Les Lamelles d'Or orphiques
et les Vers d'Or de Pythagore
Orphée et sa Lyre (mosaïque)
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Les Lamelles d'Or
Orphiques |
Depuis la première moitié du
19e siècle jusqu'à ce jour, les archéologues ont découvert
dans des tombes du monde méditerranéen (Grèce Italie du Sud,
Thessalie et Crète), une bonne vingtaine de lamelles d'or
très fines dont certaines portent des
textes funéraires d'inspiration apparemment orphique.
Depuis la première découverte en 1834, leur nombre s’est notablement accru.
En
raison de ce caractère initiatique, les textes inscrits
sur ces feuilles d’or ont attiré l’attention des
historiens et ont fait l'objet de plusieurs publications. Tracés
sur de minces feuilles d'or placées près du défunt ou sur
son buste, ils devaient lui permettre de se souvenir
des enseignements reçus lors des initiations aux Mystères.
Provenant d'endroits géographiquement distants et d'époques
différentes, ces lamelles témoignent d'une large diffusion
de cet usage dans le temps et l'espace.
Elles seraient datées du 5ème siècle avant J.C. jusqu'au du
3ème siècle de notre ère, donc étalées sur 800 ans ce qui
est considérable.
Certaines lamelles ne portent que le nom du défunt, mais
d'autres contiennent des instructions ésotériques destinées
à guider l'âme dans l'Autre monde.
Les textes font particulièrement référence à Mnémosyne
qui permettrait à l'initié d'échapper au cycle des
renaissances et ils expriment l'espoir d'atteindre à la connaissance de son origine
céleste. Ces références à la cosmogonie orphique caractérisent ces lamelles qui ont été dénommées
"lamelles d'or orphiques", quoique
cette origine ait pu être controversée.
Hérodote aurait affirmé que la théorie de la migration des âmes,
postulée par les Orphistes, était originaire de la vallée du Nil.
Ces doctrines, communes aux Orphistes et aux
Pythagoriciens, auraient été importés d'Égypte au
14ème siècle avant notre ère par des prêtres qui
fuyaient la réforme monothéiste d'Akhénaton, mêlant
progressivement leur théologie aux cultes Egéens, mais ce
n'est là qu'une
Nous présentons ci dessous les plus connues de ces lamelles
avec la traduction de leur contenu
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Six Lamelles d'Or funéraires |
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HIPPONION
Lamelle découverte en 1965
dans la nécropole d'Hipponion,
en Italie du Sud. |
Ceci est consacré à Mnémosyne,
Quand tu seras sur le point de mourir, tu t'en iras vers
les demeures bien construites d'Hadès.
A droite, il y a une source près de laquelle se tient un
cyprès blanc.
C'est là que les âmes des morts descendent et qu'elles
s'y rafraîchissent.
De cette source surtout ne t'approche pas car tu en
trouveras une autre,
en face, d'où s'écoule l' eau fraîche qui vient du lac
de Mnémosyne.
Au-dessus d'elle se trouvent les gardiens, ils te
demanderont du plus profond de leur coeur,
ce que tu fais, et où tu vas, cherchant, dans les
ténèbres du sombre Hadès.
Dis : je suis fils de Terre et de Ciel étoilé, mais je
suis desséché par la soif et je meurs.
Donnez-moi vite l'eau fraîche qui s'écoule du lac de
Mnémosyne.
Alors par le vouloir du roi des enfers, ils te
traiteront avec bienveillance et te laisseront boire à
la source de Mémoire.
Alors tu chemineras sur la voie sacrée, parmi les autres
Mystes, dans la gloire de Dionysos. |
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THURII
Lamelle découvertes en 1876
à Thurii,
près de Sybaris,
en Calabre. |
Pure parmi les purs, je viens vers vous, ô Reine
des Enfers,
Euklès et Eubouleus, et vous tous Daimons glorieux.
Car j'appartiens à votre lignée bienheureuse. J'ai payé le prix de
mes actions injustes.
Mais la Moire m'a accablée, ainsi que d'autres Dieux immortels, Et
la Foudre venue des étoiles ...
D'un pied rapide, j'ai atteint la couronne désirée. Je me suis
plongé dans le sein de la Déesse souterraine,
Et je me tiens suppliante devant la chaste Perséphone afin que
bienveillante, elle m'envoie au séjour des purs.
Heureux et bienheureux, triomphant, Tu seras dieu et non plus
mortel. Chevreau, tu es tombé dans le lait. |
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PETELIA
Lamelle découverte en 1834
dans
un tombeau, à Petelia,
près de Crotone, en Calabre. |
Tu trouveras à gauche de la demeure
d'Hadès une source près de laquelle se dresse un cyprès
blanc.
De cette source ne t'approche surtout pas.
Tu en trouveras une autre, son eau fraîche s'écoule du lac de Mnémosyne.
Devant elle veillent les gardiens.
Dis : Je suis enfant de Terre et de Ciel étoilé et ma
lignée est céleste.
Et cela, vous le savez vous aussi. Je suis desséchée par
la soif et je vais périr.
Donnez-moi vite l'eau fraîche qui coule du lac de
Mémoire. Et ils te laisseront boire à la source divine,
Et de cet instant, avec les autres héros tu seras
souveraine.
Ceci est consacré à Mnémosyne.
Dans la marge de droite, et verticalement
: . . Entouré par la ténèbre . .
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PELINNA
Lamelle découvertes en 1985
à Pélinnaion,
en Thessalie.
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Tour à tour tu es mort et tu es né, ô
trois fois bienheureux, en ce jour.
Dis à Perséphone que c'est Bacchios lui-même qui t'as
délivré.
Taureau, tu as couru vers le lait; immédiatement vers le
lait tu as couru;
Agneau, tu t'es élancé vers le lait.
Tu as le vin en prix, ô bienheureux, et sous terre
t'attendent les rites sacrés que les autres bienheureux
célèbrent. |
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ELEUTHERMA
Lamelle
datée du 3ème Siécle . Av. J.C.
découverte près d'Eleutherna,
en Crète Orientale.
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Je suis desséchée par la soif et je meurs.
- Allons, bois à la source jamais tarie, à droite, là où se dresse
le cyprès.
-" Qui es-tu ? "
-" Et d'où es-tu ? "
-" Je suis fils de Terre et de Ciel étoilé". |
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MYLOPOTAMOS
Lamelle en forme de
quartier de Lune,
datée du 2ème / 3ème S. Av. J.C.
découverte dans le N-O de la Crète.
Conservée au Musée d'Héraklion,
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Je brûle de soif et je défaille :
donnez-moi donc à boire
l'eau de la source qui coule pérenne, à droite, là où
est le cyprès.
-" Qui es-tu ? "
-" D'où viens-tu ? "
-" Je suis fils de la Terre et du Ciel étoilé". |
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Les Vers d'Or de
Pythagore |
Honore en premier lieu les Dieux
Immortels dans l'ordre qui leur fut assigné par la
Loi.
Respecte le Serment. Honore ensuite les
Héros glorifiés.
Vénère aussi les Génies terrestres, en
accomplissant tout ce qui est conforme aux lois.
Honore aussi et ton père et ta mère et
tes proches parents.
Entre les autres hommes, fais ton ami
de celui qui excelle en vertu.
Cède toujours aux paroles de douceur et
aux activités salutaires.
N'en viens jamais, pour une faute
légère, à haïr ton ami,
Quand tu le peux : car le possible
habite près du nécessaire.
Sache que ces choses sont ainsi, et
accoutume-toi à dominer celles-ci :
La gourmandise d'abord, le sommeil, la
luxure et l'emportement.
Ne commets jamais aucune action dont tu
puisses avoir honte, ni avec un autre,
Ni en ton particulier. Et, plus que
tout, respecte-toi toi-même.
Pratique ensuite la justice en actes et
en paroles.
Ne t'accoutume point à te comporter
dans la moindre des choses sans réfléchir.
Mais souviens-toi que tous les hommes
sont destinés à mourir ;
Et parviens à savoir tant acquérir que
perdre les biens de la fortune.
À l'égard de tous les maux qu'ont à
subir les hommes de par le fait des arrêts augustes du
Destin,
Accepte-le comme le sort que tu as
mérité ; supporte-les avec douceur et ne t'en fâche
point.
Il te convient d'y remédier, dans la
mesure que tu peux. Mais pense bien à ceci :
Que la Destinée épargne aux gens de
bien la plupart de ces maux.
Beaucoup de discours, lâches ou
généreux, tombent devant les hommes ;
Ne les accueille pas avec admiration,
ne te permets pas de t'en écarter.
Mais si tu vois qu'on dit quelque chose
de faux, supporte-le avec patience et douceur.
Quant à ce que je vais te dire,
observe-le en toute circonstance.
Que jamais personne, ni par ses paroles
ni par ses actions, ne puisse jamais
T'induire à proférer ou à faire ce qui
pour toi ne serait pas utile.
Réfléchis avant d'agir, afin de ne
point faire des choses insensées,
Car c'est le propre d'un être
malheureux de proférer ou de faire des choses
insensées.
Ne fais donc jamais rien dont tu
puisses avoir à t'affliger dans la suite.
N'entreprends jamais ce que tu ne
connais pas ; mais apprends
Tout ce qu'il faut que tu saches, et tu
passeras la vie la plus heureuse.
Il ne faut pas négliger la santé de ton
corps,
Mais avec mesure lui accorder le boire,
le manger, l'exercice,
Et j'appelle mesure ce qui jamais ne
saurait t'incommoder.
Habitue-toi à une existence propre,
simple ;
Et garde-toi de faire tout ce qui
attire l'envie.
Ne fais pas de dépenses inutiles, comme
ceux qui ignorent en quoi consiste le beau.
Ne sois pas avare non plus : la juste
mesure est excellente en tout. |
Ne prends jamais à tâche ce qui
pourrait te nuire, et réfléchis avant d'agir.
Ne permets pas que le doux sommeil se
glisse sous tes yeux,
Avant d'avoir examiné chacune des
actions de ta journée.
En quoi ai-je fauté ? Qu'ai-je fait ?
Qu'ai-je omis de ce qu'il me fallait faire ?
Commence par la première à toutes les
parcourir.
Et ensuite, si tu trouves que tu as
omis des fautes, gourmande-toi ;
Mais, si tu as bien agi, réjouis-toi.
Travaille à mettre ces préceptes en
pratique, médite-les ; il faut que tu les aimes,
Et ils te mettront sur les traces de la
vertu divine,
J'en jure par celui qui transmit à
notre âme le sacré Quaternaire,
Source de la Nature dont le cours est
éternel.
Mais ne commence pas à prendre à tâche
une oeuvre,
Sans demander aux Dieux de la
parachever.
Quand tous ces préceptes te seront
familiers,
Tu connaîtras la constitution des Dieux
Immortels et des hommes mortels, tu sauras
Jusqu'à quel point les choses se
séparent, et jusqu'à quel point elles se rassemblent.
Tu connaîtras aussi, dans la mesure de
la Justice, que la Nature est en tout semblable à
elle-même,
De sorte que tu n'espéreras point
l'interprétable, et que plus rien ne te sera caché.
Tu sauras encore que les hommes
choisissent eux-mêmes et librement leurs maux,
Misérables qu'ils sont ; ils ne savent
ni voir ni entendre les biens qui sont près d'eux.
Peu nombreux sont ceux qui ont appris à
se libérer de leurs maux.
Tel est le sort qui trouble les esprits
des mortels. Comme des cylindres,
Ils roulent ça et là, accablés de maux
infinis.
Innée en eux, en effet, l'affligeante
Discorde les accompagne et leur nuit sans qu'ils s'en
aperçoivent ;
Il ne faut point la provoquer, mais la
fuir en cédant.
Ô Zeus, notre père, tu délivrerais tous
les hommes des maux nombreux qui les accablent,
Si tu montrais à tous de quel Génie ils
se servent !
Mais toi, prends courage, puisque tu
sais que la race des hommes est divine,
Et que la nature sacrée leur révèle
ouvertement toutes choses.
Si elle te les découvre, tu viendras à
bout de tout ce que je t'ai prescrit ;
Ayant guéri ton âme, tu la délivreras
de ces maux.
Mais abstiens-toi des aliments dont
nous avons parlé, en appliquant ton jugement
À tout ce qui peut servir à purifier et
à libérer ton âme. Réfléchis sur chaque chose,
En prenant pour cocher l'excellente
Intelligence d'en haut.
Et si tu parviens, après avoir
abandonné ton corps, dans le libre éther,
Tu seras dieu immortel, incorruptible,
et à jamais affranchi de la mort. |
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