GÉNÉALOGIE DE LA FAMILLE De HAUT
Annuaires de la
Noblesse de France par M. Borel d’Hauterive,
Continué par le Vicomte Albert
Révérend, Année 1893
(Bibliothèque Nationale P 302)
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Notice Historique
sur les DE HAULT, en LORRAINE, CHAMPAGNE, HAINAUT
Le nom de Hault, du Hault, ou le Hault
est très anciennement connu dans les provinces de Lorraine, de Flandre
et de Hainaut.
Une famille d’ancienne
chevalerie, du nom de Sancy, seigneurie et prévôté situé en
Lorraine, près d’Audun Le Roman, a prouvé, le 13 septembre 1726,
devant la Cour des comptes de Lorraine, sa filiation suivie
depuis Demange de Sancy, écuyer, marié à Isabelle de Ruette et
père de Jean de Sancy, dit " de Hault ", écuyer, connu par des
actes de 1372 et 1377 ; il fut châtelain de Longwy (1), et
épousa Marguerite de Sterpigny, dont un fils qui suit :
(1) M. Prechac ( Bulletin de la Société
d’Histoire et d’Archéologie de la Moselle,t. X, 1867 ),
donne la note suivante sur la maison de Hault de Sancy :
" En 1183, Robert de Sancy, chevalier, Widric,Hugo, Loys et
Ulrich, ses frères, donnèrent au monastère de Saint-Hubert, en
Ardennes, la seigneurie de Saint-Brice, située devant Sancy, la
demeurance ( devenue ensuite le prieuré des religieux de
Saint-Hubert jusqu’en 1793 ), et l’église dudit Saint-Brice (
menacée aujourd’hui de démolition ), en outre, celles de
Freville, d’Ottange, de Mondeler, d’Arronville, de Neufchiefs,
et la part que ledit Robert de Sancy avait au village de Ametz…,etc. "
Jean de Hault, seigneur de
Valleroy, Moineville, Bouvilliers, " fit foi et hommage à
Édouard III, duc de Bar ", en 1417 ; il épousa Mariette de
Landres, fille de Robert de Landres, dit de Briey.
Leur descendance a donné
Jean de Hault, député aux États de Blois, qui fut père d’Érard,
qui suit :
Érard de Hault, seigneur
de Malavillers, Quivry, cité dans une reprise de fief en 1612,
épousa en 1614, Marguerite de Bettainvilliers, d’où :
Alexandre, seigneur de
Malavillers et de Quivry, qui épousa à Sancy, le 6 janvier 1656,
Christine Thomassin, laissa cinq enfants, qui se partagèrent ses
biens, suivant acte passé par Maître Viot, notaire royal à
Sancy, le 22 Novembre 1694 :
1e) Jacques, baron de Noelchamps,
seigneur de Malavillers, marié à Gabrielle-Christine de la
Hausse, d’où : Jean-Georges, capitaine au régiment
royal-artillerie, chevalier de Saint-Louis, marié le 9 janvier
1748, à, Justine-Marie-Michelle du Breuil-Helion de Combes, dont
Joseph-Louis, élève de l’École militaire ;
2e) Henry, seigneur de Quivry ;
3e) François, marié en 1688 à
Marguerite de Neufforge, dont :
Sébastien, lieutenant de cuirassiers au
régiment de Mercy, qui obtint, le 12 septembre 1726, par lettres
patentes de Léopold duc de Bar et de Lorraine, sur preuves
remontant à son neuvième aïeul, Demange de Sancy, les titres de chevalier et de baron ;
4e) Pierre ;
5e) Philippe, chanoine.
Leur descendance, qui a
contracté de bonnes alliances avec les Bonnet, Maigret, de
Baillivy, Haizelin, etc., paraît s’être éteinte à la fin du
XVIII e siècle ; elle portait : d’azur, à trois
pattes de lion d’or posées en fasce l’une sur l’autre.
Une autre famille,
peut-être une branche de la précédente, établie à Troyes,
remonte à Gérard de Hault, que l’on dit fils de Jean de Haut ou
de Hault, qui fut député du clergé du bailliage de Troyes aux
États de Blois en 1576 et reçut, avec Yves le Tartrier, un
mandat de 200 écus. (Cf. Archives de
l’Aube, liasses 161 et 222.)
Gérard de Hault, seigneur
de Quichaumont et de Lignol, auditeur des comptes de la reine
d’Écosse, d’après une quittance du 1er août 1570,
était natif de Sommevoire, près Montierender, ( Cf. d’Hozier, Dossiers bleus, et
Archives de l’Aube,reg. Suppl.)
Nommé admodiateur des abbayes de Montierender, Saint-Lié et
Saint-Urbain, il s’attacha aux services des cardinaux de
Lorraine et fonda, en 1572, un hôpital à Sommevoire ; il laissa,
de son alliance avec Marguerite Rolland, cinq enfants :
1e) Nicolas, seigneur de Courcelles, receveur
des décimes de Troyes en 1590, maire de Troyes en 1588, marié à
Louise (alias Anne) Bazin, d’où :
- Nicolas, qui serait allé s’établir
en Hainaut, où il aurait épousé Jeanne Broustin et
fait souche ;b) Louise, mariée en 1591 à Nicolas
de Mauroy, seigneur de Bellay ;
c) Anne, mariée à Antoine Allain,
conseiller au présidial de Troyes.
2e) Louis, seigneur de Pelmoustier,
marié à Marguerite de Vassan, d’où :
a) Louis, seigneur de Pelmoustier, dont on
ignore la destinée ;
b) N…, mariée à Pierre de Bourreuille ;
c) Jeanne, mariée à Antoine Pithou ;
d) N…, mariée à Louis Boucher ;
3e) Jean, chanoine et grand archidiacre
de Saint-Pierre de Troyes, décédé le 12 août
1634 ;
4e) Louis, seigneur de Laborde et
Gervilliers, lieutenant criminel au baillage de
Chaumont, laissa un fils
N…, seigneur d’Harnouville, marié à Marie de Rochereau ;
5e) Antoinette, mariée à Nicolas Le
Marquenat, seigneur du Lignol et Quichaumont.
Cette branche fit
enregistrer ses armes à l’Armorial général de 1696 :
D’azur, au vase d’or rempli de trois lys
au naturel.
DE HAULT de VAULX, de LASSUS et de
PRESSENSÉ.
(Extrait)
Armes : coupé : au 1
d’azur à un roitelet d’or volant vers un soleil de même ; au 2
d’or à
L’aigle essorante de sable.-
Couronne : de Marquis.
Devise : Nul bien sans peine.
Le vicomte Révérend a donné, dans
l’annuaire de la noblesse de 1893, d’intéressants renseignements
sur la famille DEHAULT, ou DE HAULT. (Voir page 1)
Nicolas de Hault, auquel remonte la filiation,
était, paraît-il, originaire de Champagne. Il fut capitaine de
cavalerie et épousa en 1636 à Thuin, en Hainaut, Jeanne Broustin.
Il eut de cette union deux fils, Guillaume et Henri Dehault, qui
furent les auteurs de deux branches.
L’auteur de la branche
aînée, Guillaume de Hault, épousa à Thuin, en 1660, Marguerite
Thibault. Il était en 1634, avocat au Conseil ordinaire du Roi ;
il fut plus tard receveur de la prévôté d’Haspres, près de
Valenciennes, et mourut à Bouchain en 1695. Son fils, Guillaume
de Hault, maître des postes, était échevin de la ville de
Bouchain quand il fit enregistrer à l’Armorial général de 1696
(registre de Valenciennes) les armes suivantes, aujourd’hui
tombées en désuétude :
d’azur à un chevron d’or accompagné en chef
de deux roses et en pointe d’un lion morné, le tout de même. Il acquit en 1708 des Jésuites de
Valenciennes la seigneurie de Lassus, fut nommé en 1720 maire
héréditaire de Bouchain et mourut dans cette ville en 1730. Il
avait eu de deux alliances successives deux fils, Guillaume de
Hault, Sgr de la Caulerie, né à Bouchain en 1709, et
Charles-Philippe de Hault, Sgr de Lassus, qui furent les auteurs
de deux rameaux.
Guillaume-Joseph de Hault, chef du premier rameau, était
encore fort jeune quand il fut nommé, en 1755, conseiller au
Parlement de Flandre ; il fut anobli par sa charge. Son fils, Guillaume-Joseph de Hault, Sgr de
Vaulx, né à Douai en 1759, laissa deux fils qui moururent au
château de Vaulx, l’un en 1866, l’autre en 1864, et qui furent
les derniers représentants mâles de leur rameau. Il eut aussi
plusieurs filles dont la plus jeune mourut au château de Vaulx
en 1875 sans avoir été mariée.
( Nous
reviendrons plus tard sur ces deux branches du Hainaut, dont le
premier rameau, représenté par Guillaume de Hault, l’aîné, s’est
éteint à la disparition sans descendance, des derniers
représentants mâles de la famille, morts tous les deux au
Château de Vaulx, et dont notre famille est issue ).
L’auteur, du second
rameau, Charles-Philippe Dehault, Sgr de Lassus, maire
héréditaire de Bouchain, reçu en décembre 1780 des lettre
patentes du Roi Louis XVI, en reconnaissances de noblesse.
Nobiliaire universel par M. le Vicomte de
Magny (Louis Drigon) Bibl Nle Ref G 6339.
Tome II (1858- 1855).
Il avait épousé en 1737
Anne-Josèph Darlot, ou Darlet, décédée à Bouchain en 1797, qui
était fille d’un receveur des domaines, subdélégué de
l’intendant. Il en eut plusieurs fils. L’aîné de ceux-ci,
Pierre-Charles Dehault de Lassus, né en 1738, chevalier de
Saint-Michel en 1786, prit part en 1789 aux assemblées de la
noblesse tenues au Quesnoy, émigra aux Etats-Unis et y mourut en
1799 ; sa descendance subsiste dans ce pays ; il était connu
depuis son départ pour l’immigration sous le titre de marquis de
Lassus qui lui avait été donné sur son passeport. Pierre Dehault
de Pressensé, né en 1753, fils cadet de Charles-Philippe, était
en 1789 trésorier principal des guerres et des vivres à la
Rochelle. Il prit part, ou se fit représenter, en 1789 aux
assemblées de la noblesse tenues dans cette ville et à celles
tenues au Quesnoy, épousa en 1792 Marie-Henriette Perry, qui
appartenait à la religion réformée et qui était fille d’un
directeur de la Chambre de commerce de la Rochelle, et mourut
fort âgé en 1835. Son fils Victor Dehault de Pressensé, décédé à
Tours en 1871, fut élevé dans la religion de sa mère. Il fut
père d’Edmond Dehault de Pressensé, né en 1824, pasteur
protestant, député de la Seine à l’Assemblée nationale en 1871,
puis sénateur inamovible, décédé en 1891. Celui-ci avait épousé
Elise du Plessis-Gouret. Né en 1826 à Gœdun, en Suisse, auteur
de plusieurs ouvrages d’éducation. Il a laissé deux fils dont
l’aîné, Francis de Pressensé, décédé en 1914, a été sénateur.
Henri de Hault, auteur de
la branche cadette, épousa Catherine Monte. Sa descendance
demeura fixée dans les Pays-Bas. Elle produisit des officiers de
mérite et s’éteignit avec Télémaque de Hault, décédé sans
alliance en 1883, et avec sa cousine, Anne de Hault, mariée en
1820 à Adolphe Hochsteyn, décédée en 1869. Par arrêté royal de
1884 un des petits-fils de cette dernière, Raoul-Adolphe Tripels,
né en 1858, a été autorisé à ajouter à son nom celui de la
famille de Hault.
Principales alliances :
Taisne, Marcotte, Bouchelet, Bourguignon d’Herbigny, Perry, du
Plessy-Gouret, Bernus 1869, etc.
La famille Dehault de
Lassus et de Pressensé, originaire de Champagne d’après la
tradition, peut être une branche détachée à une époque reculée
d’une famille de Hault qui a occupé un rang distingué à Troyes.
Nicolas de Hault, Sgr de Courcelles, receveur des décimes à
Troyes en 1590, fut maire de cette ville en 1588. Son frère,
Jean de Hault, décédé en 1634, fut chanoine et grand-archidiacre
de Saint-Pierre de Troyes. Cette famille ne figure pas au nombre
de celles qui, lors de la recherche de 1666, firent reconnaître
leur noblesse par jugement de l’intendant Caumartin. Un de ses
représentants fit enregistrer à l’Armorial général de 1696 les
armes suivantes : d’azur à un vase
d’or rempli de trois lys au naturel.
Une famille de Hault, qui
paraît s’être éteinte vers l’époque de la Révolution, a
appartenu à la noblesse de Lorraine. Elle portait pour armes :
d’azur à trois pattes de lion d’or posées en
pal l’une sur l’autre et issant du côté sénestre. Son chef, Sébastien de Hault,
lieutenant de cuirassiers au service de l’Empereur, obtint du
duc de Lorraine, le 12 décembre 1726, des lettres qui
reconnaissaient sa descendance de Demange de Sancy, qualifié
écuyer en 1313, et qui lui accordaient les titre de baron et de chevalier. Son cousin germain,
Adrien-François de Hault, Sgr en partie de Malavillers, baron de
Noelchamps, décédé à Metz en 1781 à l’âge de 73 ans, fut
brigadier des armées du Roi et inspecteur d’artillerie ; il
laissa une fille, Mme Vaquerel de la Briche. Jean-Georges de
Hault, frère du précédent, se fixa en Dauphiné par le mariage
qu’il contracta en 1748 avec Mlle du Breuil-Hélion de Combes. Il
fut père de Joseph-Louis de Hault de Malavillers, né à Grenoble
en 1751, qui fut admis à l’Ecole militaire en 1761. (voir page 2)
La fin du XVIe
siècle, on trouve en Hainaut et dans les Flandres, les de Hault,
dont la descendance s’établit régulièrement, par actes d’état
civil extraits des Archives de Mons, depuis Nicolas de Hault,
capitaine de cavalerie, originaire de Champagne, qui fit la
plupart des guerres de Flandre et épousa à Thuin( Hainaut ), en
1636, Jeanne Broustin, dont il eut deux fils, Guillaume et
Henri, qui furent les auteurs des deux rameaux qui suivent (voir p.4)
1re Branche
I. Guillaume de Hault, avocat, épousa à Thuin (Hainaut),
le 7 septembre 1660,
Marguerite Thibault, née à
Thuin, le 3 avril 1644. Il fut avocat au conseil ordinaire du
Roi en 1674, puis receveur de la prévôté d’Haspres (Nord,
Valenciennes), et se fixa à Bouchain, où il mourut en 1695. (1) Ses enfants furent :
1) Eugène-Chrétien, né à Mons le 2 février
1662 ; parrain, Jean-Chrétien de Landaz, seigneur de Lovegnies ;
marraine, Marguerite-Eugène de Longueval, fille de M. le comte
de Wacquain. Il était curé de Saint-Souplet dans le Cambrésis et
fut inhumé dans l’église le 15 octobre 1699. La pierre tombale s’y
trouve encore ; il était bachelier formé à la sainte théologie
de Louvain ;
2) Jacques- Joseph de Hault, né à Mons le 2
août 1666, mort en bas âge ;
3) Jacques-Philippe, né en 1672, capitaine au
régiment de Tallard, chevalier de Saint-Louis, mort célibataire
à Ragnies, près de Thuin, au château de la Borne, le 3 mai 1751.
Sa pierre tombale se trouve encore dans l’église de Ragnies
(Hainaut) ;
4) Guillaume-François qui suit ;
5) Florent-Norbert, né à Valenciennes le 20 janvier
1677 ;
6) Marguerite, née à Thuin, le 19 septembre
1663, mariée le 6 décembre 1685 à son cousin maternel, M.
Lambert Wiart, avocat ;
(1) Archives de l’État de Mons.
II. Guillaume-François de Hault,
né vers 1680, directeur des postes, échevin, puis maire
héréditaire de Bouchain en 1730, fit enregistrer ses armes à
l’Armorial général de 1696 (provinces des Flandres) : d’azur au chevron
d’argent, accompagné en chef de deux roses d’or, et en pointe
d’un lion morné de même. En 1708, il acquit des Jésuites de
Valenciennes la Seigneurie de Lassus, dont ses descendants
prirent le nom, et épousa :
(revoir page 4)
1) à Bouchain, le 20 mars 1696,
Jeanne-Hyacinthe Martinet, dont un fils ;
2) Charlotte-Michelle Taisne, fille d’Albert
Taisne, seigneur de Bandayet et Mégoval, et
de Jeanne de Montfort,
dont deux enfants :
du premier lit : a) Guillaume, qui suit ;
du deuxième lit : b) Charles-Philippe, tige du rameau de Lassus,
rapporté plus loin ;
c) Martine-Thérèse-Joseph, mariée au chevalier Jacques de
Vitalis, capitaine au régiment de Provence, puis major
commandant la place de Bouchain.
III. Guillaume de Hault,
seigneur de la Caullerie, docteur et professeur de droit civil
en l’université de Douai, de 1757 à 1769, né à Bouchain en 1709,
mourut à Douai, paroisse Saint-Albin, le 12 avril 1769, et fut
inhumé dans le chœur de cette église. Il avait épousé
Marie-Cécile Marcotte, morte à Douai, paroisse Saint-Albin, le 5
janvier 1741, âgée de trente-deux ans (1). Ils laissèrent deux enfants :
1) Guillaume-François-Joseph, qui suit
2) Léon-Marie, seigneur de la Caullerie, avocat
au Parlement de Flandre, échevin de Douai, où il mourut,
paroisse de Saint-Albin, le 9 novembre 1759, âgé de vingt-six
ans, inhumé dans le chœur de cette église.
IV. Guillaume-François-Joseph de
Hault, chevalier,
seigneur d’Estiembecque, nommé conseiller au Parlement de
Flandre le 14 août 1755, mourut en exercice en 1760. Il avait
épousé Léocade-Augustine Carlier, dame de Serques, Hudde,
Montbernacle, etc., morte à Douai, paroisse Saint-Albin, le 26
février 1770, âgée de trente quatre ans, et inhumée dans le
chœur de cette église. Ils laissèrent deux enfants :
1) Guillaume-Alexandre, qui suit ;
2)
Marie-Angélique-Josèph, née à Douai le 20 février 1760, morte le
31 décembre 1766, inhumée dans le chœur de l’église Saint-Albin.
(1) Chevalier de Ternas, Familles
Douaisiennes : Généalogie de Hault, 1870.
V. Guillaume-Alexandre-Joseph de
Hault, écuyer,
seigneur de Vaulx-Vraucourt, en Artois, de la Caullerie, d’Estiembecque
et de Serques, signa le cahier des doléances de la noblesse du
baillage d’Arras, en 1789. Il était né à Douai le 20 mars 1759,
et se maria, le 11 janvier 1780, à Jeanne-Nathalie Cambier,
fille de Michel-Maximilien Cambier, avocat au Parlement de Flandre, échevin de Douai, greffier
honoraire au Parlement. Ils eurent six enfants, qui furent les
derniers de cette branche :
1) Guillemine-Nathalie-Alexandrine, née à Douai
le 21 novembre 1780, morte célibataire en son château de
Vaux-Vraucourt, le 21 février 1846 ;
2)
Marie-Anne-Charlotte, jumelle de la précédente, épousa,
le 4 juillet 1804, Charles-
François le Gay,
propriétaire à Bancourt, près de Bapaume ;
(Il est important de souligner que notre
filiation directe remonte à cette ancêtre, Marie-Anne-Charlotte
de Hault, et que ses épousailles avec Charles-François le Gay,
furent le point de départ de notre descendance).
La mort en célibat des deux représentants
mâles de la famille, explique l’extinction des noms et titre de
cette branche des de Hault.
3) Clotilde-Pétronille-Josèphe, née à Douai, le
2 novembre 1781, morte célibataire, en
décembre 1853 ;
4) Guillaume-Charles-Félix de Hault,
écuyer, né le 3 octobre 1783, mort célibataire, le 16
mai 1866, en son château
de Vaulx-Vraucourt ;
5) Guillaume-François-Louis de Hault, écuyer,
né à Douai le 1er novembre 1784, mort
célibataire au château de
Vaulx-Vraucourt, le 22 novembre 1861 ;
6) Sophie-Léocadie, née au château de
Vaulx-Vraucourt, le 1er mars 1787, où elle est
décédée célibataire en
1875.
VI . Charles-François Le
Gay épousa
Marie-Anne-Charlotte de Hault le 4 Juillet 1804.
Ils eurent quatre enfants qui suivent :
- Emile né en 1805, épousa
Henriette Bize dont il eut trois enfants qui suivent.
- Henri Le Gay épousa Victoria
Decobu, dont trois enfants qui suivent.
- Marie Le Gay épouse Lebreton,
dont une fille, Henriette épouse Leroi, ci- dessous.
- Emile Le Gay époux Dollé.
- Fanny née en 1806,
épousa Henri Demory dont descendance.
- Adolphe né en 1807,
mort en célibat.
- Hippolyte né en 1811,
mort en célibat.
Henriette Lebreton, épouse Leroi, dont
descendance.
1.
Suzanne Marie Alexandrine Leroi née
en 1897 épouse Fernand Prévost dont descendance.
A.
Jacques Prévost né en 1929 époux de
Monique Coolzaet
Famille
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dont descendance.
a.
Marie-Agnès Prévost, épouse Ringeval |
b.
Christine Prévost, épouse Desfossés |
c.
Marie-Anne Prévost, épouse Belleval |
d.
Isabelle Prévost. |
e.
Alain Prévost, époux Deryck |
|
|
B. Robert Prévost né en
1929. |
C. André Prévost né en 1931. |
D. Jean-Claude Prévost né
en 1935. |
2. Robert Leroi époux Bruyer
III. Charles-Philippe de Hault,
écuyer, maire héréditaire de Bouchain, conseiller du Roi, reçut
des lettres de reconnaissances de noblesse en décembre 1780. Il
fut baptisé le 18 novembre 1714, et mourut en juin 1782. Il
avait épousé, par contrat passé à Valenciennes le 21 février
1737, Anne-Marguerite-Josèphe d’Arlot (alias Darlet), morte à
Bouchain, le 19 octobre 1797, fille du subdélégué de
l’intendance du Hainaut, receveur des domaines. Il eut de cette
alliance :
1) Pierre-Charles, qui suit ;
2) Louis-Joseph de Hault de Mégoval, écuyer, né
à Bouchain, le 25 mars 1740, lieutenant
au régiment de Provence,
le 30 novembre1764, devint ensuite conseiller au Parlement de
Flandre, puis entra en religion et devint professeur dans
l’Ordre des Frères Mineurs ;
3) Anne-Victoire-Amélie, née le 23 septembre
1746 ;
4) Pierre-Marie de Hault de Pressensé, écuyer,
né le 7 août 1753, trésorier principal des guerres et vivres à
La Rochelle, épousa Marie-Henriette Perry, protestante, fille de
Jean Perry et de Marguerite Meschinet de Richemont, le 21 mai
1792 : par suite de cette alliance, cette branche de la famille
de Hault devint protestante. Ils eurent un fils qui suit, et une
fille.
Victor-Joseph de Hault de
Pressensé, écuyer, qui épousa Marie-Victoire-Alexandrine-Hollard
(1798-1865). De ce mariage naquit le 27 janvier 1824 le pasteur
Edmond de Hault de Pressensé, l’une des illustrations du
protestantisme contemporain, docteur en théologie, chevalier de
la Légion d’honneur, officier de l’instruction publique,
ancien membre de
l’Assemblée nationale, sénateur inamovible, membre de
l’Institut.
Il épousa Élise du
Plessis-Gouret, dont il eut quatre enfants :
a) Francis de Hault de Pressensé, ancien
attaché d’ambassade, publiciste ;
b) François-Victor de Hault de Pressensé,
ancien officier de marine ;
c) Hélène, mariée en 1869 à Auguste Beguer ;
d) Émilie de Hault de Pressensé.
M. le sénateur de Hault de
Pressensé est mort le 8 avril 1891 ;
5) Jacques Joseph de Hault, écuyer, né le 10
février 1741 ; parrain, son oncle, le chevalier de Vitalis ;
marraine, sa tante, la baronne de Cingal, née d’Arlot.
2e Branche
ALLEMAGNE, CHAMPAGNE, LORRAINE et
HAINAUT.
MARQUIS DE LASSUS ET DE LUZIÈRES, BARONS DE NOELCHAMPS,
SEIGNEURS DE GUICHAUMONT, DE MALLAVILLER, DE COURCELLES, DE LIGNOT, DE PELMOUSTIER, DE LA BORDE ET
AUTRES LIEUX.
Armes : D’azur, à un
roitelet d’or volant vers un soleil de même, mouvant de l’angle
dextre de l’écu ; coupé d’argent, à une aigle de sable essorante.
Couronne : De marquis.
Supports : Deux licornes.
Devise : Nul bien sans
peine.
A famille DE HAULT
DE LASSUS, qui est originaire d’Allemagne, ainsi que l’attestent
des lettres-patentes du Roi Louis XVI relatées ci-dessous,
paraît s’être fixée en France, dans la province de Champagne,
sous le règne de l’Empereur Charles-Quint, vers 1530 ; mais elle
avait eu pour berceau, au XIIIe siècle, le diocèse de Trèves,
dans la province de Lorraine.
ette époque, son nom
primitif était DE SANCY. Le premier qui le porta et dont
l’existence est constatée par les chartes, fut Demange DE SANCY, écuyer, père de Jean
DE SANCY, dit
DE HAULT (de Alto),
écuyer, dont le nom se retrouve dans trois chartes des années
1313, 1372, 1377.
Cette noble famille s’est
divisée en deux branches : la branche aînée, qui continua de
résider en Lorraine et qui paraît s’être éteinte à l’époque de
la révolution de 1789. A cette branche appartenaient
Joseph-Louis DE HAULT DE MALAVILLER, qui, en 1761, fut admis par le Roi au
nombre des gentilshommes de l’Ecole royale militaire, et
Sébastien DE HAULT, qui reçut de S. A. R. le duc
Léopold des lettres-patentes de chevalier et de baron, données en septembre de l’année
1726.
Et la branche cadette, qui
alla s’établir en Champagne, comme nous l’avons dit ci-dessus,
vers 1530.Nobiliaire universel par M .le Vicomte de
Magny (Louis Drigon de)
Bibl Nle Réf G 6339 Tome II (1858-1855).
Cette branche, de laquelle
sont sortis les marquis de Luzières et de Lassus, actuellement
existants, possède dans ses archives un grand nombre de titres
originaux dont nous avons eu la communication et à l’aide
desquels il nous a été facile d’établir la filiation
généalogique d’une manière suivie et non
interrompue à partir de Pierre De Hault, qui forme le premier
degré de la descendance.
La branche aînée a porté
pour armoiries : D’azur à trois
pattes de lion d’or, posées en fasce, l’une au- dessus de
l’autre. Il est présumable que la branche
cadette ne cessa de porter les mêmes armoiries qu’à partir du
jour où il lui en fut concédé de nouvelles par le Roi Louis XVI.
Premier degré
I. Pierre DE HAULT,
écuyer, qui était, en 1544, lieutenant du mayeur de Sommevoire
(titre original). Il a laissé, d’une alliance dont le nom est
ignoré, le fils qui suit.
Deuxième degré
II. Girard ou Gérard DE HAULT,
écuyer, seigneur de Guichaumont, dans la prévôté de Vassy, dont
l’existence est constatée par vingt titres originaux conservés
aux archives de la famille. En 1570, il était conseiller et
auditeur des comptes de la Reine d’Écosse, douairière de France,
ainsi qu’il appert d’une quittance originale du 1er
août de ladite année.
Sous le règne de François
Ier et de François II, il exerça les fonctions de trésorier et
garde de l’artillerie, ainsi que l’attestent des
lettres-patentes du Roi Henri III en date du 28 mai 1578. (titre
original.)
De son alliance avec
damoiselle Marguerite ROLLAND, il a laissé cinq fils, savoir :
1) Pierre DE HAULT,
dont l’article suit ;
2) Jean DE HAULT,
qui était en 1590, grand archidiacre et chanoine en l’église
cathédrale de Saint-Pierre de Troyes (Titre original). En 1592,
il rendit ses comptes à ses trois neveux, Nicolas, Gallade et
Alexandre DE HAULT (titre original) ;
3) Louis DE HAULT,
écuyer, seigneur dudit lieu et de Pelmoustier, La Borde et
Gervilliers, commissaire ordinaire des guerres ;
4) Jehan DE HAULT,
écuyer, seigneur de Châteaujutant, qui était, en 1589, maître
d’hôtel de haute et puissante dame Diane de la Marck, veuve de
feu haut et puissant seigneur messire Jean Babou, en son vivant
comte de Sagonne et mestre de camp de la cavalerie légère de
France (titre original) ;
5) Nicolas DE HAULT,
seigneur de Courcelles, maire de la ville de Troyes.
Troisième degré
III. Pierre
DE HAULT, IIe du nom, écuyer, conseiller du Roi
au baillage de Chaumont en Bassigny, en 1590 (titre original),
qui mourut jeune, laissant trois enfants en bas âge sous
la tutelle de son frère,
Jean DE HAULT, grand archidiacre et chanoine de Troyes.
Ses trois enfants sont :
1) Nicolas DE HAULT,
qui suit ;
2) Gallade DE HAULT,
écuyer ;
3) Alexandre DE HAULT,
écuyer.
Ces trois enfants
demandèrent, en 1590, à être émancipés et comparurent à cet
effet par- devant M. de Gondrecourt le 9 février de ladite
année, et à ce sujet ils furent assistés d’un grand nombre de
gentilshommes, leurs parents, amis ou alliés, au nombre desquels
nous citerons : Pierre de Grand, écuyer, seigneur de Briocourt ;
Étienne Perret, écuyer, seigneur de Fresnoy ; Louis de Hault,
seigneur de Pelmoustier, La Borde et Gervilliers ; Nicolas de
Hault, seigneur de Courcelles ; Nicolas de Marguenat, seigneur
de Belcourt et de Guichaumont ; Pierre de Beureville, écuyer,
commissaire ordinaire des guerres, et Sébastien de Mauroy,
échevin de la ville de Troyes.
Quatrième degré
IV. Nicolas
DE HAULT, écuyer, seigneur de Courcelles et de
Lignot, en 1605, épousa noble damoiselle Élisabeth Bazin, dont
il eut deux fils, savoir :
1) Nicolas, qui suit ;
2) Reine DE HAULT,
écuyer, seigneur dudit lieu, qui épousa Jacqueline de Cossette,
fille de Nicolas de Cossette, écuyer, seigneur de Campbos,
demeurant à Bouillancourt sous Miannay, près d’Abbeville, et
d’Adrienne Le Roy. Elle était veuve le 30 janvier 1663, date du
mariage de Henriette DE HAULT, leur fille, avec Jean de la
Gauterie, écuyer, seigneur de Gand.
Cinquième degré
V. Nicolas DE HAULT,
IIIe du nom, écuyer, seigneur de Courcelles, capitaine de
cavalerie, fit la plupart des guerres de Flandre. Les blessures
qu’il reçut dans une de ses campagnes l’obligèrent à fixer sa
résidence dans la province de Hainaut, où il fit souche dans la
personne de son fils, rapporté ci-après. (Voir page 7, branche du
Hainaut).
Sixième degré
VI. Guillaume
DE HAULT, seigneur de
Lassus, né vers 1680, était maire de la ville de
Bouchain, en 1720 ; il
épousa en deuxième noces Charlotte-Michelle Taisne, fille d’Adalbert
Taisne, seigneur de Bandayet et Mégoval, et de Jeanne de
Montfort, dont il eut deux enfants. (Dans cette
étude de la branche des DE HAULT DE
LASSUS, nous ne nous attacherons qu’à
suivre le fils aîné des
secondes noces, qui suit).
Septième degré
VII. Charles-Philippe DE HAULT DE LASSUS, né en 1714, baptisé le 18 octobre
de la même année, conseiller de Sa Majesté, maire héréditaire de
la ville de Bouchain, dans le Hainaut, qui reçut, en récompense
de ses fidèles et nombreux services, des lettres de noblesse (1)
données à Versailles
au mois de décembre 1780, dont l’original est conservé aux
archives de la famille.
Ces lettres portent que sa
famille, originaire
d’Allemagne, s’est fixées en France depuis près de deux siècles, où elle a
toujours vécu noblement. Elles contiennent aussi le
passage qu’on va lire, et que nous citons textuellement :
" Alliée à l’ancienne
noblesse, à des officiers supérieurs de nos troupes, à des
magistrats de notre Conseil et des cours supérieurs, elle a
produit plusieurs sujets distingués soit au Parlement de
Flandres, soit dans la profession des armes, tels, entre
autres, que l’oncle du sieur DE HAULT DE LASSUS, lequel était capitaine aide-major
au régiment d’infanterie de Tallard, et qui eut l’honneur de
recevoir, des mains mêmes de Louis XVI, la croix de l’ordre
militaire de Saint-Louis ; soit dans l’Université de Douai, où
l’un d’eux, mort en 1769, était professeur en droit civil et
canonique, et dont les talents, les lumières et la sagesse lui
avaient concilié l’amour et le respect de ses concitoyens, ainsi
que l’estime et la confiance du ministère. "
" Aux services que le
sieur DE HAULT DE LASSUS et son père ont rendus dans les
fonctions de la charge de maire royal de Bouchain, qu’ils ont
successivement remplie avec distinction, se réunit la
considération de ceux du feu sieur d’Arlot, son beau-père,
subdélégué de la châtellenie de Bouchain, et du sieur
Pierre-Charles DE HAULT DE LASSUS, seigneur de Luzières, fils dudit
sieur DE HAULT DE LASSUS, notre conseiller au siège royal
de Bouchain, et subdélégué actuel de la même châtellenie. "
" A la paix d’Utrecht, ce
canton se trouvait presque entièrement dévasté : la culture
était abandonnée, le commerce anéanti ; il ne restait aux
habitants aucune ressource pour payer les impositions royales,
et la dette à cet égard était devenue très considérable. Le
sieur d’Arlot, qui fut alors chargé de l’administration, ranima
l’agriculture et le commerce, et, par ses soins, en peu d’années
la dette des impositions fut acquittée ; cinq vastes chaussées
furent construites, et la navigation sur la Scarpe fut
rétablie. "
(1) Nous ferons remarquer une fois de
plus, comme nous l’avons déjà fait en maintes occasions
analogues, que ces lettres de noblesse sont bien plutôt des
lettres confirmatives ou recognitives, que des lettres
d’anoblissement pur et simple ; en effet, il est dit dans ces
lettres que le père du concessionnaire était noble et seigneur
de Lassus, et que son père jouissait des mêmes qualités.
" Élevé sous ses yeux, et
son successeur dans la subdélégation, le sieur Pierre-Charles DE HAULT DE LASSUS, seigneur de Luzières, a suivi ses
traces, et les chefs de l’administration de la province nous ont
rendu les témoignages les plus satisfaisants de tout ce que son
zèle et son dévouement pour le bien public lui ont fait faire
d’utile dans certaines circonstances. Il s’est occupé d’abord
des moyens d’établir la double navigation des rivières de
l’Escaut et de la Sensée ; il en avait concerté le projet avec
le sieur Laurent, marquis de Villedeuil, son oncle, chevalier de
l’ordre de Saint-Michel ; il en facilita depuis l’exécution avec
le plus grand succès. "
" C’est avec ses vues
éclairées que les habitants de la châtellenie de Bouchain sont
redevables du desséchement et du défrichement de terrains
immenses. L’épizootie s’étant manifestée en 1770 et 1773 dans
plusieurs paroisses de la subdélégation, il parvint à ces deux
époques, par sa prévoyance et son activité, à arrêter les effets
funestes de ce fléau. Occupé du soulagement de ceux des
habitants qui se trouvaient avoir besoin de secours, il est
parvenu à leur en procurer d’efficaces, de même qu’aux personnes
incendiées ou attaquées de maladies épidémiques, et à faire
accorder des indemnités aux laboureurs peu aisés dont
l’intempérie des saisons avait détruit les récoltes ou qui
avaient essuyé des pertes en denrées ou en bestiaux. Nos
commissaires départis en Haynaut, qui l’ont toujours honoré de
leur confiance, ont donné, d’après ses avis, plusieurs
règlements dont les principaux ont eu pour objet de bannir la
mendicité, d’établir dans les campagnes des femmes instruites
dans l’art des accouchements, de fixer la marche à suivre dans
l’administration des communautés, et la forme de leur
comptabilité ; de simplifier la perception des impôts ;
d’indiquer les moyens de prévenir les incendies ; enfin de
pourvoir, sans le secours des corvées, à l’entretien des
chaussées, des grandes routes, des rivières et des canaux. Tout
ce qui a rapport à l’agriculture et au commerce ne pouvait
échapper à son zèle, et à l’accroissement qui s’est fait
progressivement dans ces deux parties si importantes, est le
fruit de l’attention particulière qu’il y a donnée. D’ailleurs,
lors des différentes députations dont il a été chargé au nom de
la Châtellenie de Bouchain, soit pour solliciter des secours en
faveur de son administration, soit pour faire agréer au
gouvernement des travaux publics nécessaires au pays, il a
exposé et fait valoir les droits et les intérêts de cette
châtellenie avec autant de clarté et de sagacité que d’énergie,
et en jouissant de la satisfaction de voir ses demandes suivies
d’un succès favorable, il a emporté aussi celle d’obtenir les
éloges de ceux de nos ministres avec lesquels il a eu l’avantage
de traiter de ces objets. "
" Enfin il a apporté
l’attention la plus suivie à ce qui concerne directement notre
service, surtout dans les circonstances actuelles, où, chargé de
diriger les transports qui se font par terre des mâts et des
différentes munitions navales depuis la ville de Bouchain
jusqu’à celle de Saint-Quentin, nous savons qu’il déploie le
zèle le plus actif et le plus fécond en ressources, à l’aide
desquelles il surmonte toute espèce d’obstacles, aplanit les
difficultés et assure par là le succès de cette nouvelle
opération si intéressante pour la facilité du service de notre
marine. "
" Telles sont les
considérations multipliées qui déterminent la grâce que nous
destinions à son père, et dont les effets éprouvés dès à présent
par son fils, en formant la récompense justement due à des
services aussi essentiels, l’animeront de plus en plus a bien
mériter de nous et de l’État, et seront un motif puissant pour
exciter ses descendants à le prendre pour modèle dans les
sentiments comme dans la conduite. "
Charles-Philippe DE HAULT DE LASSUS, avait épousé, par contrat passé à
Valenciennes le 21 février 1737, demoiselle
Anne-Marguerite-Josèphe d’Arlot, fille de Pierre-Charles d’Arlot,
receveur des domaines et subdélégué de la ville et châtellenie
de Bouchain, et de dame Jeanne-Marie Gallet. Il est mort au mois
de juin 1782, laissant de cette alliance deux fils, savoir :
1) Pierre-Charles DE HAULT DE LASSUS, qui suit ;
2) Pierre-Marie DE HAULT DE
PRESSENSÉ, qui a laissé postérité.
Huitième degré
VIII. Pierre-Charles DE HAULT DE LASSUS, marquis de Luzières, né et baptisé le 9
mars 1738, fut conseiller du Roi, maire royal héréditaire de la
ville de Bouchain, subdélégué de l’intendance de la généralité
de Hainaut, et créé chevalier de l’ordre royal de Saint-Michel
par lettres- patentes données à Versailles le 19 février 1786.
Dans ces lettres il est dit que " Sa Majesté ayant été instruite
de l’intelligence que M. Pierre-Charles DE HAULT DE LASSUS montre dans la charge qu’il occupe
depuis si longtemps de conseiller maire
héréditaire de la ville de Bouchain, dans le Hainaut,
charge dans laquelle il a succédé à son père, ainsi que des
témoignages vraiment avantageux que les différents
administrateurs de ladite province lui ont rendu de ses services utiles et
distingués, elle a cru devoir l’honorer de la croix de
son ordre de Saint-Michel. "
Voici d’ailleurs la copie
textuelle de la lettre de nomination qui lui fut adressée par
Sa Magesté le Roi Louis
XVI :
" Monsieur de Hault de Lassus, voulant vous
témoigner la satisfaction que j’ai de vos services, je vous ai
nommé chevalier de mon ordre de Saint-Michel, en satisfaisant à
ce qui est requis par les statuts, dont vous serez informé par
mon cousin le maréchal duc de Lévis, chevalier de mes ordres, me
promettant que l’honneur que je veux bien vous faire vous
engagera à me continuer vos services avec zèle et affection.
Sur ce, je prie Dieu qu’il vous ait,
Monsieur de Hault de Lassus, en sa sainte garde.
Écrit à Versailles, le 19 février 1786. "
? " Signé :
Louis. "
Pierre-Charles DE HAULT DE LASSUS, épousa, par contrat passé à Bouchain le 13
mai 1765, demoiselle Domitilde-Josèphe Dumont, fille de feu
Nicolas-Joseph Dumont, échevin de ladite ville, et de dame
Jeanne-Augustine de Breda, sa veuve. Du côté de l’époux les
témoins furent MM. Pierre d’Arlot, subdélégué au département des
ville et châtellenie de Bouchain ; Jacques de Vitalis,
commandant et lieutenant du Roi au gouvernement de Bouchain ;
Jean de Cingal, chevalier de l’ordre royal et militaire de
Saint-Louis, et dame Jeanne d’Arlot, son épouse, Rémy d’Arlot,
échevin de la ville de Bouchain. Il exerça les fonctions de
maire royal de la ville de Bouchain jusqu’à la révolution, et le
30 juin 1790 il émigra aux Etats-Unis d’Amérique, muni d’un
passeport signé par le Roi, dans lequel Sa Majesté le qualifia
de marquis
(titre original).
Il y est décédé en 1799, laissant pour fils :
1) Charles-Auguste, dont l’article viendra ;
2) Domitilde DE HAULT, décédé à Hazebrouck sans postérité
3) Jacques-Marcellin-Céran
DE HAULT DE
SAINT-VRAIN né le 30 mars 1770 ;
4)
Philippe-François-Camille
DE HAULT DE LASSUS, né le 20 décembre 1778.
Ces deux derniers décédés aux Etats-Unis
d’Amérique.
IV. Pierre-Charles de
Hault de Lassus, marquis de Lassus et de Saint-Vrain, né le
9 mars 1738, conseiller du Roi, créé chevalier de Saint-Michel
par lettres données à Versailles le 19 février 1786, subdélégué
de l’intendance de Bouchain et maire héréditaire. Il fut
convoqué, comme son frère, à l’assemblée de la noblesse du
baillage du Quesnoy en 1789, émigra en Amérique, où il mourut en 1799, à
la paroisse Sainte-Geneviève, comté du Missouri, s’y faisant
appeler le marquis de Hault de Lassus depuis le 30 juin 1790,
époque où il lui avait été délivré un passeport signé du Roi
Louis XVI, dans lequel ce titre était repris.
Il épousa, le 13 mai 1765,
Domitilde-Josèphe du Mont, fille de Nicolas du Mont, échevin de
Bouchain, et de Jeanne de Breda, dont il eut :
1) Pierre-Joseph-Domitile de Hault de Lassus, écuyer, né à Bouchain, le 19 septembre
1766, marié à Marie-Josèphe-Gabrielle Bouchelet, dame de
Berlaymont, Saint-Souplet et
autres lieux, dont une
fille, Marguerite-Charlotte, née le 16 février 1790, épousa le
baron
Pierre Bourguignon d’Herbigny,
mort gouverneur de la Louisiane ;
2) Charles-Auguste, qui suit ;
Neuvième Degré
Charles Auguste DE HAULT DE LASSUS
IX. Charles-Auguste DE HAULT DE LASSUS et de Luzières, écuyer, se qualifiant
marquis de Lassus en vertu du passeport accordé à son père,
était né à Bouchain le 14 novembre 1767. Il prit du service en
Espagne en 1785, fut nommé enseigne des gardes wallonnes en 1782.
(Histoire des
gardes wallonnes, par le général baron Guillaume, ancien
ministre de la guerre de Belgique.)
Il devint colonel des
gardes wallonnes dans lesquelles il se distingua
particulièrement par sa bravoure et ses talents militaires. Tous
les titres de la famille sont encore conservés aux archives de
la famille. Grâce à ses brillants services, il obtint du Roi
d’Espagne la permission d’aller rejoindre sa famille en
Amérique, et fut nommé à cette occasion, par Sa Majesté
catholique, gouverneur de la Haute-Louisiane. Dans l’exercice de
ces hautes fonctions, il eut l’occasion de rendre quelques
services importants au duc d’Orléans, pendant le voyage qu’il
avait entrepris incognito dans ces contrées. Dés qu’il fut monté
sur le trône, ce prince crut devoir renouveler au marquis DE LASSUS l’expression de son affection et de
sa reconnaissance, et lui adressa à cette occasion deux lettres
autographes dans lesquelles il le qualifie du titre de marquis.
" Charles-Auguste
DEHAULT DELASSUS fut le dernier Lieutenant Gouverneur
Espagnol de la Haute-Louisiane, et surveilla à ce titre, le
transfert de ce territoire à l’Amérique le 9 septembre 1804.
Comme nous l’avons vu précédemment, il n’était pas espagnol
lui-même, mais français né à Bouchain dans le Nord de la France.
Ses parents, réfugiés en Amérique lors de la révolution
française de 1789 et installés à New Bourbon, Haute-Louisiane,
se trouvèrent bientôt sans ressources, et réclamèrent
l’assistance de leur fils. Celui-ci abandonna sa charge et
demanda son transfert au bataillon de la Louisiane pour se
rapprocher de sa famille. En 1796
DE LASSUS est nommé
commandant à New Madrid, port commercial d’entrée du trafic sur
le fleuve du Haut Mississippi. Le 29 août 1799 il est nommé
lieutenant gouverneur de la Haute-Louisiane ce qui comprenait le
territoire où est aujourd’hui situé l’État du Kansas. DELASSUS envoie de l’argent à ses parents
qui continuent de mener grand train. Suite aux rumeurs qui
commencent à circuler sur la prise de pouvoir des nordistes sur
cette province, beaucoup de ses créditeurs exigent leur
remboursement. Le 9 mars 1804, obéissant aux ordres des
autorités espagnoles, il remit la province au major Amos Stoddard, représentant du gouvernement des
Etats-Unis. Ce jour là, DELASSUS fit cette proclamation au peuple de
la province :
" Habitants de la Haute-Louisiane ;
Sur ordre du Roi, je suis sur le point de livrer ce poste et ses
dépendances. Le drapeau sous lequel vous avez trouvé protection
pendant près de 36 ans est sur le point d’être retiré. A partir
de ce moment, vous êtes libéré du serment de fidélité que vous
avez prêté à mon égard. La fidélité et le courage avec lesquels
vous l’avez défendu ne seront jamais oubliés, et, en ma qualité
de représentant, je formule, à votre encontre, les vœux les plus
sincères de prospérité parfaite. "
Il est resté à Saint-Louis jusqu’à
l’automne suivant, où il fut affecté avec son régiment en
Floride. Pendant un temps, il fut stationné à Pensacola puis
nommé gouverneur de la Floride Ouest, avec son quartier général
à Bâton Rouge. Là, il fut capturé par la milice locale lors du
soulèvement de 1810. Ses parents décédés en 1806 lui avaient
d’importantes dettes et il reprit du service dans l’armée
espagnole en 1811, se maria la même année avec dame Adélaïda
Léonard. Peu après, il démissionna de l’armée et devint un civil
de la New-Orléans. Sa femme meurt en 1816 en lui laissant un
fils rapporté ci-après. Bien que la plupart des sudistes se
réclament encore de lui en Louisiane (Il se posait lui même
beaucoup de questions quand il était gouverneur), il n’est pas
honoré par les Américains. Il vécut à St Louis entre 1816 et
1826, et mourut à New-Orléans le 1er mai 1843, oublié
de tous.
Dixième degré
X. Auguste-Pierre-Gilbert DE HAULT,
marquis DELASSUS, né le 4 juillet 1813, s’est marié
le 5 janvier 1833, avec Marie-Louise-Jeanne Blanque, issue, par
sa mère de l’illustre maison des Mac-Carthy d’Irlande, dont il a
eu six enfants, savoir :
1) Charles-Auguste DE HAULT,
comte DE LASSUS,
né le 18 septembre 1833 ;
2) Louis-Barthélémy-Paul DE HAULT DE LASSUS, né le 19 août 1834, décédé en
1849 ;
3) Jean-Paul-Auguste
DE HAULT,
vicomte DE LASSUS,
né le 25 novembre 1835 ;
4) Pierre-Ernest
DE HAULT,
baron DE LASSUS,
né le 20 avril 1837 ;
5) Marie-Delphine
DE HAULT DE LASSUS, née le 28 juin 1838 ;
6) François-Placide
DE HAULT,
chevalier DE LASSUS, né le 17 août 1839.
Un territoire grand comme trois à quatre
fois l’Hexagone
L’avait-on oublié ? Il
fut un temps où l’Amérique était française : cette possession
baptisée " Louisiane " ne se limitait pas, loin de là, au petit
Etat que l’on connaît aujourd’hui. Elle s’étendait du Canada au
golfe du Mexique, des Rocheuses au Mississipi, soit l’équivalent
d’un tiers des actuels Etats-Unis ! Un beau jour, pour une
poignée de dollars, Bonaparte a vendu cet immense territoire aux
Américains, leur permettant de concrétiser leur rêve d’une
nation sur tout un continent. C’était il y a deux cents ans,
très exactement. Pourquoi ? Comment ? En prémices aux cérémonies
du bicentenaire, qui se dérouleront en décembre 2003 à la Nouvelle-Orléans,
l’écrivain Maurice Denuzières,grand reporter raconte cette
surprenante histoire.
Il y a deux cents ans, la France de
Bonaparte vendait à la toute jeune république américaine un
gigantesque morceau du continent, lui permettant ainsi de
commencer à former un ensemble d’un océan à l’autre. C’était une
bonne affaire ! Pour les Etats-Unis, qui venaient de proclamer
leur indépendance, ce fut en effet une affaire exceptionnelle.
En acquérant la Louisiane en décembre 1803, ils ont doublé leur
territoire pour la modique somme de 9,5 cents par hectare ! Il
faut bien rappeler que ce que l’on appelait " Louisiane "
s’étendait sur une superficie équivalant à 18 Etats américains
d’aujourd’hui. Le territoire de la Louisiane, cédé en 1803 par
Napoléon Bonaparte aux Etats-Unis était immense. Hormis les
nombreuses tribus des indiens d’Amérique, la Louisiane française
était relativement peu peuplée, avec à peine 50 000 habitants.
Bien qu’aucun relevé géographique exact n’est jamais été
effectué, sa superficie était estimée à environ 2 millions de
kilomètres carrés, soit près de quatre fois la France. La
"Grande Louisiane " s’étendait alors le long de la vallée du
fleuve Mississipi jusqu’aux Rocheuses (sauf le Texas). Les
possessions récupérées ainsi par les Etats-Unis recouvrent
aujourd’hui tout ou partie d’une quinzaine d’Etats actuels de
l’Union : Montana, Dakota du Nord, Dakota du Sud, l’ouest du
Minnesota, le Kansas, le Wyoming, l’Iowa, le Colorado, le
Nebraska, le Missouri, l’Oklahoma, l’Arkansas et l’actuelle
Louisiane.
Comment la France était
devenue propriétaire de cet immense territoire ?
Les Espagnols furent les premiers, au XVIe
siècle, à s’aventurer dans les régions centrales du continent,
espérant y trouver de l’or. L’un d’eux, Hernando de Soto, a
longtemps torturé en vain les indiens : il n’a récolté que la
fièvre jaune, dont il est mort en 1542. Son cadavre, déposé dans
un tronc d’arbre creusé, fut abandonné au Mississipi et dériva
vers le golfe du Mexique. Belle fin pour un conquistador…Après
lui les missionnaires jésuites connurent un sort comparable…
Mais un français de Rouen, Robert Cavelier
de la Salle, aura davantage de succès. Parti au Canada, il
cherche le fameux passage vers le Pacifique. A l’époque, on
croit que le Mississipi se jette à l’ouest, en Californie.
Cavelier entreprend alors la descente du fleuve.
Le Sud n’est pas encore très exploré à
l’époque.
On n’y rencontre que des aventuriers
anglais, espagnols, français, des chasseurs de castors, des
déserteurs, qui se croisent dans les forts, où ils font du troc.
La région n’est pas des plus accueillantes : dans le
garde-manger de l’une des tribus, Cavelier de la Salle découvre
des membres humains mis à sécher. Avec une trentaine de
personnes, il parvient pourtant à descendre le Mississipi en
pirogue sur plus de 3000 kilomètres. Un jour, l’eau du fleuve de
révèle salée : ils sont arrivés dans le delta, au golfe du
Mexique. Alors, sur le bord de l’océan, Cavelier fait découper
dans une marmite de cuivre les armes de Louis XIV, les encloue
sur un chêne et déclare : " Je te nomme Louisiane ! "
En hommage à son roi, d’une phrase il
s’arroge ainsi une bonne partie de l’Amérique du Nord ?
Oui. Le notaire qui l’accompagne décrit la
terre concernée, grande comme trois fois la France. Cavelier
informe Versailles. Surprise : le roi ne s’y intéresse pas.
L’aventurier devra beaucoup insister pour monter une nouvelle
expédition. Le voilà reparti avec une centaine de volontaires
sur deux navires. Mais il rate l’embouchure du Mississipi de
près de 600 kilomètres (aujourd’hui encore, le bon chenal est
très difficile à repérer). Ses gens meurent en nombre.
Découragés, les survivants se rebellent et l’assassinent en
1687.
Fin de l’aventure française ?
La Louisiane est en effet oubliée. Les
Anglais se promènent de temps en temps dans le golfe, mais ils
n’osent pas s’aventurer sur le Mississipi. En 1699 arrive
toutefois une nouvelle expédition française, conduite par Pierre
d’Iberville. Il retrouve le chenal, remonte le Mississipi et,
dans une belle courbe du fleuve, fonde l’établissement de la
Nouvelle-Orléans (en hommage au régent, le duc d’Orléans). En
1718, l’architecte Adrien de Pauger en dessine le plan avec des
rues en angle droit, ce que l’on appelle aujourd’hui le " Vieux
Carré ".
Que veulent faire les Français de cette
colonie du bout du monde ?
Ils espèrent découvrirent des richesses
minières. Au lieu de cela, ils ne trouvent que des marécages
infestés d’alligators et de moustiques, et la fièvre jaune. Par
chance, les indiens locaux, les Choctaw, sont très doux et leur
apprennent à cultiver le maïs (le " blé indien "). Mais la
colonie ne rapporte rien, elle coûte très cher : il faut sans
cesse envoyer de France du matériel, des hommes, de la
nourriture. Lassé, Louis XV donne le monopole d’exploitation du
territoire à un financier écossais, John Law : les bénéfices que
celui-ci en tirera seront à lui. C’est une véritable
privatisation ! Pour attirer les colons, John Law crée la
Compagnie du Mississipi, dont il propose les actions à grand
renfort de publicité : la Louisiane est un paradis, au climat
merveilleux, au sous-sol regorgeant de minerais…A Paris, les
spéculateurs signent leurs achats sur le dos d’un indien bossu,
censé leur porter bonheur.
Cela n’attirent pas des colons pour autant.
Il y a peu de candidats. Pour peupler un
pays, il faut des femmes. On envoie à La Nouvelle-Orléans des
jeunes orphelines françaises de bonnes familles désargentées, à
qui le royaume donne un trousseau et un petit viatique (on les
appellera les " filles à cassettes ". Imaginez ces oies blanches
face à ces aventuriers rustauds habitués aux jolies Choctaw…Le
résultat ne sera que désespoirs et, dit-on, suicides…Il va
falloir trouver d’autres dames. Cette fois, on les prend, de
force, dans les prisons : les fausses saunières, qui se
livraient au trafic du sel, et des prostituées sont emmenées en
charrette à La Rochelle et embarquées pour le Nouveau Monde.
C’est l’histoire de Manon Lescaut.
Sauf que les vraies Manon n’ont pas pu
mourir de soif dans le désert : il y a de l’eau partout en
Louisiane ! Ces filles là sont les ancêtres des familles qu’on
appelle aujourd’hui "créoles ", qui se réclament d’une
ascendance française (sans rappeler leur origine un peu
particulière). Petit à petit, La Nouvelle-Orléans se peuple.
Vers 1730, on inaugure les premières plantations de coton. La
Louisiane découvre l’ " or blanc ".
Au prix de l’esclavage…Car contrairement à
ce que l’on croit généralement, les Français eux aussi se sont
fait négriers.
Les premiers esclaves étaient arrivés
d’Afrique via les colonies anglaises. Mais c’est vrai, les
Français, surtout les Nantais, en importent eux aussi en
Louisiane, car les Indiens ne se laissent pas asservir. Alors
que Louis XIV s’était opposé à la traite, Louis XV se montre
plus laxiste… Le coton ne suffit pourtant pas, la Louisiane
coûte toujours très cher au royaume. Le roi décide d’en faire
cadeau à son cousin d’Espagne. Le 3 novembre 1762, les
Louisianais s’endorment français. Le lendemain, ils se
réveillent espagnols. Mais ils ne le sauront que bien plus
tard…Le nouveau gouverneur n’arrive qu’en1766, avec 30 vieux
soldats portant barbichette. Pour les Louisianais, cela ne
change pas grand-chose. Les navires arborent toujours le
pavillon à fleurs de lis, et les deux communautés cohabitent
dans une forme de gouvernement mixte. Jusqu’au jour où le
gouverneur a la fâcheuse idée de remplacer l’importation des
vins de Bordeaux (dont les Louisianais font une forte
consommation) par celle du vin d’Espagne.
C’est un vrai sacrilège !
C’est une révolution ! Le bordeaux devient
le symbole du patriotisme. Les Français mettent le gouverneur
espagnol sur un bateau avec femme et enfants. Destination Cuba.
Adieu l’Espagne ! Et une nouvelle fois, les Louisianais
demandent à réintégrer le giron français…Le roi ne les recevra
même pas. Il ne veut plus entendre parler de cette insupportable
colonie ! Dépités, une poignée de Louisianais décident de fonder
une…république indépendante.
Une république ! Dix ans avant la Révolution
américaine, treize ans avant la Révolution française ?
Mais oui ! Ce devait être la première
république des temps modernes. Certains insurgés avaient lu
Jean-Jacques Rousseau, d’autres s’inspirent du modèle des
cantons suisses…Ils prennent possession de l’administration,
rédigent un brouillon de Constitution, décident de créer un
Parlement. Mais le roi d’Espagne envoie 23 vaisseaux à La
Nouvelle-Orléans pour rétablir ses prérogatives. Les six
principaux insurgés sont condamnés à mort. Comme on ne trouve
personne pour les pendre, même pas les esclaves, ils sont
fusillés. La France ne bronche pas.
Pendant ce temps, au Nord, c’est la
révolution, la vraie : la guerre d’indépendance, la fondation
des Etats-Unis d’Amérique. Suit, en Europe, la Révolution
française…
L’écho de ces événements soulève peu de
vagues en Louisiane. L’arrivée au pouvoir de Bonaparte va tout
changer. Il ne comprend pas pourquoi on a offert aux Espagnols
ce territoire qui ferait une bonne base française, et il sait
que, en 1796, un traité signé entre la France et l’Espagne
comportait une clause secrète évoquant la restitution de la
Louisiane…à la France. En 1800, par un second traité, lui aussi
secret, Bonaparte confirme cette cession (en échange de Parme).
La Louisiane est redevenue française, mais personne ne le sait !
Cela devient une habitude…
Ce n’est qu’en mars 1803 que La
Nouvelle-Orléans voit arriver son …préfet, le baron de Laussat.
Celui-ci découvre avec stupéfaction que la moitié des 50 000
Louisianais sont…noirs (mais leur sort est déjà réglé : le
Consulat a édicté que l’esclavage serait maintenu dans la
colonie). Les planteurs réservent aux Français un accueil
chaleureux.
Et les Américains dans cette histoire ?
Ils ne sont pas restés inactifs. Pour Thomas
Jefferson, président des Etats-Unis, si les Français reprennent
la haute main sur les bouches du Mississipi, ils risquent de
fermer l’accès au fleuve et de contrôler le commerce. Informé de
l’accord secret, Jefferson a pris les devants : pendant que le
préfet français faisait route vers l’Amérique, un envoyé des
Etats-Unis naviguait vers la France. Sa mission : négocier avec
Bonaparte le rachat de l’île d’Orléans, le petit territoire dans
le delta qui garantit l’accès au Mississipi. James Monroe,
l’émissaire, et Robert Livingstone, ambassadeur des Etats-Unis à
Paris, proposent une grosse somme pour cette acquisition. La
réponse de Bonaparte les stupéfie : pour le même prix, il offre
la Louisiane tout entière ! Un million six cent mille kilomètres
carrés pour 15 millions de dollars (environ 300 millions de
dollars d’aujourd’hui). Les Etats-Unis doublent d’un coup leur
superficie ! Les deux envoyés signent sans même avoir le temps
de prévenir Jefferson.
On les comprend.
Pourtant, il se trouvera au Congrès
américain des esprits pour juger inutile l’achat de cet immense
désert. Jefferson saura plaider sa cause. Quant au préfet
Laussat, il prend possession de la Louisiane pour… la remettre
aux Américains. Le 20 décembre, c’est la bannière étoilée qui
flotte sur la Nouvelle-Orléans. La Louisiane est américaine.
Français, puis espagnols, puis français sans
le savoir, et maintenant américains. Comment les Louisianais
prennent-ils ce nouveau revirement ?
La plupart acceptent la citoyenneté
américaine. Finalement, la cession s’est bien passée, le
commerce fluvial a augmenté, la culture du coton s’est d’autant
plus développé que le Nord en avait besoin pour ses filatures.
La Louisiane est devenue officiellement le 18e Etat
de l’Union en 1812.
Jefferson poursuivra sa vision d’une
Amérique allant de l’Atlantique au Pacifique, qui sera achevée
dans les décennies suivantes, avec la conquête de l’Ouest.
Pourquoi Bonaparte a-t-il soudain renoncé ?
Jamais il n’aurait pu garder un tel
territoire. Il lui aurait fallu mobiliser beaucoup de troupes,
ce qui lui était alors impossible. Si la France avait gardé la
Louisiane, l’Histoire aurait tourné autrement : peut-être
aurions- nous ensuite acheté le Texas et aurions-nous
aujourd’hui du pétrole. Dans ses notes personnelles, Jefferson
indique d’ailleurs qu’il faut très vite envoyer des Anglo-Saxons
en Louisiane afin d’éviter que celle-ci ne reste française.
Elle le restera toujours un peu malgré tout…
Française et sudiste. Pendant la guerre de
Sécession, le général qui gagne la dernière bataille contre les
nordistes est d’origine française. Plus tard, nombre de
Louisianais, des blancs et des noirs, seront tués en France
pendant les deux guerres mondiales. Et le premier Américain qui
entrera dans Paris en 1944, avec son ordonnance - un Noir, bien
sûr – au volant de sa Jeep, sera un Louisianais, nommé Sam
Broussard…En Louisiane, l’Histoire est toujours vivante. Il
m’est arrivé de voir des vieilles dames changer de trottoir sur
Canal Street pour ne pas passer sous le drapeau américain. La
ségrégation est devenue mondaine : certaines femmes se mettent
des mousselines pour éviter de bronzer (ce qui pourrait alors
laisser penser qu’elles ont des origines noires)…Malgré tout,
dans les cimetières de la Nouvelle-Orléans dorment côte à côte
les Fernandez, les Marigny, les Segura…et les Champagne,
ancêtres de l’un de mes amis noirs (sans doute ainsi baptisés
parce qu’ils servaient dans les réceptions). Ce riche passé
colonial, ambigu et très romanesque, c’est le nôtre, celui de la
vieille Europe. C’est la raison pour laquelle il séduit toujours. Entretien
réalisé par Dominique Simonnet.
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