LAI DE L'ESPINE.
Bien
des gens regardent les Lais comme des Fables. Je ne partage nullement cette
opinion ; car toutes ces anciennes aventures que j’ai diversement rapportées, je
ne les ai jamais écrites sans autorité. Les originaux sont déposés à Carlion,
dans le monastère de Saint-Aaron ; d’ailleurs, ces histoires sont connues dans
la Bretagne où elles sont chantées, et en bien d’autres lieux encore. Et puisque
ma mémoire me rappelle un nouveau sujet, je veux vous faire connaître, d’après
l’histoire, une aventure relative à deux jeunes enfants, qui est peu connue. En
Bretagne fut jadis un damoisel brave, doux et très-beau de figure. Il étoit fils
de roi et n'avoit plus besoin des soins qu'exige la première enfance. Il n'avoit
pour veiller sur lui que son père et une belle-mère. Tous deux l'aimoient bien
tendrement. De son côté la reine avoit d'un premier lit, une demoiselle
charmante, remplie de qualités aimables. La jouvencelle également fille d'un
roi, se faisoit remarquer par la beauté de ses attraits. Tous deux, d'une haute
naissance, étoient encore dans un âge bien tendre, puisque l'aîné, le garçon,
qui étoit le plus grand, n'avoit encore que sept ans. Ces deux enfants s'aimoient
si tendrement que rien ne leur faisoit plaisir, s'ils n'étoient pas réunis. Ils
prenoient ensemble leurs repas, alloient, venoient et ne se quittoient jamais.
Les gens chargés de les surveiller leur accordoient la permission de faire tout
ce qui leur plaisoit, à l'exception cependant de coucher dans le même lit, chose
qui n'auroit pas été convenable. Quand ces enfants eurent atteint l'âge où les
passions commencent à agir , ils contractèrent une amitié qui, avec l'âge,
devint beaucoup plus intime Cette amotié d’enfance se changea en un violent
amour ; ainsi l’ordonne nature Au lieu de ces jeux innocents qui les avoient
amusés, c’étoient des caresses tendres et des baisers brûlants déjà pour les
savourer avec plus de liberté, ils savoient tromper les yeux de leurs
surveillants leur amour devint si vif, ils apportèrent si peu de prudence dans
leurs démarches, que bientôt leur passion fut connue de tout le monde, et que
leur bonheur fut troublé
Un
jour que le jeune prince, si vaillant et si beau, revenoit de la pêche, accablé
de chaleur et de fatigue, il se rendit dans une chambre écartée, afin de n’être
pas dérangé par le bruit, et se jeta sur un lit pour se reposer. Le reine étoit
dans ses appartements occupée à instruire la jeune personne ; sitôt que cette
dernière est instruite de l’arrivée de son ami, sans dire mot, et sans être
accompagnée de personne, elle se rend dans la chambre où reposait le prince. Il
la reçut avec d’autant plus de plaisir qu’il ne l’avoit point vue de la journée.
La jeune personne, fort innocente, ne croyant pas mal faire, s'assit près son
ami, puis se couche à ses côtés. Elle lui donne cent baisers délicieux;
malheureusement pour eux, nos deux amants restèrent trop longtemps dans cette
position. La reine s'étant aperçue de la disparition de sa fille, courut après
elle et la trouva bientôt, puisque la porte de la chambre n'étoit pas fermée. En
voyant ces deux amants étroitement serrés dans les bras l'un de l'autre, elle
connoît leur amour et se doute bien de ce qui venoit de se passer. La reine
irritée saisit sa fille par le bras, l'accable d'injures ; les deux amants sont
séparés, la jeune fille est étroitement renfermée, et le roi est invité de faire
veiller de près sur la conduite de son fils. Quel est le chagrin des jeunes
gens! Le prince ne pouvant supporter l'absence de son amie, il prend en haine la
maison paternelle et veut l'abandonner. Dans ce dessein il va trouver le roi et
lui parle en ces termes : Sire, je viens vous demander une grâce, et j'ose
espérer que vous ne me la refuserez pas. Je veux être armé chevalier, je veux
aller en pays étranger, j'entrerai au service d'un prince pour remporter le prix
des armes. Depuis trop long - temps j'habite votre palais et je n'apprends point
à me servir de mon épée. En lui accordant la faveur qu'il sollicitoit, le roi
invita son fils à séjourner encore une année à sa cour, afin de suivre les
tournois, de garder les pas d'armes, et courir les aventures, qui étoient assez
fréquentes dans son royaume. Le damoiseau se rangeant à l'avis du roi, profita
du conseil qu'il lui avoit donné, et il resta à la cour. De son côté sa jeune
amie, qui demeuroit avec sa mère, étoit chaque jour injuriée, battue,
maltraitée. Quel chagrin devoit éprouver le prince, lorsqu'il entendoit le bruit
des coups donnés à son amie, et les cris que lui arrachoit la douleur. Il ne
sait quel moyen employer pour empêcher ces mauvais traitements dont il est
l'unique cause. Les cris de sa maîtresse faisoient son supplice; il fondoit en
larmes dès qu'il les entendoit, et renfermé dans sa chambre, il employoit à
pleurer, des journées entières. Malheureux! se disoit-il; comment ferai-je? Car
je ne puis vivre sans l'objet de mes amours. Oui, si je ne peux l'obtenir, j'en
mourrai de douleur. Pendant que les choses se passoient ainsi, la reine vint
trouver son époux: Sire, dit-elle, je prends le plus grand soin de ma fille, et
veille à ce que votre fils soit éloigné d'elle, car il n'a pas d'autre desir que
de venir lui parler. Le malheureux prince restoit donc auprès du roi, comme son
amie restoit auprès de sa mère. Ils étoient si étroitement surveillés, que,
pendant un an, il leur fut impossible de pouvoir communiquer, soit par lettres,
soit par messages. Ils étoient tenus si éloignés l'un de l'autre, qu'ils
pouvaient à peine se voir et par conséquent s'adresser la parole.
Au
terme fixé et huit jours avant la Saint» Jean, le prince reçut la chevalerie. Le
roi alla le lendemain à la chasse, où il prit une quantité extraordinaire de
gibier. Le soir, après le souper, entouré de ses chevaliers et de son fils, il
s'assied sur un tapis placé au bas du trône, pour s'amuser à écouter les
ménestriers. L'assemblée entendit d'abord le Lai d'Alix ou d'Adélaïde, qui fut
chanté avec beaucoup de grâce par un Irlandois, lequel s'accompagnoit d'une
vielle. Après l'avoir achevé, il en recommença un autre que la société écouta
fort attentivement, ainsi que le Lai d'Orphée par lequel il termina. Les
chevaliers parlèrent ensuite entre eux, ils racontèrent les aventures fameuses
arrivées dans la Bretagne, dont eux ou leurs pères avoient été les témoins ou
les héros. Une jeune demoiselle rapporta que, chaque année, la veille de la
Saint-Jean, il y avoit au gué de l'Épine, une aventure célèbre qui demandoit le
plus grand courage, et que nul chevalier poltron n'avoit osé et n'oseroit jamais
entreprendre. Le jeune prince, rempli de courage, ayant entendu le récit qui
venoit d'être fait, pense que, puisqu'il a ceint l'épée et qu'il n'a pas encore
eu l'occasion d'éprouver sa valeur, il doit tenter l'aventure et gagner ses
éperons. Il se lève, demande la parole au roi et aux chevaliers et les prévient
de son projet. Seigneurs, dit-il, je me vante que, dans la nuit indiquée par la
demoiselle, je me rendrai au gué de l'Epine et tenterai l'aventure, quelles
qu'en puissent être les suites. Les chevaliers louent la résolution du prince,
mais le roi fut très alarmé de la demande de son fils. Il essaie en vain de le
détourner d'un projet aussi dangereux; mais quand il vit que ses représentations
étoient inutiles, il l'exhorta au moins à se montrer preux et hardi, et pria
Dieu de bénir son entreprise. Cette nouvelle, répandue dans le château, parvint
bientôt aux oreilles de la princesse. Elle tremble pour son amant, dont elle
desire partager les dangers, et ne songe plus qu'aux moyens de s'échapper pour
se rendre à l'endroit désigné. Quand vint le soir, le prince, qu'enflamme la
vaillance, étant armé de toutes armes, monte sur son bon cheval et se rend droit
au gué de l'Epine. Que fait pendant ce temps la pauvre jeune personne. Elle
descend au verger, dans le dessein de prier le ciel d'être favorable à son
amant, afin qu'il revienne sain et sauf. Assise sur le tronc d'un arbre, elle
soupire, pleure et se plaint. Ah ! Père céleste, qui avez été et serez toujours,
daignez écouter ma prière; aucune n'a été faite avec plus de ferveur, et même
par l'être le plus infortuné. Beau sire Dieu; prenez pitié de moi; daignez
permettre que je trouve mon amant, qu'il soit avec moi et moi avec lui. Dieu!
combien je serois heureuse! Nul ne peut concevoir les tourments que j'endure, à
l'exception de celui qui aimeroit et qui ne pourroit pas obtenir l'objet de son
amour. Ainsi parlait la jeune personne qui étoit assise sur l'herbe nouvelle. On
la cherche et on l'-appelle vainement au château, il est impossible de pouvoir
la trouver. Enfoncée dans la réflexion, baignée de larmes, bourrelée de
chagrins, tout entière à son amour, la jeune personne, appuyée sur le tronc d'un
arbre, s'endort. Pendant son sommeil, la nuit semble faire place à l'aurore. Il
n'y avoit pas longtemp qu’elle reposoit, lorsqu'elle se réveilla en sursaut pour
se rendormir ensuite. Je ne saurois icivous expliquer comment il se fît que
l'endroit où elle s'étoit arrêtée, se trouva être le gué de l'Epine, lieu où son
tendre amant s'étoit déja rendu. Il y étoit depuis peu de temps ; venant près du
buisson d'Épine , il voit la jeune personne qui, en s'éveillant , aperçoit un
guerrier devant elle. Le saisissement, la frayeur, lui ôtent la parole et lui
font couvrir le visage. Le chevalier s'empresse de la rassurer. Ne vous effrayez
pas, madame, lui dit-il, je ne veux point vous faire peur; daignez m’apprendre
comment il se fait qu'une personne de votre âge se trouve seule en ces lieux et
à pareille heure. Veuillez me raconter votre aventure, m'expliquer par quel
moyen, par quelle adresse il vous a été possible de vous rendre ici. La jeune
personne alloit répondre, mais la crainte s'empare d'elle en pensant qu'elle n'étoit
plus dans le verger du château. Pour s'en assurer, elle demande au chevalier. Où
suis-je, lui dit-elle? Aimable damoiselle vous êtes au gué de l'Épine, lieu où
il arrive des aventures tantôt agréables et tantôt malheureuses. Ah Dieu! Quel
bonheur pour moi ! Sire, j'ai été votre amie. Dieu a exaucé ma prière. Ce fut la
première aventure qu'il arriva pendant la nuit au chevalier. Il descend de
cheval, court embrasser sa maîtresse, la prend entre ses bras, la couvre de
baisers, puis la fait asseoir dessous le buisson d'Épine. La princesse raconte à
son amant comment elle étoit descendue au verger, où, après avoir marché
long-temps, elles'étoit endormie jusqu'à l'instant où il l'avoit trouvée. Tandis
qu'il écoutoit sa maîtresse, le prince jette les yeux de l'autre côté de la
rivière, et voit venir un chevalier qui, la lance levée, demandoit le combat. Il
étoit couvert d'armes vermeilles, et son cheval entièrement blanc, étoit étroit
dessous le flanc et parfaitement bien fait. Il s'arrête, mais sans traverser la
rivière. Le damoiseau prévient son amie qu'il va combattre et que, pendant le
temps du combat, elle ne sorte point de sa place. La princesse pensoit que si
elle pouvoit_se procurer un cheval, elle pourroit soutenir son ami et veiller à
sa défense. Les deux rivaux, après avoir pris carrière et piqué leurs chevaux,
courent l'un sur l'autre avec impétuosité. Ils se portent de si terribles coups
sur le haut des écus, qu'ils en sont bientôt fendus et brisés. A la seconde
course, leurs lances sont réduites en éclats, sans que l'un d'eux soit blessé;
mais tous deux, par la force du coup, sont renversés sur le sable. Ils n'avoient
personne pour les relever et leur aider à remonter; mais enfin, à force de
peine, ils parvinrent à se placer sur leurs chevaux. Dès qu'ils sont en selle,
les combattants rapprochent leurs boucliers de la poitrine, et abaissent leurs
lances de bois de frêne. Le damoiseau, honteux d'avoir été renversé devant sa
maîtresse, songea se venger dans cette course, et à triompher. A la première
attaque, leurs lances volent en éclats. Ils se portent des coups si terribles,
que le chevalier aux armes vermeilles laisse tomber son bouclier. Encouragé par
les regards de sa belle, le prince redouble d'efforts, renverse son ennemi, le
contraint à vider les étriers, et s'empare de son cheval, qu'il retient par la
bride.
Il semble qu'il y ait ici une lacune dans le manuscrit;
car sitôt le combat terminé avec le chevalier aux armes vermeilles, on voit
le prince se mettre aux prises avec un second dont l'arrivée n'est point
annoncée.
Tous deux passèrent le gué, et le damoiseau ne vit pas sans émotion que
son dernier adversaire étoit beaucoup plus fort que lui, et qu'il seroit
infailliblement battu, si tous deux venoient l'attaquer-à-la fois. Mais, en y
réfléchissant, il ne peut supposer que l'un veuille porter du secours à l'autre.
Si l'un d'eux desire jouter, il doit le faire d'une manière loyale, et pour lui
même seulement. Etant remontés tous les trois sur leurs coursiers, ils
traversent la rivière; et dès qu'ils ont atteint l'autre bord, un défi est
proposé et accepté. L'un des chevaliers se place pour mieux juger des coups, et
les deux autres s'apprêtent en attendant le combat. Le chevalier est bien
satisfait d'avoir à jouter contre le damoiseau dont il estime le courage, qui,
de son côté, voyant les manières nobles de ses adversaires, est entièrement
rassuré au sujet des craintes qu'il avoit conçues. Les deux chevaliers se
doutent bien que le prince est venu garder le pas d'armes, pour donner des
preuves de son courage, et remporter le prix décerné à la vaillance. Les
combattants prennent leur écu, baissent la lance, et courent l'un sur l'autre.
Dans cette attaque, leurs lances volent en éclats; mais ils ne quittèrent pas la
selle, tant ils étoient bons chevaliers; seulement la force du coup ébranla si
fortement leurs chevaux, qu'ils furent renversés. Ils mettent pied à terre et
recommencent un combat terrible à l'épée, qui dura jusqu'à ce que le prince eût
blessé son adversaire. Le chevalier, qui se tenoit à l'écart, vint alors séparer
les combattants et interrompre la bataille. Les deux rivaux mirent leur épée
dans le fourreau; puis le chevalier, s'adressant au prince, lui parla en ces
termes : Ami, montez à cheval et rompons encore une lance; puis ensuite nous
partirons, car il ne sera plus besoin de demeurer. D'ailleurs vous devez encore
garder le pas d'armes jusqu'à ce que le jour soit venu. Si par hasard, dans
cette nouvelle joute, vous veniez à perdre la vie ou à être dangereusement
blessé, cela seroit bien malheureux ; outre le prix que vous auriez perdu, on ne
parleroit point de vos hauts faits. Personne ne connoîtroit votre aventure qui
resteroit ignorée à jamais. Votre belle amie seroit emmenée par le vainqueur
avec le bon cheval castillan que vous avez conquis par votre courage. Outre la
richesse de ses harnois, dont on n'a jamais vu de pareils, vous possédez le
coursier le plus beau, le mieux fait; on ne pourroit en rencontrer un plus
véloce à la course. Ne soyez point surpris de mon discours, je sais que vous
êtes courageux et brave, j'aurois également pu perdre ce magnifique cheval. Le
prince partagea l'opinion du chevalier qui parloit d'une manière si sensée. Il
eût bien voulu aller parler à son amie, mais il préfère jouter avec son
adversaire dont il lui y tarde d'être séparé. Saisissant les rênes de son
cheval, il prend une bonne lance de frêne, puis s'éloigne du chevalier pour
prendre carrière.
Les
deux rivaux piquent des deux, pour courir l'un sur l'autre; ils s'atteignent si
rudement, que la force du coup fait fendre leurs boucliers; aucun d'eux ne
quitta les étriers, tant ils étoient bons cavaliers. Le prince porta un si
terrible coup à son adversaire, qu'il eût été jeté à terre, si, dans sa chute,
il ne s'étoit retenu au col du cheval. Il s'éloigne pour laisser le temps à son
rival de se remettre en selle; au retour il le trouve prêt à fournir une
nouvelle carrière. Les guerriers se couvrent de leurs écus, tirent leurs épées,
et se portent de si grands coups, que les boucliers sont mis en pièces; mais
aucun d'eux n'abandonne la selle. La jeune personne spectatrice du combat, étoit
dans un grand effroi pour son ami. Dans son désespoir, elle crie miséricorde au
chevalier, et le prie de cesser un combat qui lui porte la mort dans le cœur. Le
chevalier, homme aimable et bien élevé, cessa aussitôt le combat et s'éloigna
rapidement. Tous deux quittant la place, traversent la rivière, et le prince
s'empresse de se rendre auprès de son amie qui étoit toute tremblante sous le
Buisson d'Épine. La jeune personne voyant arriver son amant, se lève à son
approche et monte sur le bon destrier de Castille qu'elle tenoit par la bride.
Le jour étoit prêt à paroître, le prince avoit terminé son entreprise ; alors
les jeunes gens se mettent en marche pour retourner à la cour, où ils arrivèrent
dans la journée. Le roi fit le plus grand accueil à son fils; mais une chose l'étonnoit
beaucoup, c'étoit de le voir revenir avec la fille de sa femme. Le jour même de
l'arrivée de son fils, le monarque manda à sa cour ses barons et ses hommes, à
l'occasion d'une contestation qui s'étoit élevée entre deux de ses vassaux, et
qui fut terminée à l'amiable. Le roi profita de la circonstance, pour raconter
l'aventure du jeune prince, lequel avoit été garder le pas d'armes au gué du
buisson d'épines; comment il y avoit trouvé la jeune personne; puis fit le
détail des combats qu'il avoit soutenus et du bon cheval qu'il avoit conquis sur
un des tenants.
Le
prince, de loin ou de près, eut toujours le plus grand soin de ce cheval qu'il
commit à la garde de plusieurs écuyers; il épousa peu de temps après sa tendre
amie qui se servit toujours du bon destrier. Ils le conservèrent longtemps
encore; mais un jour que le prince lui ôta sa bride, il mourut sur-le-champ.
Iles Bretons ont fait un Lai de l'aventure que je viens de raconter. Ils n'ont
pas regardé s'il falloit l'appeler le Lai du Gué, parce que l'action s'y passe,
ni même des deux jeunes gens qui y jouent un si grand rôle. Ils l'ont simplement
nommé le Lai de l'Épine qui commence fort bien et finit mieux encore. |