Jacques Henri PREVOST

Le Ciel, la Vie, le Feu


INTRODUCTION

MANUSCRIT ORIGINAL

Première édition - Octobre 2004

Avant-propos
Fondements, philosophie,
et présentation générale du livre


D'où suis-je ? Où suis-je ? Que suis-je ? Où vais-je ?

Introduction

D’où suis-je ?
Autrement dit " Hier, qu’étais-je ? ".

Où suis-je ?
Ou, maintenant, que suis-je ? ".

Où vais-je ?
Demain, que serai-je ? ".

Ces questions existentielles concernent la vie et la mort, l’origine de l’être et son destin, le problème de la cause et de la nature du mal. Chacun tente de résoudre ces problèmes personnels avec ce qu’il a dans sa nature la plus intime. Le chercheur trouve parfois des débuts de réponses. Il construit une vérité personnelle en assemblant ces fragments. Mais il y a seulement des compréhensions partielles et divisées, des questions sans réponses, et des cheminements individuels incertains et pénibles. Malgré tous les progrès étonnants sur les plans scientifiques et techniques, l’amélioration de ses conditions d’existence et l’allongement de la durée de sa vie, à l’aube de ce 21ème siècle qui commence, l’Homme reste insatisfait. Le Monde semble pourtant avoir réalisé une sorte d’unité. Entrant dans une période d’universalisme nous avons donc maintenant besoin d’idéaux universels. L’espoir de l’humanité parait reposer dans l’établissement de cet universalisme, intellectuellement et spirituellement acceptable, qui réponde aussi aux trois questions fondamentales que se posent toujours tous les hommes.

Caminhando, o caminho se faz.
C’est en cheminant que l’on fait le chemin.
(Proverbe brésilien)

Dans cet ouvrage, je tenterai d’élaborer une synthèse, une cosmogonie intégrant tous ces questionnements. C’est un travail qui ne prétend pas être partageable ni avoir une valeur générale. Le temps est désormais révolu qui laissait la possibilité d’emplir un seul cerveau de toute la connaissance humaine. Au temps des ordinateurs, l’homme ne cerne plus l’étendue de ce qu’il croit savoir. Il s’agira donc seulement d’une recherche personnelle concernant ma propre raison d’être. Un jour, vous aussi peut-être, engagerez, pour votre propre compte, la quête de votre propre Graal. Mais la découverte relative de la vérité passe nécessairement par la liberté absolue de la pensée. Dans le chemin du développement personnel, on n’avance qu’en la préservant. Il faut rester continuellement à distance des engagements proposés par les doctrines et les hypothèses tentatrices rencontrées. En effet, nous pensons presque tous que notre court passage sur cette petite planète doit avoir un sens et un but imaginables, au sein d’un réel logiquement organisé. Pour donner ce sens à notre vie, nous voulons croire que nous y sommes personnellement impliqués. Mais le Réel total nous environne et nous contient. C’est un "Univers-labeur", qui se transforme en permanence, détruisant l’œuvre du passé pour construire la nouvelle émergence du présent.

Lorsque l’on engage une réflexion sur la nature du réel, il faut bien cerner les facteurs qui en dénaturent la perception. Il faut comprendre que le langage et la pensée peuvent nous amener à doter le Monde d’aspects artificiels qui sont de pures créations mentales. On peut aussi tenter d’ouvrir les différentes fenêtres que les penseurs et les scientifiques espèrent avoir percées dans le mystère de l’Être total. Dans ce but, je voudrais exposer les représentations que nous avons de l’univers et de l’origine de la vie, et je vous parlerai donc des grandes théories scientifiques actuellement à la mode. Mais je désire aussi raconter la longue histoire de l’aventure de l’homme et des sociétés humaines, et montrer la relativité des certitudes successives que les grandes religions et les philosophies occidentales prétendent avoir établies. J’essayerai d’approfondir cette approche au travers de l’examen des messages que les mythes antiques et modernes s’efforcent de nous transmettre. Si vous le voulez bien, c’est donc sur cette double considération globale, celle des origines scientifiquement probables de l’humanité et celle de la diversité de ses approches intuitives de l’être et du divin que nous allons nous pencher ensemble.

 


La nature de l’Homme est comme celle du Monde.
Rien n’est jamais vérité absolue ni définitive.

La faillible raison humaine se refuse à faire naître du néant, sans cause première, les choses dont elle constate l’existence. Elle postule qu’elles sont les manifestations d’une force primordiale située à l’origine de l’apparition du Monde matériel. A l’origine, cependant, nous ne pouvons aujourd’hui poser que le mystère insondable de l’être et l’incommensurable puissance de ses manifestations créatrices. Partant de cette ignorance fondamentale, nous supposons que la matière et l’activité cosmique ont émergé d’un chaos initial, d’un désert existentiel, ou d’un vide matériel originel. De la même façon nous imaginons que la conscience et l’activité de la pensée émergent d’un autre vide immatériel, intérieur et mental. Pour l’Homme, maintenant et ici même, à partir de ce nouveau désert où se perd sa conscience, une nouvelle émergence apparaît, que nous appelons généralement et un peu hâtivement l’Esprit. Or, nous ne comprenons pas très bien ce qu’est cet Esprit, pour nous si nouveau, dans l’aventure de la vie. Nous ne pouvons guère en dire que ce qu’il paraît être à notre conscience nouvelle et à nos yeux étonnés. A beaucoup d’hommes, il semble que l’Esprit soit l’actualisation d’une autre forme de vie, c’est-à-dire l’apparition, actuelle et nouvelle pour eux, dans leur champ de vie personnel, d’un facteur éternel permanent. A cet autre facteur, bien plus général, ils attribuent alors les caractères théoriques de la divinité première.

Notre sort commun et banal est de résider corporellement dans un Monde périssable et fugitif. Certains penseurs disent que celui-ci est l’oeuvre du Démiurge en désignant avec ce mot restrictif l’un des aspects créateurs incomplets de la force originelle. Par antithèse, ils appellent alors Verbe de Dieu la globalité de cette capacité créatrice, qui reste encore incomplètement manifestée en ce qui concerne l’Homme. Celui-ci n’en saisirait actuellement que les aspects liés à la matière et à la vie biologique.

L’Esprit serait une autre manifestation éternelle du Verbe, une autre façon d’agir du pouvoir créateur originel. N’étant pas enfermé dans la matière, il se situe au-delà du Monde existentiel. Il réside dans les corps vivants mais sa nature n’est pas corporelle. Il n’est pas asservi aux lois physico-chimiques ni aux violentes contraintes de la compétition vitale. L’Esprit a sa réalité propre, au-delà du bien et du mal tels que nous les concevons dans notre conscience limitée. La volonté actuelle de ce porteur de l’Esprit conscient qu’est chacun de nous, détermine en nous-mêmes, la nature laide ou belle, bonne ou mauvaise, de l’acte exécuté et de la forme qui vient. La plupart des hommes sont conscients de cette réalité éternelle, immatérielle, active et présente en eux, et ils espèrent parvenir un jour à rejoindre l’Esprit dans son propre domaine. Petit à petit, nous dit René Guénon, dans cette sphère humaine qui est notre actuelle résidence, l’Esprit établit son royaume dans l’empire encore imparfait du démiurge. L’homme accompli est son moyen d’action. Tous les actes conscients que nous acceptons, accomplissons, ou refusons, en l’instant actuel, sont créateurs et liés à notre être. Ils détruisent à jamais notre passé, et déterminent, à l’instant même, notre nature véritable et donc notre futur éternel. Dans cette optique, et ouvrant des yeux nouveaux à l’éclairage de la lumière naissante de cette prise de conscience, nous doutons soudain de nos fragments de certitudes. Nous commençons une quête à la fois incertaine et fondamentale de la réalité absolue. En recherche de vérité, nous regardons notre propre corps et nos merveilleux appareils sensoriels. Nous constatons alors que nous ne pouvons pas leur faire entièrement confiance parce qu’ils sont seulement des détecteurs de proies ou de dangers et non pas des moyens de connaissance. Notre cerveau fabrique ses propres représentations synthétiques du monde et présente au mental ces créations artificielles comme des images crédibles de la réalité. Nous comprenons que le mental utilise constamment ces figurations comme des objets véritables, et que l’intellect est capable de fabriquer des idées vraies ou fausses, considérant ces illusions comme des choses réelles et crédibles en elles-mêmes. Il assemble les innombrables souvenirs du passé pour créer un centre de référence, artificiel et souverain, l’ego, centre clos de son propre univers.

Nous demanderons quand même à la science de nous parler de l’origine de la matière, du cosmos immense, de l’énergie et des étoiles, du Soleil, de la Terre et de son histoire, et de la naissance de la vie. Nous découvrirons un macrocosme étonnant, construit de manière fractale depuis les galaxies jusqu’aux plus infimes constituants atomiques, dans bien des dimensions de l’espace et du temps. Nous suivrons l’histoire passionnante de l’évolution de la vie qui a tout inventé, la cellule et le corps, la sève et le sang, la fleur et la graine, le plaisir et la souffrance, le chagrin et la joie, les caresses et la cruauté, la tendresse, la dévoration universelle et la mort. Nous examinerons également ce que nous savons de l’origine et le développement de l’Homme et le peuplement de la planète.

Mais la science ne s’intéresse qu’au Comment des choses. Aussi nous tournerons-nous vers les mythes portés par les diverses civilisations et ceux qui prétendent nous parler du Pourquoi. Les civilisations et les idéologies voudraient changer la société humaine, tandis que les religions s’efforcent de changer les individus. Il nous semble, jusqu’alors, que ces deux démarches ont échoué. Regardant vers l’aventure des populations et des nations, nous retrouvons surtout l’histoire épouvantable des guerres meurtrières et des avanies cruelles que se font les peuples et les hommes, civils ou soldats, croyants ou incroyants, dans une lutte sauvage et primitive pour accéder au pouvoir et à la richesse. Nous constaterons que cette incurable sauvagerie et cette implacable volonté d’asservir les autres sont encore inscrites dans notre patrimoine génétique, et par conséquent, dans le karma de chaque homme. Portant le regard sur l’univers matériel et la vague existentielle qui nous porte, nous voyons bien que toutes les parties constituant le cosmos se dégradent continuellement au fil du temps. La loi implacable de Shiva fait naître chaque chose nouvelle de la destruction de l’ancienne. Au sein de la dégradation perpétuelle, les vivants semblent lutter sans cesse pour réaliser un objectif mystérieux. La bataille paraît toujours perdue et tous finissent tragiquement dans la mort. Cette défaite n’est pourtant qu’apparente car la force de vie a déjà remporté d’innombrables triomphes dont nous n’avons pas bien conscience. Nous sommes habitués à ces victoires banales mais terrifiés par la promesse de la prochaine défaite concrétisée dans la mort physique inévitable. Cependant, pas à pas sur notre petite planète terrestre, les petites victoires successives de l’immense force de vie permettent aujourd’hui l’émergence progressive de la conscience hors de la matière inerte. Tant passe le temps immobile, qu’émerge enfin de l’océan cosmique, son propre regard !
 


 

Nés des étoiles, notre vrai visage est la lumière.

Il nous faut enfin accepter de poser le regard lucide de nos yeux et de notre conscient sur notre propre vérité. Nous sommes les "lucifères", les flambeaux, ceux qui éclairent. Sur cette Terre, il semble que nous soyons les seuls porteurs actuels de la conscience éclairant l’existence. Le sens du mot Lucifer a beaucoup varié au fil des âges. Il signifie bien étymologiquement " Porteur de Lumière ". Il a été appliqué successivement à Adam, l’Homme initial, au roi de Babylone, au Christ, à l’étoile du matin (Pierre 2/19). Il désigne très malencontreusement, depuis le Moyen-âge, l’Archange rebelle à l’ordre divin chrétien, le Satan. Cependant, nous travaillons, ici et maintenant, pour élargir cette conscience éclairante, pour effacer les traces karmiques archaïques et le poids d’un passé révolu. Si vous le voulez bien, nous utiliserons ce mot magnifique pour désigner, au sein du chaos et de la dégradation perpétuelle du monde existentiel, les forces immenses qui travaillent, en nous et obscurément, à la réalisation du parangon humain. Dans un but inconnu, les forces lucifériennes construisent et modèlent le Monde et tout ce qu’il contient, y compris l’espèce humaine, ses qualités et ses défauts, son intellect et sa conscience.

Nous ne savons pas si l’univers où nous vivons est le seul qui fut jamais produit. Nous ne savons pas non plus si d’autres formes d’existence, intelligentes et raisonnables ou disposant d’autres outils, ont pu ailleurs, ou dans d’autres temps, ou par d’autres moyens, résoudre les problèmes aujourd’hui posés à l’Homme luciférien terrestre. Sur le plan général de ce que nous connaissons scientifiquement de l’univers, la première construction luciférienne, sa première victoire, est celle du tout contre le rien. C’est l’existence elle-même qui a vaincu le vide immobile, éternellement indifférent. La seconde est celle de l’ordre contre l’incohérence, l’auto organisation du chaos, d’où naquirent la matière et le cosmos. La suivante, est la préparation de la vie, l’apparition, sur cette Terre au moins, des combinaisons chimiques réplicatives, porteuses de cette information si précieuse qui fait reculer l’entropie. Puis c’est la naissance des organismes vivants, la mise en place de l’évolution et de la sensibilité animale.

Maintenant, une nouvelle victoire apparaît. C’est celle du début de la compréhension du monde, à l’aide de cette merveille qu’est la prise de conscience de l’existence même. Il semble qu’il convienne maintenant de concrétiser cette victoire annoncée, par le discernement des dérapages de l’évolution, et par la correction des désordres acquis au cours du lent développement de la nature humaine. Cela comprend aussi les excès de cette spécialisation vicieuse et meurtrière de l’Homme-animal qui constituent l’héritage de notre passé biologique. Les porteurs de lumière de la conscience, les "lucifères" que nous sommes veulent maîtriser la nature entière et en jouir dans un désir exacerbé d’asservissement et de possession totale. Les enseignements du passé sont atroces mais, dans l’avenir, nul ne peut encore imaginer jusqu’où ira cette implacable volonté de possession et de pouvoir. C’est en cela que l’on peut dire que l’Homme sapiens sapiens, vivant, conscient, et épris de la matière, est devenu satanique.

Tombé de l’Éternel, Satan veut l’Infini,
Tombé de l’Être, il veut l’Avoir.
(Denis de Rougemont).

Seul parmi les êtres de cette Terre, nous dit Hermès Trismégiste, dans la tradition de la culture antique, l’Homme est double, image microcosmique du Monde macrocosmique. En lui coopèrent donc plusieurs formes d’expression de l’Etre. Il y a en lui deux natures, l’ordinaire mortelle, être de chair que nous connaissons bien, et l’originelle immortelle, être de lumière venu du fond des âges. Il aurait tout mené, tout connu, puis presque tout oublié en tombant amoureux de la matière. c’est pourquoi, à coté de la connaissance nouvelle issue de la recherche scientifique, il y a une réminiscence, une re-connaissance. Deux voies différentes s’ouvrent à la prise de conscience, et celui qui ne perçoit pas cela risque de claudiquer longtemps sur le chemin de sa réalisation personnelle. Nous exposerons largement les hypothèses de la sagesse antique et vous proposerons donc alternativement chacune de ces deux voies. Considérez en attendant que les forces lucifériennes ne sont pas seules à l’œuvre ici-bas. Un second acteur est en action qui n’est pas une force mais un don. Il déverse aussi sur le Monde une immense puissance. Il n’est pas imposé, mais offert. De façon générale, nous pouvons le considérer comme un flot inondant la pensée humaine. Cette autre puissance est reconnue depuis bien des siècles, dans bien des cultures diverses, sous beaucoup d’appellations différentes. Les hommes manifestent constamment sa perception par une attitude humaniste ou religieuse. Dans notre référentiel culturel occidental habituel et pour utiliser un langage courant, nous pouvons l’appeler l’élan christique.

Les forces lucifériennes sont des forces de création.

Elles imposent les formes et les usages du Monde matériel et existentiel dans lequel nous vivons. Elles utilisent les propriétés du hasard et du chaos, mais aussi les lois féroces de la lutte pour la vie et la sélection biologique. Ce sont des forces naturelles et aveugles, reliées au temps. Elles ont construit nos corps biomécaniques et nos outils intellectuels de compréhension. Elles ont également forgé les récepteurs affectifs nécessaires à la perception de l’élan intérieur que nous avons appelé christique. Considérées du point de vue de la sélection humaine des plus aptes, des plus exploiteurs, des plus dominateurs, leurs autres conséquences sont devenues néfastes et leur caractérisation satanique ne pourra que s’accentuer dans l’avenir. A nos yeux, maintenant ouverts par l’éclairement de la conscience, ces forces nécessaires d’involution sont perçues comme primitives, brutales et asservissantes. De leur action aveugle résulte notre Monde matériel, éternellement détruit et renouvelé, ainsi que son peuplement biologique périssable, alternativement dévorant et dévoré. En ce qui nous concerne, leur résultante résiduelle charge la mémoire génétique de notre espèce ainsi que notre mémoire personnelle, notre Karma.

Au niveau actuel de la réalisation de l’immersion progressive des forces créatrices originelles dans ce Monde existentiel, ou de l’investissement graduel de la matière par la conscience, les hommes atteignent maintenant un point particulier. On peut, au choix, le considérer comme un point haut, zénith actuel du développement croissant de nos outils mentaux, ou comme un point bas, le nadir homologue de la matérialisation de notre être total. Lorsqu’elle se produit, cette prise de conscience peut être une rencontre coopérante avec la manifestation de la force nouvelle, une réponse humaine à cet appel que nous avons ici appelé l’élan christique. L’important, nous disent les philosophes, est de comprendre qu’à partir de ce point particulier ou de cette rencontre, par les refus que nous formulons, par les décisions que nous prenons et les actes que nous accomplissons, nous pouvons changer notre état actuel et notre nouveau cheminement de réalisation personnelle peut nous conduire à un accomplissement.
 


L’involution, c’est la matérialisation
progressive de l’esprit,
et l’évolution, c’est la réapparition de l’esprit,
émergeant au sein de la matière
qu’il a fécondée, animée, évertuée.
(Stanislas de Guaïta).

Ainsi les alchimistes du Moyen-âge travaillaient-ils longtemps devant leurs cornues avant de comprendre que la transmutation du plomb vil en or pur n’était qu’une figure de la nécessaire transformation mentale de leur propre personne. Comme l’alchimiste, celui qui perçoit l’appel de la nouvelle puissance, et en prend conscience, peut volontairement engager la transformation, la transmutation de sa propre nature existentielle. Il devient alors un facteur émergent nouveau influençant la structure globale de l’Être total, abordant une autre de ses manifestations, non plus seulement existentielle mais essentielle un aspect différent progressant vers l’essence même des choses comme le présentaient les anciens philosophes grecs. Comme la Matière, l’Esprit est un des visages parmi tous les possibles et les inconnaissables du Verbe, un aspect particulier de la manifestation créatrice originelle. A la violence universelle, cet aspect substitue l’amour.

Viens, viens toi,
qui que tu sois !
Car notre caravane
n’est pas celle du désespoir.
Viens, viens quand bien même
tu aurais, par centaines,
brisé tous tes serments.
Viens, oui toi,
Oui, reviens.
Reviens toujours !

(d’après Mawlâna-dja-lâd od-Dîn Rûmî-Soufi).

Nous ne connaissons pas tous les facteurs à l’oeuvre sous leur aspect véritable. Nos raisonnements et nos illuminations n’en sont elles-mêmes que de pauvres images, mais nous ne pourrons pas éviter d’utiliser les mots et les images symboliques qui restent toujours nécessaires à notre fonctionnement intellectuel. Pour contourner ces limitations, je vous propose ici de distinguer la réalité globale de l’Être total, mystérieux et inaccessible, en le séparant clairement du concept d’Univers, pur objet mental et fragmentaire, intérieur à l’intellect, et limité aux champs de notre toute petite connaissance raisonnable.

L’activité de la pensée naît du manque.

Elle apparaît lorsque l’activité manque à satisfaire un quelconque besoin humain. Percevoir un problème, c’est percevoir un manque d’ajustement qui demande considération. Plus grand est le manque, plus large doit être la réflexion concernant la correction ou l’action nécessaire. Dans toute l’histoire humaine, il n’y a jamais eu une réflexion aussi poussée et élargie concernant la nature de l’homme que dans la situation présente. Aujourd’hui, pour la première fois, l’espèce humaine toute entière est placée devant un défi à la fois fondamental et collectif. Cette situation demande une pensée réellement imaginative et un effort à la fois courageux et partagé. Les prochaines décennies décideront de la sorte d’homme et du type de société qui survivront sur la planète. Des civilisations locales et limitées ont pu apparaître et disparaître dans le passé. Maintenant nous sommes concernés tous ensemble et nous allons partager un futur commun. Cela n’implique pas la standardisation uniformisée du mode de vie et de pensée des hommes à travers le globe. Il faut simplement que quelques idées, générales et généreuses, soient universellement acceptées, sans lesquelles il ne pourra y avoir aucun ordre mondial stable. Dans un monde désormais probabiliste, nous savons que tout est possible et que tout arrive à son moment. A chaque instant de l’éternel présent, en toute simplicité, et tout naturellement, par un pouvoir intrinsèquement lié à la vie en général et à notre humaine participation à l’être total, nous transformons la chose passée et détruite en la chose nouvelle maintenant créée.

La destruction du passé est l’acte créateur du présent.

En dépit de son extrême importance sur le plan conceptuel, cet arrière-plan reste généralement informulé dans les exposés vulgarisateurs, politiques ou scientifiques. Concernant l’origine du Monde, en partant de la simultanéité probable de l’apparition de l’espace, de la matière, et du temps, on peut contester cette affirmation simpliste dont la forme condensée a pour seul but d’attirer l’attention. Ainsi le scientifiques croient-ils savoir aujourd’hui comment notre Terre a été recréée de la poussière d’un astre explosé, à jamais disparu. Nous savons aussi que l’énergie de notre nouveau Soleil vivifiant provient de la transmutation et de la destruction permanente d’une énorme quantité de matière. Des théories récentes mais déjà contestées postulaient que la matière était née des fluctuations du vide.

Il n’y a pas d’espace vide.

Un tel vide, nanti d’une incommensurable quantité d’énergie et fonctionnant dans un régime épisodiquement fluctuant, n’est pas ce que l’observateur moyen appelle vide. Ce concept, tel qu’il fut d’ailleurs utilisé par les porteurs de ces théories, ne recouvrait pas une hypothèse d’absence totale de contenu, mais signifiait seulement l’absence d’un contenu particulier. Il était simplement postulé que le vide originel ne contenait pas encore de matière mais il était implicitement admis qu’il contenait cependant les conditions nécessaires à son émergence. Ainsi, peut-être, à l’origine, et partant d’une cause à jamais mystérieuse, l’immense Univers commença à dériver du vide impensable vers un destin inimaginable. Chaque automne est une naissance, chaque ruine est un printemps. Dans cet Univers de poupées russes, déjà si vieux et si froid, les différenciations énergétiques sont toujours plus faibles. Ce n’est pourtant pas l’approche d’une fin mais la base d’autres commencements encore plus subtils. Les transitions nouvelles en sont d’autant plus fines. La délicate complexification de la chimie a permis l’émergence des fragiles, sauvages et conquérantes structures biologiques. L’évolution de ces structures vivantes ouvre maintenant des possibilités nouvelles dont l’ouverture à l’intelligence et à l’amour.
 


Demain, quelle émergence ?

Il n’en reste pas moins vrai que la raison humaine se refuse souvent à faire naître du néant les choses dont elle constate l’existence sans cause dans son référentiel expérimental. La raison postule donc qu’elles sont les manifestations de l’action d’un être primordial se tenant à l’origine, mais en arrière plan, de l’apparition du Monde matériel et de son fonctionnement indéfiniment détruit et reconstruit au fil de l’écoulement du temps. Elle élabore donc à ce sujet diverses hypothèses, métaphysiques ou religieuses, se donnant des postulats incontournables ou des dieux, à moins qu’il ne s’agisse de mystérieuses révélations. Aux vents aléatoires du destin, l’Univers navigue avec nous vers des terres sauvages et des ports inconnus.

" Homme, Connais-toi toi même ! "

Chacun tente de résoudre son problème existentiel personnel avec ses moyens propres et ce qu’il explore et découvre dans sa nature la plus intime. L’homme qui cherche avec sincérité trouve parfois des débuts de réponses, et il assemble ces fragments en construisant une théorie personnelle. C’est Sa vérité. A chacun la sienne. Néanmoins, le doute et l’inquiétude demeurent. On voit qu’il n’y a donc pas de vérités complètes et absolues, mais seulement des assemblages diversifiés de compréhensions fragmentaires et beaucoup de questions trop souvent sans réponses. Il n’y a pas de routes sûres et faciles. Il n’y a que des cheminements individuels, toujours incertains et pénibles. Mille voies mènent au Bouddha, (et cent mille tournent en rond et ne mènent nulle part).

Vivantes poussières d’étoiles, notre vrai visage est la lumière.
Puissions-nous accepter ce fragment de notre vérité.

Dans cet ouvrage, nous tenterons également d’approcher davantage les acteurs merveilleux qui concourent à la marche du Monde en nous référant aussi à l’histoire des hommes, de leurs croyances et de leurs civilisations. Charles Samaran écrivait en 1961 que l’honnêteté et le courage moral sont les qualités essentielles de l’historien. Á ce sujet, il citait Cicéron en ces termes :

" La première loi qui s’impose à lui est de ne rien oser dire qu’il sache faux,
la seconde d’oser dire tout ce qu’il croit vrai ".

Les exposés qui suivent comportent de nombreuses références aux diverses théorie scientifiques et aux différents aspects et évènements de l’Histoire, que celle-ci concerne la vie des nations ou l’évolution de la pensée humaine, philosophique et religieuse. Dans ce grand théâtre de l’Histoire humaine, j’essaierai véritablement, avec la plus grande intégrité possible, d’appliquer scrupuleusement les principes édictés par Cicéron.

Les trois coups sont frappés, et le rideau se lève.

Voici l’aventure merveilleuse
du Monde et de l’Humanité.


 


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Technique d'impression - Couverture et information
Avant-propos - Introduction
Chapitre 1 - Poussières d'Ėtoiles
Chapitre 2 - De Boue, de Sang, de Peur, de Désir
Chapitre 3 - Les Eaux du Fleuve
Chapitre 4 - Les Rayons Ardents du Soleil
Chapitre 5 - Comme des Flambeaux dans la Nuit
Chapitre 6 - Le Phare ruiné d'Alexandrie
Chapitre 7 - Ombres et Lumières
Chapitre 8 - La Conscience et la Liberté
Tables et références - Table des matières
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