Le Ciel, la Vie, le Feu
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Lespèce
humaine et les cavernes.
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La
Vie, parce quelle est montée de conscience, (P.Teilhard de Chardin - Hymne de lUnivers). De royaume en royaume, lHomme
a progressé (Jalaluddin Rumi - Soufi).
Or donc, lorsque son temps fut venu, lHomme occupa la Terre. Quatre ou cinq millions dannées, à lhorloge des temps géologiques, cest extrêmement récent, mais à notre mesure biologique humaine cela se situe dans un passé très lointain. Nous allons nous pencher un moment sur ce qui sest probablement produit depuis cet avènement, mais dans cette démarche nous allons progresser avec une certaine prudence. Au fur et à mesure que lhomme sintellectualise, il utilise, dans sa démarche raisonnable, des représentations mentales quil place dans un large environnement de concepts complexes et synthétiques. Elles sont des recréations intérieures artificielles imagées, effectuées à partir de lexpérimentation qui a été faite du Monde. Au fur et à mesure que létendue de celle-ci saccroît, les hypothèses se précisent et se modifient. Puisque le cerveau est une très petite partie du Monde, la connaissance quil construit nest jamais complète ni définitive. Lorsque cette reconstruction est effectuée avec des matériaux incertains, récupérés sans examen attentif, assemblés dans une imagerie simpliste, conformiste, ou banale, elle peut être dommageable. Nous devons toujours nous efforcer de vérifier soigneusement la cohérence des données que nous utilisons. Cest finalement par rapport à cela que chacun de nous règle son comportement, prend ses décisions, et bâtit sa vie. Il est donc tout à fait utile de répéter ici que les perspectives scientifiques que nous exposons sont des théories actuelles et provisoires. Rappelons-nous que Stephen W. Hawking, lun des plus grands cosmologistes actuels, définit régulièrement ce que sont les hypothèses scientifiques, au fil des pages de ses ouvrages. " Nous devons bien comprendre ce quest une théorie scientifique. Dans une telle théorie, lopinion banale voit un modèle représentatif de lunivers, ou celui dune partie limitée de lunivers, associé à un ensemble de règles mettant en relation des quantités issues à la fois de ce modèle imagé et des observations expérimentales. Cela est une opinion bien naïve. La théorie nexiste que dans notre esprit et ne peut avoir dautre réalité, quelle quen soit la signification. Les théories physiques sont toujours provisoires. Elles ne sont que des hypothèses. Personne ne pourra jamais prouver une théorie physique, parce que personne ne pourra jamais être certain que la prochaine observation, quel qu'en soit le nombre déjà effectué, ne mettra pas cette théorie en échec ". Voyons aussi ce que nous en dit J.Krisnamurti, ce grand visionnaire spiritualiste auquel je fais référence de temps en temps. Psychologiquement, intérieurement, si ardent que soit notre désir, il nest point de certitude, point de permanence, pas plus dans notre relation avec autrui que dans nos croyances ou les dieux de notre cerveau. Le désir intense de certitude, dune certaine permanence, et le fait que celle-ci nexiste absolument pas, telle est lessence du conflit, lillusion face à la réalité. Il est infiniment plus important de comprendre notre pouvoir de créer lillusion que de comprendre la réalité. ( Le 2/9/1961 - Gstaad. Suisse ). Observateur attentif, Krisnamurti conte aussi cette anecdote quil estime remarquable. Une fillette hindoue joue en sappuyant sur un bâton. Elle arrive au bord du fleuve, regarde un instant leau, et lance son bâton par-dessus la berge. Puis elle sadosse à un arbre et contemple le courant. Ce fleuve, dit-il, cest
linconnu. |
Dans lhémisphère nord, cependant, un refroidissement général était amorcé. Il se traduisait par une relative et lente évolution de la flore, favorisant lapparition de nombreuses espèces plus proches de la végétation actuelle, et entraînant la régression des variétés subtropicales. Celle-ci était constatée par la raréfaction progressive des palmiers dans toute lEurope. Petit à petit les grandes forêts reculaient et faisaient de nouveau place à dimmenses prairies de graminées et de céréales. Les savanes sétendaient dans le monde entier, les forêts de conifères et les steppes réapparaissaient en Europe, en Asie, et en Amérique. La Méditerranée navait pas du tout laspect actuel. Elle était restée longtemps reliée au continent africain en plusieurs points. Puis une rupture se produisit qui donna naissance au détroit de Gibraltar et ouvrit le passage aux eaux de lOcéan. Un large pont de terre subsistait encore. Il réunissait lItalie, la Corse, la Sardaigne, et la Sicile, à la Tunisie. Une autre grande mer intérieure existait également à lest des Balkans, jusquaux basses vallées de la Volga et du Danube, débordant largement les zones dans lesquelles subsistent actuellement quelques uns de ses vestiges. Ce sont la Mer Noire, la Caspienne, la Mer dAral, et la Mer dAzov. En Afrique, le Sahara humide et boisé, verdoyait. Le Japon et la Malaisie étaient reliés à lAsie. Seule lAustralie, jointe à la Nouvelle Guinée, formait un continent séparé. En France, cétait lépoque des grandes éruptions volcaniques du Cantal et du Mont Dore, gigantesques volcans dont les coulées de lave et de boue atteignaient parfois mille mètres dépaisseur, puis celles plus modérées de la chaîne des Puys et du Velay. Elles ne prendront fin quau cours du quaternaire. Les Iles Britanniques étaient encore reliées au continent. On voit combien la distribution des terres de ce Monde, dun passé bien proche, restait relativement confuse et différait localement de ce que nous connaissons aujourdhui. En raison des liaisons qui faisaient communiquer lEurope et lAfrique, la faune ressemblait à celle qui peuple actuellement les régions tropicales. On peut citer lEléphant méridional, lEléphant antique, le Rhinocéros étrusque, le grand Hippopotame, ainsi que le Mastodonte arverne. On y trouvait également la Panthère, le Lion des cavernes, lHyène, le Chacal, lOurs et le Tapir. De nombreux herbivores peuplaient la savane européenne tels que les Buffles, les Cochons et les Cerfs. En provenance dAmérique du Nord, et par une liaison américano asiatique existant au niveau du détroit de Behring, divers équidés, proches des chevaux, se répandirent dans toute lEurope. Telle était la situation à la fin de lère Tertiaire, au Pliocène. Cest à cette époque et dans ce type denvironnement quon peut placer lessentiel de lévolution des débuts de lhumanité. On estime quelle avait alors déjà duré quatre millions dannées. Lorsque commença la nouvelle ère, le Quaternaire, il y a plus de six cent mille ans, au Pléistocène, lHomme archaïque, qui sétait largement répandu sur la planète, était déjà un homme mais ne nous ressemblait pas encore beaucoup. Le vieux mot " Quaternaire " sapplique à la phase la plus courte et la plus récente de lhistoire de la Terre. Elle est essentiellement caractérisée par lapparition de lHomme et par la succession de périodes glaciaires séparées par les intervalles interglaciaires. On parle donc de lÂge de la Glace. Ces événements climatiques importants ne sont pourtant pas exceptionnels, et on a pu montrer quils sétaient déjà produits antérieurement, des millions dannées plus tôt, au cours du Précambrien, du Permien, ou du Jurassique, pour ne citer que ces périodes géologiques. Lorigine du phénomène reste mal connue. Différentes hypothèses explicatives ont été proposées. Elles tentent de relier les valeurs dinsolation du Globe aux caractéristiques, périodiquement variables, de son orbite autour du Soleil. Au plan scientifique, la principale difficulté est analytique. De très nombreuses incertitudes demeurent quant au nombre des oscillations climatiques, et à leur importance, qui semblent différer selon les régions considérées. On distingue généralement quatre phases principales de glaciation, précédées et suivies de phénomènes de résonance. Elles ont été nommées glaciations de Günz, de Mindel, (ou de lElster), de Riss, (ou de la Saale), et de Würm, (ou de la Vistule). Ces quatre noms sont ceux daffluents du Danube. Ils ont été appliqués aux périodes glaciaires suite aux travaux de Penck et Brückner. Les premières nont pas eu dinfluences majeures, mais les deux dernières sont plus importantes, surtout celle de Würm. Quoique le phénomène ait été général, affectant les deux hémisphères, il a surtout été étudié en Europe. Les traces relatives à la série complète y ont été observées dans les Alpes bavaroises. Dans les pays nordiques on ne relève pas la première, et dans les Alpes françaises on ne trouve que les deux dernières. Létude des moraines et des terrasses marines et alluviales permet dévaluer les maxima atteints par les extensions des glaciers et les variations du niveau de la mer. La gigantesque calotte de glace recouvrait la Scandinavie, la Russie et la Pologne, la Mer du Nord, une partie de lAllemagne, les Iles Britanniques et la Hollande. Son épaisseur était de deux mille mètres pendant la glaciation de Riss. Le front sud
du glacier traversait la Manche. |
Ces phénomènes temporaires ont donc eu des conséquences durables. On constate actuellement des situations topographiques qui reflètent à la fois les fluctuations des niveaux marins et les variations dues aux soulèvements isostatiques causés par lallégement des masses continentales usées par lérosion. Ces basculements déquilibrage élèvent également les terrasses. Pour les plus anciennes, il peut atteindre une centaine de mètres. Un troisième facteur, le loess, revêt une très grande importance dans la transformation du paysage et sa préparation à linstallation des hommes. Cest une accumulation de fines poussières calcaires friables, de couleur jaune clair, transportées par le vent. Son apparition est liée aux alternances dépisodes glaciaires et interglaciaires. Le loess a recouvert les reliefs eurasiens sur dimmenses surfaces, du Nord de la France jusquà la Sibérie et la Chine Son épaisseur est surprenante, et varie de quelques dizaines à quelques centaines de mètres. Cest sur les immenses plaines à loess quont pu dabord sétablir les toundras, les steppes et les pairies, et beaucoup plus tard les campements de nomades, les élevages et les cultures des agriculteurs. Les premières glaciations nont pas provoqué de changements très importants dans les flores et faunes européennes et américaines Dans les périodes interglaciaires, le climat chaud se rétablissait permettant le retour des populations antérieures. Mais avec arrivée de la glaciation de Würm, la situation fut profondément modifiée. Un climat froid et sec sinstalla durablement. Une immense steppe glacée apparut. Les flores et les faunes anciennes reculèrent jusquaux régions tempérées plus méridionales. De nombreuses espèces antiques ne sont jamais revenues, telles lEléphant, le Rhinocéros, et lHippopotame. Des animaux nouveaux sinstallèrent, venant des régions arctiques, Elan, Boeuf musqué, Bison, Saïga, Renne, Ours. Certaines espèces sadaptèrent, réussissant à survivre plus ou moins durablement, en se couvrant dépaisses fourrures, telles le Mammouth et divers rhinocérotidés. Une partie de la faune changea dhabitat et se réfugia dans les cavernes. On y trouve les traces dours, de lions, dhyènes, à coté de celles des hommes primitifs, nos ancêtres, qui ont du sorganiser pour survivre dans nos régions aux difficultés de ces temps. On ignore généralement que les lions, comme les ours, peuvent parfaitement vivre dans toutes les zones tempérées. Ils nen ont été éliminés que par la chasse. Enfin les glaciers se retirèrent et la mer revint de nouveau. Le climat général se réchauffa. Il ressembla progressivement à celui que nous avons aujourdhui. La forêt et la prairie réapparurent. Les faunes arctiques remontèrent au Nord ou disparurent, mais lhomme demeura. Bientôt, il saccrochera à la terre, fabriquera des outils, cultivera le sol, sélectionnera les semences, et domestiquera le bétail. LHomme
demeura. |
Après la disparition des Dinosaures, à lépoque tertiaire, il y a 50 millions dannées, au début de lEocène, un groupe animal portait déjà les caractéristiques morphologiques générales dont nous avons hérité. La trace la plus ancienne qui nous en soit parvenue est une dent minuscule d'un lémuroïde découverte au Montana dans un terrain du Crétacé Supérieur. Dénommé Purgatorius Ceratops, cet animal aurait probablement été le contemporain des derniers dinosaures. Dans les terrains de lEocène, en Europe comme en Amérique, on trouve des formes lémuriennes nombreuses et bien différenciées. Le groupe des lémuroïdes, qui est encore représenté de nos jours par différentes formes telles les Aïe Aïe, avait alors commencé à éclater en différentes branches dont lune a abouti aux Primates. En vérité, le tronc commun dont sont issues les branches apparentées, Lémuriens, Aïe Aïe, Tarsiers, Platyrrhiniens, et Catarrhiniens (dont sont issus les grands Anthropoïdes, les Gibbons et les Hommes), na pas été découvert et reste hypothétique. Le paléontologiste Elwyn Simons, daprès de très nombreuses exhumations de fossiles de singes faites au Fayoum, fait remonter les origines du groupe extrêmement loin dans le passé. Il montre que les ancêtres des singes vrais, il y a 30 millions dannées, navaient déjà que deux prémolaires comme les singes actuels. Leur schéma dorganisation différait donc du modèle humain. A partir de ce constat, il imagine un ancêtre possible des anthropoïdes, hypothétique Parapithécus, qui devait posséder trois molaires et trois prémolaires à chaque demi mâchoire. Ce précurseur inconnu aurait fourni le modèle sur lequel sont bâties lorganisation de notre corps actuel et son économie générale. Au Miocène et au Pliocène, un groupe dAnthropomorphes était assez répandu et comprenait deux branches, les Dryopithèques et les Pliopithèques. Avec une mâchoire en U et des canines importantes, lanatomie des Dryopithèques était déjà bien caractérisée. Elle semblait montrer lengagement dune évolution vers des formes proches des pongidés anthropomorphes actuels, (les grands singes). Les Pliopithèques semblaient engagés dans une autre voie. Ils avaient une mâchoire en V et des canines très pointues, et correspondraient à une espèce proche des Gibbons, cependant quadrupède et vivant sur le sol. Ces candidats primitifs ne convenaient pas. Il fallait donc chercher ailleurs un autre ancêtre possible à lhominisation. Il devait avoir une arcade dentaire arrondie en parabole, comme lhomme actuel, avec des prémolaires présentant des caractéristiques précises. Cest dabord en Afrique, de
lEst et du Sud, dans des terrains datés de un à
quatre millions dannées, que lon a découvert
des fossiles possédant des caractères relativement adéquats,
(Taung). Certains spécimens présentaient cependant un
fort torus supra orbiculaire, (Forte arcade sourcilière
continue), une grande crête sagittale, (Importante
saillie osseuse allant du front à la nuque), et un gros
bourrelet sur locciput. Il sagissait dun
groupe très particulier, resté proche des singes par la
morphologie crânienne, mais engagés dans la voie de lhominisation
par la structure du bassin qui permettait déjà la bipédie.
En raison de la localisation de ces trouvailles, cet être
a été baptisé Australopithèque. |
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Devant nos yeux, les
eaux du fleuve, Krisnamurti ressentait fortement tout cela. Retrouvons ces perceptions super conscientes davant laurore, telles quil les exprima dans des notes rédigées de façon fortuite dans les dernières années de sa vie. " Sensation de clarté insolite, exigeant toute lattention. Le corps sans mouvement aucun, dune immobilité complète, sans effort et sans tension. Un phénomène curieux se déroulait à lintérieur de la tête. Un fleuve superbe et large coulait, ses eaux abondantes puissamment comprimées entre de hautes masses de granit poli. Sur chaque rive de ce vaste fleuve, la roche était étincelante, aride à toute plante, au moindre brin dherbe. Il ny avait rien dautre que le roc brillant, se dressant jusquà des hauteurs défiant le regard. Le fleuve avançait silencieux, sans un murmure, indifférent. Cela se produisait réellement, ce nétait pas un rêve ni une vision ou un symbole à interpréter. Cela avait lieu, là, sans aucun doute. Ce nétait pas le fruit de limagination. Aucune pensée naurait pu inventer cela, cétait trop immense et réel pour quelle puisse le concevoir. Limmobilité du corps et le mouvement de ce grand fleuve coulant entre les parois granitiques du cerveau, tout cela a duré une heure et demie, exactement. Par la fenêtre ouverte, les yeux pouvaient voir laurore naissante. On ne pouvait se tromper sur la réalité de ce qui avait lieu ". (J.Krisnamurti - le 8/8/61 - Gstaad, Suisse). Voilà un petit peu de tout ce que lon peut dire des origines. Nous allons nous arrêter ici sur la conclusion dune autre méditation de Krisnamurti, laquelle peut aussi inviter la nôtre. Le passé et linconnu ( J.Krisnamurti - le 23//1/62 - Delhi. Inde ) |
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