L'auteur (Jacques Prévost )  dans généalogie

GÉNÉALOGIE DE LA FAMILLE De HAUT

 

Annuaires de la Noblesse de France par M. Borel d’Hauterive,

Continué par le Vicomte Albert Révérend, Année 1893

(Bibliothèque Nationale P 302)

 

Notice Historique sur les DE HAULT, en LORRAINE, CHAMPAGNE, HAINAUT

Le nom de Hault, du Hault, ou le Hault est très anciennement connu dans les provinces de Lorraine, de Flandre et de Hainaut.

Une famille d’ancienne chevalerie, du nom de Sancy, seigneurie et prévôté situé en Lorraine, près d’Audun Le Roman, a prouvé, le 13 septembre 1726, devant la Cour des comptes de Lorraine, sa filiation suivie depuis Demange de Sancy, écuyer, marié à Isabelle de Ruette et père de Jean de Sancy, dit " de Hault ", écuyer, connu par des actes de 1372 et 1377 ; il fut châtelain de Longwy (1), et épousa Marguerite de Sterpigny, dont un fils qui suit :

(1) M. Prechac ( Bulletin de la Société d’Histoire et d’Archéologie de la Moselle,t. X, 1867 ), donne la note suivante sur la maison de Hault de Sancy :  " En 1183, Robert de Sancy, chevalier, Widric,Hugo, Loys et Ulrich, ses frères, donnèrent au monastère de Saint-Hubert, en Ardennes, la seigneurie de Saint-Brice, située devant Sancy, la demeurance ( devenue ensuite le prieuré des religieux de Saint-Hubert jusqu’en 1793 ), et l’église dudit Saint-Brice ( menacée aujourd’hui de démolition ), en outre, celles de Freville, d’Ottange, de Mondeler, d’Arronville, de Neufchiefs, et la part que ledit Robert de Sancy avait au village de Ametz…,etc. "

Jean de Hault, seigneur de Valleroy, Moineville, Bouvilliers, "  fit foi et hommage à Édouard III, duc de Bar ", en 1417 ; il épousa Mariette de Landres, fille de Robert de Landres, dit de Briey.

Leur descendance a donné Jean de Hault, député aux États de Blois, qui fut père d’Érard, qui suit :

Érard de Hault, seigneur de Malavillers, Quivry, cité dans une reprise de fief en 1612, épousa en 1614, Marguerite de Bettainvilliers, d’où :

Alexandre, seigneur de Malavillers et de Quivry, qui épousa à Sancy, le 6 janvier 1656, Christine Thomassin, laissa cinq enfants, qui se partagèrent ses biens, suivant acte passé par Maître Viot, notaire royal à Sancy, le 22 Novembre 1694 :

1e) Jacques, baron de Noelchamps, seigneur de Malavillers, marié à Gabrielle-Christine de la Hausse, d’où : Jean-Georges, capitaine au régiment royal-artillerie, chevalier de Saint-Louis, marié le 9 janvier 1748, à, Justine-Marie-Michelle du Breuil-Helion de Combes, dont Joseph-Louis, élève de l’École militaire ;

2e) Henry, seigneur de Quivry ;

3e) François, marié en 1688 à Marguerite de Neufforge, dont :

Sébastien, lieutenant de cuirassiers au régiment de Mercy, qui obtint, le 12 septembre 1726, par lettres patentes de Léopold duc de Bar et de Lorraine, sur preuves remontant à son neuvième aïeul, Demange de Sancy, les titres de chevalier et de baron ;

4e) Pierre ;

5e) Philippe, chanoine.

Leur descendance, qui a contracté de bonnes alliances avec les Bonnet, Maigret, de Baillivy, Haizelin, etc., paraît s’être éteinte à la fin du XVIII e siècle ; elle portait : d’azur, à trois pattes de lion d’or posées en fasce l’une sur l’autre.

Une autre famille, peut-être une branche de la précédente, établie à Troyes, remonte à Gérard de Hault, que l’on dit fils de Jean de Haut ou de Hault, qui fut député du clergé du bailliage de Troyes aux États de Blois en 1576 et reçut, avec Yves le Tartrier, un mandat de 200 écus. (Cf. Archives de l’Aube, liasses 161 et 222.)

Gérard de Hault, seigneur de Quichaumont et de Lignol, auditeur des comptes de la reine d’Écosse, d’après une quittance du 1er août 1570, était natif de Sommevoire, près Montierender, ( Cf. d’Hozier, Dossiers bleus, et Archives de l’Aube,reg. Suppl.) Nommé admodiateur des abbayes de Montierender, Saint-Lié et Saint-Urbain, il s’attacha aux services des cardinaux de Lorraine et fonda, en 1572, un hôpital à Sommevoire ; il laissa, de son alliance avec Marguerite Rolland, cinq enfants :

1e) Nicolas, seigneur de Courcelles, receveur des décimes de Troyes en 1590, maire de Troyes en 1588, marié à Louise (alias Anne) Bazin, d’où :

  1. Nicolas, qui serait allé s’établir en Hainaut, où il aurait épousé Jeanne Broustin et
  • fait souche ;

    b) Louise, mariée en 1591 à Nicolas de Mauroy, seigneur de Bellay ;

    c) Anne, mariée à Antoine Allain, conseiller au présidial de Troyes.

  • 2e) Louis, seigneur de Pelmoustier, marié à Marguerite de Vassan, d’où :

    a) Louis, seigneur de Pelmoustier, dont on ignore la destinée ;

    b) N…, mariée à Pierre de Bourreuille ;

    c) Jeanne, mariée à Antoine Pithou ;

    d) N…, mariée à Louis Boucher ;

    3e) Jean, chanoine et grand archidiacre de Saint-Pierre de Troyes, décédé le 12 août

    1634 ;

    4e) Louis, seigneur de Laborde et Gervilliers, lieutenant criminel au baillage de

    Chaumont, laissa un fils N…, seigneur d’Harnouville, marié à Marie de Rochereau ;

    5e) Antoinette, mariée à Nicolas Le Marquenat, seigneur du Lignol et Quichaumont.

    Cette branche fit enregistrer ses armes à l’Armorial général de 1696 :

    D’azur, au vase d’or rempli de trois lys au naturel.

    DE HAULT de VAULX, de LASSUS et de PRESSENSÉ.

    (Extrait)

    Armes : coupé : au 1 d’azur à un roitelet d’or volant vers un soleil de même ; au 2 d’or à

    L’aigle essorante de sable.-

    Couronne : de Marquis.

    Devise : Nul bien sans peine.

    Le vicomte Révérend a donné, dans l’annuaire de la noblesse de 1893, d’intéressants renseignements sur la famille DEHAULT, ou DE HAULT. (Voir page 1)

    Nicolas de Hault, auquel remonte la filiation, était, paraît-il, originaire de Champagne. Il fut capitaine de cavalerie et épousa en 1636 à Thuin, en Hainaut, Jeanne Broustin. Il eut de cette union deux fils, Guillaume et Henri Dehault, qui furent les auteurs de deux branches.

    L’auteur de la branche aînée, Guillaume de Hault, épousa à Thuin, en 1660, Marguerite Thibault. Il était en 1634, avocat au Conseil ordinaire du Roi ; il fut plus tard receveur de la prévôté d’Haspres, près de Valenciennes, et mourut à Bouchain en 1695. Son fils, Guillaume de Hault, maître des postes, était échevin de la ville de Bouchain quand il fit enregistrer à l’Armorial général de 1696 (registre de Valenciennes) les armes suivantes, aujourd’hui tombées en désuétude : d’azur à un chevron d’or accompagné en chef de deux roses et en pointe d’un lion morné, le tout de même. Il acquit en 1708 des Jésuites de Valenciennes la seigneurie de Lassus, fut nommé en 1720 maire héréditaire de Bouchain et mourut dans cette ville en 1730. Il avait eu de deux alliances successives deux fils, Guillaume de Hault, Sgr de la Caulerie, né à Bouchain en 1709, et Charles-Philippe de Hault, Sgr de Lassus, qui furent les auteurs de deux rameaux.

    Guillaume-Joseph de Hault, chef du premier rameau, était encore fort jeune quand il fut nommé, en 1755, conseiller au Parlement de Flandre ; il fut anobli par sa charge. Son fils, Guillaume-Joseph de Hault, Sgr de Vaulx, né à Douai en 1759, laissa deux fils qui moururent au château de Vaulx, l’un en 1866, l’autre en 1864, et qui furent les derniers représentants mâles de leur rameau. Il eut aussi plusieurs filles dont la plus jeune mourut au château de Vaulx en 1875 sans avoir été mariée.

     

    ( Nous reviendrons plus tard sur ces deux branches du Hainaut, dont le premier rameau, représenté par Guillaume de Hault, l’aîné, s’est éteint à la disparition sans descendance, des derniers représentants mâles de la famille, morts tous les deux au Château de Vaulx, et dont notre famille est issue ).

    L’auteur, du second rameau, Charles-Philippe Dehault, Sgr de Lassus, maire héréditaire de Bouchain, reçu en décembre 1780 des lettre patentes du Roi Louis XVI, en reconnaissances de noblesse.

    Nobiliaire universel par M. le Vicomte de Magny (Louis Drigon) Bibl Nle Ref G 6339.

    Tome II (1858- 1855).

    Il avait épousé en 1737 Anne-Josèph Darlot, ou Darlet, décédée à Bouchain en 1797, qui était fille d’un receveur des domaines, subdélégué de l’intendant. Il en eut plusieurs fils. L’aîné de ceux-ci, Pierre-Charles Dehault de Lassus, né en 1738, chevalier de Saint-Michel en 1786, prit part en 1789 aux assemblées de la noblesse tenues au Quesnoy, émigra aux Etats-Unis et y mourut en 1799 ; sa descendance subsiste dans ce pays ; il était connu depuis son départ pour l’immigration sous le titre de marquis de Lassus qui lui avait été donné sur son passeport. Pierre Dehault de Pressensé, né en 1753, fils cadet de Charles-Philippe, était en 1789 trésorier principal des guerres et des vivres à la Rochelle. Il prit part, ou se fit représenter, en 1789 aux assemblées de la noblesse tenues dans cette ville et à celles tenues au Quesnoy, épousa en 1792 Marie-Henriette Perry, qui appartenait à la religion réformée et qui était fille d’un directeur de la Chambre de commerce de la Rochelle, et mourut fort âgé en 1835. Son fils Victor Dehault de Pressensé, décédé à Tours en 1871, fut élevé dans la religion de sa mère. Il fut père d’Edmond Dehault de Pressensé, né en 1824, pasteur protestant, député de la Seine à l’Assemblée nationale en 1871, puis sénateur inamovible, décédé en 1891. Celui-ci avait épousé Elise du Plessis-Gouret. Né en 1826 à Gœdun, en Suisse, auteur de plusieurs ouvrages d’éducation. Il a laissé deux fils dont l’aîné, Francis de Pressensé, décédé en 1914, a été sénateur.

    Henri de Hault, auteur de la branche cadette, épousa Catherine Monte. Sa descendance demeura fixée dans les Pays-Bas. Elle produisit des officiers de mérite et s’éteignit avec Télémaque de Hault, décédé sans alliance en 1883, et avec sa cousine, Anne de Hault, mariée en 1820 à Adolphe Hochsteyn, décédée en 1869. Par arrêté royal de 1884 un des petits-fils de cette dernière, Raoul-Adolphe Tripels, né en 1858, a été autorisé à ajouter à son nom celui de la famille de Hault.

    Principales alliances : Taisne, Marcotte, Bouchelet, Bourguignon d’Herbigny, Perry, du Plessy-Gouret, Bernus 1869, etc.

    La famille Dehault de Lassus et de Pressensé, originaire de Champagne d’après la tradition, peut être une branche détachée à une époque reculée d’une famille de Hault qui a occupé un rang distingué à Troyes. Nicolas de Hault, Sgr de Courcelles, receveur des décimes à Troyes en 1590, fut maire de cette ville en 1588. Son frère, Jean de Hault, décédé en 1634, fut chanoine et grand-archidiacre de Saint-Pierre de Troyes. Cette famille ne figure pas au nombre de celles qui, lors de la recherche de 1666, firent reconnaître leur noblesse par jugement de l’intendant Caumartin. Un de ses représentants fit enregistrer à l’Armorial général de 1696 les armes suivantes : d’azur à un vase d’or rempli de trois lys au naturel.

    Une famille de Hault, qui paraît s’être éteinte vers l’époque de la Révolution, a appartenu à la noblesse de Lorraine. Elle portait pour armes : d’azur à trois pattes de lion d’or posées en pal l’une sur l’autre et issant du côté sénestre. Son chef, Sébastien de Hault, lieutenant de cuirassiers au service de l’Empereur, obtint du duc de Lorraine, le 12 décembre 1726, des lettres qui reconnaissaient sa descendance de Demange de Sancy, qualifié écuyer en 1313, et qui lui accordaient les titre de baron et de chevalier. Son cousin germain, Adrien-François de Hault, Sgr en partie de Malavillers, baron de Noelchamps, décédé à Metz en 1781 à l’âge de 73 ans, fut brigadier des armées du Roi et inspecteur d’artillerie ; il laissa une fille, Mme Vaquerel de la Briche. Jean-Georges de Hault, frère du précédent, se fixa en Dauphiné par le mariage qu’il contracta en 1748 avec Mlle du Breuil-Hélion de Combes. Il fut père de Joseph-Louis de Hault de Malavillers, né à Grenoble en 1751, qui fut admis à l’Ecole militaire en 1761. (voir page 2)

    La fin du XVIe siècle, on trouve en Hainaut et dans les Flandres, les de Hault, dont la descendance s’établit régulièrement, par actes d’état civil extraits des Archives de Mons, depuis Nicolas de Hault, capitaine de cavalerie, originaire de Champagne, qui fit la plupart des guerres de Flandre et épousa à Thuin( Hainaut ), en 1636, Jeanne Broustin, dont il eut deux fils, Guillaume et Henri, qui furent les auteurs des deux rameaux qui suivent (voir p.4)

    1re Branche

    I. Guillaume de Hault, avocat, épousa à Thuin (Hainaut), le 7 septembre 1660,

    Marguerite Thibault, née à Thuin, le 3 avril 1644. Il fut avocat au conseil ordinaire du Roi en 1674, puis receveur de la prévôté d’Haspres (Nord, Valenciennes), et se fixa à Bouchain, où il mourut en 1695. (1) Ses enfants furent :

    1) Eugène-Chrétien, né à Mons le 2 février 1662 ; parrain, Jean-Chrétien de Landaz, seigneur de Lovegnies ; marraine, Marguerite-Eugène de Longueval, fille de M. le comte de Wacquain. Il était curé de Saint-Souplet dans le Cambrésis et fut inhumé dans l’église le 15 octobre 1699. La pierre tombale s’y trouve encore ; il était bachelier formé à la sainte théologie de Louvain ;

    2) Jacques- Joseph de Hault, né à Mons le 2 août 1666, mort en bas âge ;

    3) Jacques-Philippe, né en 1672, capitaine au régiment de Tallard, chevalier de Saint-Louis, mort célibataire à Ragnies, près de Thuin, au château de la Borne, le 3 mai 1751. Sa pierre tombale se trouve encore dans l’église de Ragnies (Hainaut) ;

    4) Guillaume-François qui suit ;

    5) Florent-Norbert, né à Valenciennes le 20 janvier 1677 ;

    6) Marguerite, née à Thuin, le 19 septembre 1663, mariée le 6 décembre 1685 à son cousin maternel, M. Lambert Wiart, avocat ; (1) Archives de l’État de Mons.

    II. Guillaume-François de Hault, né vers 1680, directeur des postes, échevin, puis maire héréditaire de Bouchain en 1730, fit enregistrer ses armes à l’Armorial général de 1696 (provinces des Flandres) : d’azur au chevron d’argent, accompagné en chef de deux roses d’or, et en pointe d’un lion morné de même. En 1708, il acquit des Jésuites de Valenciennes la Seigneurie de Lassus, dont ses descendants prirent le nom, et épousa :

    (revoir page 4)

    1) à Bouchain, le 20 mars 1696, Jeanne-Hyacinthe Martinet, dont un fils ;

    2) Charlotte-Michelle Taisne, fille d’Albert Taisne, seigneur de Bandayet et Mégoval, et

    de Jeanne de Montfort, dont deux enfants :

    du premier lit : a) Guillaume, qui suit ;

    du deuxième lit : b) Charles-Philippe, tige du rameau de Lassus, rapporté plus loin ;

    c) Martine-Thérèse-Joseph, mariée au chevalier Jacques de Vitalis, capitaine au régiment de Provence, puis major commandant la place de Bouchain.

    III. Guillaume de Hault, seigneur de la Caullerie, docteur et professeur de droit civil en l’université de Douai, de 1757 à 1769, né à Bouchain en 1709, mourut à Douai, paroisse Saint-Albin, le 12 avril 1769, et fut inhumé dans le chœur de cette église. Il avait épousé Marie-Cécile Marcotte, morte à Douai, paroisse Saint-Albin, le 5 janvier 1741, âgée de trente-deux ans (1). Ils laissèrent deux enfants :

    1) Guillaume-François-Joseph, qui suit 

    2) Léon-Marie, seigneur de la Caullerie, avocat au Parlement de Flandre, échevin de Douai, où il mourut, paroisse de Saint-Albin, le 9 novembre 1759, âgé de vingt-six ans, inhumé dans le chœur de cette église.

    IV. Guillaume-François-Joseph de Hault, chevalier, seigneur d’Estiembecque, nommé conseiller au Parlement de Flandre le 14 août 1755, mourut en exercice en 1760. Il avait épousé Léocade-Augustine Carlier, dame de Serques, Hudde, Montbernacle, etc., morte à Douai, paroisse Saint-Albin, le 26 février 1770, âgée de trente quatre ans, et inhumée dans le chœur de cette église. Ils laissèrent deux enfants :

    1) Guillaume-Alexandre, qui suit ;

    2) Marie-Angélique-Josèph, née à Douai le 20 février 1760, morte le 31 décembre 1766, inhumée dans le chœur de l’église Saint-Albin.

    (1) Chevalier de Ternas, Familles Douaisiennes : Généalogie de Hault, 1870.

    V. Guillaume-Alexandre-Joseph de Hault, écuyer, seigneur de Vaulx-Vraucourt, en Artois, de la Caullerie, d’Estiembecque et de Serques, signa le cahier des doléances de la noblesse du baillage d’Arras, en 1789. Il était né à Douai le 20 mars 1759, et se maria, le 11 janvier 1780, à Jeanne-Nathalie Cambier, fille de Michel-Maximilien Cambier, avocat au Parlement de Flandre, échevin de Douai, greffier honoraire au Parlement. Ils eurent six enfants, qui furent les derniers de cette branche :

    1) Guillemine-Nathalie-Alexandrine, née à Douai le 21 novembre 1780, morte célibataire en son château de Vaux-Vraucourt, le 21 février 1846 ;

    2) Marie-Anne-Charlotte, jumelle de la précédente, épousa, le 4 juillet 1804, Charles-

    François le Gay, propriétaire à Bancourt, près de Bapaume ;

    (Il est important de souligner que notre filiation directe remonte à cette ancêtre, Marie-Anne-Charlotte de Hault, et que ses épousailles avec Charles-François le Gay, furent le point de départ de notre descendance).

    La mort en célibat des deux représentants mâles de la famille, explique l’extinction des noms et titre de cette branche des de Hault.

    3) Clotilde-Pétronille-Josèphe, née à Douai, le 2 novembre 1781, morte célibataire, en

    décembre 1853 ;

    4) Guillaume-Charles-Félix de Hault, écuyer, né le 3 octobre 1783, mort célibataire, le 16

    mai 1866, en son château de Vaulx-Vraucourt ;

    5) Guillaume-François-Louis de Hault, écuyer, né à Douai le 1er novembre 1784, mort

    célibataire au château de Vaulx-Vraucourt, le 22 novembre 1861 ;

    6) Sophie-Léocadie, née au château de Vaulx-Vraucourt, le 1er mars 1787, où elle est

    décédée célibataire en 1875.

    VI . Charles-François Le Gay épousa Marie-Anne-Charlotte de Hault le 4 Juillet 1804.
           Ils eurent quatre enfants qui suivent :

    1. Emile né en 1805, épousa Henriette Bize dont il eut trois enfants qui suivent.
      1. Henri Le Gay épousa Victoria Decobu, dont trois enfants qui suivent.
      2. Marie Le Gay épouse Lebreton, dont une fille, Henriette épouse Leroi, ci- dessous.
      3. Emile Le Gay époux Dollé.
    2. Fanny née en 1806, épousa Henri Demory dont descendance.
    3. Adolphe né en 1807, mort en célibat.
    4. Hippolyte né en 1811, mort en célibat.

      Henriette Lebreton, épouse Leroi, dont descendance.

         1. Suzanne Marie Alexandrine Leroi née en 1897 épouse Fernand Prévost dont descendance.

     A. Jacques Prévost né en 1929 époux de Monique Coolzaet    Famille        Haut de page     Retour
     dont descendance.
     

    a. Marie-Agnès Prévost, épouse Ringeval
    b. Christine Prévost, épouse Desfossés
    c. Marie-Anne Prévost, épouse Belleval
     d. Isabelle Prévost.
    e. Alain Prévost, époux Deryck
     B. Robert Prévost né en 1929.
    C. André Prévost né en 1931.
     D. Jean-Claude Prévost né en 1935.

            2. Robert Leroi époux Bruyer

    III. Charles-Philippe de Hault, écuyer, maire héréditaire de Bouchain, conseiller du Roi, reçut des lettres de reconnaissances de noblesse en décembre 1780. Il fut baptisé le 18 novembre 1714, et mourut en juin 1782. Il avait épousé, par contrat passé à Valenciennes le 21 février 1737, Anne-Marguerite-Josèphe d’Arlot (alias Darlet), morte à Bouchain, le 19 octobre 1797, fille du subdélégué de l’intendance du Hainaut, receveur des domaines. Il eut de cette alliance :

    1) Pierre-Charles, qui suit ;

    2) Louis-Joseph de Hault de Mégoval, écuyer, né à Bouchain, le 25 mars 1740, lieutenant

    au régiment de Provence, le 30 novembre1764, devint ensuite conseiller au Parlement de Flandre, puis entra en religion et devint professeur dans l’Ordre des Frères Mineurs ;

    3) Anne-Victoire-Amélie, née le 23 septembre 1746 ;

    4) Pierre-Marie de Hault de Pressensé, écuyer, né le 7 août 1753, trésorier principal des guerres et vivres à La Rochelle, épousa Marie-Henriette Perry, protestante, fille de Jean Perry et de Marguerite Meschinet de Richemont, le 21 mai 1792 : par suite de cette alliance, cette branche de la famille de Hault devint protestante. Ils eurent un fils qui suit, et une fille.

    Victor-Joseph de Hault de Pressensé, écuyer, qui épousa Marie-Victoire-Alexandrine-Hollard (1798-1865). De ce mariage naquit le 27 janvier 1824 le pasteur Edmond de Hault de Pressensé, l’une des illustrations du protestantisme contemporain, docteur en théologie, chevalier de la Légion d’honneur, officier de l’instruction publique,

    ancien membre de l’Assemblée nationale, sénateur inamovible, membre de l’Institut.

    Il épousa Élise du Plessis-Gouret, dont il eut quatre enfants :

    a) Francis de Hault de Pressensé, ancien attaché d’ambassade, publiciste ;

    b) François-Victor de Hault de Pressensé, ancien officier de marine ;

    c) Hélène, mariée en 1869 à Auguste Beguer ;

    d) Émilie de Hault de Pressensé.

    M. le sénateur de Hault de Pressensé est mort le 8 avril 1891 ;

    5) Jacques Joseph de Hault, écuyer, né le 10 février 1741 ; parrain, son oncle, le chevalier de Vitalis ; marraine, sa tante, la baronne de Cingal, née d’Arlot.

    2e Branche

    ALLEMAGNE, CHAMPAGNE, LORRAINE et HAINAUT.

    MARQUIS DE LASSUS ET DE LUZIÈRES, BARONS DE NOELCHAMPS,

    SEIGNEURS DE GUICHAUMONT, DE MALLAVILLER, DE COURCELLES, DE LIGNOT, DE PELMOUSTIER, DE LA BORDE ET

    AUTRES LIEUX.

    Armes : D’azur, à un roitelet d’or volant vers un soleil de même, mouvant de l’angle dextre de l’écu ; coupé d’argent, à une aigle de sable essorante.

    Couronne : De marquis.

    Supports : Deux licornes.

    Devise : Nul bien sans peine.

    A famille DE HAULT DE LASSUS, qui est originaire d’Allemagne, ainsi que l’attestent des lettres-patentes du Roi Louis XVI relatées ci-dessous, paraît s’être fixée en France, dans la province de Champagne, sous le règne de l’Empereur Charles-Quint, vers 1530 ; mais elle avait eu pour berceau, au XIIIe siècle, le diocèse de Trèves, dans la province de Lorraine.

    ette époque, son nom primitif était DE SANCY. Le premier qui le porta et dont l’existence est constatée par les chartes, fut Demange DE SANCY, écuyer, père de Jean DE SANCY, dit DE HAULT (de Alto), écuyer, dont le nom se retrouve dans trois chartes des années 1313, 1372, 1377.

    Cette noble famille s’est divisée en deux branches : la branche aînée, qui continua de résider en Lorraine et qui paraît s’être éteinte à l’époque de la révolution de 1789. A cette branche appartenaient Joseph-Louis DE HAULT DE MALAVILLER, qui, en 1761, fut admis par le Roi au nombre des gentilshommes de l’Ecole royale militaire, et Sébastien DE HAULT, qui reçut de S. A. R. le duc Léopold des lettres-patentes de chevalier et de baron, données en septembre de l’année 1726.

    Et la branche cadette, qui alla s’établir en Champagne, comme nous l’avons dit ci-dessus, vers 1530.Nobiliaire universel par M .le Vicomte de Magny (Louis Drigon de)

    Bibl Nle Réf G 6339 Tome II (1858-1855).

    Cette branche, de laquelle sont sortis les marquis de Luzières et de Lassus, actuellement existants, possède dans ses archives un grand nombre de titres originaux dont nous avons eu la communication et à l’aide desquels il nous a été facile d’établir la filiation généalogique d’une manière suivie et non interrompue à partir de Pierre De Hault, qui forme le premier degré de la descendance.

    La branche aînée a porté pour armoiries : D’azur à trois pattes de lion d’or, posées en fasce, l’une au- dessus de l’autre. Il est présumable que la branche cadette ne cessa de porter les mêmes armoiries qu’à partir du jour où il lui en fut concédé de nouvelles par le Roi Louis XVI.

    Premier degré

    I. Pierre DE HAULT, écuyer, qui était, en 1544, lieutenant du mayeur de Sommevoire (titre original). Il a laissé, d’une alliance dont le nom est ignoré, le fils qui suit.

    Deuxième degré

    II. Girard ou Gérard DE HAULT, écuyer, seigneur de Guichaumont, dans la prévôté de Vassy, dont l’existence est constatée par vingt titres originaux conservés aux archives de la famille. En 1570, il était conseiller et auditeur des comptes de la Reine d’Écosse, douairière de France, ainsi qu’il appert d’une quittance originale du 1er août de ladite année.

    Sous le règne de François Ier et de François II, il exerça les fonctions de trésorier et garde de l’artillerie, ainsi que l’attestent des lettres-patentes du Roi Henri III en date du 28 mai 1578. (titre original.)

    De son alliance avec damoiselle Marguerite ROLLAND, il a laissé cinq fils, savoir :

    1) Pierre DE HAULT, dont l’article suit ;

    2) Jean DE HAULT, qui était en 1590, grand archidiacre et chanoine en l’église cathédrale de Saint-Pierre de Troyes (Titre original). En 1592, il rendit ses comptes à ses trois neveux, Nicolas, Gallade et Alexandre DE HAULT (titre original) ;

    3) Louis DE HAULT, écuyer, seigneur dudit lieu et de Pelmoustier, La Borde et Gervilliers, commissaire ordinaire des guerres ;

    4) Jehan DE HAULT, écuyer, seigneur de Châteaujutant, qui était, en 1589, maître d’hôtel de haute et puissante dame Diane de la Marck, veuve de feu haut et puissant seigneur messire Jean Babou, en son vivant comte de Sagonne et mestre de camp de la cavalerie légère de France (titre original) ;

    5) Nicolas DE HAULT, seigneur de Courcelles, maire de la ville de Troyes.

    Troisième degré

    III. Pierre DE HAULT, IIe du nom, écuyer, conseiller du Roi au baillage de Chaumont en Bassigny, en 1590 (titre original), qui mourut jeune, laissant trois enfants en bas âge sous

    la tutelle de son frère, Jean DE HAULT, grand archidiacre et chanoine de Troyes.

    Ses trois enfants sont :

    1) Nicolas DE HAULT, qui suit ;

    2) Gallade DE HAULT, écuyer ;

    3) Alexandre DE HAULT, écuyer.

    Ces trois enfants demandèrent, en 1590, à être émancipés et comparurent à cet effet par- devant M. de Gondrecourt le 9 février de ladite année, et à ce sujet ils furent assistés d’un grand nombre de gentilshommes, leurs parents, amis ou alliés, au nombre desquels nous citerons : Pierre de Grand, écuyer, seigneur de Briocourt ; Étienne Perret, écuyer, seigneur de Fresnoy ; Louis de Hault, seigneur de Pelmoustier, La Borde et Gervilliers ; Nicolas de Hault, seigneur de Courcelles ; Nicolas de Marguenat, seigneur de Belcourt et de Guichaumont ; Pierre de Beureville, écuyer, commissaire ordinaire des guerres, et Sébastien de Mauroy, échevin de la ville de Troyes.

    Quatrième degré

    IV. Nicolas DE HAULT, écuyer, seigneur de Courcelles et de Lignot, en 1605, épousa noble damoiselle Élisabeth Bazin, dont il eut deux fils, savoir :

    1) Nicolas, qui suit ;

    2) Reine DE HAULT, écuyer, seigneur dudit lieu, qui épousa Jacqueline de Cossette, fille de Nicolas de Cossette, écuyer, seigneur de Campbos, demeurant à Bouillancourt sous Miannay, près d’Abbeville, et d’Adrienne Le Roy. Elle était veuve le 30 janvier 1663, date du mariage de Henriette DE HAULT, leur fille, avec Jean de la Gauterie, écuyer, seigneur de Gand.

    Cinquième degré

    V. Nicolas DE HAULT, IIIe du nom, écuyer, seigneur de Courcelles, capitaine de cavalerie, fit la plupart des guerres de Flandre. Les blessures qu’il reçut dans une de ses campagnes l’obligèrent à fixer sa résidence dans la province de Hainaut, où il fit souche dans la personne de son fils, rapporté ci-après. (Voir page 7, branche du Hainaut).

    Sixième degré

    VI. Guillaume DE HAULT, seigneur de Lassus, né vers 1680, était maire de la ville de

    Bouchain, en 1720 ; il épousa en deuxième noces Charlotte-Michelle Taisne, fille d’Adalbert Taisne, seigneur de Bandayet et Mégoval, et de Jeanne de Montfort, dont il eut deux enfants. (Dans cette étude de la branche des DE HAULT DE LASSUS, nous ne nous attacherons qu’à suivre le fils aîné des secondes noces, qui suit).

    Septième degré

    VII. Charles-Philippe DE HAULT DE LASSUS, né en 1714, baptisé le 18 octobre de la même année, conseiller de Sa Majesté, maire héréditaire de la ville de Bouchain, dans le Hainaut, qui reçut, en récompense de ses fidèles et nombreux services, des lettres de noblesse (1) données à Versailles au mois de décembre 1780, dont l’original est conservé aux archives de la famille.

    Ces lettres portent que sa famille, originaire d’Allemagne, s’est fixées en France depuis près de deux siècles, où elle a toujours vécu noblement. Elles contiennent aussi le passage qu’on va lire, et que nous citons textuellement :

    " Alliée à l’ancienne noblesse, à des officiers supérieurs de nos troupes, à des magistrats de notre Conseil et des cours supérieurs, elle a produit plusieurs sujets distingués soit au Parlement de Flandres, soit dans la profession des armes, tels, entre autres, que l’oncle du sieur DE HAULT DE LASSUS, lequel était capitaine aide-major au régiment d’infanterie de Tallard, et qui eut l’honneur de recevoir, des mains mêmes de Louis XVI, la croix de l’ordre militaire de Saint-Louis ; soit dans l’Université de Douai, où l’un d’eux, mort en 1769, était professeur en droit civil et canonique, et dont les talents, les lumières et la sagesse lui avaient concilié l’amour et le respect de ses concitoyens, ainsi que l’estime et la confiance du ministère. "

    " Aux services que le sieur DE HAULT DE LASSUS et son père ont rendus dans les fonctions de la charge de maire royal de Bouchain, qu’ils ont successivement remplie avec distinction, se réunit la considération de ceux du feu sieur d’Arlot, son beau-père, subdélégué de la châtellenie de Bouchain, et du sieur Pierre-Charles DE HAULT DE LASSUS, seigneur de Luzières, fils dudit sieur DE HAULT DE LASSUS, notre conseiller au siège royal de Bouchain, et subdélégué actuel de la même châtellenie. "

    " A la paix d’Utrecht, ce canton se trouvait presque entièrement dévasté : la culture était abandonnée, le commerce anéanti ; il ne restait aux habitants aucune ressource pour payer les impositions royales, et la dette à cet égard était devenue très considérable. Le sieur d’Arlot, qui fut alors chargé de l’administration, ranima l’agriculture et le commerce, et, par ses soins, en peu d’années la dette des impositions fut acquittée ; cinq vastes chaussées furent construites, et la navigation sur la Scarpe fut rétablie. " 

    (1) Nous ferons remarquer une fois de plus, comme nous l’avons déjà fait en maintes occasions analogues, que ces lettres de noblesse sont bien plutôt des lettres confirmatives ou recognitives, que des lettres d’anoblissement pur et simple ; en effet, il est dit dans ces lettres que le père du concessionnaire était noble et seigneur de Lassus, et que son père jouissait des mêmes qualités.

    " Élevé sous ses yeux, et son successeur dans la subdélégation, le sieur Pierre-Charles DE HAULT DE LASSUS, seigneur de Luzières, a suivi ses traces, et les chefs de l’administration de la province nous ont rendu les témoignages les plus satisfaisants de tout ce que son zèle et son dévouement pour le bien public lui ont fait faire d’utile dans certaines circonstances. Il s’est occupé d’abord des moyens d’établir la double navigation des rivières de l’Escaut et de la Sensée ; il en avait concerté le projet avec le sieur Laurent, marquis de Villedeuil, son oncle, chevalier de l’ordre de Saint-Michel ; il en facilita depuis l’exécution avec le plus grand succès. "

    " C’est avec ses vues éclairées que les habitants de la châtellenie de Bouchain sont redevables du desséchement et du défrichement de terrains immenses. L’épizootie s’étant manifestée en 1770 et 1773 dans plusieurs paroisses de la subdélégation, il parvint à ces deux époques, par sa prévoyance et son activité, à arrêter les effets funestes de ce fléau. Occupé du soulagement de ceux des habitants qui se trouvaient avoir besoin de secours, il est parvenu à leur en procurer d’efficaces, de même qu’aux personnes incendiées ou attaquées de maladies épidémiques, et à faire accorder des indemnités aux laboureurs peu aisés dont l’intempérie des saisons avait détruit les récoltes ou qui avaient essuyé des pertes en denrées ou en bestiaux. Nos commissaires départis en Haynaut, qui l’ont toujours honoré de leur confiance, ont donné, d’après ses avis, plusieurs règlements dont les principaux ont eu pour objet de bannir la mendicité, d’établir dans les campagnes des femmes instruites dans l’art des accouchements, de fixer la marche à suivre dans l’administration des communautés, et la forme de leur comptabilité ; de simplifier la perception des impôts ; d’indiquer les moyens de prévenir les incendies ; enfin de pourvoir, sans le secours des corvées, à l’entretien des chaussées, des grandes routes, des rivières et des canaux. Tout ce qui a rapport à l’agriculture et au commerce ne pouvait échapper à son zèle, et à l’accroissement qui s’est fait progressivement dans ces deux parties si importantes, est le fruit de l’attention particulière qu’il y a donnée. D’ailleurs, lors des différentes députations dont il a été chargé au nom de la Châtellenie de Bouchain, soit pour solliciter des secours en faveur de son administration, soit pour faire agréer au gouvernement des travaux publics nécessaires au pays, il a exposé et fait valoir les droits et les intérêts de cette châtellenie avec autant de clarté et de sagacité que d’énergie, et en jouissant de la satisfaction de voir ses demandes suivies d’un succès favorable, il a emporté aussi celle d’obtenir les éloges de ceux de nos ministres avec lesquels il a eu l’avantage de traiter de ces objets. "

    " Enfin il a apporté l’attention la plus suivie à ce qui concerne directement notre service, surtout dans les circonstances actuelles, où, chargé de diriger les transports qui se font par terre des mâts et des différentes munitions navales depuis la ville de Bouchain jusqu’à celle de Saint-Quentin, nous savons qu’il déploie le zèle le plus actif et le plus fécond en ressources, à l’aide desquelles il surmonte toute espèce d’obstacles, aplanit les difficultés et assure par là le succès de cette nouvelle opération si intéressante pour la facilité du service de notre marine. "

    " Telles sont les considérations multipliées qui déterminent la grâce que nous destinions à son père, et dont les effets éprouvés dès à présent par son fils, en formant la récompense justement due à des services aussi essentiels, l’animeront de plus en plus a bien mériter de nous et de l’État, et seront un motif puissant pour exciter ses descendants à le prendre pour modèle dans les sentiments comme dans la conduite. "

    Charles-Philippe DE HAULT DE LASSUS, avait épousé, par contrat passé à Valenciennes le 21 février 1737, demoiselle Anne-Marguerite-Josèphe d’Arlot, fille de Pierre-Charles d’Arlot, receveur des domaines et subdélégué de la ville et châtellenie de Bouchain, et de dame Jeanne-Marie Gallet. Il est mort au mois de juin 1782, laissant de cette alliance deux fils, savoir :

    1) Pierre-Charles DE HAULT DE LASSUS, qui suit ;

    2) Pierre-Marie DE HAULT DE PRESSENSÉ, qui a laissé postérité.

    Huitième degré

    VIII. Pierre-Charles DE HAULT DE LASSUS, marquis de Luzières, né et baptisé le 9 mars 1738, fut conseiller du Roi, maire royal héréditaire de la ville de Bouchain, subdélégué de l’intendance de la généralité de Hainaut, et créé chevalier de l’ordre royal de Saint-Michel par lettres- patentes données à Versailles le 19 février 1786. Dans ces lettres il est dit que " Sa Majesté ayant été instruite de l’intelligence que M. Pierre-Charles DE HAULT DE LASSUS montre dans la charge qu’il occupe depuis si longtemps de conseiller maire héréditaire de la ville de Bouchain, dans le Hainaut, charge dans laquelle il a succédé à son père, ainsi que des témoignages vraiment avantageux que les différents administrateurs de ladite province lui ont rendu de ses services utiles et distingués, elle a cru devoir l’honorer de la croix de son ordre de Saint-Michel. "

    Voici d’ailleurs la copie textuelle de la lettre de nomination qui lui fut adressée par

    Sa Magesté le Roi Louis XVI :

    " Monsieur de Hault de Lassus, voulant vous témoigner la satisfaction que j’ai de vos services, je vous ai nommé chevalier de mon ordre de Saint-Michel, en satisfaisant à ce qui est requis par les statuts, dont vous serez informé par mon cousin le maréchal duc de Lévis, chevalier de mes ordres, me promettant que l’honneur que je veux bien vous faire vous engagera à me continuer vos services avec zèle et affection.

    Sur ce, je prie Dieu qu’il vous ait, Monsieur de Hault de Lassus, en sa sainte garde.

    Écrit à Versailles, le 19 février 1786. "

    ? "  Signé : Louis. "

    Pierre-Charles DE HAULT DE LASSUS, épousa, par contrat passé à Bouchain le 13 mai 1765, demoiselle Domitilde-Josèphe Dumont, fille de feu Nicolas-Joseph Dumont, échevin de ladite ville, et de dame Jeanne-Augustine de Breda, sa veuve. Du côté de l’époux les témoins furent MM. Pierre d’Arlot, subdélégué au département des ville et châtellenie de Bouchain ; Jacques de Vitalis, commandant et lieutenant du Roi au gouvernement de Bouchain ; Jean de Cingal, chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis, et dame Jeanne d’Arlot, son épouse, Rémy d’Arlot, échevin de la ville de Bouchain. Il exerça les fonctions de maire royal de la ville de Bouchain jusqu’à la révolution, et le 30 juin 1790 il émigra aux Etats-Unis d’Amérique, muni d’un passeport signé par le Roi, dans lequel Sa Majesté le qualifia de marquis (titre original). Il y est décédé en 1799, laissant pour fils :

    1) Charles-Auguste, dont l’article viendra ;

    2) Domitilde DE HAULT, décédé à Hazebrouck sans postérité 

    3) Jacques-Marcellin-Céran DE HAULT DE SAINT-VRAIN né le 30 mars 1770 ;

    4) Philippe-François-Camille DE HAULT DE LASSUS, né le 20 décembre 1778.

    Ces deux derniers décédés aux Etats-Unis d’Amérique.

    IV. Pierre-Charles de Hault de Lassus, marquis de Lassus et de Saint-Vrain, né le 9 mars 1738, conseiller du Roi, créé chevalier de Saint-Michel par lettres données à Versailles le 19 février 1786, subdélégué de l’intendance de Bouchain et maire héréditaire. Il fut convoqué, comme son frère, à l’assemblée de la noblesse du baillage du Quesnoy en 1789, émigra en Amérique, où il mourut en 1799, à la paroisse Sainte-Geneviève, comté du Missouri, s’y faisant appeler le marquis de Hault de Lassus depuis le 30 juin 1790, époque où il lui avait été délivré un passeport signé du Roi Louis XVI, dans lequel ce titre était repris.

    Il épousa, le 13 mai 1765, Domitilde-Josèphe du Mont, fille de Nicolas du Mont, échevin de Bouchain, et de Jeanne de Breda, dont il eut :

    1) Pierre-Joseph-Domitile de Hault de Lassus, écuyer, né à Bouchain, le 19 septembre 1766, marié à Marie-Josèphe-Gabrielle Bouchelet, dame de Berlaymont, Saint-Souplet et

    autres lieux, dont une fille, Marguerite-Charlotte, née le 16 février 1790, épousa le baron

    Pierre Bourguignon d’Herbigny, mort gouverneur de la Louisiane ;

    2) Charles-Auguste, qui suit ;

    Neuvième Degré

    Charles Auguste DE HAULT DE LASSUS

    IX. Charles-Auguste DE HAULT DE LASSUS et de Luzières, écuyer, se qualifiant marquis de Lassus en vertu du passeport accordé à son père, était né à Bouchain le 14 novembre 1767. Il prit du service en Espagne en 1785, fut nommé enseigne des gardes wallonnes en 1782. (Histoire des gardes wallonnes, par le général baron Guillaume, ancien ministre de la guerre de Belgique.)

    Il devint colonel des gardes wallonnes dans lesquelles il se distingua particulièrement par sa bravoure et ses talents militaires. Tous les titres de la famille sont encore conservés aux archives de la famille. Grâce à ses brillants services, il obtint du Roi d’Espagne la permission d’aller rejoindre sa famille en Amérique, et fut nommé à cette occasion, par Sa Majesté catholique, gouverneur de la Haute-Louisiane. Dans l’exercice de ces hautes fonctions, il eut l’occasion de rendre quelques services importants au duc d’Orléans, pendant le voyage qu’il avait entrepris incognito dans ces contrées. Dés qu’il fut monté sur le trône, ce prince crut devoir renouveler au marquis DE LASSUS l’expression de son affection et de sa reconnaissance, et lui adressa à cette occasion deux lettres autographes dans lesquelles il le qualifie du titre de marquis.

    " Charles-Auguste DEHAULT DELASSUS fut le dernier Lieutenant Gouverneur Espagnol de la Haute-Louisiane, et surveilla à ce titre, le transfert de ce territoire à l’Amérique le 9 septembre 1804. Comme nous l’avons vu précédemment, il n’était pas espagnol lui-même, mais français né à Bouchain dans le Nord de la France. Ses parents, réfugiés en Amérique lors de la révolution française de 1789 et installés à New Bourbon, Haute-Louisiane, se trouvèrent bientôt sans ressources, et réclamèrent l’assistance de leur fils. Celui-ci abandonna sa charge et demanda son transfert au bataillon de la Louisiane pour se rapprocher de sa famille. En 1796 DE LASSUS est nommé commandant à New Madrid, port commercial d’entrée du trafic sur le fleuve du Haut Mississippi. Le 29 août 1799 il est nommé lieutenant gouverneur de la Haute-Louisiane ce qui comprenait le territoire où est aujourd’hui situé l’État du Kansas. DELASSUS envoie de l’argent à ses parents qui continuent de mener grand train. Suite aux rumeurs qui commencent à circuler sur la prise de pouvoir des nordistes sur cette province, beaucoup de ses créditeurs exigent leur remboursement. Le 9 mars 1804, obéissant aux ordres des autorités espagnoles, il remit la province au major Amos Stoddard, représentant du gouvernement des Etats-Unis. Ce jour là, DELASSUS fit cette proclamation au peuple de la province :

    "  Habitants de la Haute-Louisiane ; Sur ordre du Roi, je suis sur le point de livrer ce poste et ses dépendances. Le drapeau sous lequel vous avez trouvé protection pendant près de 36 ans est sur le point d’être retiré. A partir de ce moment, vous êtes libéré du serment de fidélité que vous avez prêté à mon égard. La fidélité et le courage avec lesquels vous l’avez défendu ne seront jamais oubliés, et, en ma qualité de représentant, je formule, à votre encontre, les vœux les plus sincères de prospérité parfaite. "

    Il est resté à Saint-Louis jusqu’à l’automne suivant, où il fut affecté avec son régiment en Floride. Pendant un temps, il fut stationné à Pensacola puis nommé gouverneur de la Floride Ouest, avec son quartier général à Bâton Rouge. Là, il fut capturé par la milice locale lors du soulèvement de 1810. Ses parents décédés en 1806 lui avaient d’importantes dettes et il reprit du service dans l’armée espagnole en 1811, se maria la même année avec dame Adélaïda Léonard. Peu après, il démissionna de l’armée et devint un civil de la New-Orléans. Sa femme meurt en 1816 en lui laissant un fils rapporté ci-après. Bien que la plupart des sudistes se réclament encore de lui en Louisiane (Il se posait lui même beaucoup de questions quand il était gouverneur), il n’est pas honoré par les Américains. Il vécut à St Louis entre 1816 et 1826, et mourut à New-Orléans le 1er mai 1843, oublié de tous.

    Dixième degré

    X. Auguste-Pierre-Gilbert DE HAULT, marquis DELASSUS, né le 4 juillet 1813, s’est marié le 5 janvier 1833, avec Marie-Louise-Jeanne Blanque, issue, par sa mère de l’illustre maison des Mac-Carthy d’Irlande, dont il a eu six enfants, savoir :

    1) Charles-Auguste DE HAULT, comte DE LASSUS, né le 18 septembre 1833 ;

    2) Louis-Barthélémy-Paul DE HAULT DE LASSUS, né le 19 août 1834, décédé en 1849 ;

    3) Jean-Paul-Auguste DE HAULT, vicomte DE LASSUS, né le 25 novembre 1835 ;

    4) Pierre-Ernest DE HAULT, baron DE LASSUS, né le 20 avril 1837 ;

    5) Marie-Delphine DE HAULT DE LASSUS, née le 28 juin 1838 ;

    6) François-Placide DE HAULT, chevalier DE LASSUS, né le 17 août 1839.

    Un territoire grand comme trois à quatre fois l’Hexagone

    L’avait-on oublié ? Il fut un temps où l’Amérique était française : cette possession baptisée " Louisiane " ne se limitait pas, loin de là, au petit Etat que l’on connaît aujourd’hui. Elle s’étendait du Canada au golfe du Mexique, des Rocheuses au Mississipi, soit l’équivalent d’un tiers des actuels Etats-Unis ! Un beau jour, pour une poignée de dollars, Bonaparte a vendu cet immense territoire aux Américains, leur permettant de concrétiser leur rêve d’une nation sur tout un continent. C’était il y a deux cents ans, très exactement. Pourquoi ? Comment ? En prémices aux cérémonies du bicentenaire, qui se dérouleront en décembre 2003 à la Nouvelle-Orléans, l’écrivain Maurice Denuzières,grand reporter raconte cette surprenante histoire.

    Il y a deux cents ans, la France de Bonaparte vendait à la toute jeune république américaine un gigantesque morceau du continent, lui permettant ainsi de commencer à former un ensemble d’un océan à l’autre. C’était une bonne affaire ! Pour les Etats-Unis, qui venaient de proclamer leur indépendance, ce fut en effet une affaire exceptionnelle. En acquérant la Louisiane en décembre 1803, ils ont doublé leur territoire pour la modique somme de 9,5 cents par hectare ! Il faut bien rappeler que ce que l’on appelait " Louisiane " s’étendait sur une superficie équivalant à 18 Etats américains d’aujourd’hui. Le territoire de la Louisiane, cédé en 1803 par Napoléon Bonaparte aux Etats-Unis était immense. Hormis les nombreuses tribus des indiens d’Amérique, la Louisiane française était relativement peu peuplée, avec à peine 50 000 habitants. Bien qu’aucun relevé géographique exact n’est jamais été effectué, sa superficie était estimée à environ 2 millions de kilomètres carrés, soit près de quatre fois la France. La "Grande Louisiane " s’étendait alors le long de la vallée du fleuve Mississipi jusqu’aux Rocheuses (sauf le Texas). Les possessions récupérées ainsi par les Etats-Unis recouvrent aujourd’hui tout ou partie d’une quinzaine d’Etats actuels de l’Union : Montana, Dakota du Nord, Dakota du Sud, l’ouest du Minnesota, le Kansas, le Wyoming, l’Iowa, le Colorado, le Nebraska, le Missouri, l’Oklahoma, l’Arkansas et l’actuelle Louisiane.

    Comment la France était devenue propriétaire de cet immense territoire ?

    Les Espagnols furent les premiers, au XVIe siècle, à s’aventurer dans les régions centrales du continent, espérant y trouver de l’or. L’un d’eux, Hernando de Soto, a longtemps torturé en vain les indiens : il n’a récolté que la fièvre jaune, dont il est mort en 1542. Son cadavre, déposé dans un tronc d’arbre creusé, fut abandonné au Mississipi et dériva vers le golfe du Mexique. Belle fin pour un conquistador…Après lui les missionnaires jésuites connurent un sort comparable…

    Mais un français de Rouen, Robert Cavelier de la Salle, aura davantage de succès. Parti au Canada, il cherche le fameux passage vers le Pacifique. A l’époque, on croit que le Mississipi se jette à l’ouest, en Californie. Cavelier entreprend alors la descente du fleuve.

    Le Sud n’est pas encore très exploré à l’époque.

    On n’y rencontre que des aventuriers anglais, espagnols, français, des chasseurs de castors, des déserteurs, qui se croisent dans les forts, où ils font du troc. La région n’est pas des plus accueillantes : dans le garde-manger de l’une des tribus, Cavelier de la Salle découvre des membres humains mis à sécher. Avec une trentaine de personnes, il parvient pourtant à descendre le Mississipi en pirogue sur plus de 3000 kilomètres. Un jour, l’eau du fleuve de révèle salée : ils sont arrivés dans le delta, au golfe du Mexique. Alors, sur le bord de l’océan, Cavelier fait découper dans une marmite de cuivre les armes de Louis XIV, les encloue sur un chêne et déclare : " Je te nomme Louisiane ! "

    En hommage à son roi, d’une phrase il s’arroge ainsi une bonne partie de l’Amérique du Nord ?

    Oui. Le notaire qui l’accompagne décrit la terre concernée, grande comme trois fois la France. Cavelier informe Versailles. Surprise : le roi ne s’y intéresse pas. L’aventurier devra beaucoup insister pour monter une nouvelle expédition. Le voilà reparti avec une centaine de volontaires sur deux navires. Mais il rate l’embouchure du Mississipi de près de 600 kilomètres (aujourd’hui encore, le bon chenal est très difficile à repérer). Ses gens meurent en nombre. Découragés, les survivants se rebellent et l’assassinent en 1687.

    Fin de l’aventure française ?

    La Louisiane est en effet oubliée. Les Anglais se promènent de temps en temps dans le golfe, mais ils n’osent pas s’aventurer sur le Mississipi. En 1699 arrive toutefois une nouvelle expédition française, conduite par Pierre d’Iberville. Il retrouve le chenal, remonte le Mississipi et, dans une belle courbe du fleuve, fonde l’établissement de la Nouvelle-Orléans (en hommage au régent, le duc d’Orléans). En 1718, l’architecte Adrien de Pauger en dessine le plan avec des rues en angle droit, ce que l’on appelle aujourd’hui le " Vieux Carré ".

    Que veulent faire les Français de cette colonie du bout du monde ?

    Ils espèrent découvrirent des richesses minières. Au lieu de cela, ils ne trouvent que des marécages infestés d’alligators et de moustiques, et la fièvre jaune. Par chance, les indiens locaux, les Choctaw, sont très doux et leur apprennent à cultiver le maïs (le " blé indien "). Mais la colonie ne rapporte rien, elle coûte très cher : il faut sans cesse envoyer de France du matériel, des hommes, de la nourriture. Lassé, Louis XV donne le monopole d’exploitation du territoire à un financier écossais, John Law : les bénéfices que celui-ci en tirera seront à lui. C’est une véritable privatisation ! Pour attirer les colons, John Law crée la Compagnie du Mississipi, dont il propose les actions à grand renfort de publicité : la Louisiane est un paradis, au climat merveilleux, au sous-sol regorgeant de minerais…A Paris, les spéculateurs signent leurs achats sur le dos d’un indien bossu, censé leur porter bonheur.

    Cela n’attirent pas des colons pour autant.

    Il y a peu de candidats. Pour peupler un pays, il faut des femmes. On envoie à La Nouvelle-Orléans des jeunes orphelines françaises de bonnes familles désargentées, à qui le royaume donne un trousseau et un petit viatique (on les appellera les " filles à cassettes ". Imaginez ces oies blanches face à ces aventuriers rustauds habitués aux jolies Choctaw…Le résultat ne sera que désespoirs et, dit-on, suicides…Il va falloir trouver d’autres dames. Cette fois, on les prend, de force, dans les prisons : les fausses saunières, qui se livraient au trafic du sel, et des prostituées sont emmenées en charrette à La Rochelle et embarquées pour le Nouveau Monde.

    C’est l’histoire de Manon Lescaut.

    Sauf que les vraies Manon n’ont pas pu mourir de soif dans le désert : il y a de l’eau partout en Louisiane ! Ces filles là sont les ancêtres des familles qu’on appelle aujourd’hui "créoles ", qui se réclament d’une ascendance française (sans rappeler leur origine un peu particulière). Petit à petit, La Nouvelle-Orléans se peuple. Vers 1730, on inaugure les premières plantations de coton. La Louisiane découvre l’ " or blanc ".

    Au prix de l’esclavage…Car contrairement à ce que l’on croit généralement, les Français eux aussi se sont fait négriers.

    Les premiers esclaves étaient arrivés d’Afrique via les colonies anglaises. Mais c’est vrai, les Français, surtout les Nantais, en importent eux aussi en Louisiane, car les Indiens ne se laissent pas asservir. Alors que Louis XIV s’était opposé à la traite, Louis XV se montre plus laxiste… Le coton ne suffit pourtant pas, la Louisiane coûte toujours très cher au royaume. Le roi décide d’en faire cadeau à son cousin d’Espagne. Le 3 novembre 1762, les Louisianais s’endorment français. Le lendemain, ils se réveillent espagnols. Mais ils ne le sauront que bien plus tard…Le nouveau gouverneur n’arrive qu’en1766, avec 30 vieux soldats portant barbichette. Pour les Louisianais, cela ne change pas grand-chose. Les navires arborent toujours le pavillon à fleurs de lis, et les deux communautés cohabitent dans une forme de gouvernement mixte. Jusqu’au jour où le gouverneur a la fâcheuse idée de remplacer l’importation des vins de Bordeaux (dont les Louisianais font une forte consommation) par celle du vin d’Espagne.

    C’est un vrai sacrilège !

    C’est une révolution ! Le bordeaux devient le symbole du patriotisme. Les Français mettent le gouverneur espagnol sur un bateau avec femme et enfants. Destination Cuba. Adieu l’Espagne ! Et une nouvelle fois, les Louisianais demandent à réintégrer le giron français…Le roi ne les recevra même pas. Il ne veut plus entendre parler de cette insupportable colonie ! Dépités, une poignée de Louisianais décident de fonder une…république indépendante.

    Une république ! Dix ans avant la Révolution américaine, treize ans avant la Révolution française ?

    Mais oui ! Ce devait être la première république des temps modernes. Certains insurgés avaient lu Jean-Jacques Rousseau, d’autres s’inspirent du modèle des cantons suisses…Ils prennent possession de l’administration, rédigent un brouillon de Constitution, décident de créer un Parlement. Mais le roi d’Espagne envoie 23 vaisseaux à La Nouvelle-Orléans pour rétablir ses prérogatives. Les six principaux insurgés sont condamnés à mort. Comme on ne trouve personne pour les pendre, même pas les esclaves, ils sont fusillés. La France ne bronche pas.

    Pendant ce temps, au Nord, c’est la révolution, la vraie : la guerre d’indépendance, la fondation des Etats-Unis d’Amérique. Suit, en Europe, la Révolution française…

    L’écho de ces événements soulève peu de vagues en Louisiane. L’arrivée au pouvoir de Bonaparte va tout changer. Il ne comprend pas pourquoi on a offert aux Espagnols ce territoire qui ferait une bonne base française, et il sait que, en 1796, un traité signé entre la France et l’Espagne comportait une clause secrète évoquant la restitution de la Louisiane…à la France. En 1800, par un second traité, lui aussi secret, Bonaparte confirme cette cession (en échange de Parme). La Louisiane est redevenue française, mais personne ne le sait !

    Cela devient une habitude…

    Ce n’est qu’en mars 1803 que La Nouvelle-Orléans voit arriver son …préfet, le baron de Laussat. Celui-ci découvre avec stupéfaction que la moitié des 50 000 Louisianais sont…noirs (mais leur sort est déjà réglé : le Consulat a édicté que l’esclavage serait maintenu dans la colonie). Les planteurs réservent aux Français un accueil chaleureux.

    Et les Américains dans cette histoire ?

    Ils ne sont pas restés inactifs. Pour Thomas Jefferson, président des Etats-Unis, si les Français reprennent la haute main sur les bouches du Mississipi, ils risquent de fermer l’accès au fleuve et de contrôler le commerce. Informé de l’accord secret, Jefferson a pris les devants : pendant que le préfet français faisait route vers l’Amérique, un envoyé des Etats-Unis naviguait vers la France. Sa mission : négocier avec Bonaparte le rachat de l’île d’Orléans, le petit territoire dans le delta qui garantit l’accès au Mississipi. James Monroe, l’émissaire, et Robert Livingstone, ambassadeur des Etats-Unis à Paris, proposent une grosse somme pour cette acquisition. La réponse de Bonaparte les stupéfie : pour le même prix, il offre la Louisiane tout entière ! Un million six cent mille kilomètres carrés pour 15 millions de dollars (environ 300 millions de dollars d’aujourd’hui). Les Etats-Unis doublent d’un coup leur superficie ! Les deux envoyés signent sans même avoir le temps de prévenir Jefferson.

    On les comprend.

    Pourtant, il se trouvera au Congrès américain des esprits pour juger inutile l’achat de cet immense désert. Jefferson saura plaider sa cause. Quant au préfet Laussat, il prend possession de la Louisiane pour… la remettre aux Américains. Le 20 décembre, c’est la bannière étoilée qui flotte sur la Nouvelle-Orléans. La Louisiane est américaine.

    Français, puis espagnols, puis français sans le savoir, et maintenant américains. Comment les Louisianais prennent-ils ce nouveau revirement ?

    La plupart acceptent la citoyenneté américaine. Finalement, la cession s’est bien passée, le commerce fluvial a augmenté, la culture du coton s’est d’autant plus développé que le Nord en avait besoin pour ses filatures. La Louisiane est devenue officiellement le 18e Etat de l’Union en 1812.

    Jefferson poursuivra sa vision d’une Amérique allant de l’Atlantique au Pacifique, qui sera achevée dans les décennies suivantes, avec la conquête de l’Ouest. Pourquoi Bonaparte a-t-il soudain renoncé ?

    Jamais il n’aurait pu garder un tel territoire. Il lui aurait fallu mobiliser beaucoup de troupes, ce qui lui était alors impossible. Si la France avait gardé la Louisiane, l’Histoire aurait tourné autrement : peut-être aurions- nous ensuite acheté le Texas et aurions-nous aujourd’hui du pétrole. Dans ses notes personnelles, Jefferson indique d’ailleurs qu’il faut très vite envoyer des Anglo-Saxons en Louisiane afin d’éviter que celle-ci ne reste française.

    Elle le restera toujours un peu malgré tout…

    Française et sudiste. Pendant la guerre de Sécession, le général qui gagne la dernière bataille contre les nordistes est d’origine française. Plus tard, nombre de Louisianais, des blancs et des noirs, seront tués en France pendant les deux guerres mondiales. Et le premier Américain qui entrera dans Paris en 1944, avec son ordonnance - un Noir, bien sûr – au volant de sa Jeep, sera un Louisianais, nommé Sam Broussard…En Louisiane, l’Histoire est toujours vivante. Il m’est arrivé de voir des vieilles dames changer de trottoir sur Canal Street pour ne pas passer sous le drapeau américain. La ségrégation est devenue mondaine : certaines femmes se mettent des mousselines pour éviter de bronzer (ce qui pourrait alors laisser penser qu’elles ont des origines noires)…Malgré tout, dans les cimetières de la Nouvelle-Orléans dorment côte à côte les Fernandez, les Marigny, les Segura…et les Champagne, ancêtres de l’un de mes amis noirs (sans doute ainsi baptisés parce qu’ils servaient dans les réceptions). Ce riche passé colonial, ambigu et très romanesque, c’est le nôtre, celui de la vieille Europe. C’est la raison pour laquelle il séduit toujours. Entretien réalisé par Dominique Simonnet.