Un court
extrait de la première nouvelle : Abyme
Il faut d’abord que je vous parle un
peu de Gaston Delarivière, l’individu qui
est à l’origine de toute cette histoire.
C’était un personnage assez ordinaire à
première vue. Né au début du siècle
dernier, il fit un peu parler de lui
entre les deux guerres. Dans la période
qui nous intéresse, lorsqu’il était en
activité vers la fin des années vingt, il
habitait à Paris un tout petit logement en
haut d’un grand immeuble, vers Grenelle,
rue Frémicourt, une longue rue qui se
situe entre le 7e et le 15e
arrondissement, et il y vivait
apparemment seul.
Il se disait journaliste car il
publiait régulièrement quelques chroniques
politiques, et surtout polémiques, dans
une époque qui n’en manquait guère. Aussi
passait-il le plus clair de son temps dans
les tribunes du Palais Bourbon ou de celui
du Luxembourg, assez proches de son
logement. Il assistait assidûment aux
séances de l’Assemblée Nationale ou du
Sénat, guettant les écarts verbaux des
élus qui fournissaient la matière des
critiques cinglantes que publiait
régulièrement les « Echos de Paris »,
journal un peu réactionnaire qui diffusait
ses écrits et les payait chichement.
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