Sa vieille guerre morte, encore il se
souvient,
Des cruels exploits qu'il retient,
Cachés en sa mémoire et devenus secrets
Et des moments de gloire, revécus en regrets.
Tous ses livres content des batailles.
Il a conservé ses médailles,
Une arme sous son oreiller,
Et son uniforme au grenier.
Il prépare un assaut qui ne surviendra pas.
Redoutant l'ennemi attaché à ses pas,
Contre ses vieux fantômes, chaque nuit, il combat.
Sa parole est sans âme et ses yeux sans éclat.
Son geste est sans repos mais ces agitations
Sont des masques posés sur gênantes questions.
Parfois, sa voix défaille et son regard se voile,
Alors, il sort soudain dans la fraîcheur du soir,
Et restant silencieux sous le pesant ciel noir,
Il feint d'observer les étoiles.
Jacques
Prévost (2014 - À l'aube du Verseau - Extraits)