Le Roi Simorg   

Cette antique histoire qui nous vient d’un pays étrange où les oiseaux pensaient et parlaient comme les hommes. Dans leur lan­gage d’oiseaux, ils évoquaient leurs problèmes d’oiseaux comme s’ils avaient des cervelles d’hommes. Peut-on s’en étonner quand, à notre époque, tant d’hommes, dans leur langage d’hommes, parlent de leurs problèmes d’hommes comme s’ils n’avaient que des cervelles d’oiseaux. Cette aventure d’oiseaux res­semble apparemment beaucoup au vécu de beaucoup d’hommes.

Méditons un peu sur le sens profond de cette histoire. Ces oiseaux se plaignaient alors de ce qu’ils n’avaient pas de roi, tout comme beaucoup d’hommes se plaignent de ce qu’ils en ont un.  Les hommes comme les oiseaux se plaignent tout autant de ce qu’ils ont que de ce qu’ils n’ont pas.  Nous concernant, que faisons nous ?

Dans cette histoire, une huppe a joué un rôle important. Elle portait une couronne de plumes sur la tête. Bien des hommes font de même, avec d’autres sortes de plumes.

Elle proclamait que les oiseaux avaient un grand un roi appelé Simorg qui se tenait dans un lieu merveilleux mais presque inaccessible tant son  chemin était dangereux.

Si notre désir et notre courage sont suffisants, disait-elle, ( et c’est bien là l’important fondement de ce discours qui nous concerne autant que les oiseaux ), nous pouvons tous aller vers le Roi.

Les oiseaux eurent à ce moment grand peur de partir. Ils préféraient la sécurité du présent aux incertitudes d’une telle aventure. Les hommes réagissent souvent comme ces oiseaux en faisant grand bruit, mais avec peu d’action. En fait, la plupart des oiseaux manquaient d’ardeur et n’étaient pas prêts à un voyage aventureux.

Avec mille prétextes, ils s’excusèrent donc. Le rossignol était amoureux de sa rose et la perruche retenue en sa cage. Le Paon s’estimait comblé par son plumage. Le canard était très heureux dans l’eau, et la perdrix dans le gravier. Le faucon se drapait dans sa fierté. Le héron se plaisait au bord de l’océan, et le hibou appréciait les ruines, tandis que la bergeron­nette se sentait bien trop faible.

 Pourtant, un jour beaucoup de ces oiseaux ont entrepris le dangereux voyageet c'est cette aventure qui vous est ici contée avec de nombreuses illustrations couleur..