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PROLOGUE DE L'ÉVANGILE DE JEAN

Évangéliaire d'Echternach
fol. 177, Début de l'Evangile de Jean
Paris, Bibliothèque nationale, lat. 9389, parchemin, vers 698.

Jeannine SOLOTAREFF a publié une exégèse de l'Évangile de Jean, réalisée par Paul DIEL.

Celui-ci estime que le texte originel de cet Evangile a probablement été modifié au cours des siècles.

Les versets 6-7-8-9-15 auraient subi des translocations qui les ont remontées depuis leur place initiale pour les amener vers le début du prologue.

Cette opération aurait transformé en dogme la valeur initialement symbolique du Prologue.

Or, il est bien établi que ce texte majeur est fondateur du dogme principal de la religion catholique.

Le symbolisme dans l'Evangile de Jean
Paul Diel - Jeannine Solotareff

(Ed. Payot & Rivages - 1983)

Voyez ci-dessous le texte reconstruit dans la forme proposée par ces auteurs.

Les numéros sont ceux des versets dans leur ordre canonique habituel.

Un second tableau présente les interprétations des auteurs.


 

 
   

Prologue de l'Évangile de Jean

   

Partie 1.

( 1)

Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu.

( 2)

Il était au commencement auprès de Dieu.

( 3)

Par lui tout a paru, et sans lui rien n’a paru de ce qui est paru.

   

Partie 2.

( 4)

En lui était la vie et la lumière des hommes.

( 5)

Et la lumière brille dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas saisie.

(10)

Il (le Verbe) était dans le monde et le monde par lui a paru et le monde ne l’a pas connu.

(11)

Il est venu parmi les siens et les siens ne l’ont pas accueilli.

(12)

Mais à tous ceux qui l’ont reçu, il a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu. A ceux qui ont foi en son nom.

(13)

Qui ne sont pas nés du sang ni d’un vouloir de chair ni du vouloir d’un homme, mais de Dieu.

   

Partie 3.

(14)

Et le Verbe est devenu chair et il a dressé sa tente parmi nous et nous avons contemplé sa gloire,
gloire comme celle que tient de son père un fils unique plein de grâce et de vérité.

(16)

Car de sa plénitude, nous avons reçu et grâce pour grâce.

(17)

Car la loi a été donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ.

(18)

Dieu, personne ne l’a jamais vu, le Fils Unique qui est dans le sein du Père, celui-là l’a fait connaître.

   

Partie 4.

( 6)

Il y eut un homme envoyé de Dieu, son nom était Jean.

( 7)

Il vint en témoignage pour témoigner au sujet de la lumière, afin que tous par lui fussent
amenés à la foi.

( 8)

Celui-là n’était pas la lumière, mais il devait témoigner au sujet de la lumière.

( 9)

C’était la lumière, la véritable qui illumine tout homme en venant dans le monde.

(15)

Jean témoigne à son sujet et n’a cessé de crier:
«C’est celui dont j’ai dit « Celui qui vient après moi a existé avant moi, car avant moi il était »..


 

 

Lorsque ces versets sont replacés dans l’ordre cohérent proposé par Paul DIEL,
on remarque que le texte comporte quatre parties distinctes.

   

La première partie est métaphysique et parle clairement du mystère appelé Dieu et de ses rapports avec le Verbe, source des manifestations existentielles. (Versets 1,2,3).
La seconde partie nous dit ce que sont les rapports entre le Verbe et l’Homme, et nous explique le vrai sens de la vie. (Versets 4,5,10,11,12,13).
La troisième partie, et elle seule, parle de l’Homme Jésus, appelé Fils de Dieu ou Verbe incarné. (Versets 14,16,17,18).
La dernière partie enfin, nous expose la mission de Jean. (Versets 6,7,8,9,15).
   
Percevez-vous bien toute la portée de l’observation de Paul DIEL ? Mesurez-vous les conséquences de cette toute petite remise en ordre des versets du Prologue sur les dogmes du catholicisme ?
L’interprétation traditionnelle du Prologue est dogmatique.
Dieu est alors un être réel qui se tient dans la transcendance où il accompagné du Verbe et de l’Esprit.
L’espoir de l’humanité repose sur la bonté de ce Dieu personnel, attaché à juger les hommes, et qui a fini par envoyer le Verbe, personnage réel, lequel a pris la forme humaine de Jésus.
   
Paul DIEL propose une exégèse symbolique.
Dieu est un symbole qui a été imaginé par l’homme pour exprimer son angoisse devant les mystères auxquels il est confronté.
Jésus est ici considéré comme l’incarnation du sens de la vie appelé symboliquement « Verbe ».
L’espoir de l’humanité repose la capacité évolutive de l’homme de se délivrer de sa vaniteuse angoisse.
Jésus est le Christ incarné car il a pleinement accompli cet idéal.
C’est seulement en ce sens que Jésus est le Fils qui porte l’espoir évolutif des hommes.

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