Jacques Henri PREVOST

Le Ciel, la Vie, le Feu


CHAPITRE 4

LES RAYONS ARDENTS DU SOLEIL

MANUSCRIT ORIGINAL

Première édition - Octobre 2004

Chapitre 4
Les Rayons Ardents du Soleil

Hommes des steppes et des déserts.
Populations antiques du Sahara et d'Égypte.
De l'Âge de glace à Alexandrie.


Chapitre 4 - Les Rayons ardents du Soleil.

Hommes des steppes et d’Egypte.
(De l’âge de Glace à Alexandrie).

Points de repères dans ce chapitre

L’Âge d’or était probablement un mythe.
Dans le noir, la magie de la musique leur fermait déjà les yeux.
L’Homme a pris conscience de son pouvoir sur la nature.
Ainsi était l’antique Jéricho, au pays de Canaan.
Des hommes, des cailloux, des bâtons, et des pots.
Après la poterie, l’Homme inventa le bronze.
A l’origine, le monde égyptien était informe et vide.
Les Egyptiens croyaient surtout en une survie limitée.
Osiris, Dieu, fils de Dieu, sacrifié, mort et ressuscité.
Sur les autels, il y avait des animaux vivants.
Les pyramides étaient des constructions sacrilèges.
Akhenaton et Néfertiti, fous d’un seul Dieu.
Le grand Alexandre.
Le phare d’Alexandrie brille encore.
A vous votre religion, et à moi ma religion
(Coran).
 

Les Rayons ardents du Soleil

Lumière et vie, voilà ce qu’est le Dieu et Père, de qui est né l’Homme.
Si donc tu apprends à te connaître comme étant fait de vie et de lumière
Et que ce sont là les éléments qui te constituent, tu retourneras à la vie.

(Hermès Trismégiste - Après).

Jésus a dit. Celui qui connaît le Monde découvre un cadavre,
Et celui qui découvre un cadavre, le monde ne peut le contenir.

(Evangile de Thomas - Logion 56)


Vers la fin de la glaciation de Würm, les hommes quittèrent progressivement ces cavernes qu’ils avaient magnifiquement décorées. La période Néolithique commençait. Ils commencèrent à bâtir des villes dont nous retrouvons maintenant les ruines, parfois au centre de déserts qui étaient alors des prairies ou des forêts, au bord de fleuves et de lacs aujourd’hui asséchés, au long de rivages maintenant submergés, au cœur de plaines cultivées envahies par la brousse, ou recouvertes des sables du désert. Nous essayerons de retrouver les grandes lignes de cette histoire. Hélas, dès le début, cette aventure humaine est remplie de guerres, de conquêtes brutales, de douleur et de sang. On trouve ces récits héroïques ou terrifiants dans bien des livres. Ce n’est pas à cela que nous allons nous intéresser. Nous regarderons la naissance progressive des civilisations, tout particulièrement de celles qui portaient un début de recherche du sens de l’existence, souvent au travers de l’élaboration des mythes cosmogoniques et de la fondation des premières religions.

Il nous faudra cependant préciser quelques données, parmi lesquelles l’une des plus importantes est celle de l’évaluation de la variation de la population du Monde pendant la période considérée. Un certain consensus est actuellement établi autour de deux chiffres. Le premier est celui du nombre des humains qui vivaient il y a dix mille ans. On l’estime à dix millions environ. Cela veut dire que la planète était alors très peu peuplée. Le second chiffre concerne le début de notre ère chrétienne, (L’an 1 a été arbitrairement fixé à l’an 753 de l’ère romaine). La population est alors estimée aux alentours de deux cent cinquante millions de personnes.

Elle se serait donc accrue par un facteur vingt-cinq en huit mille ans.

Pendant les vingt derniers siècles, la population du Globe a encore été multipliée par ce même facteur, et s’en va vers les six milliards d’hommes. Il y a une formidable accélération de l’accroissement du peuplement. A partir des chiffres proposés par différents auteurs, j’ai essayé de déterminer la loi mathématique de l’augmentation du peuplement. Je n’ai réussi à dégager aucune valeur constante. Il semble que la variation n’a pas été continue, ou bien que son point d’inflexion ne se situe pas à la période proposée, ou bien qu’il y a eu ingérence de facteurs incidents nouveaux interférant avec les facteurs naturels initiaux. On peut imaginer diverses causes, les unes techniques, (telles la domestication des animaux et l’élevage, la sélection des espèces céréalières et l’agriculture, l’invention de la roue et de la traction animale, etc..), les autres sociales, morales, coutumières, (comme la pratique courante de la polygamie, l’organisation tribale, ou même, paradoxalement, l’instauration de l’esclavage, en remplacement du massacre des captifs).

Il est extrêmement difficile de représenter clairement les évolutions physiques, politiques, et culturelles d‘une grande variété de nations et de populations au cours du temps. Pour présenter ces hommes, bâtisseurs de toutes ces cités oubliées ou ensevelies dans la poussière des dix derniers siècles, et pour poser des repères spatio-temporels cohérents, je vais m’appuyer sur le remarquable travail effectué par Louis-Henri Fournet qui a construit un tableau synoptique reliant l’histoire à la géographie, dans le temps et l’espace. On y trouve une représentation graphique de l’évolution des ethnies et des civilisations, proportionnelle à l’importance des populations et des états concernés. Les empires apparaissent, s’étendent, s’épanouissent puis disparaissent sous l’aspect de zones multicolores se modifiant au fil du temps. On voit émerger les noms de conquérants meurtriers et de tyrans célèbres, que je ne citerai pas, et ceux des porteurs de lumière qui, tels Confucius ou Lao-Tseu, Bouddha, ou Jésus, se sont efforcés d’illuminer le sombre destin des hommes.

Les historiens, quant à eux, découpent l’histoire de l’aventure humaine en plusieurs périodes conventionnelles. Par exemple, ils placent la période dite Préhistoire à la fin des glaciations, il y a dix à douze mille ans, et font commencer l’Antiquité à la fin de cette Préhistoire, au 12ème siècle (avant JC). Ils considèrent qu’elle se termine à la fin du 4ème siècle, au début du moyen âge, avec la chute de l’Empire Romain occidental. Les données les plus anciennes, préhistoriques ou relatives à l’Antiquité nous sont essentiellement fournies par les recherches des archéologues. De même, l’on considère que l’arrivée des barbares (qui étaient souvent chrétiens ou en voie de christianisation), dans Rome, a mis fin en Occident à la dominance politico culturelle latine, mais celle-ci a persisté encore très longtemps en Orient.

Cela montre qu’en utilisant des repères ou des critères historiques trop précis, nous prendrions le risque d’enfermer l’exposé dans un canevas conventionnel très rigide. Cela gênerait la mise en relation d’événements effectivement séparés dans le temps, ou l’espace géographique, ou l’environnement politique, mais dont les significations sont pourtant manifestement analogues au plan de l’évolution de la recherche du sens de l’existence et d’une nouvelle démarche humaine, métaphysique ou religieuse. Oublions donc pour un temps ces classifications académiques traditionnelles. Nous adopterons pour cette étude un canevas spatio-temporel très large et relativement flou, couvrant les dix derniers mille ans. Pour le reste je renvoie le lecteur aux livres d’histoire traditionnels ou au travail de Louis Henri Fournet.

L’Âge d’Or était probablement un mythe.

Un monde très peu peuplé n’est pas pour autant statique, ni pacifique. Souvenons-nous que les ressources alimentaires du temps étaient peu abondantes. Les famines étaient fréquentes. La quantité de biens fabriqués était également faible et leur possession était précieuse. Il ne faut cependant pas sous-estimer les capacités commerciales et industrieuses des peuples antiques. Ils ont su très tôt mettre en place des réseaux efficaces de commerce et d’échange et des moyens relativement performants de production, de transport, et de paiement des biens. Mais la soif de pouvoir et la faim de possession gouvernaient déjà le comportement des hommes.

Les guerres devinrent hélas rapidement fréquentes, et nous en trouvons la trace dans les récits héroïques et l’expression des mythes qui nous sont parvenus de la lointaine antiquité. Nous en retrouvons aussi parfois les témoignages matériels dans les antiques cités ruinées dont les fondations et les murailles ont été ensevelies sous la poussière des siècles, et que nous dégageons patiemment, pierre après pierre, pour tenter d’éclairer les débuts de cette histoire des peuples, qui est un peu la notre. Venant d’Afrique, les vagues de peuplement humain couvrirent d’abord l’Europe, l’Asie et la Malaisie, et même l’Australie, très tôt, il y a 50 000 ans, et assez mystérieusement malgré la coupure océane. S’y transformant, elles donnèrent naissance aux formes plus modernes, et gagnèrent plus tardivement l’Amérique du Nord. La conséquence de cette dissémination, large et progressive, dans un territoire extrêmement étendu, fut de morceler finement la population du Globe et d’y faire apparaître une mosaïque vraiment très complexe d’ethnies diverses, aux cultures et aux coutumes variées.
 


Nous avons vu que ces anciens étaient des hommes modernes, très proches de nous, qui souffraient seulement d’un important déficit technologique et ne savaient pas encore très bien accumuler ni transmettre leur savoir, en particulier par l’écriture. Ils pratiquaient des gestes magiques ou cultuels, et portaient déjà des concepts religieux véritables, souvent liés à la nature, et propageaient des mythes aux contenus cosmogoniques ou moraux. Nous les avons déjà rencontrés décorant le fond des cavernes. Quelques chercheurs pluridisciplinaires ont exposé en 1990 de nouveaux résultats de leurs recherches dans ces grottes. Ils ont tenté d’interpréter les empreintes d’ocre laissées sur les roches par des groupes d’individus rassemblés en des points remarquables. Elles sembleraient montrer que les hommes de Cro-Magnon utilisaient les propriétés de résonance acoustique et les phénomènes d’échos spécifiques des couloirs de grottes pour y tenir des assemblées qui pratiquaient le chant et la musique. La découverte d’instruments de musique perfectionnés, tels des courtes flûtes à quatre trous, justes et précises sur deux régimes, à l’octave, corrobore cette hypothèse. On en a trouvé une en assez bon état dans une grotte des Pyrénées, à Isturitz. Elle a été fabriquée, il y a vingt-cinq mille ans, par un artisan, avec un os creux de cuisse de vautour. Cet homme était un facteur très compétent capable de concevoir un instrument doté de la même continuité mélodique que ceux d’aujourd’hui. On peut imaginer l’émotion et l’effet que pouvaient produire les premières harmonies jouées par les premiers artistes néolithiques avec de tels instruments sonores, sur les auditeurs blottis dans l’obscurité des sombres cavernes aux résonances chuchotantes et mystérieuses.

Dans le noir, la magie de la musique leur fermait déjà les yeux.

Nous retrouvons les expressions communes de cette émotion artistique civilisatrice et de ses fondements métaphysiques et religieux dans tous les continents. Au fil des millénaires, ces concepts se sont différenciés progressivement. On constate, par exemple, que toutes les religions du Proche-Orient ancien ont des origines communes dont nous utilisons encore inconsciemment aujourd’hui certains sous-produits d’évolution. La civilisation qui naquit 4000 av.J.-C, de la Syrie à la Mésopotamie, nous en a laissé les preuves écrites sur l’argile durcie. D’autres peuples l’avaient précédée, ou parfois côtoyée, qui ne possédaient pas cette écriture si précieuse, ou bien écrivaient de façon périssable, ou incompréhensible, ne nous laissant que des vestiges étranges de leur passagère existence. Il faut ici souligner une importante et durable difficulté de la recherche. Parce que nous ne comprenions plus leurs langages, ces mystérieux vestiges sont longtemps restés inexplicables et les peuples disparus eux-mêmes étaient parfois devenus énigmatiques ou légendaires. Lorsque certains langages ont enfin été déchiffrés, tout un monde inconnu et oublié est sorti du passé. Mais d’autres signes, émis parfois sous nos pieds par d’autres civilisations oubliées, comme celle des mégalithes, gardent encore tous leurs mystères. Et puis il faut bien faire la part des légendes héroïques qui amplifient parfois démesurément les actions d’un grand personnage dont l’existence est historiquement incertaine. Cet effet de loupe est très courant dans les inscriptions funéraires des tombeaux royaux, et dans les récits d’exploits guerriers.

Nous savons qu’après la fin de l’ère glaciaire, l’évolution civilisatrice s’est manifestée par l’apparition de plusieurs phénomènes concomitants parmi lesquels l’invention de l’agriculture et de l’élevage, avec la sélection des végétaux utiles comme les céréales, et la domestication d’espèces animales, les chevaux, les chiens, divers bovins, ovins ou caprins, oiseaux, etc.. Ces inventions sont anciennes. Les grains de blé retrouvés dans la grotte de Mazanderan auraient douze mille ans. Ils ont été datés par la méthode du carbone 14. D’autres hommes se sont orientés vers l’exploitation du milieu marin. Les groupes humains se sont partiellement déterminés à partir des choix qu’ils ont fait de l’un ou l’autre de ces nouveaux comportements, lesquels ont induit chez eux des modes de vie caractéristiques. Ceux qui ont choisi l’agriculture sont devenus relativement sédentaires. Entre le défrichage des sols, les labours, les semailles, et les moissons, il était nécessaire de protéger longuement les champs des prédateurs, puis d’attendre le produit des travaux. Les agriculteurs se sont donc installés sur les terrains qu’ils cultivaient et y ont construit des abris permanents, des habitations souvent groupées. La surface de leurs terres était limitée par leur force physique et la médiocrité de leur outillage. Ils étaient donc relativement pacifiques, se bornant à défendre leurs biens.

Les pasteurs auraient inventé le commerce et la guerre.

Le comportement des pasteurs différait fortement de celui des cultivateurs. Leurs troupeaux épuisant rapidement les ressources des sols exploités, ils étaient constamment à la recherche de nouveaux pâturages dans lesquels ils s’installaient par la force si nécessaire. Ils se comportaient en nomades et vivaient dans des campements provisoires. Ils menaient une existence vagabonde et aventureuse, ne pouvant accumuler ni nourriture conservable ni biens durables. Cela débouchait forcément sur des comportements d’échange et de commerce, mais aussi sur des rapines occasionnelles, des besoins importants de conquête de territoires et des combats inévitables. Evidemment, ce discours simplificateur est à relativiser. La culture de terres arides avec des semences peu productives procure des rendements assez faibles. Cette pratique n’est donc pas exclusive d’un certain nomadisme et de la conservation de comportements prédateurs. Ce qu’il faut prendre en compte, c’est que l’humanité a franchi à cette époque un stade réellement très important de son évolution. L’Homme a pris conscience alors qu’il pouvait modifier son environnement. A partir de cette conscience, il a adopté des comportements nouveaux et il a mis au point des outillages adaptés et des techniques qui lui ont permis de réaliser, dans la pratique quotidienne, ces transformations désirées et planifiées de son environnement et de ses habitudes de vie.

L’Homme a pris conscience de son pouvoir sur la nature.

Parmi les conséquences des changements induits par la mise en œuvre des pouvoirs de maîtrise de la nature, nous avons identifié des événements très importants. Il faut porter l’accent sur la rationalisation des appareils d’habitat et sur l’invention de la poterie. Les premières habitations humaines étaient bâties en utilisant une technique très simple. Elles étaient petites, circulaires, et à demi enterrées. Cette forme est facile à réaliser en partant d’un pieu central autour duquel on trace un cercle à l’aide d’une corde ou d’un bâton. L’intérieur est ensuite creusé. La terre est rejetée à l’extérieur jusqu’à obtention de la hauteur totale désirée. Le toit est fait de peaux tendues sur une légère charpente de bois inclinée et appuyée sur le mat central. Ces trous gardent leurs caractéristiques typiques au travers des âges, même s’ils sont complètement comblés par des matériaux d’apport. Les archéologues en ont trouvé les marques dans la plupart des sites habités dans la préhistoire qui en comprenaient généralement quelques-uns, plus ou moins groupés. Dans le monde entier, on retrouvait encore ce modèle circulaire primitif chez des populations qui les utilisaient relativement récemment. Citons pour exemples les imitations que sont les yourtes sibériennes, les igloos esquimaux, les tipis indiens, ou les huttes africaines.
 


Les premières cités primitives ont d’abord été des villages de ce genre. Sur ce modèle, elles se sont progressivement entourées de fossés profonds et de palissades de pieux qui sont devenues des murailles défensives. L’architecture et les techniques ont évolué, le plan des édifices est devenu rectangulaire, la pierre et l’argile cuite ont remplacé la terre, les branches et les peaux d’animaux. Les cités ont alors acquis leurs caractéristiques spécifiques, qui comprennent des murs d’enceinte autour des habitations, des citernes et des silos pour les vivants, des tombes pour les morts, un temple pour le dieu, et un palais pour le roi. En Mésopotamie, elles sont devenues ce qui a ensuite été appelé des "Cités Etats".

Ainsi était l’antique Jéricho au pays de Canaan.

La vieille cité de Jéricho, Arikhâ, dans la vallée du Jourdain, en Cisjordanie, date probablement de neuf mille ans. Elle compte parmi les plus anciennes cités dont nous ayons retrouvé le site et les ruines. Les fouilles entreprises à partir de 1867 ont révélé qu’elle aurait été détruite bien longtemps avant que soit écrit le récit biblique de sa conquête au son des trompettes. Elle avait déjà disparu avant même que les tribus nomades qui devinrent plus tard le peuple hébreu ne commencent à fréquenter ces territoires, et n’aurait été relevée que mille ans av. JC. Les terribles récits de massacres et de sacrifices humains associés à sa conquête pourraient être partiellement rodomontades guerrières ou paraboles édifiantes et symboliques à l’usage des fidèles, fabulations plus tardives destinées à poser les racines de la fondation divine d’une histoire qui nous est encore racontée comme suit. (Jéricho - AT- L.Segond - Josué - 6).

1) Jéricho était fermée et barricadée devant les enfants d’Israël. Personne ne sortait, et personne n’entrait.

2) L’Éternel dit à Josué : Vois, je livre en tes mains Jéricho, et son roi et ses vaillants soldats...

20) Le peuple poussa des cris, et les prêtres sonnèrent des trompettes. Lorsque le peuple entendit le son des trompettes, il poussa un grand cri, et la muraille s’écroula. Le peuple monta dans la ville, chacun devant soi. Ils s’emparèrent de la ville.

21) Et ils dévouèrent par interdit, au fil de l’épée, tout ce qui était dans la ville, hommes et femmes, enfants et vieillards, jusqu’aux boeufs, aux brebis, et aux ânes...

24) Ils brûlèrent la ville et tout ce qui s’y trouvait, seulement ils mirent dans la maison de l’Eternel l’argent, l’or, et tous les objets d’airain et de fer...

Même si Jéricho n’a pas été détruite par les Hébreux, les archéologues ont pu vérifier la réalité de la destruction de Hazor, une autre importante cité cananéenne dont la Bible évoque également la conquête. Certains de ces sacrifices rituels ont donc eu réellement lieu en l’honneur sur ce point discutable de l’Eternel des Hébreux. Parmi les plus anciennes cités primitives, on peut citer Ougarit, dans l’actuelle Syrie, prés de Ras Shanra. Elle semble avoir été établie au Néolithique, puis s’être développée de façon classique. Les fouilles entreprises en 1929 ont mis à jour au moins cinq niveaux superposés dont les plus élevés montrent des murailles et des fortifications, des temples dédiés à Dogon et à Baal, des palais et des tombes maçonnées. Comme beaucoup d’autres dans cette région, la ville fut ruinée par un tremblement de terre au 14ème siècle av.JC. On pourrait aussi évoquer Byblos, (Gébal), en Phénicie, les antiques cités d’Egypte, ou la légendaire ville de Troie, (Ilion), redécouverte par Schliemann sur la parole d’Homère, mais nous ne faisons pas ici un inventaire. Essayons de situer cela dans le temps et l’espace pour comprendre comment ces vieilles civilisations ont établi leurs racines.

Partout dans le Monde, c’était l’Âge de la pierre polie.

Il y a sept ou huit mille ans, partout dans le monde peu habité que nous avons décrit, c’était l’époque néolithique, (dite de la pierre polie). En tous lieux, les traces qui en ont été retrouvées présentent des similitudes. Nous avons des habitudes intellectuelles qui appellent des façons de penser et des images conventionnelles. Intuitivement, nous plaquons sur l’histoire imaginaire de toutes les civilisations primitives un même schéma de développement, proche de celui que j’ai décrit précédemment. Il nous mène logiquement depuis le village aux habitations circulaires semi enterrées jusqu’aux cités fortifiées, antiques ou médiévales, puis aux gigantesques métropoles actuelles qui en sont la suite naturelle. Nous associons la présence du palais et du temple à l’existence d’une société hiérarchisée pratiquant une religion. Cette conceptualisation nous semble normale, conforme à un modèle général qui serait représentatif d’une progression typique assez uniforme de l’humanité. Reste à savoir si ces idées simples reflètent la réalité.
 


D’après les travaux des préhistoriens, la culture néolithique a diffusé dans le Monde à partir de plusieurs foyers. Le premier, bien reconnu, est le foyer mésopotamien, situé entre la Méditerranée et le Golfe persique. Les inventions nouvelles, la structuration de la société et les modifications comportementales qu’elles induisaient, ont progressé à la fois vers l’Est et vers l’Ouest en laissant des ruines et des marques dans les sols. Pour les suivre à la trace, si l’on peut dire, nous avons besoin de témoins qui aient résisté à l’usure des siècles, et par chance, nous en avons un. Parmi les nouveaux outils adoptés par les néolithiques, l’une des techniques les plus novatrices est sans doute l’utilisation de la poterie cuite au feu. Sa forme et son décor sont caractéristiques de la population qui la fabrique. Les poteries sont très fragiles mais leurs fragments sont très durables. Une poterie cassée traverse les siècles sans réellement s’altérer. Les morceaux des pots cassés vont donc nous servir de traceurs pour suivre la progression des civilisations à travers le temps et l’espace. L’usage de la poterie transforme complètement l’art de vivre des utilisateurs qui peuvent dorénavant faire bouillir les viandes au lieu de les rôtir, et faire cuire à l’eau les racines et les graines. Cela signifie qu’ils accèdent à une plus grande quantité et une plus large variété de nourriture. C’est pourquoi la poterie est réellement un traceur durable, très valable pour suivre la progression civilisatrice.

Les hommes passèrent de la broche au chaudron.

Cette formulation un peu comique masque un événement tellement important que les Grecs l’avaient inscrit dans leur rituel sacrificiel. Ils cuisaient les chairs des animaux sacrifiés dans un ordre immuable, le rôtissage des pièces offertes aux Dieux précédant la cuisson dans l’eau de la nourriture destinée aux hommes. Ce signe, allant du rôti au bouilli, rappelait que l’humanité, engagée sur la voie allant du mal au meilleur, avait rôti ses viandes avant de les bouillir. Le grand péché des Titans, qui mirent à mort Dionysos, fils de Zeus et de Perséphone, dans le mythe des Orphites, fut le sacrilège commis en inversant le rite et en faisant bouillir le corps de la victime avant de le rôtir pour le dévorer. L’inversion volontaire de la broche et du chaudron marquait une réelle volonté de dénier la valeur sacramentelle des sacrifices animaux aux Dieux, ce qui leur amena la fureur et la foudre de Zeus.

Des hommes, des cailloux, des bâtons, et des pots.

Toute l’industrie des hommes, disait un philosophe humoriste, consiste à façonner et assembler des cailloux, des bâtons et des pots. C’est encore très vrai aujourd’hui quoique les façonnages et les assemblages soient beaucoup plus sophistiqués. En ramassant, comme le petit Poucet, les restes de ces assemblages de cailloux et surtout les morceaux de poteries semés derrière eux par les hommes, nous allons pouvoir suivre la piste, non pas du peuplement, mais du cheminement spatial et temporel de cette invention civilisatrice, à travers les continents, dans les populations déjà en place.

Vers l’Europe et vers l’Asie, on peut distinguer plusieurs voies qui partent toutes du premier foyer, l’origine commune dont nous avons vu qu’elle était située sur la côte est de la Méditerranée, au voisinage de la Mésopotamie. Cela eut lieu 7600 ans avant JC.

  • Les traces de la lente pénétration des hommes en Asie sont retrouvées bien au-delà de la Mer Caspienne, mille ans plus tard. (~6500).

  • Vers l’Europe, un premier chemin conduit à une progression au Sud de la Mer Noire, en l’an ~7000, vers la Grèce en ~6500, vers le Nord de la Mer Noire et la Russie en ~6000, et plus tardivement, vers l’ouest de l’Allemagne, en ~4500, vers la Mer du Nord et la Flandre en ~4000.

  • Un autre cheminement, relativement rapide, suit la côte méditerranéenne aboutissant à des localisations simultanées en Italie est et ouest, au sud de la France et de l’Espagne, au Portugal, et même sur la cote marocaine, tout cela vers l’année ~6000 avant notre ère.

  • Un troisième chemin semblerait s’être orienté plus tardivement au Sud, vers la vallée du Nil, occupée vers l’an ~5000. Mais l’Egypte n’avait pas attendu les Mésopotamiens.

Dans le même temps, c’est à dire vers ~7600 avant JC, un autre foyer, également extrêmement ancien de la culture néolithique, était apparue dans le centre du Sahara. En 1965, on a trouvé des fragments de poterie de plus de 9000 ans dans le massif montagneux de l’Ahaggar. De nombreux autres sites, explorés ensuite, dans l’Acacus ou le Tassili, ont confirmé l’ancienneté de cette culture saharienne préhistorique établie sur une superficie comparable à celle de la France actuelle. Dans ces lieux, comme dans le Proche Orient, les hommes ont franchi un stade important de leur évolution en prenant conscience qu’ils avaient le pouvoir de modifier leur environnement. Ils ont adopté des comportements nouveaux et mis au point des techniques précises qui ont transformé leurs habitudes. Parmi celles-ci, nous trouvons un art rupestre particulier démontrant l’existence de pratiques agricoles et d’élevage, et de nombreux restes de poteries y compris des grands récipients.

Le Sahara central était alors beaucoup moins aride qu’à présent. Une phase humide s’y était installée onze mille ans avant JC, et elle a persisté pendant 8500 ans avec une brève période très aride vers l’an ~5000. Le climat a même été froid et très pluvieux pendant plus de 1500 ans, à partir de l’an ~7000, générant de nombreux lacs et marais. Dans les zones montagneuses, les premiers habitats néolithiques s’établissaient souvent en abris sous roche. Construits en appui sur les parois rocheuses, ils avaient une forme semi-circulaire marquée par des demi-cercles de grosses pierres sur lesquelles s’appuyaient les branchages supportant les peaux de clôture ou de couverture. Ailleurs, les huttes étaient classiquement circulaires.

Comme en Europe, les sépultures étaient soignées.

Elles renfermaient des corps enduits d’ocre ou de kaolin, parfois placés dans des vanneries. Les ethnies semblaient diverses. Contrairement à l’art des grottes ornées européennes, l’art rupestre saharien présente la particularité de représenter des scènes assez explicites faisant largement place aux représentations humaines. Ces peintures nous apportent donc de précieux témoignages concernant les activités de ces populations. Dans le Tassili, on trouve des scènes évoquant la plantation de végétaux. D’autres peintures stylisées, très élégantes, montrent des danseurs en action. On trouve aussi des représentations de bergers conduisant des troupeaux d’ovins, de caprins, de bovins, parmi lesquelles on peut évoquer une très belle scène montrant un troupeau d’une trentaine de vaches de couleurs variées. Il faut aussi signaler les peintures dites des Têtes rondes, avec des animaux locaux, antilopes, mouflons, girafes, éléphants, et des représentations de personnages fantastiques aux allures d’extra-terrestres.
 

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Le Ciel, la Vie, le Feu

Voici la fin du chapitre


Cependant, dans l’immense nécropole d’Alexandrie, décorée à la romaine, les défunts sont enterrés comme les anciens Egyptiens. On place traditionnellement sur leurs légers sarcophages des images peintes à leur ressemblance pour assurer leur survie éternelle. A la fin du 4ème siècle, l’Empire d’Occident s’écroule. Il ne subsiste que l’Empire d’Orient. L’empereur s’installe à Byzance et la fermentation des idées se poursuit.

  • Nestorius, hérésiarque chrétien, croyait en la séparation des deux natures dans le Christ.

  • Les Monophysites croyaient à l’unité de nature du Christ incarné, ce qui donna naissance à l’Eglise Copte aujourd’hui toujours vivante.

  • Le Patriarcat d’Alexandrie réagit fanatiquement vers un retour à l’orthodoxie. Cyrille établit la doctrine de l’incarnation, base du dogme chrétien, et fait condamner Nestorius.

  • Théophile applique les consignes de l’empereur chrétien Théodose, et fait saccager les temples pharaoniques et marteler les inscriptions. La grande bibliothèque d’Alexandrie, partiellement reconstituée, est, de nouveau, stupidement incendiée par les Coptes. 200 000 manuscrits, une grande partie des vraies sources de l’Histoire antique, s’en vont en fumée. Les Chrétiens sont assez pyromanes. Ils semblent avoir été obsédés par l’enfer, le feu, les bûchers et les autodafés, (de livres ou d’hommes). Les livres de l’époque étaient copiés à la main, en très peu d’exemplaires. Lorsqu’ils étaient brûlés, les idées qu’ils portaient étaient détruites. Les idées mystiques de ceux qui furent condamnés par l’Eglise, comme Origène, ne nous sont généralement connues qu’au travers des textes de condamnation.

Puis vint l’Islam.

En 617, l’Egypte est conquise par les Perses. Elle est libérée par Héraclius, en 629, mais son nouveau destin se prépare ailleurs. En l’année 642 de notre ère, les conquérant arabes, conduits par le général Amr, envahissent de nouveau l’Egypte. Ils la mettent sous le contrôle des califes Umayyades de Damas puis sous celui des Abbâssides de Bahgdäd. Une autre histoire commence, celle de l’Egypte de Saladin. La population adopte alors progressivement la langue arabe et l’Islam, en restant alors relativement tolérante aux autres cultes, suffisamment pour que les Coptes aient pu survivre jusqu’à nos jours.

O mécréants ! Je n’adore pas ce que vous adorez,
Et vous n’êtes pas adorateurs de ce que j’adore,
Et je n’en suis pas à adorer ce que vous avez adoré,
Et vous n’en êtes pas à adorer ce que j’adore.
A vous votre religion, et à moi ma religion !

(Coran - Sourate 109)

Or le Noûs, Père de tous,
étant Vie et Lumière,
enfanta un Homme semblable à lui,
dont il s’éprit comme de son propre enfant.
Car l’Homme était très beau,
reproduisant l’image de son Père.
et Dieu lui livra toutes ses oeuvres.
Alors l’Homme qui avait plein pouvoir
sur le monde des mortels et les animaux sans raison,
se pencha à travers l’armature des sphères,
et il fit montre à la Nature d’en bas
de la belle forme de Dieu.
La Nature sourit d’amour
car elle avait vu les traits de cette forme
merveilleusement belle de l’Homme
se refléter dans l’eau, et son ombre sur la terre
Pour lui, ayant perçu cette forme à lui semblable
présente dans la nature et reflétée dans l’eau,
il l’aima et voulut habiter là.
Ce qu’il voulut, il l’accomplit,
et il vint habiter la forme sans raison.
Alors la Nature, ayant reçu en elle son aimé
l’enlaça toute et ils s’unirent
car ils brûlaient d’amour.
Et voila pourquoi, seul de tous les êtres,
l’Homme est double, mortel de par le corps,
immortel de par l’Homme essentiel.

(D'après Hermès Trismégiste - Le Pimandre).
 


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Le Ciel, la Vie, le Feu - L'Univers et le Zoran - L'Argile et l'Âme - Autres livres

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Le Ciel, la Vie, le Feu - (Disponibilité du livre)

Le livre en édition papier en télé librairie
Cliquez ici ou sur sa couverture à droite.

(Sur amazon.com, les cartes bleues et les chèques sont acceptés)

Le livre en E-book, en édition partielle, en cliquant sur l'image de gauche.   

Vous pouvez aussi le télécharger partiellement au format Word en cliquant ici

Accéder directement aux chapitres ou à la vente

Technique d'impression - Couverture et information
Avant-propos - Introduction
Chapitre 1 - Poussières d'Ėtoiles
Chapitre 2 - De Boue, de Sang, de Peur, de Désir
Chapitre 3 - Les Eaux du Fleuve
Chapitre 4 - Les Rayons Ardents du Soleil
Chapitre 5 - Comme des Flambeaux dans la Nuit
Chapitre 6 - Le Phare ruiné d'Alexandrie
Chapitre 7 - Ombres et Lumières
Chapitre 8 - La Conscience et la Liberté
Tables et références - Table des matières
Le livre complet en édition papier Le livre complet en télé librairie en cliquant ici
Le E-book en édition partielle L'édition partielle en E-Book en cliquant ici
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