Le Ciel, la Vie, le Feu
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Les sauveurs chez les Grecs, Egyptiens,
Iraniens, etc.
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Le seul temple digne de Dieu, cest lintelligence du sage. (Porphyre - Lettre à Marcella). Lhomme est le miroir
que Dieu tient devant Lui, (C.G.Jung). L’univers est une machine à créer de la conscience. (Bergson).
Les précédents chapitres ont mis en évidence de grandes analogies dans les rites et les pratiques antiques. On en retrouve beaucoup dans la plupart des religions modernes. Le premier constat, évident, est celui de lomniprésence des sacrifices, quels que soient les peuples et les époques. La notion de sacrifice semble être universelle dans toutes les religions. Elle prend une très grande importance lorsque le pratiquant sadresse à une divinité extérieure. Pour clarifier ce que recouvre ce concept de sacrifice, on peut dabord tenter de catégoriser les différentes formes rencontrées, cette énumération nétant pas exhaustive.
Quelque intérêt quelle présente, cette classification ne suffit pas à nous faire comprendre pourquoi les hommes ont adopté ces étonnantes et irrationnelles coutumes sacrificielles. Nous vous proposons de réfléchir ensemble sur lorigine du sacrifice. Nous voudrions rechercher les raisons logiques éventuelles, les racines coutumières ou les fondements légendaires qui pourraient un peu expliquer cet acte étonnant, consistant à détruire un bien apprécié ou accomplir un meurtre pour plaire aux dieux. Laction de sacrifice sinspire originellement des offrandes que les faibles hommes font aux puissants seigneurs pour obtenir leur bienveillance. Mais les dieux invisibles et incorporels ne peuvent pas approprier matériellement les choses offertes. Il faut donc trouver un autre moyen de les leur transférer. En conséquence, le sacrifice religieux consiste en la destruction ou la suppression de la chose offerte. Il se traduit toujours par un renoncement désagréable, ou en la privation dun plaisir, quil soit dusage, de possession ou de jouissance. La chose détruite doit être utile afin que la privation soit pénible, et cest ce même déplaisir qui établit le mérite du sacrifice. Pour exprimer limportance accordée au destinataire, loffrande sera aussi rare et précieuse. Et, comme il sagit dun don irrévocable, sa destruction sera définitive. Les sacrifices antiques les plus ordinaires sont les libations. Elles sont fréquentes et ont une grande importance. Les officiants, souvent de simples particuliers, gâchent des liquides utiles, par exemple du vin, du lait, de lhuile, en les répandant à terre en lhonneur des dieux ou pour nourrir les morts. Les offrandes de biens personnels et de nourritures sintensifient par des dons effectifs, soit non sanglants, concernant des offres dargent, grains, tourtes, graisses, soit sanglants avec des immolations animales. Du Sang sur les Autels. Les animaux sauvages ne sont pas sacrifiables et il sagit donc toujours danimaux domestiques, pigeons, colombes, poulets, chiens, chèvres, moutons, porcs, veaux, bœufs, parfois chevaux (dans de rares occasions). Les plus beaux sont choisis, consacrés, puis rituellement égorgés, souvent par un sacrificateur spécialisé. Le sang est ensuite répandu en libation sur le sol ou sur un autel. Les corps sont consumés par le feu mais, le plus souvent, une partie seulement du sacrifice est brûlée. Les prêtres et lassistance se partagent les restes. Dans les grandes occasions, la consumation est totale. Il sagit alors dun holocauste. Cependant, lescalade croit
souvent en importance. Comme lon offre souvent des
esclaves aux princes, on en arrive logiquement à offrir
au dieu des éléments humains. On commence par sacrifier
seulement quelques organes corporels non vitaux mais
symboliques, (souvent liés à la reproduction,
circoncision des garçons ou excision des filles). On
sacrifie ensuite des fonctions existentielles plus
larges, par exemple en vouant la durée de la vie entière
au service de la divinité, ou en confondant la pureté
sacerdotale et la virginité perpétuelle, (comme les
Vestales antiques, les druidesses gauloises, et les prêtres
célibataires modernes). Cette progression déchelle,
inévitablement, conduit un jour aux sacrifices humains,
parfois massifs. Nous avons vu que les Hébreux
sacrifiaient à YHWH la plupart des villes conquises et
tout ce qui y vivait. A cet égard, la lecture de la
Bible est absolument épouvantable. Sachez que cette
pratique était fréquente chez les peuples sémites,
mais aussi dans dautres civilisations telles celles
des Egyptiens, des Grecs, (souvenez-vous dIphigénie),
ou des Celtes. Elle existait également ailleurs dans le
monde, et lon peut ici donner lexemple des
terrifiantes coutumes des Aztèques. |
Chez les Aztèques, la création originelle fut marquée par des épisodes violents qui ont amené la destruction de quatre soleils successifs. Notre monde reste instable sous le cinquième, marqué par lunion de la vie et de la mort. Lhomme est composé de cinq éléments, le principe vital, le mouvement, lâme préexistante qui survit aussi à la mort, lesprit de connaissance, et lombre animale. Cest au creux de la terre que Quetzalcoatl, le Serpent à Plumes, le dieu civilisateur aztèque, est allé chercher les ossements à partir desquels furent créés les hommes, en les arrosant du sang des dieux. La création de lhumanité est précisément due à ce sacrifice collectif des dieux qui en demandent la juste rétribution. Il est donc nécessaire de les prier et de leur offrir des offrandes. Mais il faut surtout les nourrir de leau précieuse, le sang des innombrables victimes que les Aztèques devaient verser sans retenue pour empêcher la menaçante destruction de lunivers. Chaque matin, le Soleil sortait affaibli de lempire des morts et il devait être revitalisé par un sacrifice sanglant. Dans les temps anciens, les fidèles extrayaient eux-mêmes une partie de leur propre sang avec des aiguilles. Ce nétait pas suffisant et, par la suite, dhorribles sacrifices humains très sanglants furent pratiqués en nombre considérable, (vingt-cinq mille victimes en un seul jour selon les conquérants espagnols). Le sang était lélément sacré essentiel et les repoussants sacrificateurs aztèques nétaient jamais autorisés à laver les traces de ses affreux jaillissements. Chez les Incas, au 15ème siècle, Inti, le Soleil, était le dieu majeur, le fondateur dynastique dont les despotiques empereurs étaient les fils. De nombreux temples lui étaient consacrés. Ils contenaient de fabuleuses richesses et disposaient dun personnel important, prêtres, devins, serviteurs, et les nombreuses vierges du Soleil, chastes vestales choisies pour leur beauté. Elles étaient parfois vouées au harem de lInca, lempereur, ou données en présent à ses invités, mais elles étaient fréquemment sacrifiées au cours des grandes cérémonies rituelles. Accorde la
vie et la prospérité (Prière au Coeur du ciel - Popol Vuh). Vous constatez que ces pratiques
effroyables ne semblaient par réellement gêner la
ferveur des fidèles qui priaient les dieux avec détachement.
On voit cependant que lon trouve pourtant dans
leurs prières les traces dun questionnement
inconscient, dun début imprécis de culpabilité,
démarche qui les pousse à évoquer laccomplissement
dun devoir sacré. |
Zeus punit cependant la fraude en enlevant aux hommes le feu céleste et les grains dabondance, deux biens dont ils disposaient librement. Ils ne peuvent pas cuire leur viande et devront cultiver la terre pour se nourrir. Mais Prométhée dérobe un jour aux dieux une semence du feu. Il la porte sur la Terre et les hommes retrouvent la possession dune flamme précaire quil faudra bien entretenir. Parmi toutes les créatures terrestres, ils ne mangeront plus que des aliments cuits, seuls propres à la consommation. Zeus vengera aussi cette nouvelle offense, le vol du feu. Pour la punir, il inventera la Femme, Pandora (le don des dieux), un redoutable piège destiné aux hommes. Elle a lapparence, la grâce et la séduction dune déesse immortelle, mais Hermès a caché à lintérieur mille horribles défauts (qui me font sourire mais que je ne décrirai pas pour épargner les sensibilités féminines). Sur lordre de Zeus, (belle excuse), Pandora, (la traîtresse), ouvrira la jarre qui contient tous les Maux. Ils se répandront à jamais sur le Monde en se mêlant tellement aux Biens quon ne pourra plus jamais les distinguer. Accomplir les rites sacrificiels grecs, cest établir un contact avec les dieux par une double commémoration, celle de la tâche accomplie par le Titan protecteur, et celle de la leçon donnée par Zeus, que les hommes affirment avoir comprise. En laccomplissant, les hommes signifient quils acceptent maintenant la place allouée par Zeus, les situant entre les bêtes et les dieux. Le rite, ainsi que le repas collectif qui laccompagne, rappellent que les hommes et les dieux sont aujourdhui séparés, quils ne vivent ni ne mangent plus ensemble. On ne peut tromper Zeus ni tenter de ségaler aux dieux sans devoir en payer le prix. Celui-ci est léloignement du divin et lobligation de vivre sur cette terre où rien ne sobtient sans effort et où se mêlent toujours le bonheur et le malheur, la joie et la peine, le Bien et le Mal. Le sacrifice grec est un contact sacramentel avec les dieux. Il y a, par ailleurs, dautres légendes
explicatives ou justificatives, comme vous le voudrez.
Voici celle de Sôpatros. Au commencement, les hommes noffraient
aux dieux que des végétaux et des céréales. Un bœuf
revenant des champs sapprocha dun autel et dévora
les offrandes. Horrifié par le sacrilège, son bouvier,
Sôpatros, labattit sur place, polluant leau
du sacrifice et ajoutant un second et grave sacrilège au
premier. Impur, car souillé par le sang de lanimal,
il senfuit en Crête, laissant à ses compagnons le
soin de résoudre le problème. Incapables de mettre un
terme à la malédiction qui desséchait le pays, les
hommes consultèrent la Pythie dApollon à Delphes.
La réponse fut que le meurtrier devait être châtié.
Le châtiment consistait dans le renouvellement du
meurtre sacrilège du bœuf sur lautel, et les
hommes devaient consommer solidairement toute la chair de
la victime. Nourri du grain destiné aux dieux, le bœuf
devenait lui-même la nourriture des hommes. Ceux-ci ne
pouvaient cependant sacrifier un autre bœuf sans réamorcer
la chaîne sacrilège. Sôpratos laurait pu car il
était déjà meurtrier, mais il était en fuite. On le
fit citoyen de la Cité afin détablir la solidarité
des hommes dans cette épreuve. Et cest finalement
linstrument du meurtre, le couteau, légorgeoir,
qui fut déclaré lauteur effectif de lacte
coupable. Il fut rituellement jeté dans les profondeurs
marines. |
Les pratiques sacrificielles associent devoirs et remords. Le vrai sacrifice se traduit toujours par une douleur. Or, cest la valeur même de cette souffrance, née de limportance de la privation, qui mesurerait le mérite réel du donateur. A limportance de la souffrance supportée correspondrait un degré de la vertu. - Les offrandes de libations, nourriture, argent ou petits biens personnels sont du faible mérite car aisément remplaçables. Les immolations danimaux montent sensiblement dun degré et préparent le suivant. - Cependant, au premier niveau du sacrifice humain, les victimes sont prises chez les ennemis capturés, ou chez les esclaves. Ils représentent encore des biens remplaçables. Leur valeur méritoire reste relativement modérée. - Le mérite progresse fortement avec le sacrifice dêtres chers, tout à fait irremplaçables, tels les premiers nés des familles comme à Carthage, ou celui des Vierges du Soleil et des tout petits enfants chez les Aztèques, (ou même Iphigénie dans la Guerre de Troie). - A partir de cette progressive montée en valeur, on peut concevoir comment la mort dêtres humains ordinaires, quels quen soit le nombre ou la qualité, puisse être considérée comme insuffisante si la contre-valeur déchange consiste dans le salut de tout le genre humain. Le sacrifice réclame alors un niveau supplémentaire impliquant la mise à mort dun héros ou dun dieu. Cest bien ce que nous avons trouvé dans toutes les mystérieuses religions de salut passées en revue dans les précédents chapitres. - Le sommet est atteint dans le Christianisme, où le fils unique du Dieu Suprême lui-même est sacrifié. Pour comprendre la signification et lorigine du signe, il faut revenir à la Bible. Souvenons-nous que les Hébreux, comme tous les peuples antiques, tendaient à garantir par des gages précieux les alliances contractées avec les puissants. Traditionnellement, pour gager la conclusion dune alliance entre chacun des patriarches et son très puissant dieu, une antique coutume, assez répandue chez les divers Sémites, rendait obligatoire le sacrifice du très précieux fils premier-né. (Voir Abraham et Isaac). Voici quelques extraits bibliques caractéristiques. Tu
apporteras à la maison de lEternel, ton Dieu, Tu ne différeras
point de moffrir les prémices Tu me
donneras aussi le premier-né de ta vache et de ta brebis. Tout mâle
premier-né mappartient, Tu rachèteras
avec un agneau le premier-né de lâne, LEternel
dit à Moïse. Ecris ces paroles, On constate que la coutume est intégrée à la Loi et quelle constitue bien le gage de lalliance contractée entre YHWH dune part, Moïse et Israël dautre part. Elle simpose donc à tous les contractants, même si le rachat généralisé de la vie du fils a été finalement autorisé, (après dailleurs celui du premier-né de lâne). Lapparition de cette notion dun sacrifice humain gageant une alliance contractée entre Dieu et les hommes est très importante. Elle est à lorigine du concept chrétien de la conclusion dune nouvelle alliance, contractée pour le rachat dabord des juifs, puis de lhumanité. Etablie sur linitiative du Dieu des Juifs, elle est gagée par la mort effective de son Fils, à laquelle il consent. Mais celui-ci est aussi le fils de lHomme, et quand son meurtre est perpétré par ces hommes qui sont ses pères dans la nature terrestre, le rituel fondateur, établi originellement par YHWH, est de nouveau accompli. Lalliance est alors rétablie. La confirmation de ce point de vue est à lévidence donnée par la formulation des paroles sacramentelles de la consécration chrétienne que lon rapprochera utilement des versets bibliques. (Notez que les évangiles disent et pour dautres, non pas multitude). Prenez et
mangez, Dans la marche progressive
vers davantage de spiritualité, cette notion de
sacrifice contractuel, ou dun autosacrifice, même
si on lapplique seulement à des fragments de la
personnalité, me paraît constituer une erreur. En ce
qui ma concerne et dun point de vue personnel, je
pense que toute amputation de lêtre total et
unique quest chacun de nous est une dégradation
quand elle est réalisée par la seule mise en œuvre de
la volonté. Si quelque chose doit être transformé dans
un homme, qui est seul juge de ce besoin, la volonté nest
pas concernée. Seul le face-à-face avec le Dieu intérieur
dont chaque homme est à la fois limage et lenfant,
peut révéler létat actuel dinsuffisance de
son être. Le sacrifice imposé na pas de sens. La
prise de conscience de limperfection et de la nécessité
de la dépasser, opérera, sil y a lieu, par elle-même,
la transformation. Cela se traduira par un changement
naturel, non pas imposé. La volonté ne se confond pas
avec la conscience de soi. Il me semble bien que lautomutilation
volontaire, même si elle concerne seulement les plaisirs
simples et la joie de vivre, na rien à faire ici. |
Le Gnosticisme. La Gnose dit Henri-Charles Puech, sefforce de répondre à plusieurs questions fondamentales. Sil y
a un Dieu , pourquoi tant de mal dans lunivers ? Les Gnostiques répondent quavoir la Gnose, la connaissance, cest connaître ce que nous sommes, doù nous venons, où nous allons, ce par quoi nous sommes sauvés, quelle est notre naissance et quelle est notre renaissance. La Gnose nest pas une hérésie née du Christianisme. Cest un système de pensée indépendant, probablement issu du Vêdânta, enraciné dans la tradition antique, sexprimant consécutivement à une révélation. Il cohabite avec différentes écoles, lHermétisme, ou le Néo-Platonicisme de Plotin, puis le Christianisme. Malgré la parenté iranienne indéniable qui rapproche les sources esséniennes du Christianisme et les racines indiennes de la Gnose, les deux courants professent des idées différentes concernant le Monde et lHomme. Le système gnostique concurrence évidemment les cultes et mythes spécifiquement chrétiens. La confrontation entraîne pourtant quelques tardives influences et quelques tentatives de mise en commun dun certain nombre dimages et de symboles tendant à rapprocher les deux doctrines. Les Gnostiques enseignent que le Monde Originel, (le Royaume de Dieu), et le Monde Naturel, (celui où nous vivons), appartiennent à deux natures parfaitement distinctes. Ce thème des deux natures est tellement fondamental dans le Gnosticisme, quil est suffisant pour caractériser une religion de type gnostique. Le Monde Originel nest sujet ni au temps ni à la transformation. Il progresse continûment de magnificence en magnificence, perfectionnant sans cesse sa nature de Royaume Divin. Les agents de cette progression sont les syzygies déons. Ce sont des vagues de vie, des groupes dentités spirituelles chargées de la puissance divine. Elles créent, dans la réalité, lexpression du plan idéal divin. La complexité de lunivers saccroît, et de nouveaux éons, plus éclairés et plus sages, apparaissent successivement pour administrer son développement. La collectivité de ces travailleurs divins est appelée Plérôme, et la vague de vie de lHomme Originel est lAdam, le dernier modèle paru, le plus achevé de ces éons. Les esprits adamiques sont aussi les plus autonomes. Certains usent imprudemment de la liberté nouvelle dont ils sont dotés. Alors que ladministration du monde matériel leur est confiée, ils appliquent leurs facultés neuves à leur propre développement. Ce désordre, cette erreur, cette chute dAdam, désorganise le Plérôme qui, pour rétablir son harmonie essentielle, isole les imprudents, (et toutes les forces éoniques dont ils sont issus), dans un nouvel univers, un ailleurs de secours suscité hors du Monde Originel. Cest dans ce faux monde, changeant et disharmonieux, domaine de la lutte des opposés, créé par les éons coupés du Plérôme et de la pensée divine, les faux dieux créateurs, que sont tombés les esprits adamiques maladroits. Presque anéantis mais éternellement vivants de par leur nature divine, ces étincelles divines habitent aujourdhui les corps animaux temporaires de créatures imparfaites, conscientes mais périssables, ceux des hommes naturels que nous sommes. On relève ici un groupe de plusieurs éléments spécifiquement gnostiques. La splendeur de lHomme Adamique qui est originellement doté des meilleurs dons de Dieu. La chute des Adam qui est due au retournement de leurs facultés créatrices vers leur propre développement. La réorganisation de lharmonie du Plérôme qui fait apparaître une seconde nature et la création consécutive dun faux monde par de faux dieux. Ce second thème globalisé est également très caractéristique du Gnosticisme. Mais Dieu nabandonne pas ses créatures
sans les secourir. Il appelle à lui les esprits
adamiques dans lhomme, cet ordre de secours imaginé
pour leur salut. Il éclaire de sa lumière spirituelle
la conscience des mortels pour leur donner une
connaissance surnaturelle, la Gnosis. Celle-ci leur
permet de comprendre le véritable état du Monde afin quils
commencent à travailler à la nécessaire reconstruction
du divin corps originel qui ouvre aux égarés, par la
Transfiguration, le chemin du retour au Royaume. La
Gnose, cest cette totale connaissance par lillumination
intérieure, la découverte de lappel de lEsprit,
la compréhension de la situation réelle du monde, et
cet engagement dans le travail de Transfiguration, tout
à la fois. |
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LOrdre fondé par Guaita mêle lapproche ésotérique scientifique et loeuvre littéraire. Il se propose de combattre la sorcellerie et réunit un groupe actif dhommes très connus, dont Papus. Malgré le sérieux du travail effectué, lOrdre éclate rapidement. En 1890, Péladan crée le Tiers Ordre intellectuel de la Rose-Croix, une section mondaine qui rassemble cent soixante-dix artistes célèbres. Il organise des salons qui ont un succès fou, rassemblant jusquà vingt-deux mille visiteurs. On est bien loin de la retenue et de la discrétion qui caractérisent la tradition des véritables Rose-Croix auxquels nous allons maintenant revenir. Selon Papus, trois courants caractérisaient la recherche ésotérique moderne, le Gnosticisme, (Cathares, Vaudois, et Templiers dont dérivent les Maçons), les moines catholiques, et enfin les divers initiés (Hermétistes, Alchimistes, Kabbalistes). Le courant rosicrucien résulterait de la synthèse de fait réalisée entre les trois traditions. On remarque cependant déjà, dans la Divine Comédie de Dante, (vers 1320), que le huitième ciel du paradis est décrit comme le ciel étoilé des Rose-Croix. Il se pourrait aussi que la fondation de lOrdre implique Paracelse, médecin et alchimiste, né en Suisse vers 1493. Il utilise les symboles de la rose et de la double croix dite lorraine, dés 1536, et prédit la venue dElias-Artista, lEsprit radiant, ambassadeur du Paraclet et personnification future de lOrdre. (La théorie médicale de Paracelse innovait en établissant des correspondances alchimiques entre les différentes parties du corps humain, le Microcosme, et celles de lunivers considéré dans sa totalité, le Macrocosme). Néanmoins, lorigine de la Fraternité prestigieuse des Rose-Croix reste mystérieuse. Au 16ème siècle, les armes de Luther portent également une croix encadrée de quatre roses. A lépoque, en Occident, les sources de lésotérisme rassemblent diverses traditions, gnostiques, hermétistes, mazdéistes, alchimistes, ou kabbalistes, des traditions manichéennes ou autochtones comme celle du Graal, celles des docteurs de lEglise Catholique, et un courant transmis par les Druzes arabes. La Fraternité des Rose-Croix semble avoir réalisé une large synthèse de ces multiples traditions inspirées, à partir de lannée 1600. Un religieux protestant, Valentin Andreae, publie deux manifestes en 1614. Il sagit de la Gloire de la Fraternité, (la fameuse Fama Fraternitatis, et de la Confession des Frères Rose-Croix). Ils exposent la doctrine de la Fraternité des Rose-Croix qui préconise une réforme générale de lHumanité. Valentin Andreae publie ensuite de nombreuses autres oeuvres dont les plus importantes sont Christianopolis et surtout les Noces Chymiques de Christian Rosencreutz. Le fondateur légendaire de la Rose-Croix, Christian, invité aux noces de Sponsus et de Sponsa, (lépoux et lépouse), rêve quil est enfermé au fond dun puits ou dune tour dont il sort à laide dune corde lancée de lextérieur. Il se met ensuite en route et traverse une forêt. Il doit choisir entre quatre routes dangereuses dont lune est mortelle. Cherchant à aider une colombe combattue par un corbeau, il est guidé vers le château royal. Les invités doivent y être pesés pour savoir sils sont dignes dêtre présentés au roi. Beaucoup sont rejetés et condamnés. Christian est assez vertueux pour équilibrer les poids sur la balance. Il est accepté et poursuit sa quête initiatique. Les descriptions du récit ont pu être interprétées comme des indications précieuses pour la réalisation du Grand-Oeuvre alchimique. Mais les alchimistes étaient fondamentalement des métaphysiciens ésotéristes. La poursuite du Grand-Oeuvre était seulement pour eux le symbole du chemin nécessaire à la réalisation de la transfiguration de lâme, prélude à la résurrection de la figure divine originelle, lHomme véritable. Cest le sens caché et véritable des Noces Alchymiques de Christian Rose-Croix, ouvrage qui répète sous une forme différente le message médiéval de la Quête du Graal par Perceval le Gallois. Les écoles spiritualistes rosicruciennes poursuivent aujourdhui encore dans le Monde loeuvre initiatique qui conduit à cette connaissance. Leur enseignement témoigne dune inspiration rosicrucienne authentique et vivante. Elles adaptent leur message ésotérique permanent aux temps et aux lieux où il est prononcé. Dans notre civilisation, elle va sappuyer sur les traditions chrétiennes tout en expliquant le sens caché des mythes et des écritures. Jean le Baptiste, cest le chercheur qui séveille et prépare la venue de la force christique renouvelante, puis sefface pour laisser la place. Marie, cest le féminin, la vierge, la mère, lâme humaine qui laisse mûrir cette force en elle-même. Joseph est le père, le masculin qui construit. Jésus, cest lenfant nouveau né, la naissance attendue du nouvel homme qui grandit jusquà ce que le Christ vivant apparaisse pour incarner et réaliser la transmutation alchimique du vieil homme, la transfiguration, et, au-delà de la mort, la résurrection de la nature divine de lHomme originel. Le secret
douloureux des dieux et des rois, (J-P Sartre
- Les mouches). |
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