel du développement progressif de cette vie primitive.

Avant les premières proto-cellules, les mers immenses contenaient seulement d’innombrables et microscopiques assemblages d’atomes qui préparaient l’arrivée des vivants. Il s’agissait de grosses molécules complexes, de la taille probable d’un seul gène, dont certaines étaient devenues capables de se répliquer. Les premiers vrais habitants de la Terre sont donc ceux qui peuplent actuellement les deux premiers empires. Les bactéries ont commencé, au milieu de l’archéen. Bien plus tard vinrent les algues bleues au début du protérozoïque, il y a deux milliards d’années. Ces précurseurs de la vie, les prébiontes, subsistaient en autarcie, à partir des composés chimiques disponibles dans les océans primitifs. Ils ne mourraient jamais, sauf par accident, et se reproduisaient par clonage, ou division cellulaire, en consommaient toutes la matière élaborée disponible. Lorsque les nutriments vinrent à manquer, les conditions nouvelles imposèrent la sélection de certaines propriétés particulières, celles qui étaient nouvellement liées au maintien de cette existence perpétuelle.

L’alternative était tout simplement la mort en masse.

Lorsque je dis que les conditions nouvelles conduisirent à un choix, ce n’est qu’une façon commode d’exprimer la situation. En fait, il n’était pas obligatoire ou nécessaire que quelque chose fût imposé ou choisi. Cependant, puisque nous sommes là, c’est indéniablement que cela a eu lieu. Nous devons prendre en compte l’immensité des temps géologiques aussi bien que notre grande méconnaissance des formes et des solutions adoptées par les prébiontes. En réalité, nous ne pouvons pas savoir si la mortelle solution alternative n’a pas été utilisée une, plusieurs, ou de nombreuses fois, jusqu’à ce qu’un jour la sélection, peut-être, favorise enfin une solution viable. Celle-ci a débouché sur le mode actuel de survie, c’est-à-dire sur la vie courante.

Il est donc naturel que cette dernière ne soit pas parfaite. Ce n’était pas le meilleur mode possible, ni le plus mauvais, mais simplement celui qu’un facteur incident a autorisé. Il se peut que cela soit ce que nous appelons conventionnellement le hasard, à moins qu’il s’agisse de quelque autre facteur inconnu. Peut-être ce mode de vie n’est-ce pas non plus le dernier car, à en juger par les sérieux désordres de la situation actuelle, l’expérience n’est probablement pas terminée. Il ne faut d’ailleurs jamais oublier que la forme de vie dominante ici bas reste la bactérie, même en termes de biomasse.

Nous ne savons pas combien d’expériences ont échoué.

L’éternité a tout son temps. Il en est d’ailleurs de même pour l’Univers des étoiles. Nous ne savons pas si celui qui nous contient est le premier ou le dix millième. Concernant l’apparition des vrais vivants, nous ne savons rien non plus, ou bien peu, ni combien d’extinctions plus ou moins massives ont dispersé puis recyclé les composés organiques primitifs dans l’océan primordial, avant que s’établisse le relatif succès de la solution présente.
 

Rappelez-vous que trois milliards d’années se sont écoulées sans laisser beaucoup de traces. De nombreuses réalisations étaient possibles et elles ont probablement eu lieu. La sélection de la capacité à subsister en élaborant les aliments nécessaires à partir du milieu, puis en les y prélevant au détriment des autres composants, induisit des comportements nouveaux et indispensables, dont la prédation, le parasitisme et autres appétits, mais aussi la fermentation et la photosynthèse. Ces comportements révolutionnaires ajoutaient à la faculté de se reproduire à l’identique, une faculté nouvelle, l’aptitude à dépasser les limitations nutritionnelles du milieu. C’est à partir de cette aptitude, soit à élaborer des composés organiques supplémentaires, l’autotrophie, soit à se nourrir de ceux produits par d’autres êtres, l’hétérotrophie, qu’il est possible de définir l’apparition de ce que nous appelons les véritables êtres vivants.

Les vivants subsistent surtout au détriment des vivants.

Il y a plus de trois milliards d’années, la plupart des nouveaux êtres étaient autotrophes et utilisaient la fermentation. En inventant la chlorophylle, les algues bleues choisirent la solution de la photosynthèse. Un milliard d’années plus tard, la plupart des nouveaux venus firent un autre choix.

Henri Laborit établit ainsi les caractéristiques de l’être vivant.

  • L’autoconservation. ( la seule raison d’être est d’être ).

  • L’autorégulation, ( qui permet de continuer d’être ).

  • L’auto organisation, ( qui reste mal connue ).

  • L’autoreproduction, ( que les virus tendent à abandonner ).

Dans la pensée de Laborit, ces fonctions sont soumises à une commande extérieure venant du milieu englobant. On a affaire à une organisation par niveaux successifs. Le système est ouvert sur le plan énergétique, condition sans laquelle il ne saurait perdurer. Il est maintenu par un apport d’énergie venant de l’extérieur, principalement constitué par les photons solaires.

Pour leur part, John Maynard Smith et Eörs Szathmàry reconnaissent huit transitions majeures dans l’évolution des vivants.

  • Des molécules répliquantes à une population de molécules établie dans un compartiment. (Surface puis sphérule).

  • Des réplicateurs indépendants aux chromosomes. (Trains ou séries de gènes).

  • De l’ARN (Comme gène/enzyme) à la séparation de l’ADN et des protéines. (Code génétique).

  • Des procaryotes aux eucaryotes. (Spécialisation cellulaire, capture des mitochondries et plastes, parasitisme, symbiose).

  • Des clones asexués aux populations sexuées. (Auto-parasitisme)

  • Des protistes aux animaux, aux plantes, aux champignons. (Différenciation cellulaire).

  • D’individus solitaires aux colonies. (Castes non reproductrices).

  • Des sociétés de primates aux sociétés humaines. (Langages).

Il n’est pas question ici de développer point par point ces approches très savantes et très sophistiquées. Sachons simplement que tous ces chercheurs montrent la progressivité dans l’organisation des structures vivantes, et c’est bien cela qui nous paraît important. A un certain stade de cette histoire étonnante, et lorsque le temps en fut venu, certains parmi ces êtres unicellulaires, qui ne sont que des capsules emplies d’ADN et de cytoplasme, se sont mis à construire des structures collectives. Cette invention évolutive impliquait des aptitudes nouvelles telles la spécialisation de certaines cellules dans une fonction particulière, comme la capacité à communiquer avec d’autres cellules, ou/et à organiser géométriquement la construction d’une grande structure collective, pour ne citer que celles-ci. Certaines colonies actuelles de myxobactéries, placées dans des conditions périlleuses de sécheresse menaçant leur survie globale, sont tout à fait capables d’engager un processus qui concerne des centaines de milliers de cellules, et qui leur permet.

  • d’envoyer et de recevoir des messages chimiques élaborés,

  • de se mobiliser pour opérer des regroupements serrés,

  • de structurer cet assemblage en se spécialisant,

  • de construire des organes fructifères collectifs,

  • de transformer certaines d’entre elles en spores.

Ces spores dispersables ont une paroi plus résistante. Ils se voient confier la tache hasardeuse de transférer au loin la reproduction de la colonie menacée. Il est évident qu’un tel comportement implique une communication, une programmation, et une collaboration, relativement complexes chez ces organismes dits rudimentaires.

On peut y voir la manifestation de l’intelligence de la situation, pour autant qu’on donne à cette notion une valeur suffisamment large. Mais on touche aussi du doigt ici certaines inventions capitales, dont celle de la modification structurelle, ou celle du sacrifice de certaines parties pour la survie des autres, c’est-à-dire de la mort cellulaire. Cela prépare aussi les spécialisations fonctionnelles, et en particulier la reproduction.

Au niveau d’organisation suivant, la mort cellulaire ne sera plus seulement accidentelle ou pathologique mais sera programmée par le vivant pour devenir un outil fondamental de la morphogenèse. Dés lors, l’exubérante prolifération cellulaire qui caractérisait le mode d’existence des procaryotes originaux, sera toujours associée à la programmation systématique et organisée de la mort par autodestruction sélective d’un très grand nombre de ces cellules.

L’existence des eucaryotes associe toujours la vie et la mort.

D’autres petits êtres vivants actuels, les Volvox, nous confirment dans l’idée que c’est probablement bien ici que se produit le basculement d’un type d’organisation à un autre. Les Volvox sont des flagellés que l’on classe souvent parmi les végétaux. Ces organismes très simples constituent une transition assez floue entre l’organisation unicellulaire et le niveau multicellulaire. Ils forment des colonies au sein desquelles certaines cellules sont spécialisées, dans la nutrition, la locomotion, ou la reproduction. Les volvox envoient des colonies filles qui se développent et se reproduisent alternativement tandis que l’organisme d’origine meurt. A ce niveau d’évolution, et avec le début de la spécialisation des cellules et des générations, on voit soudain apparaître la loi fondamentale et inexorable des multicellulaires, naître, croître, et mourir de façon programmée.

La loi nouvelle, c’est naître et grandir, vivre et se reproduire,
puis décroître et mourir
.
 

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Le Ciel, la Vie, le Feu

Voici la fin du chapitre

Il est intéressant de visiter le pavillon d’Anatomie Comparée, à Paris, au Jardin des Plantes. Le plan remarquable d’organisation des collections de squelettes amène à des constats troublants. La première évidence, c’est l’importance énorme des gueules et des dents. Toutes ces dents atroces, mon Dieu ! Tous les organismes sont faits pour voler, nager, ou courir, mais surtout pour manger, donc pour détruire. La seconde évidence, c’est la relative mais réelle unicité du plan structurel des vertébrés, actuels ou fossiles, qui constituent la partie la plus spectaculaire de l’exposition.

La visite s’achève au niveau des Primates et il y a là aussi deux grandes évidences. La première est que l’Homme est bien à sa place au sein des espèces présentées, tant dans le cortège homogène général que dans le groupe où il est placé. Et pourtant, simultanément, il est également tout à fait évident que sa mise en relation avec cet environnement fondamentalement animal est complètement fausse.

Sa place est ailleurs. C’est une impression très forte.

Tout paraît à la fois comparable et différent. Il semble nécessaire, non pas seulement de déplacer ailleurs le spécimen, mais de l’ôter complètement. On touche là du doigt une forme de raisonnement étrangère au monde occidental. Le squelette humain est bien à sa place dans la collection animale, et tout à la fois, il n’y est pas du tout. Allez donc au Jardin des Plantes, et constatez vous-mêmes.

L’Homme est tout à la fois un animal et son contraire.

C’est un constat lourd de conséquences. Les hommes usent des structures, des mécanismes, des organes, des pulsions, et des autres fonctions du monde animal. Mais les images animales ne sont pas les images humaines. Les vertus animales ne sont plus nos vertus. Les valeurs animales se mesurent dans les capacités des plus vigoureux et des plus aptes, à faire survivre l’individu le mieux adapté propre à perpétuer l’espèce. Elles s’expriment donc en valeurs d’agilité, de force, de vitesse, de prédation, de rivalité, de combat, de férocité, et de capacité meurtrière.

Le parangon animal des vertus est le tueur.

Nous, les hommes, ressentons très profondément les messages électrochimiques des organismes primitifs que sont nos cellules. Elles expriment leurs besoins fondamentaux afin d’être en mesure de réaliser leur programme de construction et de conservation des structures collectives fonctionnelles qui constituent notre corps. Nous devons aussi savoir qu’entre-temps, une enveloppe animale a épousé de l’intérieur ce corps électrochimique collectif. Nous portons depuis, en nous, plus jeune et plus exigeant, ce féroce animal originel dont les capacités de meurtre et de prédation ont été perfectionnées par l’émulation et la sélection naturelle. Les facultés, les moyens, les systèmes et les outils correspondants ont été soigneusement mémorisés dans nos gènes. La machine corporelle les reconstruit, les perfectionne, et les remet à l’oeuvre méthodiquement à chaque génération.

Par le dégoût, la répugnance ou l’horreur même que nous inspirent les comportements naturellement biologiques, égoïstes, féroces ou sanguinaires des animaux, (comme parfois, hélas, ceux de l’homme-animal qui s’en démarque à peine), nous comprenons une chose très importante. Cet être doit donc exprimer son essence différente par le renoncement conscient à l’animalité et à ses valeurs. Quand il parvient à maturité de conscience, les propriétés animales évolutives ne lui sont plus nécessaires. Lorsque l’on entre dans ce champ nouveau d’expression de la vie, on acquiert une conscience actuelle, nouvelle, et différente de la nature des valeurs animales. Elles apparaissent soudain répugnantes, ou horribles, car elles appartiennent à l’expression d’un ancien champ de vie qui appartient désormais au passé. On doit donc, nécessairement et logiquement, quitter à l’instant ce domaine étranger.

Les comportements animaux ne sont plus nécessaires.

Nous devrons donc, à ce moment et ici même, y renoncer et prendre notre place essentielle nouvelle au sein de l’Univers. La nature inconsciente qui nous environne n’est ni bonne ni mauvaise, elle est seulement dramatiquement indifférente à la souffrance des créatures qui peuplent la Terre.

Qu’en est-il de vous-mêmes ?
 


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Chapitre 1 - Poussières d'Ėtoiles
Chapitre 2 - De Boue, de Sang, de Peur, de Désir
Chapitre 3 - Les Eaux du Fleuve
Chapitre 4 - Les Rayons Ardents du Soleil
Chapitre 5 - Comme des Flambeaux dans la Nuit
Chapitre 6 - Le Phare ruiné d'Alexandrie
Chapitre 7 - Ombres et Lumières
Chapitre 8 - La Conscience et la Liberté
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